lundi 28 décembre 2015

Panic Room - Visionary Position (2008)

Panic Room Visionary Position
Panic Room - Visionary Position
(2008)
Panic Room est-il une nouvelle incarnation de Karnataka ? Cette interrogation est parfaitement légitime puisque si certaines chansons de leur premier album Visionary Position, sorti en 2008, le laissent à penser (Endgame, I Wonder What's Keeping My True Love Tonight), il en va de même pour la composition du groupe. En effet, quatre sur cinq de ses membres proviennent de la formation de Swansea dissoute en 2004. Pourtant, Visionary Position marque, en réalité, un nouveau départ pour Anne-Marie Helder, Jonathan Edwards, Paul Davies et Gavin Griffiths. Tous quatre ont leurs regards davantage tournés vers l'avenir que vers un passé qu'ils assument pleinement, sans toutefois le regretter.

A l'époque de Delicate Flame Of Desire (2003), Jonathan avait confié à Anne-Marie vouloir travailler avec elle sur un projet parallèle à Karnataka. Cependant, suite au split aussi précipité qu'inattendu du groupe, provoqué par la rupture entre la chanteuse Rachel Jones et son mari, le bassiste Ian Jones, chacun est parti de son côté. Paul Davies et Jonathan Edwards se sont rapprochés de Mermaid Kiss. Paul a joué sur Salt On Skin et Jonathan sur Etarlis. Gavin a été engagé par Fish. On peut l'entendre sur Communion puis 13th Star. Anne-Marie n'a pas chômé non plus. Après la parution de son premier EP solo, The Contact, elle a fait quelques apparitions remarquées auprès de Fish (Communion), de son compagnon, le guitariste Dave Kilminster (Scarlet), et de Mostly Autumn (Heart Full Of Sky), avant d'intégrer définitivement la bande de York en remplacement d'Angela Gordon pour leur album Glass Shadows.

Auparavant, en 2006, à l'initiative de Jonathan, les quatre musiciens se sont retrouvés pour former Panic Room. L'enregistrement de leur premier album va s'étaler sur deux années. Suivant la proposition d'Anne-Marie, c'est Alun Vaughan qui est engagé comme bassiste. L'intégration de ce musicien, plutôt orienté jazz, montre l'intention de la nouvelle formation de s'ouvrir à de nouvelles influences musicales.

Un sixième membre était initialement prévu. Peter Charlton, propriétaire du studio où enregistre le groupe et qui joue de la guitare acoustique sur le disque, s'est vu proposer une place. Il s'agit d'un ancien ami de Jonathan. Dans leur jeunesse, ils ont joué dans différentes formations, dont un tribute band consacré à Led Zeppelin avec, déjà, Rachel et Ian Jones. Mais, pris par d'autres engagements, il a préféré décliner l'offre.

Bien qu'étant une simple invitée, la violoniste Liz Prendergast, du groupe gallois Bluehorses, occupe une place particulière. Non seulement elle joue, comme convenu, ses partitions doublées de quelques improvisations, mais elle a contribué aux arrangements de quatre des huit chansons que compte le disque. Drôle de coïncidence, elle a également participé au premier album de The Reasoning, Awakening, groupe de l'ancienne chanteuse de Karnataka, Rachel Jones, formé avec son nouveau compagnon, le bassiste Matthew Cohen. Décidément, le monde est bien petit. 

Comme il a été dit plus haut, Panic Room ne cherche pas à s'enfermer dans un style musical unique. Bien au contraire, différents courants traversent cette première œuvre : le jazz (Elektra City), la musique orientale (Apocalypstick), le rock celtique (I Wonder What's Keeping My True Love Tonight), l'indie rock (Reborn) et, bien évidemment, le rock progressif (The Dreaming, unique morceau sur lequel se laisse entendre la flûte). Anne-Marie et les siens sont aussi à l'aise dans les ballades intimistes (Firefly), voire les comptines (Moon On The Water), que dans les compositions plus élaborées et vives (Endgame).

Toutefois, ce qui met Visionary Position au-dessus de la mêlée, c'est le chant improbable d'Anne-Marie. Déjà épatent sur The Contact, il se révèle réellement ici en se déployant et s'adaptant avec une telle aisance sur chaque morceau que cela en deviendrait presque indécent. En réussissant à créer à chaque fois un univers qui lui est propre, Anne-Marie se démarque nettement tant de ses contemporaines (Christina Booth, Heather Findlay, Rachel Jones) que de ses aînées (Annie Haslam, Tracy Hitchings, Kate Bush). Grâce à ce Visionary Position, une nouvelle figure de la scène progressive féminine est définitivement née.




Musiciens


Anne-Marie Helder : chant, fûte
Jonathan Edwards : claviers
Paul Davies ; guitares
Alun Vaughan : basse
Gavin John Griffiths : batterie

Peter Charlton : guitare acoustique
Liz Prendergast : violon
Gary Philips : guitare nylon

Titres


01. Elektra City
02. Endgame (Speed Of Life)
03. Firefly
04. Reborn
05. Moon On The Water
06. Apocalypstick
07. I Wonder What's Keeping My Tru Love Tonight
08. The Dreaming

samedi 19 décembre 2015

Simon Collins - U-Catastrophe (2008)

Simon Collins U-Catastrophe
Simon Collins - U-Catastrophe (2008)
Que vient faire Simon Collins, fils de Phil Collins, dans un blog dédié à des chanteuses de rock progressif ? La réponse est simple, ou presque...

U-Catastrophe est l'album marquant les débuts de sa collaboration avec Dave Kerzner. Ensemble, ils créeront dans quelques années le groupe Sound Of Contact, remarqué dans l'univers du progressif grâce à son album Dimensionaut (2013). Ensuite, Dave rejoindra Heather Findlay au sein de Mantra Vega, leur nouvelle formation, en 2014. Cette même année, Kerzner publiera le monumental New World sous son nom. Ce petit rappel historique est donc le bienvenu. 

Simon est né en Angleterre, à Hammersmith, en 1976. A l'âge de huit ans, il déménage au Canada. Très jeune, il apprend à jouer de la batterie et d'autres instruments comme la guitare et le piano. A quatorze ans, il intègre son premier groupe basé à Vancouver. Il sort ensuite deux albums en solo : All Of Who You Are en 1999 suivi de Time For Truth en 2005.

Pour son troisième opus, il s'entoure du claviériste Dave Kerzner rencontré en 2006, et de Kevin Churko à la fois producteur et coauteur de la majorité des chansons. Churko est alors connu pour son travail auprès d'artistes aussi divers qu'Ozzy Osbourne, Ringo Starr, Céline Dion ou Shania Twain. Dave demeure plus en retrait, mais son influence transparaît tout de même sur quelques titres comme The Good Son ou U-Catastrophe.     

A ce propos, ce titre donné à l'album n'est pas le fruit du hasard. Simon fait directement référence à Tolkien et à un mot de son invention, l'eucatastrophe. Selon le célèbre écrivain, ce terme définit l'aboutissement heureux d'une quête difficile dont l'issue semblait incertaine. La pochette du disque illustre très bien ce néologisme en représentant Simon qui avance droit devant, laissant derrière lui la tourmente qui l'enveloppait auparavant.

Pour l'aider à aller de l'avant, deux invités de marque sont venus apporter leur soutien au jeune homme : les ex-Genesis Phil Collins et Steve Hackett. Steve apparaît sur le morceau final, Fast Foward The Future, et délivre un solo de guitare d'une beauté dont lui seul à le secret. Quant au père, il exécute avec son fils un duo de batterie tribale époustouflant sur l'excellent instrumental The Big Bang

Simon qualifie très justement son disque comme étant un peu rock, un peu prog, un peu pop et un peu electro. Si le meilleur est encore à venir avec Sound Of Contact, cet album n'en demeure pas moins honnête et très intéressant, notamment sur le plan de la création sonore. U-Catastrophe confirme que la relève est maintenant assurée, Phil Collins peut prendre sa retraite en toute tranquillité.  

Musiciens


Simon Collins : chant, batterie, claviers, guitare, sound design

Kevin Churko : guitares, basse, claviers, chœurs
Dave Kerzner : claviers, sound design
Brian Dillman : sound design
Debora Lucyk : sound design, chœurs
Kelly Nordstrom : guitares

Phil Collins : batterie
Steve Hackett : guitare

Titres


01. U-Catastrophe
02. All I've Left To Lose
03. Disappearing
04. Powerless
05. Go (Only One I Know)
06. The Good Son
07. Unconditional
08. The Big Bang
09. Eco
10. Us (Love Transcends)
11. Between I & E
12. Fast Forward The Future

mardi 15 décembre 2015

Blackmore's Night - Secret Voyage (2008)

Blackmore's Night Secret Voyage
Blackmore's Night - Secret Voyage
(2008)
Secret Voyage est le septième album studio du groupe Blackmore's Night composé du célèbre guitariste Ritchie Blackmore et de son exquise épouse à la voix d'ange, Candice Night. 

Avec ce nouveau disque, notre duo nous convient à un voyage dont eux seuls connaissent le secret. A la fois magiciens et conteurs, ils possèdent l'incroyable pouvoir de remonter le temps. Ainsi, ils nous emmènent tour à tour à l'époque mystérieuse des Celtes (Peasant's Promise qui ressemble à s'y méprendre à du Loreena McKennitt), au Moyen Âge des troubadours (The Circle, Sister Gypsy), à la belle Renaissance (Empty Words) ou dans le monde contemporain avec la géniale reprise Can't Help Falling In Love d'Elvis Presley ou celle, bien plus récente, de Rainbow, groupe fondé en 1975 par ce même Ritchie Blackmore, Rainbow Eyes

Ce voyage nous conduit également aux portes de la Russie éternelle, dans un camp tsigane, autour d'un feu de camp (Toast To Tomorrow) puis dans le romantique château de Waldeck, en Allemagne (Prince Waldecks Galliard).

L'ambiance générale festive, sans prise de tête, rend ce nouvel album attachant. Instruments modernes et instruments traditionnels se côtoient constamment et offrent un feu d'artifice de bonne humeur qui fait le plus grand bien. Du haut de ses huit minutes, le dynamique Locked Within The Crystal Ball en est le plus bel exemple. 

Musiciens


Candice Night : chant, bombarde, flûte
Ritchie Blackmore : guitares, mandoline, vielle, violon, percussions

Pat Megan : claviers, programmation
Gypsy Rose : violon
Bard David : chœurs
Joe Castle : chœurs
Jim Manngard : chœurs

Titres


01.God Save The Keg
02. Locked Within The Crystal Ball
03. Gilded Cage
04. Toast To Tomorrow
05. Prince Waldecks Galliard
06. Rainbow Eyes
07. The Circle
08. Sister Gypsy
09. Can't Help Falling In Love
10. Peasants Promise
11. Far Far Away
12. Empty Words

samedi 12 décembre 2015

Josh & Co. Limited - Through These Eyes (2008)

Josh & Co. Limited Through These Eyes
Josh & Co. Limited -
Through These Eyes (2008)
Après Iain Jennings en 2005, Bryan Josh se lance à son tour dans une expérience en solo sous le nom pour le moins étrange de Josh & Co. Limited. 

Through These Eyes paraît en 2008, la même année que Glass Shadows. Outre le chant principal, Bryan joue quasiment de tous les instruments : guitares, claviers, basse, tambourin. Olivia Sparnenn (Breathing Space, Mostly Autumn) l'accompagne aux chœurs et harmonies vocales. Elle tient également le chant principal sur la très belle ballade Old Friend accompagnée à la flûte par Sarah Dean dont c'est l'unique apparition. A la batterie, on retrouve essentiellement Gavin Griffiths (ex-Karnataka, Fish, Panic Room), mais aussi Henry Bourne (Mostly Autumn) sur deux titres, Black Stone aux accents rock, suivi de Slow Down où Olivia démontre une nouvelle fois toutes ses capacités vocales exceptionnelles, tant sur le plan technique qu'émotionnel. 

Côté logistique, Bryan ne s'est pas retrouvé seul aux manettes. L'équipe qui l'entoure déjà autour de Mostly Autumn est à nouveau présente, chacun dans son domaine de spécialité : John Spence (enregistrement), Suzanne Bielby (coordination), Richard Nagy (artwork) et Chris Walkden (graphisme).

Through These Eyes ne s'éloigne pas vraiment du chemin tracé par Mostly Autumn. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que, sur la pochette, il est précisé que Bryan Josh en est le cœur et la guitare. Cette guitare, héritière directe des maîtres Andy Latimer, Ritchie Blackmore et, surtout, David Gilmour, délivre quelques soli à tomber par terre, notamment sur Not A Dream qui, du haut de ses six minutes, demeure le titre le plus long de l'album, ou encore Into Your Arms qui semble tout droit sorti d'une session d'enregistrement oubliée de The Wall, tellement le chant ressemble à s'y méprendre à celui de Roger Waters.  

Sur ce disque, Bryan Josh a souhaité nous faire partager ses rêves. Nous croisons par deux fois Jules César (The Appian Way, Through These Eyes). Toujours sur la chanson titre, nous assistons à un concert exceptionnel réunissant Freddie Mercury (Queen) au chant, Jimi Hendrix à la guitare, John Entwistle (The Who) à la basse et John Bonham (Led Zepplin) à la batterie. Nous partageons ses peines (Merry She Goes), mais, surtout, sa passion amoureuse sur Carry Me dédiée à Olivia. 

En définitive, Through These Eyes mérite bien qu'on s'y attarde. Parenthèse dans la discographie de Mostly Atumn, il présente son leader, sorti provisoirement des contraintes de son groupe, sous un angle nouveau. Curiosité parmi les curiosités, il laisse notamment transparaître au grand jour un humour auquel il nous a peu habitué, typiquement so british. A découvrir. 

Musiciens


Bryan Josh : chant, guitares, claviers, basse, tambourin

Olivia Sparnenn : chant
Gavin Griffiths : batterie
Henry Bourne : batterie
Sarah Dean : flûte
Mike Herbert : voix

Titres


01. Merry She Goes
02. Land Of The Gods
03. The Appian Way
04. We Graze
05. Black Stone
06. Slow Down
07. Through These Eyes
08. Into Your Arms
09. Old Friends
10. Not A Dream
11. Only In The Loss
12. Going Home
13. Carry Me

14. The Appian Way (Radio Edit)

jeudi 10 décembre 2015

Mostly Autumn - Glass Shadows (2008)

Mostly Autumn Glass Shadows
Mostly Autumn - Glass Shadows (2008)
Un an à peine après la sortie de Heart Full Of Sky, Mostly Autumn est de retour avec un nouvel album haut en couleurs, Glass Shadows

Pourtant habitué à de multiples départs depuis sa création, jamais le groupe n'a été confronté à une telle érosion en si peu de temps. De huit, il est passé à six musiciens. Exit Chris Johnson qui avait lui même succédé à Iain Jennings, exit Angela Gordon, exit Liam Davison, exit Andrew Jennings. 

Désormais, Mostly Autumn est recentré autour du duo Bryan Josh / Heather Findlay, seuls membres déjà présent sur le premier album paru il y a tout juste dix ans, For All We Shared. Autour d'eux, gravite la section rythmique exclusivement masculine composée du fidèle Andy Smith à la basse et du nouveau venu Henry Bourne à la batterie. Aux harmonies vocales, viennent s'ajouter les enchanteresses Olivia Sparnenn et Anne-Marie Helder. Ex-Karnataka et actuelle Panic Room, cette dernière joue également de la flûte et succède ainsi avec brio à l'exquise Angela Gordon.

A l'écoute de ce Glass Shadows, trois adjectifs semblent le qualifier au mieux : émouvant, classique et surprenant. 

Émouvant car, rétrospectivement, nous savons maintenant qu'il s'agit du dernier album studio enregistré avec Heather Findlay. Devenue une chanteuse confirmée, elle éprouve désormais le besoin de voler de ses propres ailes et d'affronter de nouveau défis sans être continuellement sous la protection de celui qui demeure le père fondateur du groupe, Bryan Josh. Sa liaison, suivie de sa rupture avec le chanteur Fish l'ont définitivement changée. D'ailleurs quelques piques lui sont directement adressées dans Flowers For Guns, réponse à son disque 13th Star. Les autres titres où elle tient le chant principal sont Unoriginal Sign dont elle signe seule les paroles et la musique, le si fragile Paper Angels au final flamboyant et Above The Blue, une autre de ses compositions sur laquelle on retrouve le veil ami Troy Donockley aux whistles et à la cornemuse. 

Classique car les années passent, le style Mostly Autumn demeure. Ce groupe possède le don précieux de confectionner des refrains accrocheurs (The Second Hand), de créer des atmosphères particulières (Tearing At The Faerytale), de s'inscrire dans la lignée de ses illustres aînés (Glass Shadow, le morceau titre avec sa guitare gilmourienne et ses chœurs floydesques) ou de se plonger dans ses racines folks et d'en tirer le meilleur (Until The Story Ends).   

Surprenant car, malgré ce qui est écrit ci-dessus, Bryan Josh et les siens ne cessent d'emprunter des sentiers où on ne les attend pas. Par exemple, Fireside, le titre d'ouverture, débute comme une simple chanson folk puis se transforme subitement, sans prévenir, en un morceau hard porté par de puissants riffs de guitares d'une violence rarement entendue jusqu'alors chez les Yorkais. De même, la dernière plage, A Different Sky, ressemble plus à un titre de rock américain genre The Mamas And The Papas ou The Beach Boys qu'à du rock progressif.

Mostly Autumn est donc un groupe en perpétuelle mutation. Des musiciens arrivent, d'autres partent, comme dans la vie. Cependant, cela ne l'empêche pas de conserver l'essentiel de ce qui fait sa force, son âme d'une très grande pureté dont sa musique n'est que le reflet ultime.

Musiciens


Bryan Josh : chant, guitares, claviers, programmation
Heather Findlay : chant, piano, percussions
Olivia Sparnenn : chœurs
Anne-Marie Helder : chœurs, flûte
Andy Smith : basse
Henry Bourne : batterie

Troy Donockley : uilleann pipes, low and penny whistles, programmation

Titres


01. Fireside
02. The Second Hand
03. Flowers For Guns
04. Unoriginal Sin
05. Paper Angels
06. Tearing At The Faerytale
07. Above The Blue
08. Glass Shadow
09. Until The Story Ends
10. A Different Sky

lundi 7 décembre 2015

Joanne McIver & Christophe Saunière - The Three Sisters (2008)

Joanne McIver & Christophe Saunière The Three Sisters
Joanne McIver & Christophe Saunière -
The Three Sisters (2008)
The Three Sisters, c'est l'histoire imaginaire de trois jeunes sœurs, vivant autrefois sur l'île d'Arran, et qui ont été transformées en menhirs suite au sortilège jeté par une belle-mère jalouse de leur succès auprès de trois beaux garçons, eux-mêmes frères. Ce conte a été imaginé par Joanne McIver qui l'a mis en musique avec Christophe Saunière.

Originaire de cette île situé au sud-ouest de l'Écosse, Joanne s'est installée en France suite à sa rencontre avec Christophe. Très tôt dans son enfance, elle a appris à jouer de la cornemuse et de la flûte. Son chant limpide n'est pas sans rappeler celui de Loreena McKennitt.

Comme cette dernière, l'instrument fétiche de Christophe est la harpe. Né en Mauritanie, à Nouakchott, son parcours musical est des plus atypiques. Tout en jouant dans les plus grandes formations symphoniques françaises tel que l'Orchestre de Paris ou l'Orchestre national de Lyon, il s'éclate également dans des groupes de rock en tant que bassiste ou batteur. Par la suite, il devient harpiste de l'Orchestre national d'Ecosse où il fait la connaissance de Joanne. Que ce soit aux côtés de chanteurs français (Pierre Perret, Catherine Lara, Benjamin Biolay), sous la direction de grands chefs d'orchestre comme Pierre Boulez ou pour la réalisation de musiques de films, Christophe n'a cessé de multiplier les expériences et a participé à l'enregistrement d'une soixantaine de disques.

La musique celte, dépouillée à l'extrême, est au cœur du duo. The Three Sisters rappelle ainsi les premiers albums de Loreena McKennitt, Elemental et To Drive The Cold Winter Away. Toutefois, pas de synthétiseurs ici. Les sons produits par les instruments aussi prestigieux que sont la harpe, le piano, les flûtes ou les cornemuses (highland pipes, Scottish smallpipes) dessinent sans cesse des images relatives à cette triste histoire des trois sœurs. Ici, la cornemuse évoque l'austérité de la lande (The Three Stones). Là, la harpe imite les vagues d'une mouton emporté par la mer (The Sheep In The Sea).

Ce disque, envoûtant d'un bout à l'autre, s'écoute donc de la même manière que se lit un conte. Dans le livret richement illustré par de splendides photographies et peintures de l'artiste Victoria Melroy, chaque passage est contextualisé par Joanne afin d'en permettre une meilleure compréhension. Il est juste dommage que la pochette ne soit pas aussi attrayante que le contenu musical et qu'elle n'illustre pas suffisamment l'ouverture de cette porte vers un monde légendaire situé au centre des mystérieuses terres celtes. 

Musiciens


Joanne McIver : chant, cornemuses, flûtes
Christophe Saunière : harpe, piano, percussions, chant

Titres


01. Parting On The Shore
02. Will Ye Dance?
03. The Three Stones (smallpipes)
04. Married In The Morning
05. Machrie Moor
06. The Sheep In The Sea
07. The Spinning Wheel
08. Full Moon
09. Shrinking The Cloth
10. The Stepmother's Dream
11. The Brothers' Search
12. The White Stag
13. The Wise Woman
14. The Stepmother's Plight
15. The Three Stones (whistle)

samedi 5 décembre 2015

Loreena McKennitt - A Midwinter Night's Dream (2008)

Loreena McKennitt A Midwinter Night's Dream
Loreena McKennitt -
A Midwinter Night's Dream (2008)
A Mindwinter Night's Dream est un album hybride constitué d'une part des cinq titres de A Winter Garden sorti en 1995, et d'autre part, de huit autre morceaux évoquant eux aussi l'esprit de Noël et les fêtes traditionnelles avec leurs chants si particuliers.

Il faut bien avouer que ce type de répertoire sied à merveille à l'univers musical de Loreena McKennitt. L'écho des lointains troubadours du Moyen Âge se laisse aisément entendre sur Noël Nouvelet !, classique du XVIe siècle que Loreena interprète en vieux français. Avec Good King Wenceslas, ceux sont ses anciens compagnons celtes qui resurgissent du fond des siècles. A leurs côtés, le célèbre barde breton Dan Ar Braz est venu prêter main forte à la guitare acoustique. La bonne humeur des pubs irlandais se retrouve dans Gloucestershire Wassail repris en chœur a cappella.

Les influences orientales ne sont pas non plus abandonnées, notamment sur God Rest Ye Merry, Gentlemen que l'on croirait tout droit sorti de son précédent album, An Ancient Muse. Grâce à la magnifique adaptation de In The Bleak Midwinter (harpe, guitare acoustique, violon, violoncelle), Loreena rappelle à ses auditeurs combien Gustav Holst était un grand compositeur. Mais le summum est atteint avec l'interprétation toute spirituelle, pour ne pas dire religieuse, d'Emmanuel. Joanne Hogg, Sarah Lacy et Marlou van Essen se sont déjà aventurées dans la reprise de cette hymne chrétien, chacune ayant apporté son particularisme et ses émotions.  

Outre cet esprit champêtre si bien illustré par la pochette conçue par John Nobrega, A Mindwinter Night's Dream est également le symbole de l'amitié et de la fidélité. En effet, quand on regarde de plus près le crédit des musiciens, on constate que nombre de ceux qui accompagnaient déjà Loreena en 1995, sont toujours présents à ses côtés treize ans plus tard. Parmi eux, nous pouvons citer le guitariste Brian Hughes, le percussionniste Rick Lazar, le violoniste Hugh Marsh et la violoncelliste Caroline Lavelle. C'est d'ailleurs à partir de A Winter Garden que cette dernière a débuté sa collaboration avec Loreena. Cette musicienne britannique qui a trois albums solos à son actif (Spirit - 1995, Brilliant Midnight - 2001, A Distant Bell - 2004) a joué, entre autres, avec Hector Zazou, Vangelis, Peter Gabriel, Mary Black, Tarja, Massive Attack, Radiohead ou Muse.

Idéal pour les fêtes de fin d'année, A Mindwinter Night's Dream n'est sans doute pas un album majeur dans la discographie de la chanteuse canadienne, mais il n'en demeure pas moins un disque attachant porteur d'une grande sérénité. 

Loreena McKennitt A Winter Garden
Loreena McKennitt -
A Winter Garden (1995)

Musiciens


Loreena McKennitt : chant, harpe, claviers, piano, accordéon

Abdelli : chant, mandole
Waiel Abo Baker Ali : violon
Bob Berry : chant
Gill Berry : chant
Dan Ar Braz : guitare acoustique
Aidan Brennan : guitare acoustique
Bernard Coulter : chant
Simon Edwards : basse, marimbula, sintir
Ben Grossman : vièle, percussions
Brian Hughes : guitares, bouzouki
George Koller : basse
Caroline Lavelle : violoncelle
Rick Lazar : percussions
Hugh Marsh : violon
Stratis Psaradellis : lyre grecque, luth grec
Donald Quan : tabla, alto, accordéon
Hossam Ramzy : percussions
Ellen Robotham : chant
Philippa Toulson : chant
Eddie Upton : chant
Robert A. White : bombarde, uilleann pipes, whistle

Titres


01. The Holly & The Ivy
02. Un Flambeau, Jeannette, Isabelle
03. The Seven Rejoices Of Mary
04. Noël Nouvelet !
05. Good King Wenceslas
06. Coventry Carol
07. God Rest Ye Merry, Gentlemen
08. Snow
09. Breton Carol
10. Seeds Of Love
11. Gloucestershire Wassail
12. Emmanuel
13. In The Bleak Midwinter

jeudi 3 décembre 2015

Lisa Gerrard - Best Of (2007)

Lisa Gerrard Best Of
Lisa Gerrard - Best Of (2007)
Depuis la fin de Dead Can Dance, Lisa Gerrard s'est investie dans nombre de projets, que ce soit en solo (The Mirror Pool, 1995), avec Pieter Bourke (Duality, 1998), avec Patrick Cassidy (Immortal Memory, 2004), ou dans des bandes originales de films comme Gladiator en 2000.

L'idée de réunir un aperçu de sa riche carrière hétéroclite dans un même disque peut sembler, de prime abord, séduisante. C'est donc chose faite en 2007 avec ce Best Of regroupant 15 titres de celle qui demeure, années après années, une des plus grandes icônes de la scène heavenly voices, voire bien au-delà.

Toutefois, si l'absence d'extraits de son album The Silver Tree paru un an plus tôt sur un petit label australien peut se comprendre, celle de morceaux issus de son travail avec Patrick Cassidy demeure mystérieuse puisque les deux disques sont sortis sur le même label, 4AD. De plus, Lisa aurait elle-même supervisé le choix des titres.

La période Dead Can Dance est finalement à l'honneur avec huit titres, parmi lesquels deux purs chefs-d'œuvres : The Host Of Seraphim et Yulunga (Spirit Dance). La version live de Sanvean, extraite de Towards The Within, a été préférée à celle de The Mirror Pool. De ce dernier, seul l'orientalisant Swans, interprété par Dimitry Kyryakou au bouzouki et Pieter Bourke aux percussions, a été retenu. D'ailleurs, c'est le monumental Sacrifice qui représente l'album Duality réalisé en collaboration avec ce même Pieter Bourke. En revanche, le film Gladiator a droit à trois extraits, deux ouvrent la compilation qui se conclut par le splendide Now We Are Free. Ali de Michael Mann (2001) et le film néo-zélandais Paï (Whale Rider en version originale, 2002) sont chacun incarnés par une chanson. 

Malgré quelques oublis, ce Best Of permettra aux néophytes de se familiariser avec l'univers musical de Lisa Gerrard, incontestablement une des meilleures chanteuses de sa génération. Aux autres, il offre un témoignage original de ces deux décennies passées sur le tout aussi mythique label 4AD qui l'a vu naître, grandir et qui la laisse maintenant prendre son envol. 

Musiciens


Lisa Gerrard : chant

Titres


01. The Wheat
02. Elysium
03. Sacrifice
04. Ariadne
05. Sanvean (live)
06. The Host Of Seraphim
07. Cantara
08. Swans
09. The Promised Womb
10. Yulunga (Spirit Dance)
11. Indus
12. Persephone (The Gathering Of Flowers)
13. Go Forward
14. See The Sun
15. Now We Are Free

mercredi 25 novembre 2015

Loreena McKennitt - Nights From The Alhambra (2007)

Loreena McKennitt Nights From The Alhambra
Loreena McKennitt -
Nights From The Alhambra (2007)
Un concert de Loreena McKennitt, c'est toujours un moment magique. Mais quand la grande prêtresse des Celtes réunit une poignée de fidèles dans un lieu aussi chargé d'histoire que le palais de Charles Quint à l'Alhambra (Grenade - Espagne), la représentation se mue en une véritable cérémonie mystique.

Du morceau d'ouverture, le si bien nommé The Mystic's Dream (The Mask And Mirror, 1994) à Cymbeline (The Visit, 1991), dernier titre interprété en rappel, en passant par She Moved Through The Fair (Elemental, 1985) héritage de l'ancien temps des Celtes, ainsi que par un Caravanserai (An Ancient Muse, 2006) aux sonorités plus orientales, Loreena McKennitt revisite tous les moments forts de son répertoire durant plus d'une heure trente.

Elle profite donc de se laps de temps pour donner une nouvelle vie à ses chansons, dont certaines sont nées il y a plus de vingt ans. Les douze musiciens (apôtres ?) autour d'elle, comme envoûtés par cette voix exceptionnelle, livrent une prestation d'une beauté sans nom, aux frontières du sacré. Tout au long de la cérémonie, Loreena jongle entre sa harpe traditionnelle, son accordéon dynamique et son piano mélancolique. A ses côtés, se tiennent ses vieux compagnons de route parmi lesquels la violoncelliste Caroline Lavelle, le guitariste Brian Hughes, authentique chef d'orchestre, ou bien le violoniste Hugh Marsh, flamboyant sur Santiago. Qanûn, lyre et oud sont, quant à eux, joués par des musiciens d'origine grecque (Panos Dimitrakopoulos, Sokratis Sinopoulos) ou arménienne (Haig Yazdjian).

Ce concert, donné en septembre 2006, est également l'occasion de découvrir un titre rare du répertoire de la chanteuse, Raglan Road. Disponible, jusqu'alors, uniquement sur quelques pressages d'An Ancient Muse, les paroles de cette chanson sont extraites d'un poème publié en 1946 par Patrick Kavanagh, fameux écrivain irlandais. Quatre mots la résument : voix, piano, violoncelle, émotion. Autre moment fort du spectacle, la version mémorable de The Old Ways empreinte d'une nostalgie portée à la fois par le chant haut perché de Loreena, le violoncelle grave de Caroline Lavelle et le violon transcendantal d'Hugh Marsh. 

Nights From The Alhambra est incontestablement une des plus belles pièces de l'artiste canadienne. De plus, publiée sous forme de coffret, elle privilégie l'image (DVD) et le son (2 CD). S'il nous fallait en conserver une seule, sans la moindre hésitation, ce serait cette œuvre.  

Musiciens


Loreena McKennitt : chant, piano, accordéon, harpe

Tal Bergmann : batterie, percussions
Panos Dimitrakopoulos : qanûn
Nigel Eaton : vielle
Steáfán Hannigan : uilleann pipes, bodhran, percussions
Brian Hughes : guitares, oud, bouzouki
Tim Landers : basse
Caroline Lavelle : violoncelle
Rick Lazar : percussions
Hugh Marsh : violon
Donald Quan : alto, claviers, tabla
Sokratis Sinopoulos : lyre
Haig Yazdjian : oud

Titres


1.01. The Mystic's Dream
1.02. She Moved Through The Fair
1.03. Stolen Child
1.04. The Mummer's Dance
1.05. Penelope's Song
1.06. Marco Polo
1.07. The Bonny Swans
1.08. Dante's Prayer
1.09. Caravanserai

2.01. Bonny Portmore
2.02. Santiago
2.03. Raglan Road
2.04. All Soul Night
2.05. The Lady Of Shalott
2.06. The Old Ways
2.07. Never-ending Road (Ahmrán Duit)
2.08. Huron 'Beltane' Fire Dance
2.09. Cymbeline

samedi 21 novembre 2015

Lisa Gerrard & Pieter Bourke - Duality (1998)

Lisa Gerrard Pieter Bourke Duality
Lisa Gerrard & Pieter Bourke -
Duality (1998)
Certains albums marquent plus que d'autres. Duality est de ceux-là. Fruit de la collaboration entre l'ancienne chanteuse de Dead Can Dance, Lisa Gerrard, et le percussionniste australien Pieter Bourke, ce disque peut être considéré comme le second opus solo de la fascinante mezzo-soprano. 

Pieter avait déjà collaboré sur le premier, The Mirror Pool (1995) en tant qu'invité, aux percussions et à quelques chœurs. Puis, il avait accompagné Dead Can Dance sur scène lors de leur tournée suivant la sortie de Spiritchaser (1996). Six semaines après la fin de celle-ci, Lisa l'a contacté par téléphone lui proposant de participer à son nouveau projet musical. Au fil du temps, son implication n'a cessé de se développer, et, de simple intervenant aux percussions, il est devenu coauteur, coproducteur et ingénieur du son du nouveau disque. D'où le choix du titre, Duality, synonyme dans l'esprit des deux artistes d'une entière communion d'esprit, et l'indication de son nom au côté de celui de Lisa sur la pochette. 

Ce petit dernier s'inscrit dans la continuité des derniers albums de Dead Can Dance, Into The Labyrinth (1993) et le déjà cité Spiritchaser. Seule manque la voix masculine si particulière de Brendan Perry. Les influences pour l'essentiel tribales et orientales dominent largement l'ensemble de l'œuvre. Le duo a même fait appel à Madjid Khaladj, célèbre percussionniste iranien vivant à Paris, pour l'aider à la composition de Tempest. Madjid a sorti plusieurs albums de musique traditionnelle iranienne devenus des références en la matière.

Deux titres se détachent nettement des autres. The Human Game, chantée en anglais, ce qui est rare chez Lisa, lui préférant généralement sa propre langue idiosyncrasique, développée depuis l'âge de douze ans. Cette chanson malicieuse avec ses cris d'enfants, son chant léger, son riff répétitif bascule soudainement dans le tragique sur sa fin, lors de la subite montée en puissance du chant de la diva qui rompt ce climat léger et laisse s'installer une menace quasi-imperceptible, mais bien présente.

Sacrifice est une glossolalie évoquant la souffrance des morts tombés au combat. Elle exprime toutes les tortures, toutes les souffrances auxquelles ils ont dû faire face et qu'ils continuent à subir dans l'au-delà. C'est assurément l'une des ses plus belles pièces musicales à laquelle elle donnera une sorte de suite, Devotion, publiée huit ans plus tard sur The Silver Tree (2006). 

Musiciens


Lisa Gerrard : chant, claviers
Pieter Bourke : percussions, claviers

Titres


01. Shadow Magnet
02. Tempest
03. Forest Veil
04. The Conforter
05. The Unfolding
06. Pilgrimage Of Lost Children
07. The Human Game
08. The Circulation Of Shadows
09. Sacrifice
10. Nadir (Synchronicity)