dimanche 7 février 2021

Joni Mitchell - Ladies Of The Canyon (1970)

Joni Mitchell Ladies Of The Canyon
Joni Mitchell - Ladies Of The Canyon (1970)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ladies Of The Canyon marque un tournant dans la discographie de Joni Mitchell. Celle-ci sort timidement de sa zone de confort folk pour embrasser une nouvelle dimension faite d'explorations musicales. Sa voix si pure n'a jamais été aussi mise en avant, et elle n'accompagne plus ses chansons de sa seule guitare acoustique, mais d'un piano devenu omniprésent. Sa musique connaît un nouvel habillage fait d'arrangements inédits, dévoilant de manière encore discrète un violoncelle, une clarinette, une flûte ou bien un saxophone baryton. Trois des titres de cette merveille deviendront des standards : Big Yellow Taxi aux préoccupations écologiques, Woodstock commémorant le concert du même nom auquel elle n'a pu participer, et un The Circle Game poétique célébrant le cycle des saisons. Sur la chanson-titre dédiée au Laurel Canyon, ce quartier situé dans les collines de Los Angeles, véritable berceau de la contre-culture américaine des années 60-70, plane l'ombre de son amie Mama Cass, The Priest évoque sans détour son ancien petit ami Leonard Cohen, tandis que Willy n'est autre que Graham Nash, son compagnon du moment avec lequel elle rompra peu de temps après la sortie du disque, courant 1970. Les autres chansons sont traversées par sa vision romantique, parfois cruelle de la vie, à l'instar de Conversation mêlant lâcheté et amour impossible. Incontournable dans la discographie de la chanteuse, Ladies Of The Canyon symbolise à lui seul la fin d'une époque, celle des années hippies, où tout semblait possible. Le retour à la réalité n'en sera que plus cruel. 

Musiciens

Joni Mitchell : chant, guitare, piano

Teresa Adams : violoncelle
Paul Horn : clarinette, flûte
Jim Horn : saxophone baryton
Milt Holland : percussions
The Lookout Mountain United Downstairs Choir (Crosby, Stills, Nash & Young) : chœurs 

Titres

01. Morning Morgantown
02. For Free
03. Conversation
04. Ladies Of The Canyon
05. Willy
06. The Arrangement
07. Rainy Night House
08. The Priest
09. Blue Boy
10. Big Yellow Taxi
11. Woodstock
12. The Circle Game

Vidéos

Morning Morgantown : lien vidéo ici

Blue Boy : lien vidéo ici

Big Yellow Taxi : lien vidéo ici

vendredi 5 février 2021

Irish Love Stories (2015)

Irish Love Stories Martin Nolan Brendan Nolan
Irish Love Stories (2015)

Pourquoi écouter ce disque ?

Et hop! Une petite virée en Irlande. Irish Love Stories réunit en un seul disque deux grandes traditions irlandaises : la musique et les histoires. Brendan et Martin Nolan sont deux frères qui évoluent depuis leur plus tendre enfance dans le domaine artistique. Le premier est écrivain et conteur. Le second joue de la cornemuse. Il a succédé à Troy Donockley au sein de Iona quand celui-ci est parti rejoindre les finlandais de Nightwish. Il y est resté de 2009 à 2016, date de la séparation du groupe et a enregistré l'album Another Realm avec eux. Comme son nom l'indique, Irish Love Stories est un recueil de textes folkloriques irlandais ayant pour thématique centrale l'amour. Brendan raconte avec dextérité chacune de ces histoires construites autour de divinités celtes aujourd'hui disparues, de personnages légendaires ou de lieux mystérieux et fantastiques. Un air traditionnel en interlude est joué à la cornemuse ou à la flûte par Martin, ancrant l'auditeur dans les somptueux paysage de la verte Irlande, si fascinante. 

Musiciens

Brendan Nolan : lecture
Martin Nolan : cornemuse, flûtes

Titres

01. An Cúilfhionn - air
02. Clíodhana
03. The Rolling Wave - jig
04. Gearóid Iarla
05. Early And Lady Fitzgerald - planxty
06. Dream Of Aengus
07. Aisling Geal - air
08. Dargle Lovers
09. The Lovers Ghost - air
10. Rescued Bride
11. The Bride's Polka - dance tune
12. Danny Boy
13. Danny Boy - air

Vidéo

Danny Boy : lien vidéo ici

jeudi 4 février 2021

The 3rd And The Mortal - Sorrow (1994)

The 3rd And The Mortal Sorrow
The 3rd And The Mortal - Sorrow (1994)

Pourquoi écouter ce disque ?

Sans The 3rd And The Mortal, pas de The Gathering avec Anneke van Giersbergen, ni de Theatre Of Tragedy avec Liv Kristine, et encore moins de Nightwish avec Tarja. Fondé en 1990 en Norvège, cette formation deviendra, avec l'arrivée de la chanteuse Kari Rueslåtten en 1992, le précurseur du doom metal atmosphérique à chant féminin. Sorrow, leur premier EP, porte bien son nom puisque tout est tristesse, mélancolie et désespoir dans leur musique. La voix fantomatique de Kari semble hanter un mur de guitares insaisissables. Les guitaristes sont au nombre de trois, et ils envoient du lourd. Seul le titre d'ouverture est chanté en norvégien, les autres le sont en anglais, y compris le morceau final Silentely I Surrender, chanson à tiroir hypnotique, longue de huit minutes. Difficile de demeurer insensible à l'aspect expérimental et torturé de ces compositions, ni à cette voix sublime venue du froid d'une pureté inouïe (il suffit d'écouter la chanson-titre pour s'en laisser convaincre). 

Musiciens

Kari Rueslåtten : chant
Finn-Olav Holthe : guitares
Trond Engum : guitares
Geir Nilsen : guitares
Bernt Rundberget : basse
Rune Hoemsnes : batterie

Titres

01. Grevinnens Bønn
02. Sorrow
03. Ring Of Fire
04. Silently I Surrender 

Vidéos


Silently I Surrender : lien vidéo ici

mardi 2 février 2021

Millenium - White Crow (2011)

Millenium White Crow
Millenium - White Crow (2011)

Pourquoi écouter ce disque ?

Si une pie voleuse symbolise la fin d'une époque chez Marillion, son alter ego polonais Millenium lui préfère un corbeau blanc. Ce dernier, synonyme de rareté, a donné son nom à cette compilation de titres… rares. Le quintet n'a alors plus sorti d'album studio depuis Exist en 2008, ses fans s'impatientent et le live Back After Years de 2010 ne les contente plus. C'est pourquoi Ryszard Kramarski, son leader, a réuni ces onze titres parus entre 2003 et 2010, sur différents supports, maxi-singles, compilations ou CD promos, avec une idée en tête, présenter uniquement des morceaux joués par le line-up historique comprenant Łukasz Gall au chant, Piotr Płonka aux guitares, Krzysztof Wyrwa à la basse, Tomasz Paśko à la batterie et lui-même aux claviers. Le seul inédit est la chanson-titre conduite par une guitare nerveuse doublée d'une ligne de chant atypique pour Gall. Si, à sa sortie en 2011, il était légitime de penser que White Crow pouvait faire office de doublon avec 7 Years, autre compilation parue trois ans plus tôt, Kramarsky a annoncé la couleur, White Crow demeurera la seule référence, 7 Years n'étant plus jamais rééditée. Pas plus que Three Brother's Epilogue qui, avec l'épique Epilogue, mettait un terme à la flamboyante saga des frères Sunders et que l'on retrouve ici avec d'autres pépites comme I Would Like To Say Something, reprise de 2009 de l'album Vocanda, Sky, douce ballade acoustique aux couleurs folks mettant en valeur la voix de Sabina Godula, chanteuse de Loonypark, ou encore un 7 Years méditatif. 

Musiciens

Łukasz Gall : chant
Ryszard Kramarski : claviers, guitare acoustique
Piotr Płonka : guitares
Krzysztof Wyrwa : basse
Tomasz Paśko : batterie

Sabina Godula : chant
Michal Kramarski : chant

Titres

01. White Crow 
02. Monotony 
03. Plastic World 
04. Born To Hate
05. Im Still Burning 
06. 7 Years
07. I Would Like To Say Something 
08. Where's My Way? 
09. Sky 
10. Epilogue
11. Silent Night 

Vidéos

White Crow : lien vidéo ici

7 Years : lien vidéo ici

dimanche 31 janvier 2021

The Woods Band - The Woods Band (1971)

The Woods Band Terry & Gay Woods
The Woods Band - The Woods Band (1971)

Pourquoi écouter ce disque ?

La rupture était inévitable. A peine leur premier album sorti, Hark! The Village Wait, Steeleye Span est au bord de l'implosion. Les divergences artistiques et personnelles sont devenues insurmontables entre les couples Gay & Terry Woods et Maddy Prior/Tim Hart. Ashley Hutchings, lui, se trouve au milieu de la tempête. Les Woods décident finalement de s'en aller avec la promesse que les membres restants n'utiliseront pas le nom de Steeleye Span. En vain… A peine sont-ils partis que le guitariste Martin Carthy intègre le groupe. On connaît la suite, ce sera une superbe odyssée musicale qui perdure encore aujourd'hui. The Woods Band aura quant à lui une existence bien plus brève. Gay et Terry sont rejoints par le guitariste Ed Deane et le batteur Pat Nash pour un seul et unique album au titre éponyme, synonyme d'un retour aux racines irlandaises. Sur les huit titres, trois sont des airs traditionnels réarrangés, tandis que les autres sont des compositions originales, la plupart signées par Terry. Il reprend ainsi Dreams de son ancien groupe The Sweeney's Men imaginé en 1967, fondateur du folk-rock irlandais. Gay s'illustre sur un January's Snows lunaire, accompagnée au clavecin par Ed, ainsi que sur le solaire Promises aux couleurs californiennes (Jefferson Airplane, The Mamas And The Papas) sur lequel son frère Austin Corcoran la rejoint à la basse. Et impossible de passer à côté du fameux As I Roved Out, classique populaire où une jeune femme naïve se laisse abusée par un homme qu'elle croit être son grand amour. Une fois le disque sorti, le couple s'en va rejoindre Dr Strangely Strange, pendant irlandais de l'Incredible String Band, pour une tournée de six mois. Ils abandonneront ensuite The Woods Band pour se produire sous le nom de Gay and Terry Woods, jusqu'à leur séparation en 1980. 

Musiciens

Gay Woods : chant, concertina, autoharpe, dulcimer, bodhran
Terry Woods : chant, guitares, basse, mandola, concertina
Ed Deane : guitares, basse, clavecin
Pat Nash : batterie, chant

Austin Corcoran : basse, guitare acoustique
John Ryan : orgue, piano
Tony Reeves : basse

Titres

01. Everytime
02. Noisey Johnny
03. January's Snows
04. Lament & Jig (Inc. "Valencia Lament" & "Apples In Winter") 
05. Dreams
06. As I Roved Out
07. Promises
08. Over The Bar

Vidéos

January's Snows : lien vidéo ici

Promises : lien vidéo ici

As I Roved Out : lien vidéo ici

vendredi 29 janvier 2021

Fish - Raingods With Zippos (1999)

Fish Raingods With Zippos
Fish - Raingods With Zippos (1999)

Pourquoi écouter ce disque ?

L'heure du bilan a sonné. Ancien chanteur de Marillion, Fish mène une carrière solo passionnante mais inégale depuis 1990. Sorti en 2020, Weltschmerz sera son dernier album, ainsi l'a-t-il annoncé. Sur les onze qu'il a enregistré au cours de ces trente dernières années, s'il me fallait en garder trois, ce serait sans hésiter le premier, Vigil In A Wilderness Of Mirrors, Sunsets On Empire produit par Steven Wilson en 1997, et ce Raingods With Zippos paru à la toute fin du dernier millénaire. Notre Poisson préféré revient ici à un rock progressif accessible par ses aspects mélodieux et émotionnels. Car Fish au sommet, c'est de l'émotion à l'état pur comme en témoigne la délicate ballade Incomplete en duo avec Elisabeth Antwi qui semble tenir sur un fil, Rites Of Passage, sublimé par les claviers de Mickey Simmonds, ou encore l'enchaînement Raingods Dancing/Wake-up Call (Make It Happen) de la suite Plague Of Ghost longue de vingt-cinq minutes. Cette dernière aux ambiances torturées évoque le Fish de la grande époque, celui de l'ère Marillion et en particulier de Clutchings At Straws. Tourmentés, ses textes sont le reflet de son âme, dessinant des personnages à son image, en situation d'échec (Incomplete encore une fois, Tumbledown et son intro au piano tout simplement géniale) ou en quête de spiritualité (Feath Healer repris du Sensational Alex Harvey Band dans une version qui déchire, Titled Cross, autre ballade somptueuse). Épaulé par ses fidèles à la rythmique, Steve Vantsis (basse) et Dave Stewart (batterie), Fish à une nouvelle fois fait appel aux déjà cités Mickey Simmonds et Steven Wilson (guitares), qui reprendront chacun leur route après l'enregistrement de ce disque, ainsi qu'à Tony Turrell pour les claviers (véritable révélation et futur The Reasoning aux côtés de Rachel Cohen), Bruce Watson de Big Country et Robin Boult, l'ami de longue date, pour les guitares. Raingods With Zippos n'est certes ni parfait, ni un chef d'œuvre, c'est le témoignage poignant d'un artiste, grand par la taille comme par le talent, à fleur de peau, qui a mené un parcours singulier, sans jamais se renier. 

Musiciens

Fish : chant

Bruce Watson : guitares, mandoline
Steven Wilson : guitares
Robin Boult : guitares
Til Paulman : guitares
Phil Grieve : guitare acoustique
Mickey Simmonds: claviers, programmation
Tony Turrell : claviers, programmation
Mark Daghorn : programmation
Steve Vantsis : basse, contrebasse
Dave Stewart : batterie
Dave Haswell : percussions, violon
Davey Crichton : violon
Elisabeth Troy Antwi : chant
Nicola King : chant
Tony King : chant
Merlin : chant
Pierre Michel Meier : mots en français
Mo Warden : mots parlés

Titres

01. Tumbledown
02. Mission Statement
03. Incomplete
04. Tilted Cross
05. Faith Healer
06. Rites of Passage

Plague of Ghosts

07. Old Haunts 
08. Digging Deep 
09. Chocolate Frogs 
10. Waving at Stars 
11. Raingod's Dancing 
12. Wake-up Call (Make It Happen) 

Vidéos

Incomplete : lien vidéo ici

Faith Healer : lien vidéo ici

jeudi 28 janvier 2021

Lůn - Prāṇa (2021)

En cette période compliquée, continuons à soutenir nos artistes passionnants, ceux ne bénéficiant pas forcément d'une grande couverture médiatique. Mayline Gautié et son projet Lůn sont de ceux-là. Voici se première vidéo qui, j'en suis sûr, saura vous séduire.


lundi 25 janvier 2021

Principal Edwards Magic Theatre - Soundtrack (1969)

Principal Edwards Magic Theatre Soundtrack
Principal Edwards Magic Theatre - Soundtrack
(1969)

Pourquoi écouter ce disque ?

Fondé en 1968 par un collectif d'étudiants vivant dans une ferme communautaire, Principal Edwards Magic Theatre réunissait des poètes, des musiciens, des danseurs et des techniciens. Leur nom fait à la fois référence à un illustre évangéliste gallois du XIX siècle, aïeul du percussionniste Lyn Edwards (Principal Edwards) et au roman Le Loup des Steppes d'Hemann Hesse (Magic Theatre). Préférant la performance au perfectionnisme, la musique du groupe, reflet d'une époque un peu naïve mais aimant l'expérimentation, propose un patchwork de folk, prog et psychédélisme à la fois inventif et délicieux. C'est John Peel, le célèbre animateur de radio, qui les repère et les signe sur son label Dandelion aux côtés d'artistes non commerciaux comme Bridget St. John ou David Bedford. En 1969, parait le single Ballad (Of The Big Girl Now And The Mere Boy), splendide ballade folk, suivi de l'album Soundtrack. Le disque comporte six titres reproduisant l'ambiance théâtrale développée sur scène comme les effets sonores élaborés ou les passages parlés. Si Shakespeare prête un de ses poèmes à un Third Sonnet To Sundry Notes Of Music électrique, le point d'orgue de l'album n'en demeure pas moins The Death Of Don Quixote, mini-épopée déjantée de treize minutes s'inspirant du roman de Cervantès à laquelle ont été ajoutés quelques éléments contemporains. Principal compositeur, le guitariste Root Cartwright s'illustre vaillamment par ses interventions incisives, tout comme la multi-instrumentiste Belinda Bourquin (flûte, violon, claviers) et la chanteuse Vivienne McAuliffe que l'on retrouvera plus tard aux côtés d'Affinity, Gerry Rafferty, Patrick Moraz (Yes), Anthony Phillips (Genesis) ou Camel. Complètement oublié aujourd'hui, Principal Edwards, malgré sa courte durée de vie (1968-1971), a partagé la scène en son temps avec d'autres petits jeunes qui deviendront de véritables monuments : Fairport Convention, Free, T. Rex, King Crimson, Yes, Deep Purple, David Bowie, Elton John, Fleetwood Mac, Supertramp, et Pink Floyd. D'ailleurs, Nick Mason lui-même produira leur album suivant.

Musiciens

Martin Stellman : chant
Vivienne McAuliffe : chant
Root Cartwright : guitares
Belinda Bourquin : violon, flûte, orgue, piano
Jeremy Ensor : basse
Lyn Edwards : batterie, percussions
David Jones : percussions

Titres

01. Enigmatic Insomniac Machine
02. Sacrifice
03. Death of Don Quixote 
04. Third Sonnet to Sundry Notes of Music 
05. To a Broken Guitar 
06. Pinky: A Mystery Cycle 

Vidéos

Documentaire de la télévision française en 1969

Ballad (Of The Big Girl Now And The Mere Boy) :

Enigmatic Insomniac Machine : lien vidéo ici

dimanche 24 janvier 2021

Richard & Linda Thompson - Pour Down Like Silver (1975)

Richard & Linda Thompson Pour Down Like Silver
Richard & Linda Thompson - Pour Down Like Silver
(1975)

Pourquoi écouter ce disque ?

Considéré par beaucoup comme le meilleur disque du couple Thompson et un des meilleurs albums de folk-rock britannique, Pour Down Like Silver a été conçu dans un contexte bien particulier. Depuis peu, Richard et Linda se sont convertis au soufisme, branche ésotérique et mystique de l'islam. Cat Stevens qui deviendra Yusuf Islam Ian Whiteman ainsi que Danny Thompson, bassiste de Pentangle, les suivront sur cette voie. Malgré l'interdiction de jouer de la musique ordonnée par leur guide religieux, les Thompson sont bloqués car ils doivent par contrat un troisième album à leur compagnie de disque, Island Records. Un compromis est finalement trouvé, Pour Down Like Silver se devra d'avoir un fort aspect spirituel. Ainsi, sur la pochette, Richard apparaît barbu avec un turban sur la tête (lui donnant paradoxalement une certaine allure christique), tandis qu'au verso, Linda porte le voile. A travers les textes de Streets Of Paradise, Dimming Of The Day, plus tard repris par un certain David Gilmour, Beat The Retreat ou encore Night Comes In considérée aujourd'hui par Linda comme leur meilleure chanson, toutes périodes confondues, ils expriment leur amour pour leur Dieu, Allah. Sombre et hypnotique, la musique n'en demeure pas moins tranchante. Tout a été joué live avec une utilisation a minima des overdubs. D'où ce son brut, synonyme d'un retour à l'essentiel, plus austère que leurs précédentes productions, Hokey Pokey et I Want To See The Bright Lights Tonight. Toujours aussi flamboyant dans son jeu de guitare, Richard, considéré non sans raison en cette année 1975 comme le plus grand guitariste de la scène rock aux côtés d'Eric Clapton et de Jimmy Page, laisse une part prédominante sur quatre des huit titres à l'accordéon de son ami John Kirkpattick, futur Steeleye Span. Une partie de la rythmique est assurée par les deux Dave de Fairport Convation, Dave Pegg (basse) et Dave Mattacks (batterie). Le chant envouté de Linda illumine à lui seul l'intense The Poor Boy Is Taken Away, ainsi qu'un For Shame Of Doing Wrong vibrant que reprendra son amie Sandy Denny sur son ultime Rendezvous sous le titre I Wish I Was A Fool For You. Dans un esprit contemplatif, l'album se referme sur l'instrumental Dargai du compositeur écossais James Scott Skinner, se référant à la ville du même nom située dans le nord du Pakistan. Après la parution de Pour Down Like Silver, Richard et Linda se retireront dans leur communauté, laissant de côté toute velléité musicale. Mais le démon de la musique reprendra possession d'eux trois ans plus tard. Sorti en 1978, l'album First Light marquera leur retour et le début d'une nouvelle trilogie décisive. 

Musiciens

Richard Thompson : chant, guitares, mandoline, dulcimer, piano
Linda Thompson : chant

Pat Donaldson : basse
Dave Pegg : basse
Dave Mattacks : batterie
Timi Donald : batterie
John Kirkpatrick : accordéon, concertina 
Nick Jones : violon
Aly Bain : violon
Henry Lowther : trompette
Ian Whiteman : flûte, shakuhachi

Titres

01. Streets Of Paradise
02. For Shame Of Doing Wrong
03. The Poor Boy Is Taken Away
04. Night Comes In
05. Jet Plane In A Rocking Chair
08. Beat The Retreat
09. Hard Luck Stories
10. Dimming Of The Day/Dargal

Vidéos

Night Comes In : lien vidéo ici

Dimming Of The Day/Dargal : lien vidéo ici

vendredi 22 janvier 2021

Mari Boine & … - Leahkastin (1994)

Mari Boine Unfolding
Mari Boine & … - Leahkastin (1994)

Pourquoi écouter ce disque ?

Découverte en 1989 à travers son album Gula, Gula diffusé par le label de Peter Gabriel, Real World, Mari Boine poursuit depuis une carrière internationale. Née en Laponie, au nord de la Norvège, cette jeune chanteuse au talent exceptionnel se prédestinait à une carrière d'enseignante. Mais la découverte tardive de la culture ancestrale de son peuple longtemps réprimé l'a conduite vers la musique, faisant d'elle la principale ambassadrice culturelle des Samis. Connus aussi sous le nom de Lapons, ils étaient à l'origine un peuple nomade. Aujourd'hui, leur nombre s'élève à environ 85 000 âmes réparties entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Sorti en 1994, Leakhasin qui signifie "déploiement", s'inscrit dans la continuité de son prédécesseur, Goaskinviellja. Mari a réuni les mêmes musiciens, parmi lesquels le guitariste Roger Ludvigsen et le batteur Helge Andreas Norbakken qui ont participé à l'écriture de l'album. La musique, toujours aussi exigeante, allie à une étrange modernité un esprit chamanique ouvert sur les grands espaces. Sans passéisme aucun, Mari Boine connecte avec bienveillance la culture de ses ancêtres au monde d'aujourd'hui. Sa voix lui sert de vecteur, s'inspirant du joik, chant traditionnel sami à vocation spirituelle, capable de mener à un état de transe. Difficile d'accès à la première écoute, ce disque très riche sur le plan sonore, nécessite un temps d'adaptation avant d'accéder pleinement au plaines infinies du Grand Nord.

Musiciens

Mari Boine : chant, djembé

Roger Ludvigsen : guitares, kalimba, percussions, orgue
Gjermund Silset : basse, kalimba, percussions, 
Helge Andreas Norbakken : batterie, percussions, piano
Hege Rimestad : violon
Carlos Z. Quispe : flûte, harpe, charango, chant

Titres

01. Gumppet Holvot (The Wolves Howl)
02. Ále Šat (No More)
03. Čuovgi Liekkas (Radiant Warmth)
04. Áhččai (To My Father)
05. Maid Áiggot Muinna Eallin (What Do You Want Life?)
06. Mielahisvuohta (Lunacy Lunacy)
07. Gilvve Gollát (Sow Your Gold)
08. Gulan Du (Hearing You)
09. Vuolgge Mu Mielde Bassivárrái (Come With Me To The Sacred Mountain)
10. Mun Da'han Lean Oaivámuš (Just When I Had ...)
11. Dá Lean Mun (Here I Am)

Vidéos

Áhččai (To My Father) : lien vidéo ici

Gilvve Gollát (Sow Your Gold) : lien vidéo ici