lundi 7 mars 2022

Marillion - Clutching At Straws (1987)

Marillion Clutching At Straws Tessa Niles
Marillion - Clutching At Straws (1987)

Pourquoi écouter ce disque ?

Clutching At Straws marque la fin de l'ère Fish pour Marillion. Depuis le succès planétaire de son prédécesseur Misplaced Childhood, les tensions se sont accumulées entre les membres du groupe. Problèmes d'égo, tournées épuisantes, soucis financiers, drogue et alcool forment un cocktail explosif. Cette situation inédite explique la noirceur de ce disque. Son concept a été construit autour du personnage central de Torch, écrivain raté alcoolique, sans inspiration et en pleine dépression. Le décor est planté. Considéré comme le meilleur par nombre de fans, Clutching At Straws est indéniablement un grand album. The Dark Side Of The Moon de Pink Floyd ainsi qu'Avalon de Roxy Music sont eux aussi de très grands disques et partagent avec Clutching At Straws la présence d'une voix féminine au rôle déterminant dans l'ambiance générale se dégageant de chacun d'entre eux. Clare Torry a imprégné Dark Side par ses envolées célestes, Yannick Etienne a donné à Avalon toute sa sensualité, Tessa Niles illustre le désarroi profond de Torch sur deux chansons. Limpide sur That Time Of The Night, dernier volet du triptyque Hotel Hobbies/Warm Wet Circles/That Time Of The Night (The Short Straw), elle forme un duo phénoménal avec Fish sur le morceau final, l'incandescent The Last Straw

Passionnée de chant dès son plus jeune âge, Tessa a grandi en écoutant Stevie Wonder, les Carpenters, Chicago ainsi que les Jackson 5. Vers l'âge de 12 ans, elle remporte un concours de chant organisé par une radio locale. Réalisant qu'elle peut gagner de l'argent en s'amusant, elle développe avec le temps une voix polyvalente capable de se fondre dans une myriade de styles. Cette voix, vous l'avez forcément entendue, sans le savoir. Tessa a côtoyé les plus grands et participer à l'enregistrement de près de quatre cents disques. Au début des années 80, cette jeune choriste âgée à peine d'une vingtaine d'année, habituée des petites salles de concert, se trouve propulsée dans l'incroyable Synchronicity Tour de The Police après avoir été repérée par Sting. Elle devient dès lors une habituée des stades ainsi que des salles immenses capables de rassembler des dizaines de milliers de personnes. En 1985, elle est derrière David Bowie lors du Live Aid à Wembley, et participe aux chœurs du Dancing In The Street qu'il interprète en duo avec Mick Jagger. L'année suivante, c'est Eric Clapton qui la veut sur son album August. Une longue relation professionnelle démarre entre ces deux-là, elle durera une douzaine d'années. Ses collaborations sont si nombreuses qu'il nous est impossible de toutes les citer, mais mentionnons tout de même Tina Turner (vous vous souvenez de ton hit planétaire What's Love Got To Do It ? elle y était), les Rolling Stones (album Steel Wheels en 1989), Liza Minnelli et son Results, George Harrison pour sa tournée au Japon en 1991, Joe Cocker, les anciens Yes ABWH, Tears For Fears (The Seeds Of Love), Pet Shop Boys, Duran Duran (Notorious), Suede, et même Fish en solo (Vigil In A Wilderness Of Mirrors). Aussi curieux que cela puisse paraître, Tessa Niles n'a jamais éprouvé le besoin de sortir un album sous son seul nom, préférant demeurer dans l'ombre.

Après Clutching At Straws, l'histoire de Marillion ne sera plus la même. Fish parti, c'est Steve Hogarth qui fait une entrée magistrale. Il faudra attendre quatre autres albums pour que des chœurs féminins réapparaissent sur un disque studio de Marillion. Ce sera Afraid Of Sunlight en 1995 avec une certaine Hannah Stobart...

Musiciens

Fish : chant
Steve Rothery : guitares
Mark Kelly : claviers
Pete Trewavas : basse
Ian Mosley : batterie, percussions

Tessa Niles : chœurs
Christopher "Robbin" Kimsey : chœurs
John Cavanagh : voix

Titres

01. Hotel Hobbies 
02. Warm Wet Circles
03. That Time of the Night (The Short Straw)
04. Going Under 
05. Just for the Record 
06. White Russian 
07. Incommunicado
08. Torch Song
09. Slàinte Mhath
10. Sugar Mice
11. The Last Straw 

Vidéos

That Time Of The Night : lien vidéo ici

The Last Straw : lien vidéo ici

dimanche 6 mars 2022

Mandy Morton & Spriguns - After The Storm: Complete Recordings (2022)

Mandy Morton Spriguns After The Storm
Mandy Morton & Spriguns - After The Storm: Complete Recordings
(2022)

Pourquoi écouter Mandy Morton & Spriguns ?

Mandy Morton est une chanteuse de la scène folk-rock underground des années 70. Elle a sorti pas moins de sept albums entre 1974 et 1983 sous différents noms : Spriguns Of Tolgus (Rowdy, Dowdy Day - 1974, Jack With A Feather - 1975), Spriguns (Revel, Weird & Wild - 1976, Time Will Pass - 1977), Mandy Morton and Spriguns (Magic Lady - 1978), Mandy Morton (Sea Of Storms - 1979) et Mandy Morton Band (Valley Of Light - 1983). Spécialisé dans les rééditions de trésors du passé, le label britannique Cherry Red Records a eu la bonne idée de proposer, dans des versions remasterisées accompagnées d'inédits, tous ces albums réunis dans un superbe coffret. Ils sont accompagnés d'un livret richement illustré d'une quarantaine de pages dans lequel Mandy raconte son parcours, ainsi qu'un DVD d'une prestation du Mandy Morton Band enregistrée en 1979, Live In Cambridge. Autre particularité importante de ce coffret, pour la première fois est édité en version CD le tout premier album de Spriguns Of Tolgus, Rowdy, Dowdy Day, jusqu'alors existant seulement en quelques exemplaires sur cassettes. 

Originaire du Sufolk, Mandy n'a pas eu une enfance heureuse. La musique est très vite devenue son échappatoire. Côté Américains, The Byrds, Jefferson Airplane, Bob Dylan, Joan Baez ou encore Joni Mitchell la faisaient vibrer. Du côté des Anglais, c'était les incontournables Beatles, mais aussi Pentangle, Fairport Convention, The Incredible String Band, puis, un peu plus tard, Steeleye Span. En 1971, elle rencontre Mike Morton qui deviendra son mari l'année suivante. Ensemble, ils jouent des chansons folks dans les clubs. De passage dans les Cornouailles, ils adoptent le nom de Spriguns Of Tolgus d'après une légende de cette région du sud-ouest de l'Angleterre. Les Spriggans, transformés en Spriguns, étaient des lutins malicieux, gardiens des mines d'étain, tandis que Tolgus était le nom d'une de ces mines. Avec l'arrivée de nouveaux musiciens, le duo se transforme en un véritable groupe. 

De tous les musiciens qui ont accompagné Mandy jusqu'en 1985, une vingtaine environ, deux occupent une place particulière. Tout d'abord son mari Mike au poste de bassiste qui s'est tenu à ses côtés jusqu'à l'album Sea Of Storms. La difficile vie d'artiste a eu raison de leur couple. Au début des années 80, ils se sont séparés, mais Mandy et Mike demeureront amis jusqu'à la tragique disparition de ce dernier, le 27 novembre 1995 des suites d'une maladie. Le violoniste Tom Ling entre dans la galaxie Spriguns en 1976. Lui aussi sera présent jusqu'à l'album Sea Of Storms. Pilier du groupe, c'est sur scène qu'il donnait tout.

Les premières années de Spriguns Of Tolgus sont inséparables de Steeleye Span. Comme leurs illustres ainés bientôt auréolés du succès planétaire du All Around My Hat, ils reprennent et réadaptent d'anciennes chansons traditionnelles. Sur le plan vocal, Mandy s'inspire de Maddy Prior. Les deux premiers albums de Spriguns sont guères éloignés de ce que proposaient Steeleye Span à leurs débuts. Repérés par Tim Hart, membre fondateur de ce même Steeleye Span, qui sent en eux un réel potentiel, ils obtiennent un contrat chez Decca. Tim produit alors leur album Revel, Weird & Wild. Ce disque est le premier volet de ce qu'on peut appeler une trilogie durant laquelle Spriguns brille de mille feux avec Time Will Pass, puis Magic Lady (dont le titre rend hommage à Sandy Denny). Spriguns se détache de son modèle pour forger sa propre voie et prendre toute sa dimension. Les chansons sont désormais écrites par Mandy dans leur grande majorité. Elle révolutionne aussi sa manière de chanter. Sa voix désincarnée trouve son identité, s'affirme pour mieux ensorceler lorsqu'elle chante ses histoires de sorcières, ses légendes arthuriennes ou ses hymnes anti-guerres. 

En pleine déferlante punk et disco, Spriguns résiste. Tandis que les Pentangle, Fairport Convention et Steeleye Span s'éclipsent (pour mieux revenir), Mandy et ses musiciens trouvent refuge en terres scandinaves, tout près du soleil de minuit. Sea Of Storms puis Valley Of Lights sont les dernières tentatives d'une chanteuse au charisme certain qui a tant donné pour la musique, se battant sans cesse en tant que femme dans un milieu considérant la gente féminine comme un simple faire-valoir. En 1985, lassée de tout ça, elle jette l'éponge. La BBC l'accueille en son sein pour les vingt années suivantes en tant qu'animatrice et productrice. After The Storm offre une mise en perspective passionnante d'une artiste attachante, méritant grandement d'être connue, reconnue pour son œuvre touchante et pleine d'humilité. 

Disque 1

SPRIGUNS OF TOLGUS - Jack With A Feather
01. Lambton Worm
02. Let No Man Steal Your Thyme
03. Derby Ram
04. Jigs Medley: Rakes Of Malo/St. Patrick’s Day/The Ten Penny Bit
05. Flodden Field
06. The Trooper’s Nag
07. Curragh Of Kildare
08. Keys Of/To Canterbury
09. The Twa Magicians
10. Seamus The Showman
11. Barren Banks Of Aden

SPRIGUNS OF TOLGUS - Rowdy Dowdy Day
12. Let No Man Steal Your Thyme
13. The Jolly Tinker
14. The Lally Worm And The Mackerel
15. Spanish Ladies
16. Matty Groves
17. The Trees They Do Grow High
18. Three Drunken Maidens
19. Scotia Reel
20. Keys Of Canterbury
21. Sir Brian Botany
22. Trooper’s Nag
23. Cuckoo’s Nest

Disque 2

SPRIGUNS - Revel Weird And Wild
01. Trysting Tree
02. Outlandish Knight
03. Sir Colvin
04. Piscie Song
05. Nothing Else To Do
06. Hasberry Howard
07. Lord Lovell
08. Laily Worm
09. When Spring Comes In

Disque 3

SPRIGUNS - Time Will Pass
01. Dead Man’s Eyes
02. All Before
03. For You
04. Time Will Pass
05. White Witch
06. Blackwaterside
07. You’re Not There
08. Devil’s Night
09. Letter To A Lady 
Bonus Tracks
10. White Witch (by Mandy Morton) *
11. Blackwaterside (Alternative Version) (by Spriguns) *
12. Letter To A Lady (by Mandy Morton) *
13. Time Will Pass (Acoustic) (by Mandy Morton and Wayne Morrison) *
* previously unreleased

Disque 4

MANDY MORTON AND SPRIGUNS - Magic Lady
01. Magic Lady
02. Music Prince
03. According To Matthew
04. Little Inbetween
05. Goodbye The Day
06. Silence Do The Rest
07. The Lady
08. White Ship
09. Witchfinder
10. Gypsy Glass
11. Ghost Of A Song
12. Magic Lady (reprise) 
Bonus Track
13. Winter Storms (by Mandy Morton & Chris Mills)

Disque 5

MANDY MORTON - Sea Of Storms
01. Maybe One Day
02. After The Storm
03. Black Nights
04. Compline Anthem
05. Victoria By The Window
06. Ghost Of Christmas Past
07. Twisted Sage
08. Wake Up The Morning
09. Silas The Silent
10. Land Of The Dead
11. Warriors’ Grave
12. The Sculptor 
Bonus Track
13. Ghost of Christmas Past (Single Mix)

Disque 6

MANDY MORTON BAND - Valley Of Light
01. I Need Your Love
02. Valley Of Light
03. Time Machine
04. No Reason
05. Somebody To Love
06. Ice Queen
07. Not For Sale
08. Chosen Few
09. Natural Born 
Bonus tracks
10. Skeleton Rock (by Spriguns) *
11. Flying High (by Mandy Morton)
* previously unreleased

Disque 7 (DVD)

MANDY MORTON BAND - Live In Cambridge 1979 *
01. Black Nights
02. Twisted Sage
03. Skeleton Rock
04. Marmeel Rant
05. Somebody To Love
* All tracks previously unreleased

Vidéos

Let No Man Steal Your Thyme : lien vidéo ici

Piscie Song : lien vidéo ici

Letter To A Lady : lien vidéo ici

The Lady : lien vidéo ici

Black Nights : lien vidéo ici

Somebody To Love : lien vidéo ici

mardi 1 mars 2022

Rainbow Serpent & Isgaard - Stranger (2010)

Rainbow Serpent Isgaard Stranger
Rainbow Serpent & Isgaard - Stranger (2010)

Pourquoi écouter ce disque ?

Rainbow Serpent est un duo allemand de musique électronique apparu au début des années 90. Il est formé de Frank Specht et Gerd Wienekamp. Ils ont à leur actif une dizaine d'albums, dont le dernier en date paru en 2010, Stranger. La particularité de ce dernier c'est qu'il a pour invité la divine Isgaard venue poser sa voix sur huit des treize pistes. C'est la toute première fois qu'une voix humaine se fait entendre sur un de leurs albums. Son titre fait d'ailleurs allusion au scepticisme des fans de musique électronique concernant l'utilisation du chant. Rainbow Serpent, ne craignant pas d'aller à contre-courant, n'en a cure et s'est amusé à briser un tabou pour un résultat plus qu'honorable. Il faut aussi avouer qu'Isgaard, de formation classique, possède une voix en or. A cette époque la jeune chanteuse se trouve à un moment crucial de sa carrière. Après trois albums, elle est à l'aube de prendre son envol ainsi que toute sa dimension artistique, ce qu'elle réalisera avec son disque suivant Playing God en 2012. Pour l'heure, ses vocalises célestes apportent une très grande douceur à cette odyssée spatiale faite d'une musique atmosphérique entrainante, évoquant tant Jean-Michel Jarre que Schiller ou Klaus Schulze. 

Musiciens

Rainbow Serpent : instruments
Isgaard : chant

Jen Lueck : claviers
Raughi Ebert : guitare

Titres

01. Intense 
02. Elements 1
03. Elements 2
04. Leave & Love
05. Beyond New Worlds
06. Wide Open Spaces
07. Gateway
08. Ark
09. Rub Al-Chali
10. Sands Of Time 
11. Memory Leaves 
12. Stranger 
13. Beautiful Child 

Vidéos

Wide Open Spaces : lien vidéo ici

Beautiful Child : lien vidéo ici

dimanche 27 février 2022

Beth Hart - Live At Paradiso (2005)

Beth Hart Live At Paradiso
Beth Hart - Live At Paradiso (2005)

Pourquoi écouter ce disque ?

Phénoménale Beth Hart. Née à Los Angeles, cette chanteuse de blues-rock a tout vécu, elle le porte dans sa voix. Drogue, alcool, bipolarité, rejetée par son père, décès d'une de ses sœurs du SIDA. Cela fait beaucoup pour une seule personne. Très jeune, elle s'initie à la musique classique à travers le chant et le violoncelle. Puis elle découvre Etta James, Ottis Redding et Led Zeppelin, c'est le déclic. A l'âge de quinze ans, la jeune Beth commence à chanter dans les clubs californiens. Elle veut faire de la musique sa vie. En 1993, elle remporte le premier prix d'un télé-crochet découvreur de talents genre Nouvelle Star. Le succès arrive en 1999 lorsque sa chanson L.A. Song est entendue dans la série Beverly Hills, 90210. Cette même année, elle interprète le rôle de l'iconique Janis Joplin dans la comédie musicale à succès Love, Janis. En 2003, elle réalise les chœurs sur la chanson Haunted de Deep Purple, devenant ainsi la première voix féminine entendue sur un disque de Deep Purple (Bananas). Son troisième album Leave The Light On (2003) lui ouvre les portes de l'Europe. C'est tout naturellement qu'elle se produit en mai 2004 au Paradiso, ancienne église transformée en salle de concert, à Amsterdam. Entourée d'un trio guitare-basse-batterie, Janis... heu pardon, Beth livre une prestation mémorable gravée sur disque pour l'éternité. En totale communion avec son public, elle donne tout sur scène, vide littéralement ses tripes. Quelle énergie ! Quelle puissance ! Quelle émotion ! Le summum est atteint avec Mama lorsqu'elle se retrouve seule avec son piano. Ce soir-là, elle revisite ses trois premiers albums, Immortal, Screamin' For My Supper et bien entendu Leave The Light On dont la chanson-titre est à tomber. Impossible de passer sous silence sa reprise déjantée du Whole Lotta Love de Led Zepp dans un final explosif. Pour l'anecdote, Beth a vécu cette soirée comme une renaissance, elle qui sombrait alors dans la drogue : "C'était l'expérience la plus incroyable de ma vie, c'est comme si on m'avait donné une deuxième chance. Le public m'a fait pleurer ce soir-là, ils connaissaient les chansons par cœur et chantaient. Je me suis sentie revivre, j'étais sur un nuage. C'était formidable."

Musiciens

Beth Hart : chant, piano, guitare

Jon Nichols : guitare
Tom Lilly : basse
John Nyman : batterie

Titres

01. Delicious Surprise
02. Guilty
03. Leave The Light On
04. Lifts You Up
05. Broken & Ugly
06. Get Your Shit Together
07. Immortal
08. Monkey Back
09. Am I The One
10. Mama
11. L.A. Song
12. World Without You
13. Whole Lotta Love" 

Vidéos

Immortal : lien vidéo ici

Am I The One : lien vidéo ici

vendredi 25 février 2022

Collection D'Arnell-Andréa - A Recrafted Winter (2019)

Collection D'Arnell-Andréa A Recrafted Winter
Collection D'Arnell-Andréa - A Recrafted Winter
(2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

A Recrafted Winter ou le jumeau maléfique d'Another Winter. Lorsque début 2019, Collection D'Arnell-Andréa sort de son long sommeil après neuf ans d'absence, personne n'imaginait une suite aussi rapide à Another Winter, seulement quelques mois après sa parution. L'idée de A Recrafted Winter a germé dans la tête de leur ingénieur du son Piers Volta. Il s'est emparé des parties les plus électroniques d'Another Winter (lignes de synthés, rythmes), tout en conservant intactes les voix et structures d'origine des morceaux. Laissant libre cours à son imagination, il a ajouté de nouveaux effets, réinterprétant ainsi chacune des chansons. Ces nouvelles versions offrent une vision inédite des morceaux originaux, sans pour autant les dénaturer. S'il n'atteint pas le sublime de Tristesse Des Mânes (2002) sur lequel le groupe réenchantait d'anciens titres dans des versions acoustiques et néoclassiques, A Recrafted Winter symbolise cette volonté manifeste de Collection D'Arnell-Andréa de se remettre perpétuellement en question, de prendre des risques et de proposer de nouvelles voies, pas forcément là où on les attendrait, plus de trente ans après leur formation.  Respect !

Titres

01. Another Winter Recrafted Version
02. Barks Of Rime Recrafted Version
03. By The Pond Recrafted Version
04. Des Étangs En Exil Recrafted Version
05. Le Jour Venu Recrafted Version
06. Les Bancs De Sable Recrafted Version
07. Les Blés-Océans Recrafted Version
08. Les Périssoires Recrafted Version
09. Pangs Of Severance Recrafted Version
10. Saules Sans Voix Recrafted Version
11. The Grief Of Waves Recrafted Version 
12. The Shade Of A Flower Recrafted Version

Vidéos

Another Winter Recrafted Version : lien vidéo ici

Les Périssoires : lien vidéo ici

dimanche 20 février 2022

Marcela - O'Roma (2022)

Marcela O'Roma
Marcela - O'Roma (2022)

Pourquoi écouter ce disque ?

Le peuple tsigane est un peuple épris de liberté. Cette soif se manifeste à travers la littérature (Matéo Maximoff, Le Prix De La Liberté), le cinéma (Tony Gatlif, Liberté), mais avant tout par la musique. Née en Slovaquie, Marcela Cisarova arrive en France en 1995. Elle trouve sur notre sol cette liberté si chérie que son pays de naissance lui refuse en partie. Issue de la branche rom des Kalderash (population rom présente en Europe centrale et de l'est, des pays baltes à la Grèce), elle suit durant deux ans une formation à la célèbre école Romathan, seul théâtre public rom d'Europe. En France, elle s'initie à la danse et fonde Terne Roma, compagnie dédiée à la promotion de la danse tsigane. Actrice, danseuse... artiste à part entière, il ne lui manquait plus que le chant. En 2014, sa route croise celle de Benoit Vincent, guitariste influencé tant par Django Reinhart que les musiques des Balkans. Ensemble, ils créent le projet Marcela & Los Murchales (Marcela & Les Amis). L'année suivante sort un premier album, Murchale. Après une petite parenthèse auprès de Gérard Lanvin avec lequel elle chante une nouvelle version de son single Mon Héroïne (2019), Marcela, désormais entourée de quatre musiciens, ses "gadjés", (Benoit Vincent - guitare acoustique, Charles Lamouroux - guitare électrique, Loran Bozic - violon, Yoann Godefroy - contrebasse) propose un nouvel album alliant profondeur et musique festive, O'Roma (Mon Peuple). Dans ce disque aux paroles parfois (souvent ?) autobiographiques, elle partage ses passions, ses colères, son désir de faire découvrir sa culture ancestrale, bien plus riche et complexe que les images d'Epinal ancrées dans l'inconscient populaire. Devenue cheffe de meute à l'instinct animal protégeant viscéralement ses enfants (Roman Havasi), Marcela n'en demeure pas moins ouverte sur le monde, invitant au passage Nedjim Bouizzoul, chanteur algéro-québécois, fondateur du groupe Labess, sur l'entrainant Yallah Mon Frère. En toute humilité, elle rend un hommage vibrant à sa mère à travers l'émouvante complainte Ando Suno, ainsi qu'à son peuple tout entier avec la chanson-titre O'Roma. Un besoin pressant de liberté ? Entrez dans la danse de ce O'Roma unissant sans distinction gadjés et tsiganes, tous libres et égaux le temps d'un disque... et, espérons-le, bien au-delà.  

Avant de vous précipiter, l'album sortira le 1er avril 2022 chez Jamalafak Collectif / Music Box Publishing / Socadisc. Un concert exceptionnel de lancement sera donné le jeudi 7 avril 2022 sur la scène du Studio de L’Ermitage (Paris). Venez nombreux !!!

Musiciens

Marcela Cisarova : chant
Benoit Vincent : guitare acoustique, chœurs
Charles Lamouroux : guitare électrique, banjo
Loran Bozic : violon
Yoann Godefroy : contrebasse

Nedjim Bouizzoul : chant
Emilio Castiello : mandoline
Ersoy Kazimov : riq, darbuka, cajun
Marwan Slimani : batterie
Billal Chenni : basse
Abel Chafai : contrebasse
Thibault Duquesnay : saxophone
Mihai Pirvan : saxophone

Titres

01. Kerta Mange
02. Ando Suno
03. Amare Roma
04. O'Roma
05. Yallah Mon Frère
06. Roman Havasi
07. Kibori
08. Mirjanino Kolo
09. Dado Dado
10. Deves I Rat
11. Aven Romale
12. Dancino Volveras

Vidéos

Aven Romale : lien vidéo ici

Session Live au théâtre Thénardier (2020) : lien vidéo ici

samedi 19 février 2022

Jacqui McShee, Danny Thompson, Tony Roberts, Vic Abram - An Album Of English Christmas Carols (1994)

An Album Of English Christmas Carols
Jacqui McShee, Danny Thompson, Tony Roberts, Vic Abram -
An Album Of English Christmas Carols (1994)

Pourquoi écouter ce disque ?

Certains sont allergiques aux chants de Noël. Moi, je les adore ! J'aime l'atmosphère chaleureuse et magique qui s'en dégage. Et quand ils sont interprétés par de magnifiques voix, je suis aux anges. C'est le cas pour An Album Of English Christmas Carols sur lequel figure la merveilleuse Jacqui McShee et son ancien complice de Pentangle, le contrebassiste Danny Thompson. En 1994, Jacqui est à un tournant crucial de sa carrière puisque le deuxième Pentangle qu'elle formait avec Bert Jansch depuis une dizaine d'années prend définitivement fin. Elle est alors sur le point de poursuivre l'aventure avec de nouveaux musiciens sous le nom de Jacqui McShee's Pentangle. Pour l'heure, c'est entourée de Danny, de Tony Roberts (instruments à vents) avec qui elle avait collaboré au sein du John Renbourn Group et de Vic Abram, initiateur de ce projet, qu'elle chante ici. Vic Abram est un chanteur et guitariste folk britannique installé à Hambourg, en Allemagne, depuis plusieurs années. Talentueux, il est parfois comparé dans la presse à ses pairs Richard Thompson, Ralph McTell, John Renbourn ou encore Bert Jansch. Il avait, par le passé, déjà réuni Jacqui, Danny et Tony sur son album solo Shadow Play en 1988. An Album Of English Christmas Carols présente quinze airs traditionnels interprétés soit par Jacqui, soit par Vic. Seule Song Of Joy For Christmas est une composition originale signée Vic. Les chansons alternent entre classiques bien connus (divin Silent Night, In The Bleak Mid-Winter, The First Nowel) et morceaux plus obscurs comme le conte terrifiant de The Mistletoe Bough relatant l'histoire de cette jeune mariée jouant à cache-cache et se retrouvant prisonnière dans sa cachette sans que personne ne la retrouve. Outre les voix croisées de Jacqui et Vic, la contrebasse de Danny ainsi que les instruments à vent de Tony tels que le saxophone (illuminant Rise Up Shepherd) ou la cornemuse apportent une certaine touche d'originalité à ce disque sympathique (et rare) à ranger pas très loin des albums (plus festifs) de Maddy Prior & The Carnival Band

Musiciens

Jacqui McShee : chant
Vic Abram : chant, guitare
Danny Thompson : contrebasse
Tony Roberts : flûtes, hautbois, saxophone, cornemuse

Ben Ahrens : percussions

Titres

01. The Covetry Carol
02. In The Bleak Mid-Winter
03. Unto Us A Boy Is Born
04. The Holly And The Ivy
05. The Moon Shines Bright (The Bellman's Song)
06. Hark The Herald Angel Sing
07. Songs Of Joy For Christams
08. Silent Night
09. Rise Up Shepherd
10. The First Nowell
11. It Came Upon A Midnight Clear
12. The Mistletoe Bough
13. Winds Through The Olive Threes
14. Once In Royal David's City
15. As Joseph Was A-Walking
16. While Shepherds Watched Their Flocks

Vidéos

Song Of Joy For Christmas : lien vidéo ici

The Moon Shines Bright (The Bellman's Song) : lien vidéo ici

jeudi 17 février 2022

Magenta - Songs From The Big Room (2021)

Magenta Songs From The Big Room
Magenta - Songs From The Big Room (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

En vingt ans de carrière, Magenta n'avait sorti que trois EP sous forme physique, Broken et I'm Alive, tous deux parus en 2004, puis Night And Day en 2006 avec Annie Haslam de Renaissance. Songs From The Big Room sera donc leur quatrième. Il a été enregistré aux fameux studios Real World de Peter Gabriel grâce au financement d'un fan décédé, Andy Goodall. Grand fan de Magenta dans tous les sens du terme, Andy a laissé, suite à sa disparition en 2020, une somme substantielle au groupe afin qu'il puisse continuer à se produire. Songs From The Big Room lui est évidemment dédié. C'était la première fois que les cinq musiciens se retrouvaient en studio depuis le début de la pandémie. En trois jours, ils ont enregistrés trois chansons, Too Many Voices, Because avec en invité Peter Jones (Cyan, Camel) au saxophone, et Breaking Point. Autant le dire de suite, la qualité est là, comme à chaque fois avec cette formation d'exception. Mais ce qui m'a surpris avant tout, c'est cette impression à l'écoute du disque de faire un bon arrière dans le temps et de me retrouver à l'époque de l'album Home en 2006. J'ai ressenti les mêmes émotions qui m'avaient traversées à la découverte de cette merveille. Le point culminant est atteint avec la chanson Because qui aurait très bien pu figurer sur le tout aussi sublime deuxième album de Christina, The Light (2015). Elle est d'ailleurs la seule chanson à être proposée en trois versions différentes. Christina chante comme une déesse, Rob, Chris, Dan et Jify assurent comme des dieux. Ils sont Magenta. 

Musiciens

Christina Booth : chant
Rob Reed : claviers, guitares
Chris Fry : guitares, chœurs
Dan Nelson : basse, chœurs
Jify Griffiths : batterie, chœurs

Peter Jones : saxophone, chœurs

Titres

01. Too Many Voices 
02. Because
03. Breaking Point
04. Too Many Voices (Oli Jacobs Real World mix) 
05. Because (Oli Jacobs Real World mix) 
06. Breaking Point (Oli Jacobs Real World mix) 
07. Because (Chimpan A mix)

Vidéos

Because : lien vidéo ici

Too Many Voices : lien vidéo ici

mardi 15 février 2022

The Paradox Twin - Silence From Signals (2021)

The Paradox Twin Silence From Signals
The Paradox Twin - Silence From Signals (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Anathema est mort ! Vive The Paradox Twin ! Fondée par le multi-instrumentiste et chanteur Danny Sorrell, cette formation britannique reprend le flambeau avec brio, là où les frères Cavanagh l'avaient laissé. Leur premier album The Importance Of Mr Bedlam, sorti en 2018, nous avait laissé une très bonne impression. Avec leur deuxième intitulé Silence From Signals, Sorrell et ses musiciens poursuivent dans leur lancée en atteignant des sommets. Le concept de ce disque est né après que le fils aîné de Danny ait été diagnostiqué autiste. Sa vie s'en est trouvée complètement chamboulée. Il a alors éprouvé le besoin de traduire en musique tous les sentiments, positifs et négatifs, ressentis durant cette période cruciale. Comme il l'explique : "J'ai eu l'impression d'avoir littéralement arraché mon âme que j'ai convertie en mots". Silence From Signals relate l'histoire douloureuse de deux jumeaux, une fille neurotypique (sans trouble autistique) et un garçon neurodivergent. Ce dernier se trouve terrifié dans ce monde qu'il ne comprend pas. La seule personne bienveillante envers lui se trouve être sa sœur, dont la présence constante le rassure. Mais cela suffira-t-il ? Vous le saurez en découvrant cet album qui vous emportera pour ne plus vous lâcher, jusqu'à la note finale. Si Danny interprète les mots de ce petit bonhomme, la chanteuse Nicole Johnson prononce ceux de sa sœur, lui donnant ainsi vie à chacune de ses interventions. Par l'intermédiaire de ce rôle, elle fait son entrée dans le groupe, tout comme le nouveau batteur Graham Brown. La bassiste Diane Fox ainsi que le guitariste Leland Freeman étaient quant à eux déjà présents sur le précédent opus. John Mitchell d'Arena, cofondateur du label White Star Records sur lequel est édité l'album, est aux manettes, tant à la coproduction qu'au mixage et au son. D'où ce travail impeccable. Maintenant, il vous suffit juste de répondre à une question. Prêt pour plonger au plus profond de la psyché humaine ?

Musiciens

Danny Sorrell : chant, guitares, claviers, programmation
Nicole Johnson : chant
Leland Freeman : guitares
Diane Fox : basse
Graham Brown : batterie, percussions

Titres

01. Paradigm
02. Wake Vortex 
03. Sea of Tranquility 
04. I Am Me I Am Free 
05. Prism Descent
06. Haptic Feedback 
07. Specular
08. Perfect Circles

Vidéos

Wake Vortex : lien vidéo ici

Sea Of Tranquility : lien vidéo ici

dimanche 13 février 2022

Sibylle Baier - Colour Green (2006)

Sibylle Baier Colour Green
Sibylle Baier - Colour Green (2006)

Pourquoi écouter ce disque ?

C'est l'histoire d'un disque qui n'aurait jamais dû voir le jour. Mais le destin en a décidé autrement. Nous sommes à la fin des années 60, en Allemagne. La jeune Sibylle Baier broie du noir. Pour la sortir de son marasme, son amie Claudine l'entraîne avec elle dans un road trip qui les mène de Strasbourg à Gênes, en passant par les Alpes. De retour à Stuttgart, Sibylle prend sa guitare et compose Remember The Day en souvenir de ce périple inoubliable qui lui a redonné goût à la vie. Treize autres chansons suivent qu'elle enregistre sur un magnétophone entre 1970 et 1973. Comme dans un journal intime, elle se livre sans filtre, pensant ne pas être écoutée au-delà d'un cercle restreint d'amis. L'histoire aurait dû s'arrêter là. Sibylle s'en est aller vivre aux États-Unis où elle fonde une famille après une brève carrière d'actrice. Au début des années 2000, son fils Robby, devenu musicien et producteur de disques, fouille dans le grenier familial et retrouve, par hasard, ces vieilles bandes oubliées. Il à l'idée de faire une surprise à sa mère pour son prochain anniversaire. Il les nettoie puis les grave sur CD qu'il lui offre en 2004. Quelques copies circulent entre différentes mains, dont celles de J Mascis de Dinosaur Jr. qui, persuadé de détenir un joyau, les confie à Andrew Rieger, cofondateur du label Orange Twin Records. C'est ainsi que Colour Green voit le jour en 2006. Très vite, cette petite merveille devient culte dans le milieu underground folk. Considérée comme un trésor oublié du passé, elle trouve d'abord son public grâce au bouche à oreille, puis à des articles élogieux de la presse spécialisée qui n'hésite pas à comparer cet album à la mélancolie subtile aux œuvres les plus sombres de Nick Drake, Leonard Cohen, Bridget St. John, Nico, Joni Mitchell, Karen Dalton ou encore Vashti Bunyan qui a connu un destin à peu près similaire. Il faut bien l'avouer, ces comparaisons ne sont pas usurpées tellement cette musique, à la fois délicate et humble, semble directement s'adresser à nous, sans fard, comme si Sibylle était là avec sa guitare et chantait rien que pour nous, au coin d'un feu de cheminée. Tonight when I came home from work, hurt... 🎶Tonight when I came home from work...🎶

Musicienne
Sibylle Baier : chant, guitare

Titres

01. Tonight
02. I Lost Something In The Hills
03. The End
04. Softly
05. Remember The Day
06. Forget About
07. William
08. Says Elliott
09. Colour Green
10. Driving
11. Girl
12. Wim
13. Forgett
14. Give Me A Smile

Vidéos

Tonight : lien vidéo ici

Remember The Day : lien vidéo ici

The End : lien vidéo ici