lundi 11 novembre 2019

Joshua Burnell - The Road To Horn Fair (2019)

Joshua Burnell The Road To Horn Fair
Joshua Burnell - The Road To Horn Fair (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Et de trois ! Joshua Burnell, étoile montante du folk britannique qui réenchante littéralement ce genre, propose un The Road To Horn Fair aux saveurs toutes médiévales. Toujours avec la même inventivité, passion et fougue, il s'est approprié une collection de dix airs anciens, remontant à des temps ancestraux, où il est question d'histoires souvent sanglantes et diaboliques, entre contes et légendes. Attention, pas de passéisme ici, le génie de Joshua consiste à apporter à l'ensemble une modernité bien contemporaine, que ce soit au niveau de la musique, des paroles ou des instruments. Ainsi, l'instrumental Plane Tree & Tempenny Bit, d'influence celtique, bénéficie de la présence d'une guitare électrique bien rock et d'un orgue Hammond aux sonorités très "génésiennes". Pareil pour Berkshire Tragedy que l'on penserait tiré d'une production de Phideaux, tant dans sa construction que dans ses harmonies vocales. Quel plaisir de réentendre dans de nouvelles versions ces classiques que sont Pastime With Good Company, Raggle Taggle Gypsies ou l'indémodable Can Ye O'er Frae' découverts, pour ma part, grâce à Blackmore's Night, The Waterboys et Steeleye Span. L'équipe de ménestrels entourant le jeune artiste qui joue d'une multitude d'instruments, s'est resserrée. Frances Sladen prête sa voix, Nathan Greaves impulse l’énergie nécessaire à sa guitare électrique, Matthew Mefford (basse) donne le rythme,et Antonio Curiale apporte une touche exotique avec son violon, sa viole d'amour et son oud. Rachel Wilson et Ben Burnell, frère de Joshua, apportent aussi leur soutien, l'une au violon, l'autre au banjo. Ce dernier lui a été offert par sa grand-mère ; il s'agit du premier modèle anglais. Impossible de finir cette chronique sans aborder le sublime artwork réalisé Randy Asplund, artiste spécialiste des enluminures médiévales. Tout est parfait dans ce disque, y compris les anecdotes, pertinentes et amusantes, livrées par Joshua dans les notes, permettant ainsi de mieux le connaître, comme un ami...

Musiciens

Joshua Burnell : chant, orgue Hammond, batterie, accordéon, guitare acoustique, bouzouki, flûte irlandaise, glockenspiel

Frances Sladen : chant
Nathan Greaves : guitare électrique
Matthew Mefford : basse
Antonio Curiale : violon, viole d'amour, oud

Ben Burnell : banjo
Rachel Wilson : violon

Titres

01. Pastime With Good Company
02. Berkshire Tragedy
03. Cold Haily Windy Night
04. Plane Tree & Tenpenny Bit
05. Ah! Robin, Gentyl Robin
06. The Knight And The Shepherdess
07. Drowsy Maggie & Rakish Paddy
08. Raggle Taggle Gypsies
09. Horn Fair
10. Cam Ye O'er Frae' France & The Musical Priest

dimanche 10 novembre 2019

Frequency Drift - Over (2014)

Frequency Drift Over
Frequency Drift - Over (2014)

Pourquoi écouter ce disque ?

Avec Over, la formation allemande Frequency Drift entame son troisième cycle. Le premier était constitué des concepts albums Personal Effects Part I & II, tandis que Ghosts... et ...Laid To Rest formaient le deuxième. Over se veut encore plus sombre que ses prédécesseurs, tant dans ses paroles que dans sa musique. D'ailleurs, la photo de la pochette réalisée par l'artiste ukrainienne Alina Rudya a été prise dans la ville de Prypiat, juste à côté de Tchernobyl. Difficile de qualifier la musique de Frequency Drift, le groupe suit sa propre voie, certes sinueuse, mais avec une originalité certaine. Pour Over, Andreas Hack, le leader, a fait appel à deux nouvelles voix féminines. Isa Fallenbacher ne devait être qu'une invitée à l'origine. Au final, son chant si émotionnel et expressif a convaincu Andreas d'en faire une partie intégrante du projet. De formation jazz, Agathe Labus n'intervient que sur trois titres, Adrift, Them et Release, les plus expérimentaux du disque. Autres personnalités féminines marquantes, la harpiste Nerissa Swhartz, qui a participé à la composition de Adrift, Sagittarius A* et Wave, ainsi que la violoncelliste Sibylle Friz dont l'instrument renforce avec éclat l'aspect mélancolique des chansons Run, Once et Them. Une des originalités de Frequency Drift est justement l'emploi d'instruments acoustiques au son organique (violoncelle, violon, harpe, flûtes, duclar, marimba...) combiné aux instruments modernes et électriques. Mixé par Yogi Lang, Over bénéficie de la présence de deux autre musiciens de la galaxie RPWL, Kalle Wallner à la basse et Phil Paul Rissettio à la batterie. Avec de telles références, il serait dommage de passer à côté de cette production insolite aux charmes envoûtants.

Musiciens

Isa Fallenbacher : chant
Agathe Labus : chant
Andreas Hack : claviers, guitares, basse, percussions
Christian Hack : guitares, flûtes, duclar, percussions
Nerissa Schwarz : harpes
Sibylle Friz : violoncelles
Ulrike Reichel : violon, alto
Tino Schmidt : basse
Kalle Wallner : basse
Phil Paul Rissettio : batterie
Jasper Jöris : flûte à corne, marimba, percussions
Martin Schnella : guitares
Steve Hohenberger : guitares

Titres

01. Run 
02. Once 
03. Adrift 
04. Them 
05. Sagittarius A*
06. Suspended
07. Wave
08. Wander
09. Driven
10. Release 
11. Memory
12. Disappeared

vendredi 8 novembre 2019

Iamthemorning - The Bell (2019)

Iamthemorning The Bell
Iamthemorning - The Bell (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Le duo Iamthemorning est sans aucun doute le plus anglophile des groupes russes. Fondé en 2010 par la chanteuse Marjana Semkina et le pianiste Gleb Kolyadin, ils ont déjà à leur actif cinq albums, dont The Bell, leur toute dernière production. Gage de qualité, leur label n'est autre que Kscope. Les amateurs de musiques progressives connaissent très bien cette maison de disque qui possède dans son catalogue des artistes aussi passionnants que Steven Wilson, Anathema, Gazpacho ou The Pineapple Thief. Au fil du temps, Iamthemorning a construit un univers musical hors du temps, aussi élégant que celui de Kate Bush à l'époque de The Kick Inside, perfectionniste comme le Renaissance flamboyant des années 70, et à l'esthétique similaire aux Français de Collection d'Arnell-Andréa. Autre référence venant à l'esprit, leurs homologues russes de Caprice, notamment par l'aspect néo-classique de leur musique, le côté heavenly des voix et la même passion pour l'Angleterre victorienne. The Bell, aux paroles inspirées des œuvres d'Egar Allan Poe, a pour thème central la cruauté des hommes, et la douleur qui en résulte. Sans être liées entre elles, chacune des dix chansons explorent cette question épineuse, présente de manière continue à travers les âges, ne semblant jamais s'atténuer. Freak Show, Six Feet et The Bell, par leur intensité, constituent l'ossature de ce disque où se croisent instruments électriques, piano, cordes et cuivres déroutants. La production, orchestrée par Marjana, Gleb et Vlad Avy, le troisième membre caché du groupe, est juste impeccable, tout comme la pochette représentant une cloche de sécurité. Au XIXe siècle, la peur d'être enterré vivant était répandue, d'où l'instauration de ces cloches. Bref, The Bell, à la fois sombre et envoûtant, sera votre meilleur compagnon pour cet automne. 

Musiciens

Marjana Semkina : chant, guitare acoustique
Gleb Kolyadin : piano, claviers

Vlad Avy : guitares
Zoltan Renaldi : basse, contrebasse
Svetlana Shumkova : batterie
Evan Carson : batterie, percussions
Andres Izmaylov : harpe
Grigory Osipov : marimba
Dmitry Tsepilov : saxophone
Ilya Leontyev : trompette
Mr. Konin : cloche, accordéon, clapping

St. Petersburg Orchestra "1703" :

1er violons :
IIia Dyakov
Ekaterina German
Ekaterina Chernyaeva
Anastasia Litvinova

2nd violons :
Anita Azhashkouskaya
Dmitry Kolyasnikov
Anna Melnikova
Yulia Kashshapova

Altos :
Nadezhda Savina
Dmitry Gonchar
Semyon Samsonov

Violoncelles :
Darya Popova
Ilya Izmaylov

Titres

01. Freak Show
02. Sleeping Beauty
03. Blue Sea
04. Black and Blue
05. Six Feet 
06. Ghost of a Story
07. Song of Psyche
08. Lilies
09. Salute 
10. The Bell

jeudi 7 novembre 2019

Sandy Denny - Rendezvous (1977)

Sandy Denny Rendezvous
Sandy Denny - Rendezvous (1977)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ce Rendezvous sera le dernier pour Sandy Denny. Moins d'an après sa sortie en mai 1977, la jeune chanteuse alors âgée de 31 ans, décédera tragiquement des suites d'une chute malheureuse. Audacieux, Rendezvous recèle quelques-unes de ses plus belles compositions. Tout commence après son (second) départ de Fairport Convention en 1975. Les mauvaises ventes de Rising For The Moon, malgré une promotion intense, ont conduit à l'éclatement du groupe. Soutenue par son mari et producteur Trevor Lucas, Sandy ne cesse d'écrire. Le but est de relancer sa carrière qui compte déjà à son actif trois albums solos. Sont donc convoqués pour l'enregistrement un orchestre, ses compagnons de route de Fairport Convention et Foteheringay (Richard Thompson, Jerry Donahue, Dave Mattacks, Dave Pegg, Pat Donaldson) et quelques invités prestigieux comme Steve Winwood de Traffic, John (Rabbit) Bundrick de Free ou encore Clare Torry connue pour sa prestation inoubliable sur The Dark Side Of The Moon de Pink Floyd. Tout ce petit monde jouera ensemble en studio, donnant cette ambiance particulière. Si le disque s'ouvre avec un I Wish I Was A Fool For You enjoué, reprise de Richard & Linda Thompson (dont le titre original était For Shame Of Doing Wrong sur leur album Pour Down Like Silver, 1975), c'est à partir de la quatrième piste que Sandy donne toute l'étendue de son talent. Elle s'envole sur Take Me Away aux couleurs gospel, s'enflamme pour le splendide I'm A Dreamer et s'échappe à travers No More Sad Refrains. Silver Threads And Golden Needless est un clin d'œil à ses années Fotheringay. Cette chanson était systématiquement jouée lors des rappels et devait figurer sur leur deuxième album qui ne verra jamais le jour. Mais s'il fallait ne retenir qu'un seul morceau, ce serait sans hésiter All Our Days qui tranche littéralement avec le reste de son répertoire. En hommage à la symphonie pastorale anglaise, elle chante des paroles poétiques sur un fond orchestral faisant référence aux quatre saisons, durant presque huit minutes. Le Renaissance d'Annie Haslam n'est pas bien loin... Initialement intitulé Gold Dust, Rendezvous voit sa parution prévue pour le mois d'octobre 1976 repoussée de six mois par le label Island qui encourage également l'artiste à incorporer la reprise Candle In The Wind d'Elton John, megastar du moment. Enceinte, Sandy ne pourra alors promouvoir dans l'immédiat sa promotion. On connaît malheureusement la suite... Il n'y aura plus de refrains tristes...

Musiciens

Sandy Denny : chant, guitare acoustique, piano

Jerry Donahue : guitares
Richard Thompson : guitare
Trevor Lucas : guitare
Bob Weston : guitare
Junior Murvin : guitare
Billie Livesey : piano
John Bundrick : orgue, piano
Steve Winwood : orgue, piano électrique
John Gillespie : piano
Dave Pegg : basse
Pat Donaldson : basse
Dave Mattacks : batterie
Timi Donald : batterie
Brother James : congas
Dick Cuthell : bugle
Clare Torry : chœurs
Gallagher et Lyle : chœurs
Kay Garner : chœurs
Sue Glover : chœurs
Sunny Leslie : chœurs
The Ladybirds : chœurs

Titres

01. I Wish I Was A Fool For You 
02. Gold Dust
03. Candle In The Wind
04. Take Me Away
05. One Way Donkey Ride
06. I’m A Dreamer
07. All Our Days
08. Silver Threads And Golden Needles
09. No More Sad Refrains

dimanche 20 octobre 2019

Euphoria Station - The Reverie Suite (2019)

Euphoria Station The Reverie Suite
Euphoria Station - The Reverie Suite (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

The Reverie Suite est une petite pépite en provenance directe des États-Unis. Formé en 2015, à Los Angeles, Euphoria Station se présente comme un duo réunissant la chanteuse d'origine amérindienne Saskia Binder et son mari, le guitariste Hoyt Binder. Après un premier album One Heart en 2017, ils proposent cette ambitieuse suite centrée sur l'enfance de Saskia. S'ils ont embarqué avec eux la même (solide) rythmique que précédemment (Paulo Gustavo à la basse et Chris Quirarte à la batterie), d'autres musiciens les accompagnent comme le claviériste Ronald Van Deurzen, Tollak Ollestad à l'harmonica ou la flûtiste Rebecca Kleinman, formant ainsi The Americana Daydream Revival Orchestra. En effet, The Reverie Suite n'est pas un simple disque, c'est avant tout un voyage musical à travers ce vaste pays que l'on croit connaître par cœur, mais qui ne cesse de surprendre et de fasciner. L'instrumental d'ouverture Prelude / She's Calling condense à lui tout seul cette Amérique dans sa première partie à l'harmonica, genre ballade folk, avant de se transformer en metal prog typé Ayreon, puis nouvelle direction avec ses percussions tribales amérindiennes, suivi d'un nouveau revirement bien rock, saupoudré d'un violon country. Il faut attendre Reverie, la deuxième piste pour découvrir la voix de Saskia, à mi-chemin entre une Heather Findlay et une Susie Bogdanowicz de Glass Hammer. Dans cette chanson, elle se souvient de ses jeux d'enfant avec sa meilleure amie, lorsqu'elles parcouraient ensemble la nature sauvage, près de Sacramento. Empreint de nostalgie (Paradise Road et son piano envoûtant, Seasons, Reprise), sans sombrer dans le pathos, The Reverie Suite séduit par ses compositions authentiques, riches et profondes, évoquant le Home de Magenta. Une sacrée découverte !

Musiciens

Saskia Binder : chant
Hoyt Binder : guitares, banjo, mandoline, chœurs

Ronald Van Deurzen : claviers
Trevor Lloyd : cordes
Tollak Ollestad : harmonica
Rebecca Kleiman : flûte
Paulo Gustavo : basse
Chris Quirarte : batterie
Mike Disarro : chœurs
Bobby Albright : percussions

Titres

01. Prelude/She's Calling
02. Reverie
03. On My Way
04. Heartbeat
05. Bridge Of Dreams 
06. Queen Of Hearts 
07. Paradise Road 
08. Move On 
09. Seasons
10. Reprise 
11. Remind Me 
12. Content 

vendredi 18 octobre 2019

The New St. George - High Tea (1994)

The New St. George High Tea
The New St. George - High Tea (1994)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ils sont cinq. Cinq Américains d'horizons divers à se passionner pour le folk britannique des années 1969-1972. De 1986 à 1996, ils ont sillonné les États-Unis, participé à de multiples festivals afin de partager leur passion. Sorti en 1994, High Tea sera leur seul témoignage studio. Leur nom ? The New St. George, titre de la septième piste du tout premier album en solo de Richard Thompson, Henry The Human Fly (1972). Jennifer Cutting (mélodéon, claviers) se trouve à l'origine du projet. Elle a réuni autour d'elle Bob Hitchcock (chant, guitares), Lisa Moscatiello (chant, guitare acoustique, flûte), Rico Petruccelli (basse) et Juan Dudley (batterie, percussions). High Tea se veut un hommage aux plus grands groupes folk de ces années fastes, de Steeleye Span à Fairport Convention, sans oublier Pentangle, Clannad ou The Albion Country Band. D'où ce brassage de différents styles musicaux enrobant ces airs britanniques traditionnels : prog, jazz, celtique ou world. Seule All The Tea In India est une composition inédite. Cette magnifique pièce trouve son origine dans la jeunesse de Jennifer durant laquelle elle a été baignée de culture et de spiritualité hindoues. Légèreté paillarde (The Steggie), créature mystérieuse (The Mermaid) ou encore tragédie amoureuse (The False Bride) sont au programme de cet High Tea haut en couleurs. Impossible de passer à côté de ce classique de John Martyn, Don't You Go, chanson pacifiste interprétée par une Lisa bouleversante dans son rôle de mère, suppliant son fils de ne pas partir à la guerre. En son for intérieur, elle sait qu'il n'en reviendra jamais...

Musiciens

Jennifer Cutting : mélodéon, claviers
Bob Hitchcock : chant, guitares, mandoline
Lisa Moscatiello : chant, guitare acoustique, flûte, bouzouki, mandoline
Rico Petruccelli : basse
Juan Dudley : batterie, percussions

John Jennings : orgue Hammond
John Guillory : flûte, bombarde, percussions
Mary Beth Lewandowski : flûte
Sanjay Mishra : citare
Broto Roy : percussions
Walter White : basse
Kevin Whitcombe : batterie, percussions
Kim Miller : violon
Carol Hayes : alto
Marcio Bothelo : violoncelle
Myron Bretholz : bodhran

Titres

01. The Steggie
02. The Mermaid
03. Texas
04. Streams Of Lovely Nancy / Balham Brawl
05. All The Tea In India
06. Bransle Gay
07. Our Captain Cried "All Hands!"
08. Don't You Go
09. Mayden Lane
10. When A Man's In Love
11. The False Bride
12. The Matelot Jig

dimanche 13 octobre 2019

Magenta - We Are Seven: Live 2018 (2018)

Magenta We Are Seven
Magenta - We Are Seven: Live 2018 (2018)

Pourquoi écouter ce disque ?

Depuis plusieurs années maintenant, la mode est d'interprétée l'intégralité d'un album sur scène, souvent le plus connu ou estimé. Lors de son concert à The Robin 2, le 8 avril 2018, dans la ville de Wolverhampton, située dans le centre de l'Angleterre, Magenta se plie à cet exercice devenu incontournable pour les artistes de rock progressif. Mais, on le sait, Rob Reed et les siens ont plus d'un tour dans leur sac. C'est pourquoi, ce soir-là, ils jouent non pas un, mais deux albums en entier. We Are Seven est un subtil jeu de mot évoquant à la fois leur album culte Seven et leur dernier disque en date, We Are Legend. Ce dernier ne comporte que trois titres, mais tous dépassent les dix minutes, voire vingt pour Trojan, récit fantastique où il est question d'invasion de la terre par des machines pas vraiment sympathiques. Quant à Seven, sorti en 2004 déjà, il a été construit autour du concept des sept péchés capitaux. Remarqué à sa sortie pour ses qualités exceptionnelles et sa richesse musicale, il a propulsé Magenta dans la cour des grands, faisant d'eux une référence dans le domaine des groupes avec chanteuse. Impossible de demeurer insensible au chant profondément humain de Christina, capable de nous faire passer des larmes au (sou)rire en une fraction de seconde. Ses prestations sur Anger, Sloth ou Envy sont simplement phénoménales, tous comme les guitares de Chris Fry ou les claviers de Rob Reed.Tous trois sont accompagnés de quatre autres musiciens, d'où aussi ce titre We Are Seven à double lecture. Si la section rythmique est assurée par Dan Nelson (bassse) et le dernier arrivé Jon 'Jiffy' Griffiths (batterie), Karla Powell (déjà présente à l'époque du Live At Real World en 2010) au hautbois accompagnée de Katie Axelsen à la flûte apportent des couleurs inédites à certains titres devenus des classiques. The Lizard King est de ceux-là. Il fait partie des petits cadeaux offerts par le groupe avec l’électrique Speechless et l'émouvant Prekestolen sur lequel souffle le fameux Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel (écoutez les deux derniers vers et vous comprendrez). Merci Magenta !

Musiciens

Christina Booth : chant
Chris Fry : guitares, chant
Rob Reed : claviers, chant
Dan Nelson : basse
Jiffy Griffiths : batterie

Karla Powell : hautbois
Katie Axelsen : flûte

Titres

01. Speechless
02. Trojan 
03. Colours 
04. Legend 
05. Prekestolen 
06. The Lizard King 

01. Gluttony
02. Envy
03. Lust
04. Anger
05. Greed
06. Sloth
07. Pride

jeudi 10 octobre 2019

The Moon And The Nightspirit - Mohalepte (2011)

The Moon And The Nightspirit Mohalepte
The Moon And The Nightspirit - Mohalepte (2011)

Pourquoi écouter ce disque ?

La Hongrie et ses légendes... A travers le concept The Moon And The Nightspirit, Ágnes Tóth et son conjoint Mihály Szabó souhaitent faire découvrir les mythes anciens et secrets de leur pays. Mohalepte, leur quatrième album, est une invitation à laisser voguer les âmes solitaires au cœur d'anciennes forêts magiques, comme le suggère la pochette du disque conçue par Ágnes. A la fois conteuse et prêtresse païenne, cette dernière met en musique, avec Mihály, des histoires féeriques et fantastiques, côtoyant l'univers du grand Tolkien. Cousins des Allemands Faun, de l'Australienne Louisa John-Krol et des inévitables Dead Can Dance, The Moon And The Nightspirit offrent un pagan-folk original, trouvant sa source tant en Europe centrale que dans les steppes asiatiques infinies dont est originaire le peuple hongrois. Autre héritage du passé, l'emploi d'instruments traditionnels comme le morin khuur. Cet instrument folklorique mongol, dont le nom signifie "violon à tête de cheval", produit un son unique, comparable à une brise délicate dans les prairies, ou au hennissement lointain d'un cheval. Une musique vraie pour un dépaysement garanti. 

Musiciens

Ágnes Tóth : chant, violon, morin khuur, percussions  
Mihály Szabó : guitare acoustique, basse acoustique, chant

Titres

01. Öregerdo
02. Felleg Útján
03. Holdvarázsolt
04. Kéregbölcso
05. Idebenn
06. Zöldparázs
07. Mohalepte
08. Tücskök Az Avarban

lundi 7 octobre 2019

Isgaard - Human (2019)

Isgaard Human
Isgaard - Human (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Human, le huitième album de la chanteuse allemande Isgaard marque un tournant dans sa carrière. Pour la première fois, elle n’apparaît pas sur la pochette d'un de ses disques, confirmant l'idée à son écoute qu'il s'agit là d'un véritable travail d'équipe. Outre Jens Lueck, son compagnon de toujours occupant à la fois le poste de multi-instrumentiste, de producteur et d'ingénieur du son, toute une équipe s'est constituée autour de la chanteuse au fil du temps. Du guitariste Jan Petersen (ex-Sylvan) à Volker Kuinke (Eloy, Syrinx Call), en passant par Ekis Giloc à la basse ou Katja Flintsch et Annika Stolze aux cordes. C'est pourquoi la disparition tragique du guitariste Dieter Koch fin 2018 a laissé un vide immense. Il avait participé en 2016 à Whiteout puis au projet Single Celled Organism. Une des plus belles chansons du disque lui est dédiée, I Couldn't Say Goodbye, sur laquelle Isgaard atteint les mêmes sommets émotionnels et vocaux qu'une Kate Bush. Entre tristesse et colères, Human a été conçu en réaction à la fragilité des hommes et de notre planète en péril. Jamais le piano, accentuant cette touche mélancolique, n'a été aussi présent. C'est lui qui mène la danse, du titre d'ouverture See The Leaves Falling à A billion Souls All Still Alone en passant par le sublime Black Swan qui aborde subtilement la question de l'exclusion des personnes dites "différentes". Son final, tel une éruption volcanique, illustre si bien ce drame vécu par tous ces individus qui ne demandent qu'à être aimés comme ils sont. Tout aussi déchirant, Your World Is Broken souffre avec ses enfants dont les vies ont été volées suite à des traumatismes (la guitare de Petersen accompagne en toute dignité ces cris silencieux), tandis que Frozen Hearts évoque le drame syrien qui n'en finit pas. L'ambitieux Borders se divisant en trois parties enchantera sans aucun doute les passionnés de musique progressive, héritière du Pink Floyd. Jens mêle sa voix à celle d'Isgaard pour cette saga narrant l'expansion de l'humanité à partir de l'Afrique (Awakening), puis son repli nourri de peurs provocant des divisions (Fractioning), suivi d'une mise en perspective sur un avenir peu rassurant (In The Cage). Dans tous ces tourments, The Sun Comes Up Tomorrow ouvre une fenêtre sur un peu d'espoir, du moins sur la nécessité d'aller de l'avant, quelle que soit la situation. Isgaard frappe fort avec ce disque, témoin d'une époque trouble et troublée. Comme elle, d'autres voix s'élèvent, suppliant l'humanité toute entière à se ressaisir avant qu'il ne soit trop tard. L'urgence est là. 

Musicients

Isgaard : chant

Jens Lueck : batterie, percussions, programmation, guitares, chant
Jan Petersen : guitares électriques
Klaus Volland : guitares acoustiques
Ekiss Giloc : basse
Katja Flintsch : violon, alto
Annika Stolze : violoncelle
Volker Kuinke : flûte

Titres

01. See The Leaves Falling 
02. I Couldn‘t Say Goodbye 
03. The Sun Comes Up Tomorrow 
04. Black Swan 
05. Your World Is Broken 
06. A Billion Souls
07. Frozen Hearts 
08. Borders: Awakening
09. Borders: Fractioning
10. Borders: In The Cage