mardi 2 février 2021

Millenium - White Crow (2011)

Millenium White Crow
Millenium - White Crow (2011)

Pourquoi écouter ce disque ?

Si une pie voleuse symbolise la fin d'une époque chez Marillion, son alter ego polonais Millenium lui préfère un corbeau blanc. Ce dernier, synonyme de rareté, a donné son nom à cette compilation de titres… rares. Le quintet n'a alors plus sorti d'album studio depuis Exist en 2008, ses fans s'impatientent et le live Back After Years de 2010 ne les contente plus. C'est pourquoi Ryszard Kramarski, son leader, a réuni ces onze titres parus entre 2003 et 2010, sur différents supports, maxi-singles, compilations ou CD promos, avec une idée en tête, présenter uniquement des morceaux joués par le line-up historique comprenant Łukasz Gall au chant, Piotr Płonka aux guitares, Krzysztof Wyrwa à la basse, Tomasz Paśko à la batterie et lui-même aux claviers. Le seul inédit est la chanson-titre conduite par une guitare nerveuse doublée d'une ligne de chant atypique pour Gall. Si, à sa sortie en 2011, il était légitime de penser que White Crow pouvait faire office de doublon avec 7 Years, autre compilation parue trois ans plus tôt, Kramarsky a annoncé la couleur, White Crow demeurera la seule référence, 7 Years n'étant plus jamais rééditée. Pas plus que Three Brother's Epilogue qui, avec l'épique Epilogue, mettait un terme à la flamboyante saga des frères Sunders et que l'on retrouve ici avec d'autres pépites comme I Would Like To Say Something, reprise de 2009 de l'album Vocanda, Sky, douce ballade acoustique aux couleurs folks mettant en valeur la voix de Sabina Godula, chanteuse de Loonypark, ou encore un 7 Years méditatif. 

Musiciens

Łukasz Gall : chant
Ryszard Kramarski : claviers, guitare acoustique
Piotr Płonka : guitares
Krzysztof Wyrwa : basse
Tomasz Paśko : batterie

Sabina Godula : chant
Michal Kramarski : chant

Titres

01. White Crow 
02. Monotony 
03. Plastic World 
04. Born To Hate
05. Im Still Burning 
06. 7 Years
07. I Would Like To Say Something 
08. Where's My Way? 
09. Sky 
10. Epilogue
11. Silent Night 

Vidéos

White Crow : lien vidéo ici

7 Years : lien vidéo ici

dimanche 31 janvier 2021

The Woods Band - The Woods Band (1971)

The Woods Band Terry & Gay Woods
The Woods Band - The Woods Band (1971)

Pourquoi écouter ce disque ?

La rupture était inévitable. A peine leur premier album sorti, Hark! The Village Wait, Steeleye Span est au bord de l'implosion. Les divergences artistiques et personnelles sont devenues insurmontables entre les couples Gay & Terry Woods et Maddy Prior/Tim Hart. Ashley Hutchings, lui, se trouve au milieu de la tempête. Les Woods décident finalement de s'en aller avec la promesse que les membres restants n'utiliseront pas le nom de Steeleye Span. En vain… A peine sont-ils partis que le guitariste Martin Carthy intègre le groupe. On connaît la suite, ce sera une superbe odyssée musicale qui perdure encore aujourd'hui. The Woods Band aura quant à lui une existence bien plus brève. Gay et Terry sont rejoints par le guitariste Ed Deane et le batteur Pat Nash pour un seul et unique album au titre éponyme, synonyme d'un retour aux racines irlandaises. Sur les huit titres, trois sont des airs traditionnels réarrangés, tandis que les autres sont des compositions originales, la plupart signées par Terry. Il reprend ainsi Dreams de son ancien groupe The Sweeney's Men imaginé en 1967, fondateur du folk-rock irlandais. Gay s'illustre sur un January's Snows lunaire, accompagnée au clavecin par Ed, ainsi que sur le solaire Promises aux couleurs californiennes (Jefferson Airplane, The Mamas And The Papas) sur lequel son frère Austin Corcoran la rejoint à la basse. Et impossible de passer à côté du fameux As I Roved Out, classique populaire où une jeune femme naïve se laisse abusée par un homme qu'elle croit être son grand amour. Une fois le disque sorti, le couple s'en va rejoindre Dr Strangely Strange, pendant irlandais de l'Incredible String Band, pour une tournée de six mois. Ils abandonneront ensuite The Woods Band pour se produire sous le nom de Gay and Terry Woods, jusqu'à leur séparation en 1980. 

Musiciens

Gay Woods : chant, concertina, autoharpe, dulcimer, bodhran
Terry Woods : chant, guitares, basse, mandola, concertina
Ed Deane : guitares, basse, clavecin
Pat Nash : batterie, chant

Austin Corcoran : basse, guitare acoustique
John Ryan : orgue, piano
Tony Reeves : basse

Titres

01. Everytime
02. Noisey Johnny
03. January's Snows
04. Lament & Jig (Inc. "Valencia Lament" & "Apples In Winter") 
05. Dreams
06. As I Roved Out
07. Promises
08. Over The Bar

Vidéos

January's Snows : lien vidéo ici

Promises : lien vidéo ici

As I Roved Out : lien vidéo ici

vendredi 29 janvier 2021

Fish - Raingods With Zippos (1999)

Fish Raingods With Zippos
Fish - Raingods With Zippos (1999)

Pourquoi écouter ce disque ?

L'heure du bilan a sonné. Ancien chanteur de Marillion, Fish mène une carrière solo passionnante mais inégale depuis 1990. Sorti en 2020, Weltschmerz sera son dernier album, ainsi l'a-t-il annoncé. Sur les onze qu'il a enregistré au cours de ces trente dernières années, s'il me fallait en garder trois, ce serait sans hésiter le premier, Vigil In A Wilderness Of Mirrors, Sunsets On Empire produit par Steven Wilson en 1997, et ce Raingods With Zippos paru à la toute fin du dernier millénaire. Notre Poisson préféré revient ici à un rock progressif accessible par ses aspects mélodieux et émotionnels. Car Fish au sommet, c'est de l'émotion à l'état pur comme en témoigne la délicate ballade Incomplete en duo avec Elisabeth Antwi qui semble tenir sur un fil, Rites Of Passage, sublimé par les claviers de Mickey Simmonds, ou encore l'enchaînement Raingods Dancing/Wake-up Call (Make It Happen) de la suite Plague Of Ghost longue de vingt-cinq minutes. Cette dernière aux ambiances torturées évoque le Fish de la grande époque, celui de l'ère Marillion et en particulier de Clutchings At Straws. Tourmentés, ses textes sont le reflet de son âme, dessinant des personnages à son image, en situation d'échec (Incomplete encore une fois, Tumbledown et son intro au piano tout simplement géniale) ou en quête de spiritualité (Feath Healer repris du Sensational Alex Harvey Band dans une version qui déchire, Titled Cross, autre ballade somptueuse). Épaulé par ses fidèles à la rythmique, Steve Vantsis (basse) et Dave Stewart (batterie), Fish à une nouvelle fois fait appel aux déjà cités Mickey Simmonds et Steven Wilson (guitares), qui reprendront chacun leur route après l'enregistrement de ce disque, ainsi qu'à Tony Turrell pour les claviers (véritable révélation et futur The Reasoning aux côtés de Rachel Cohen), Bruce Watson de Big Country et Robin Boult, l'ami de longue date, pour les guitares. Raingods With Zippos n'est certes ni parfait, ni un chef d'œuvre, c'est le témoignage poignant d'un artiste, grand par la taille comme par le talent, à fleur de peau, qui a mené un parcours singulier, sans jamais se renier. 

Musiciens

Fish : chant

Bruce Watson : guitares, mandoline
Steven Wilson : guitares
Robin Boult : guitares
Til Paulman : guitares
Phil Grieve : guitare acoustique
Mickey Simmonds: claviers, programmation
Tony Turrell : claviers, programmation
Mark Daghorn : programmation
Steve Vantsis : basse, contrebasse
Dave Stewart : batterie
Dave Haswell : percussions, violon
Davey Crichton : violon
Elisabeth Troy Antwi : chant
Nicola King : chant
Tony King : chant
Merlin : chant
Pierre Michel Meier : mots en français
Mo Warden : mots parlés

Titres

01. Tumbledown
02. Mission Statement
03. Incomplete
04. Tilted Cross
05. Faith Healer
06. Rites of Passage

Plague of Ghosts

07. Old Haunts 
08. Digging Deep 
09. Chocolate Frogs 
10. Waving at Stars 
11. Raingod's Dancing 
12. Wake-up Call (Make It Happen) 

Vidéos

Incomplete : lien vidéo ici

Faith Healer : lien vidéo ici

jeudi 28 janvier 2021

Lůn - Prāṇa (2021)

En cette période compliquée, continuons à soutenir nos artistes passionnants, ceux ne bénéficiant pas forcément d'une grande couverture médiatique. Mayline Gautié et son projet Lůn sont de ceux-là. Voici se première vidéo qui, j'en suis sûr, saura vous séduire.


lundi 25 janvier 2021

Principal Edwards Magic Theatre - Soundtrack (1969)

Principal Edwards Magic Theatre Soundtrack
Principal Edwards Magic Theatre - Soundtrack
(1969)

Pourquoi écouter ce disque ?

Fondé en 1968 par un collectif d'étudiants vivant dans une ferme communautaire, Principal Edwards Magic Theatre réunissait des poètes, des musiciens, des danseurs et des techniciens. Leur nom fait à la fois référence à un illustre évangéliste gallois du XIX siècle, aïeul du percussionniste Lyn Edwards (Principal Edwards) et au roman Le Loup des Steppes d'Hemann Hesse (Magic Theatre). Préférant la performance au perfectionnisme, la musique du groupe, reflet d'une époque un peu naïve mais aimant l'expérimentation, propose un patchwork de folk, prog et psychédélisme à la fois inventif et délicieux. C'est John Peel, le célèbre animateur de radio, qui les repère et les signe sur son label Dandelion aux côtés d'artistes non commerciaux comme Bridget St. John ou David Bedford. En 1969, parait le single Ballad (Of The Big Girl Now And The Mere Boy), splendide ballade folk, suivi de l'album Soundtrack. Le disque comporte six titres reproduisant l'ambiance théâtrale développée sur scène comme les effets sonores élaborés ou les passages parlés. Si Shakespeare prête un de ses poèmes à un Third Sonnet To Sundry Notes Of Music électrique, le point d'orgue de l'album n'en demeure pas moins The Death Of Don Quixote, mini-épopée déjantée de treize minutes s'inspirant du roman de Cervantès à laquelle ont été ajoutés quelques éléments contemporains. Principal compositeur, le guitariste Root Cartwright s'illustre vaillamment par ses interventions incisives, tout comme la multi-instrumentiste Belinda Bourquin (flûte, violon, claviers) et la chanteuse Vivienne McAuliffe que l'on retrouvera plus tard aux côtés d'Affinity, Gerry Rafferty, Patrick Moraz (Yes), Anthony Phillips (Genesis) ou Camel. Complètement oublié aujourd'hui, Principal Edwards, malgré sa courte durée de vie (1968-1971), a partagé la scène en son temps avec d'autres petits jeunes qui deviendront de véritables monuments : Fairport Convention, Free, T. Rex, King Crimson, Yes, Deep Purple, David Bowie, Elton John, Fleetwood Mac, Supertramp, et Pink Floyd. D'ailleurs, Nick Mason lui-même produira leur album suivant.

Musiciens

Martin Stellman : chant
Vivienne McAuliffe : chant
Root Cartwright : guitares
Belinda Bourquin : violon, flûte, orgue, piano
Jeremy Ensor : basse
Lyn Edwards : batterie, percussions
David Jones : percussions

Titres

01. Enigmatic Insomniac Machine
02. Sacrifice
03. Death of Don Quixote 
04. Third Sonnet to Sundry Notes of Music 
05. To a Broken Guitar 
06. Pinky: A Mystery Cycle 

Vidéos

Documentaire de la télévision française en 1969

Ballad (Of The Big Girl Now And The Mere Boy) :

Enigmatic Insomniac Machine : lien vidéo ici

dimanche 24 janvier 2021

Richard & Linda Thompson - Pour Down Like Silver (1975)

Richard & Linda Thompson Pour Down Like Silver
Richard & Linda Thompson - Pour Down Like Silver
(1975)

Pourquoi écouter ce disque ?

Considéré par beaucoup comme le meilleur disque du couple Thompson et un des meilleurs albums de folk-rock britannique, Pour Down Like Silver a été conçu dans un contexte bien particulier. Depuis peu, Richard et Linda se sont convertis au soufisme, branche ésotérique et mystique de l'islam. Cat Stevens qui deviendra Yusuf Islam Ian Whiteman ainsi que Danny Thompson, bassiste de Pentangle, les suivront sur cette voie. Malgré l'interdiction de jouer de la musique ordonnée par leur guide religieux, les Thompson sont bloqués car ils doivent par contrat un troisième album à leur compagnie de disque, Island Records. Un compromis est finalement trouvé, Pour Down Like Silver se devra d'avoir un fort aspect spirituel. Ainsi, sur la pochette, Richard apparaît barbu avec un turban sur la tête (lui donnant paradoxalement une certaine allure christique), tandis qu'au verso, Linda porte le voile. A travers les textes de Streets Of Paradise, Dimming Of The Day, plus tard repris par un certain David Gilmour, Beat The Retreat ou encore Night Comes In considérée aujourd'hui par Linda comme leur meilleure chanson, toutes périodes confondues, ils expriment leur amour pour leur Dieu, Allah. Sombre et hypnotique, la musique n'en demeure pas moins tranchante. Tout a été joué live avec une utilisation a minima des overdubs. D'où ce son brut, synonyme d'un retour à l'essentiel, plus austère que leurs précédentes productions, Hokey Pokey et I Want To See The Bright Lights Tonight. Toujours aussi flamboyant dans son jeu de guitare, Richard, considéré non sans raison en cette année 1975 comme le plus grand guitariste de la scène rock aux côtés d'Eric Clapton et de Jimmy Page, laisse une part prédominante sur quatre des huit titres à l'accordéon de son ami John Kirkpattick, futur Steeleye Span. Une partie de la rythmique est assurée par les deux Dave de Fairport Convation, Dave Pegg (basse) et Dave Mattacks (batterie). Le chant envouté de Linda illumine à lui seul l'intense The Poor Boy Is Taken Away, ainsi qu'un For Shame Of Doing Wrong vibrant que reprendra son amie Sandy Denny sur son ultime Rendezvous sous le titre I Wish I Was A Fool For You. Dans un esprit contemplatif, l'album se referme sur l'instrumental Dargai du compositeur écossais James Scott Skinner, se référant à la ville du même nom située dans le nord du Pakistan. Après la parution de Pour Down Like Silver, Richard et Linda se retireront dans leur communauté, laissant de côté toute velléité musicale. Mais le démon de la musique reprendra possession d'eux trois ans plus tard. Sorti en 1978, l'album First Light marquera leur retour et le début d'une nouvelle trilogie décisive. 

Musiciens

Richard Thompson : chant, guitares, mandoline, dulcimer, piano
Linda Thompson : chant

Pat Donaldson : basse
Dave Pegg : basse
Dave Mattacks : batterie
Timi Donald : batterie
John Kirkpatrick : accordéon, concertina 
Nick Jones : violon
Aly Bain : violon
Henry Lowther : trompette
Ian Whiteman : flûte, shakuhachi

Titres

01. Streets Of Paradise
02. For Shame Of Doing Wrong
03. The Poor Boy Is Taken Away
04. Night Comes In
05. Jet Plane In A Rocking Chair
08. Beat The Retreat
09. Hard Luck Stories
10. Dimming Of The Day/Dargal

Vidéos

Night Comes In : lien vidéo ici

Dimming Of The Day/Dargal : lien vidéo ici

vendredi 22 janvier 2021

Mari Boine & … - Leahkastin (1994)

Mari Boine Unfolding
Mari Boine & … - Leahkastin (1994)

Pourquoi écouter ce disque ?

Découverte en 1989 à travers son album Gula, Gula diffusé par le label de Peter Gabriel, Real World, Mari Boine poursuit depuis une carrière internationale. Née en Laponie, au nord de la Norvège, cette jeune chanteuse au talent exceptionnel se prédestinait à une carrière d'enseignante. Mais la découverte tardive de la culture ancestrale de son peuple longtemps réprimé l'a conduite vers la musique, faisant d'elle la principale ambassadrice culturelle des Samis. Connus aussi sous le nom de Lapons, ils étaient à l'origine un peuple nomade. Aujourd'hui, leur nombre s'élève à environ 85 000 âmes réparties entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Sorti en 1994, Leakhasin qui signifie "déploiement", s'inscrit dans la continuité de son prédécesseur, Goaskinviellja. Mari a réuni les mêmes musiciens, parmi lesquels le guitariste Roger Ludvigsen et le batteur Helge Andreas Norbakken qui ont participé à l'écriture de l'album. La musique, toujours aussi exigeante, allie à une étrange modernité un esprit chamanique ouvert sur les grands espaces. Sans passéisme aucun, Mari Boine connecte avec bienveillance la culture de ses ancêtres au monde d'aujourd'hui. Sa voix lui sert de vecteur, s'inspirant du joik, chant traditionnel sami à vocation spirituelle, capable de mener à un état de transe. Difficile d'accès à la première écoute, ce disque très riche sur le plan sonore, nécessite un temps d'adaptation avant d'accéder pleinement au plaines infinies du Grand Nord.

Musiciens

Mari Boine : chant, djembé

Roger Ludvigsen : guitares, kalimba, percussions, orgue
Gjermund Silset : basse, kalimba, percussions, 
Helge Andreas Norbakken : batterie, percussions, piano
Hege Rimestad : violon
Carlos Z. Quispe : flûte, harpe, charango, chant

Titres

01. Gumppet Holvot (The Wolves Howl)
02. Ále Šat (No More)
03. Čuovgi Liekkas (Radiant Warmth)
04. Áhččai (To My Father)
05. Maid Áiggot Muinna Eallin (What Do You Want Life?)
06. Mielahisvuohta (Lunacy Lunacy)
07. Gilvve Gollát (Sow Your Gold)
08. Gulan Du (Hearing You)
09. Vuolgge Mu Mielde Bassivárrái (Come With Me To The Sacred Mountain)
10. Mun Da'han Lean Oaivámuš (Just When I Had ...)
11. Dá Lean Mun (Here I Am)

Vidéos

Áhččai (To My Father) : lien vidéo ici

Gilvve Gollát (Sow Your Gold) : lien vidéo ici

mardi 19 janvier 2021

Yvonne Lyon - Held (2015)

Yvonne Lyon Held
Yvonne Lyon - Held (2015)

Pourquoi écouter ce disque ?

Sorti en 2015, Held est le plus abouti des albums de la chanteuse écossaise Yvonne Lyon. Concept-album ? Album thérapeutique ? Peu importe le sens qui lui est donné tellement le sujet abordé est fort. En novembre 2012, le jeune Caden Riley Beggan est emporté par une septicémie à méningocoque. Il n'avait que six ans. Lors de ses funérailles, Yvonne prend conscience de la puissance de la musique dans ces événements tragiques. Elle entreprend de rencontrer des personnes qui ont vécu un deuil, de collaborer avec elles à l'élaboration d'un texte libérateur et de le mettre en musique, dans l'espoir de transformer le chagrin en une redécouverte de la vie, en une nouvelle envie de vivre. Angela, la maman de Caden, a écrit les magnifiques mots de Till We Meet Again. Les autres protagonistes sont Graeme Duffy, guitariste de Wet Wet Wet, dont le frère est décédé dans un accident de moto, une amie de la mère d'Yvonne qui a perdu son mari des suites d'une longue maladie après qu'elle s'en soit occupé durant des années, une jeune de vingt ans dont le meilleur ami s'est suicidé, une femme qui a perdu huit personnes en huit mois, un cinéaste réfléchissant à la disparition de son parrain, ainsi que la chanteuse Fiona J Mackenzie qui a rédiger en mémoire de son père The Warp And The Weft, texte poignant en gaélique et en anglais. Si chacunes des chansons expriment l'insoutenable, elles n'en demeurent pas moins enveloppées d'une extrême pudeur et délicatesse. On ne sort pas indemne de l'écoute de ce disque irradiant à la beauté transcendée. 

Musiciens

Yvonne Lyon : chant, piano, guitares, percussions

Sandy Jones : programmation, percussions, guitares, basse
Graeme Duffin : guitares, programmation, basse, chœurs
Seonaid Aitken : violon
Pete Harvey : violoncelle
Fiona J Mackenzie : chant
Stephen Fischbacher : chant, guitares
David Lyon : accordéon, guitares

Titres

01. Signifiance
02. Held
03. Learning To Live Again
04. Already Made
05. See It Through
06. Till We Meet Again
07. The Warp And The Weft
08. The Thing Unsaid
09. Right There
10. Speke Road Gardens

Vidéos


The Warp And The Weft : lien vidéo ici

Learning To Live Again : lien vidéo ici

dimanche 17 janvier 2021

Affinity - Affinity (1970)

Affinity Linda Hoyle
Affinity - Affinity (1970)

Pourquoi écouter ce disque ?

Affinity, un album et puis s'en va. Mais quel album !!! Tout commence au milieu des années 60 lorsque trois étudiants de l'Université du Sussex forment le US Jazz Trio. Lynton Neff est au piano, Nick Nicholas (futur mari de la chanteuse Lynda Hoyle) à la contrebasse, et Grant Serpell à la batterie. Ce dernier sera par la suite remplacé par un certain Mo Foster, bassiste de formation. Le trio se sépare pour donner place à Ice, formation éphémère menée par Neff et Serpell qui connaîtra un certain succès commercial. En 1968, les choses se précisent. Lynton, Grant et Mo cette fois-ci confirmé au poste de bassiste, ambitionnent de former un groupe de jazz aux influences pop. Ils recrutent le guitariste Mike Jopp, puis Lynda Hoyle après avoir cherché en vain un chanteur. Professeure d'anglais, Linda a été initiés très jeune par ses parents au jazz des années 20 et 30, ainsi qu'à la musique classique (Vaughan Williams, Tchaïkovsky). A l'âge de seize ans, sa découverte de Billie Holiday est une révélation. Ella Fitzgerald, Karen Dalton ou encore Laura Nyro deviendront ses autres références. Affinity, titre d'un album sorti en 1962 du célèbre pianiste de jazz canadien Oscar Peterson, modèle de Neff, joue son premier concert le 5 octobre 1968. Le dernier aura lieu sous cette formation le 10 février 1971. Entre ces deux dates, paraît un seul et unique album au titre éponyme, condensé d'un blues-rock teinté de jazz, prog, pop, folk et psychédélisme. Propulsé par Brian Auger, Keith Emerson et Steve Winwood de Traffic, l'orgue Hammond symbole d'un son nouveau à cette époque, occupe ici une place de choix, que ce soit sur l'inquiétant Night Flight aux couleurs prog, signé Jopp/Hoyle, un Mr Joy dément sur lequel Linda démontre la toute-puissance de sa voix, ou bien la reprise dantesque du All Along The Watchtower de Dylan, une des meilleures jamais enregistrées, s'étendant sur plus de onze minutes. Si la pochette du disque rappelle étrangement celle du premier album de Black Sabbath lui aussi sorti en 1970, ce n'est pas pour rien. Toutes deux sont signées du photographe Keef, qui travaillera également pour Colosseum (Valentyne Suite, 1970), Bowie (The Man Who Sold The World, 1971), Sandy Denny (The North Star Grassman And The Ravens, 1971), Dando Shaft (Dando Shaft, 1971), et réalisera le clip de la jeune et encore inconnue Kate Bush, Wuthering Heights, en 1978. 

Musiciens

Linda Hoyle : chant
Lynton Naiff : claviers, vibraphone, percussions
Mike Jopp : guitares, percussions
Mo Foster : basse, contrebasse, percussions
Grant Serpell : batterie, percussions

Titres

01. I Am And So Are You
02. Night Flight
03. I Wonder If I'll Care As Much
04. Mr. Joy 
05. Three Sisters 
06. Coconut Grove
07. All Along The Watchtower 

Vidéos


Night Flight : lien vidéo ici

All Along The Watchtower : lien vidéo ici

vendredi 15 janvier 2021

Renaissance - Tuscany (2000)

Renaissance - Tuscany
Renaissance - Tuscany (2000)

Pourquoi écouter ce disque ?

En ce début de millénaire, Renaissance n'a jamais aussi bien porté son nom. Annie Haslam, Michael Dunford et Terence Sullivan effectuent un retour inespéré, secondés par le claviériste John Tout. Avec le bassiste Jon Camp, cette formation a connu un âge d'or dans les années 70, alignant des albums splendides, parmi lesquels de véritables chefs-d'œuvre (Turn Of The CardsScheherazade and Other Stories, Novella). Séparé de Tout et Sullivan, les trois musiciens restants se sont heurtés aux années 80, recherchant en vain un succès commercial qui n'est jamais venu. Après un Time-Line décevant en 1983, suivi du départ de Camp, ils se sont séparés en 1987 dans l'indifférence générale. L'ombre de Renaissance n'a jamais cessé de planer au-dessus d'Annie Haslam qui a poursuivi une intéressante carrière solo. En 1994, elle publie même l'album Blessing In Disguise sous le nom d'Annie Haslam's Renaissance. Il en est de même pour Michael Dunford qui, en 1995, réactive Renaissance accompagné de la chanteuse Stephanie Adlington avec The Other Woman, puis, deux ans plus tard, Ocean Gypsy sorti cette fois sous le nom de Michael Dunford's Renaissance. En 1998, alors qu'il travaille sur le projet d'une comédie musicale intitulée Scheherazade, inspiré de l'album du même nom, il contacte Annie pour enregistrer de nouvelles chansons en bonus. Celle-ci est emballée, se joignent alors à eux Tout et Sullivan. Ce dernier tente de faire revenir Camp, mais Haslam et Dunford s'y opposent fermement. C'est Roy Wood, fondateur de The Move, Electric Light Orchestra et Wizzard, qui occupe le poste de bassiste. Il a été le compagnon d'Annie dans les années 70 et a produit son tout premier album solo en 1977, l'exotique Annie In Wonderland. Devant cet engouement, l'idée d'un nouvel album de Renaissance fait son chemin. Mais la route est longue, car, pris par d'autres engagements, Tout suivi de Wood se retirent. Le claviériste Mickey Simmonds (Mike Oldfield, Fish, Camel, XII Alfonso) fait son entrée, ainsi que le bassiste Alex Caird que l'on retrouvera au sein de Renaissant, la formation de Sullivan (South Of Winter, 2004). Enregistré dans la campagne anglaise, Tuscany (Toscane), au nom choisi par Annie, paraît en 2000... au Japon. Il faut attendre l'année suivante pour qu'il sorte en Europe. Difficile d'être objectif pour un album tant attendu. Si des titres comme Lady From Tuscany, One Thousand Roses, Pearls Of Wisdom, In My Life ou Dolphins Prayer évoquent le Renaissance de la grande époque, d'autres sont plus anecdotiques. L'accent est mis avant tout sur la voix en or d'Annie qui ne semble pas avoir souffert malgré les années. Elle est impressionnante. Inférieur à leurs productions des années 70, mais bien supérieur à celles des années 80, Tuscany peut être qualifié d'album honorable, marquant le retour d'un groupe légendaire, trop souvent oublié, et à l'histoire pas encore finie, réservant encore bien des surprises.

Musiciens

Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitare
Terence Sullivan : batterie, percussions
Mickey Simmonds : claviers

John Tout : claviers, piano, clavecin
Roy Wood : basse, claviers, percussions, chœurs
Alex Caird : basse

Titres

01. Lady From Tuscany
02. Pearls Of Wisdom
03. Eva’s Pond
04. Dear Landseer
05. In The Sunshine
06. In My Life
07. The Race
08. Dolphin’s Prayer
09. Life In Brazil
10. One Thousand Roses

Vidéos

Lady From Tuscany : lien vidéo ici

Pearls Of Wisdom : lien vidéo ici

Dolphins Prayer : lien vidéo ici