lundi 27 mai 2019

Conqueror - In Orbita (2019)

Conqueror In Orbita
Conqueror - In Orbita (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

In Orbita, sixième album studio de la formation italienne Conqueror, a nécessité cinq (longues) années de préparation. Il fait suite à Stems qui était sorti en 2014. Dès la première écoute, il est évident que l'on tient là leur meilleur disque, le plus abouti de tous. In Orbita a été conçu autour de la figure mythique de Youri Gagarine, premier homme à avoir effectué un vol dans l'espace, et aux pionniers de la conquête spatiale. En sept titres, Conqueror entraîne l'auditeur dans cette quête de l'infini par l'intermédiaire d'une musique astrale éclatante et raffinée, entre rock progressif et jazz. C'est avec plaisir que l'on retrouve Simona Rigano (chant, claviers) et Natale Russo (batterie), aux manettes de cette formation interstellaire. La guitare cosmique est tenue par un revenant, Tino Nastasi qui avait officiait auparavant sur les albums Storie Fuori Dal Tempo (2005), puis 74 Giorni (2007). Les instruments à vent galactiques (saxophone et flûte), absents sur Stems, font leur grand retour par l’intermédiaire de Sofia Ferraro, nouvelle venue. Deux invités satellites apportent leur pierre à l'édifice : Edoardo Ragunì (basse) et Giovanni Alibrandi (violon). Avec un tel équipage de professionnels, la fusée Conqueror ne pouvait que réussir sa mise en orbite. Ici la Terre, à vous Conqueror ! 

Musiciens

Simona Rigano : chant, claviers
Tino Nastasi : guitares
Sofia Ferraro : saxophone, flûte, EWI 5000
Natale Russo : batterie, percussions

Edoardo Ragunì : basse, chœurs
Giovanni Alibrandi : violon

Titres

01. Fino Al Limite
02. In Cerca d'Ali 
03. Verso Un Nuovo Mondo 
04. Kedr 
05. Un Disegno Perfetto 
6. 09.07 a.m. 
07. Star On The Moon

dimanche 26 mai 2019

Pentangle - Think Of Tomorrow (1991)

Pentangle Think Of Tomorrow
Pentangle - Think Of Tomorrow (1991)

Pourquoi écouter ce disque ?

Années 60, années 70, années 80, années 90. La légende continue. Du Pentangle des origines, il ne reste plus que Bert Jansch (chant, guitare acoustique) et Jacqui McShee (chant). A leurs côtés, se tiennent Gerry Conway (batterie), Nigel Portman Smith (basse) ainsi que le dernier arrivé, Peter Kirtley qui succède au poste de guitariste à Rod Clements. Sous cette forme, le groupe publie Think Of Tomorrow réunissant huit compositions originales et trois reprises d'airs traditionnels (The Toss Of Golden Hair, The Lark In The Clear Air, The Bonny Boy). Si cet album regarde davantage vers le folk que le jazz ou le blues, il n'a rien perdu de ce qui a fait la spécificité de ce groupe, une musique acoustique mélodique et profonde alternant chant masculin et féminin. Les quelques incursions électriques de Kirtley sont cependant les bienvenues et évoquent le grand Mark Knopfler, que ce soit sur le titre d'ouverture O'er The Lonely Mountain à la thématique contemporaine sur la disparition de la faune et la flore, ou sur la somptueuse ballade Share A Dream. Ever Yes, Ever No, délicieusement rétro dans son style typé seventies ainsi que The Storyteller (Paddy's Song) aux sonorités irlandaises ou l'instrumental Straight Ahead sont quelques-unes des belles surprises de ce disque particulièrement réussi, digne successeur du Pentangle de la grande époque.

Musiciens

Jacqui McShee : chant
Bert Jansch : chant, guitare acoustique
Peter Kirtley : chant, guitares
Nigel Portman Smith : basse, piano, claviers
Gerry Conway : batterie, percussions

Frank Wulff : flûtes

Titres

01. O'ver The Lonely Mountain 
02. Baby Now It's Over
03. Share A Dream 
04. The Storyteller (Paddy's Song) 
05. Meat On The Bone
06. Ever Yes, Ever No 
07. Straight Ahead 
08. The Toss Of Golden Hair 
09. The Lark In Clear Air 
10. The Bonny Boy 
11. Colour My Paintbook 

vendredi 24 mai 2019

Joshua Burnell feat. Frances Sladen - Skylark & The Oak (2019)

Joshua Burnell Skylark & The Oak
Joshua Burnell feat. Frances Sladen - Skylark & The Oak
(2019)

Pourquoi écouter ce single ?

Joshua Burnell, valeur montante du folk britannique ? La question ne se pose même plus tant la réponse semble évidente. Riche d'un EP (Lend An Ear) et de trois albums (Into The Green, Songs From The Seasons, The Road To Horn Fair), sa discographie conjugue avec ingéniosité folk et rock progressif. Cette reconnaissance passe également par sa participation aux principaux festivals de musique folk, dont l'incontournable Forgotten Lands organisé par Maddy Prior qui se déroulera le 7 juin à Bewcastle, en Cumbria. D'ailleurs, Steeleye Span est une des principales influences revendiquées de ce jeune homme surprenant aux goût hétéroclites, tout comme Queen, Led Zeppelin, Jethro Tull, Velvet Underground, Martin Carthy, Genesis ou Yes. A la passionnante discographie mentionnée ci-dessus, s'ajoute désormais son nouveau single Skylark & The Oak, interprété en duo avec son épouse Frances Sladen. Cette somptueuse ballade, qui n'est pas sans évoquer le classique Where The Wild Roses Grow interprété par Nick Cave et Kylie Minogue, revêt un costume à la fois sombre et romantique. Josh l'a composée et chantée pour la première fois à Frances lorsqu'ils étaient étudiants. Puis il l'a enregistrée avec ses faibles moyens à l'époque de Lend An Ear (2013). Au fil des années, elle est devenue un de ses titres phares sur scène. La nouvelle version proposée, accompagnée d'un clip, n'a rien perdu de sa splendeur, bien au contraire, son refrain, une fois rentré dans la tête, ne nous lâche plus et apporte un réconfort bienvenu.

Musiciens

Joshua Burnell : chant, instruments
Frances Sladen : chant

  

lundi 20 mai 2019

Suzanne Vega - Tales From The Realm Of The Queen Of Pentacles (2014)

Suzanne Vega Tales From The Realm Of The Queen Of Pentacles
Suzanne Vega - Tales From The Realm Of The Queen Of Pentacles (2014)

Pourquoi écouter ce disque ?

Après quelques albums peu inspirés, Suzanne Vega revient en force en 2014 avec ce Tales From The Realm Of The Queen Of Pentacles. Écrit et enregistré entre Los Angeles, New York, Chicago, Londres et Prague, il bénéficie de la présence de Gerry Leonard à la production et à l'écriture. Ancien collaborateur de David Bowie, il a emmené avec lui certains éléments inspirés de cette galaxie musicale comme l'éblouissante bassiste Gail Ann Dorsey, la choriste Catherine Russell ou le batteur Sterling Campbell. Autres invités de talent, le génial Tony Levin (King Crimson, Peter Gabriel) et Larry Campbell (Judy Collins, Linda Thompson). L'ensemble a été mixé par Kevin Miller qui a travaillé par le passé avec Peter Gabriel et Kate Bush. Avec tout ce beau monde, les dix contes du royaume de la reine des Pentacles ne pouvaient qu'être riches en subtilités. Entre mysticisme, magie et ésotérisme, Suzanne explore des mondes extraordinaires aux multiples influences (folk, pop mélodieuse, gospel, musique orientale). D'étranges personnages peuplent ce disque enchanteur, que ce soit le Fou du Tarot (Fool's Complaint), un héroïque chevalier (Portrait Of The Knight Of Wands), des figures bibliques (Jacob And The Angel), ou notre ami Luka de Solitude Standing. Dans Song Of The Stoic, ce dernier, devenu adulte, tire un bilan cynique sur sa vie en le liant aux souffrance de son enfance. Ancrée dans son temps, Suzanne célèbre à travers Horizon (There Is A Road) la figure de l'ancien dissident tchécoslovaque Vaclav Havel devenu Président de la République Tchèque et décédé en 2011. D'une courte durée (trente-six minutes), on ne se lasse pas de savourer ce Tales From The Realm Of The Queen Of Pentacles dans chacune de ses nuances. 

Musiciens

Suzanne Vega : chant, guitare

Gerry Leonard : guitares, claviers
Larry Campbell : banjo, mandoline, cymbalum
Gail Ann Dorsey : basse
Tony Levin : basse
Mike Visceglia : basse
Zachary Alford : batterie, percussions
Jay Bellerose : batterie
Sterling Campbell : batterie
Doug Yowell : batterie
Joji Hirota : taiko, shakuhachi 
Alison Balsom : trompette 
Catherine Russell : chœurs

Smichov Chamber Orchestra de Prague conduit par Josef Vondracek

Titres

01. Crack in the Wall
02. Fool's Complaint
03. I Never Wear White
04. Portrait of the Knight of Wands
05. Don't Uncork What You Can't Contain
06. Jacob and the Angel
07. Silver Bridge
08. Song of the Stoic
09. Laying on of Hands/Stoic 2
10. Horizon (There is a Road)

dimanche 19 mai 2019

Linda Thompson - Fashionably Late (2002)

Linda Thompson Fashionably Late
Linda Thompson - Fashionably Late (2002)

Pourquoi écouter ce disque ?

Personne n'y croyait ! Linda Thompson, une des légendes féminines du folk électrique britannique flamboyant des années 70 aux côtés de Sandy Denny, Maddy Prior, Jacqui McShee et Judy Dyble, fait un retour triomphal en ce début de XXIe siècle. Depuis One Clear Moment (1985), son dernier album alors en date, elle avait était contrainte au silence suite à de lourds problèmes de voix, auxquels s'étaient ajoutés un divorce douloureux avec le fameux guitariste Richard Thompson et un certain dégoût pour l'industrie musicale. Ce nouveau disque au titre ironique (que l'on peut traduite par "en retard sur la mode") contient l'essence même de ce qui a fait le succès du folk, une collection de chansons explorant les profondeurs de la détresse humaine, la solitude et les désillusions d'individus passés à côté de leur vie. Réalisé en collaboration avec son fils Teddy Thompson, il associe l'ancienne et la nouvelle génération d'artistes folks. Outre Teddy, valeur montante de cette scène à ce moment, les participations d'Eliza Cathy, de John Doyle de Solas, de Kate Ruby, de Kathryn Tickell ou de Rufus Wainwright sont toutes les bienvenues. Du côté des vétérans, la liste n'en demeure pas moins impressionnante : Richard Thompson mis en lumière dès le premier titre Dear Mary, Dave Mattacks (Fairport Convention), Jerry Donahue (Fotheringay, Fairport Convention), Dave Pegg (Fairport Convention, Jethro Tull), Danny Thompson (Pentangle) et le grand Martin Carthy (Steeleye Span, Albion Band) ! Certes, la voix de Linda a traversé les âges ainsi que les épreuves, mais elle n'a rien perdu de sa prestance d'antan et fait de ce Fashionably Late une œuvre d'exception.

Musiciens

Linda Thompson : chant, guitare, percussions

Teddy Thompson : guitare, chant
Richard Thompson : guitare, chœurs
Kate Rusby : guitare, chœurs
Martin Cathy : guitare
Jerry Donahue : guitare
John Doyle : guitare
Peter Adams : claviers
Geraint Watkins : orgue
Dave Pegg : basse, mandoline
Michael Rivard : basse
Rori McFarlane : basse
Danny Thompson : contrebasse
Andy Waterworth : contrebasse
Dave Mattacks : batterie
Chris Cutler : batterie
Jeff Berman : batterie, percussions
Richard Greene : violon
Eliza Carthy : violon, chœurs
Howard Gott : violon
Ruth Gottlieb : violon
Sophie Sirota : alto
Robert Spriggs : alto
Sarah Willson : violoncelle
Van Dyke Parks : accordéon, orgue
Andy Cutting : accordéon
Kathryn Tickell : cornemuse
Philip Pickett : tournebout
John McCusket : cithare
Kamila Thompson : chœurs
Rufus Wainwright : chœurs
Martha Wainwright : chœurs

Titres

01. Dear Mary
02.  Miss Murray
03. All I See
04. Nine Stone Rig
05. No Telling
06. Evona Darling
07. The Banks Of The Clyde
08. Weary Life
09. Paint & Powder Beauty
10. Dear Old Man Of Mine

vendredi 17 mai 2019

Jennifer Warnes - The Hunter (1992)

Jennifer Warnes The Hunter
Jennifer Warnes - The Hunter (1992)

Pourquoi écouter ce disque ?

Jennifer Warnes ou le chaînon manquant entre Leonard Cohen et Joni Mitchell. Souvent réduite au simple rôle de chanteuse de bandes originales de films, Jennifer Warnes est bien plus que cela, elle est une artiste à part entière. Pour s'en convaincre, il suffit de prêter une oreille attentive à son opus The Hunter sorti en 1992 qui fait suite au génial Famous Blue Raincoat de cinq ans son aîné. Ce disque se partage entre reprises et compositions originales dont une cosignée avec Amy LaTelevision et Leonard Cohen, son mentor (Way Down Deep). Les covers les plus captivants sont indubitablement Pretending To Care de Todd Rungren aux cordes délicates et The Whole Of The Moon de Mike Scott des Waterboys. La quarantaine de musiciens entourant Jennifer, parmi lesquels on peut citer Richard Thompson (Fairport Convention), Lenny Castro (Toto), Vinnie Colaiuta (Joni Mitchell) et Michael Landau (Michael Jackson), n'ont d'autre but que de mettre en valeur cette voix si particulière et expressive, une des plus belles du rock. Big Noise, New York, Lights Of Lousianne, ou encore The Hunter, signée par la seule Jennifer, font partie de mes coups de cœur de ce disque aux histoires toutes ordinaires, mais rendues extraordinaires par la qualité de leur interprétation.

Musiciens

Jennifer Warnes : chant

Roscoe Beck : guitare, basse, claviers, programmation
David Mansfield : guitare, violon
Michael Landau : guitare
Robben Ford : guitare 
David Grissom : guitare
Eric Johnson : guitare
Richard Thompson : guitare
Mitch Watkins : guitare
Bill Ginn : claviers
Judd Miller : claviers
Russell Ferrante : claviers
Stephen Croes : claviers
Rob Muerer :claviers
Randy Kerber : claviers
Larry Steelman : claviers
Stephen Barber : claviers
Kim Bullard : claviers
Jorge Calderón : basse
John Robinson : batterie
Tom Brechtlein : batterie
Vinnie Colaiuta : batterie
Lenny Castro : percussions
Paulinho da Costa : percussions
Steve Forman : percussions
Van Dyke Parks : accordéon
Bob Malach : saxophone
Larry Williams : saxophone
Jerry Hey : bugle
Bill Reichenbach Jr. : trombone
Joel Derouin : violon
Sid Page : violon
Novi Novog : alto
Robert Becker : alto
Suzie Katayama : violoncelle
Larry Corbett : violoncelle
Max Carl : chœurs
Blondie Chaplin : chœurs
Donald Fagen : chœurs
Perla Batalla : chœurs
Kevin Dorsey : chœurs
Arnold McCuller : chœurs
Phillip Ingram : chœurs
Frank Floyd : chœurs

Titres

 01. Rock You Gently
02. Somewhere, Somebody
03. Big Noise, New York
04. True Emotion
05. Pretending To Care
06. The Whole Of The Moon
07. Lights Of Lousianne
08. Way Down Deep
09. The Hunter
10. I Can't Hide   
  

lundi 13 mai 2019

Maddy Prior And The Answers - Going For Glory (1983)

Maddy Prior Going For Glory
Maddy Prior And The Answers - Going For Glory (1983)

Pourquoi écouter ce disque ?

Going For Glory est un OVNI dans la riche et abondante discographie de Maddy Prior. Accompagnée d'un solide groupe taillé sur mesure, The Answers, Maddy explore de nouvelles contrées musicales, bien éloignées du folk. L'orientation choisie se veut dans l'air du temps, un mélange de pop et de rock FM, similaire par certains aspects au Blondie de Debbie Harry (After The Death Glory, Saboteur, Oh No). Cela veut donc dire pas de reprises, que des titres inédits composés seuls, avec ou par Rick Kemp, son mari. Ce dernier joue de la basse et prête sa voix. Il est accompagné à la batterie de Gary Wilson, musicien expérimental australien. Guitares et claviers sont tenus respectivement par Mick Dyche et Richie Close (décédé en 1991 à l'âge de 39 ans). Écrit par Kemp, Deep In The Darkest Night est sans aucune hésitation le meilleur titre de l'album. Cette splendide ballade, dont l'histoire se déroule sur un bord de mer étrange et rêveur, deviendra un titre phare du répertoire de Maddy qui non seulement l'interprétera régulièrement sur scène, mais ira jusqu'à la réenregistrer dix ans plus tard pour son album Year. En attendant, la version single bénéficie de la production et des arrangements de Dave A. Stewart d'Eurythmics tandis qu'Annie Lennox elle-même participe aux chœurs. Avec le recul, on sait que Going For Glory n'a pas conduit Maddy vers la gloire, mais il n'en demeure pas moins attrayant par son originalité et ses sonorités aujourd'hui désuètes. 

Musiciens

Maddy Prior : chant

Rick Kemp : basse, guitare acoustique, chant
Gary Wilson : batterie, percussions
Mick Dyche : guitares
Richie Close : claviers
Howard Evans : trompette, bugle
Roger Williams : trombone, tuba
Annie Lennox : chœurs, flûte
Steve King : accordéon

Titres

01. After The Death
02. Saboteur
03. Morning Girls
04. Half Listening
05. Deep In The Darkest Night
06. Oh No
07. God Squad
08. Trivial Hymn
09. Each Heart
10. Hope Lies Now
11. Pater Noster
12. Allelujah

dimanche 12 mai 2019

Sandy Denny - Sandy (1972)

Sandy Denny 1972
Sandy Denny - Sandy (1972)

Pourquoi écouter ce disque ?

En 1972, Sandy Denny est au sommet de sa carrière. Désignée deux années consécutives comme meilleure chanteuse par le Melody Maker, elle a contribué à faire de Fairport Convention une référence incontournable du folk renaissant en seulement trois albums. Elle a ensuite créé sa propre formation Fotheringay mise sur pied avec son futur époux Trevor Lucas. Elle a aussi participé à The Battle Of Evermore de Led Zeppelin, à la représentation du Tommy des Who et ouvrira les concerts américains de Genesis en 1973. Sorti dans ce contexte, Sandy, son deuxième disque solo initialement intitulé The Lady, propose un renouvellement musical visant à conquérir un plus large public. Alors que son prédécesseur The North Star Grassman And The Ravens s'inscrivait dans la continuité de ce qu'elle faisait avec Fotheringay (la plupart de ses chansons avaient été composées dans l'optique d'un deuxième disque avec ce groupe), Sandy est un album de guitares, cordes et cuivres.  Il comprend certaines des plus belles compositions de la chanteuse, comme I'll Take A Long Time, The Lady ou Listen, Listen (dont il existe une version chantée en français Ecoute, Ecoute). Si Tomorrow Is A Long Time, reprise stupéfiante d'un titre de Bob Dylan, surprend par toute la profondeur qui lui est apportée, Quiet Joys Of Brotherood, le second cover, intrigue encore plus. Chantée a cappella, cette chanson traditionnelle était à l'origine prévue pour l'album Liege & Lief de Fairport Convention. En précurseur des Kate Bush et Lisa Gerrard, Sandy s'est inspirée ici des techniques de chants folkloriques bulgares, tout en conservant la mélodie héritée de l'air traditionnel irlandais My Lagan Love. Sur la fin, le violon solitaire de Dave Swarbrick vient renforcer la dimension dramatique de cette pièce contemplative. Outre Swarb, Richard Thompson (Fairport Convention), Pat Donaldson (Fotheringay), son amie Linda Peters (future Linda Thompson), ou encore John Bundrick (Free) sont quelques-uns des musiciens ayant participé à cette petite merveille folk. 

Musiciens

Sandy Denny : chant, piano, guitare acoustique

Richard Thompson : guitares, mandoline
Pat Donaldson : basse
Tim Donald : batterie
Dave Swarbrick : violon
Pete Kleinow : pedal steel
John Bundrick : claviers     
Linda Peters : chœurs

Titres

01. It'll Take A Long Time
02. Sweet Rosemary
03. For Nobody To Hear
04. Tomorrow Is A Long Time
05. Quiet Joys Of Brotherhood
06. Listen, Listen
07. The Lady
08. Bushes And Briars
09. It Suits Me Well
10. The Music Weaver

vendredi 10 mai 2019

Judy Collins - A Maid Of Constant Sorrow (1961)

Judy Collins A Maid Of Constant Sorrow
Judy Collins - A Maid Of Constant Sorrow (1961)

Pourquoi écouter ce disque ?

Sorti en 1961, A Maid Of Constant Sorrow, tout premier album de Judy Collins, marque la naissance d'une légende incontournable du folk américain. Née le 1er mai 1939 à Seattle, Judy qui a aujourd'hui 80 ans, est toujours en activité et projette de publier un nouveau disque dans le courant de l'année 2019. Cette aînée de cinq enfants a toujours été admirative de son père aveugle, à la fois animateur de radio et chanteur, qui l'a initiée à la musique dès sa plus tendre enfance. Après avoir suivi une formation de piano classique (à 13 ans, elle joue en public un concerto de Mozart), elle troque ce noble instrument contre une simple guitare afin d'assouvir sa passion de la musique folk découverte lors de ses escapades dans les Rocheuses. Repérée lors de concerts dans les clubs de Greenwich Village, elle signe en 1960 avec Elektra son premier contrat. Fait rare dans le monde de la musique, l'artiste demeurera fidèle à ce label durant 35 ans. A Maid Of Constant Sorrow est un recueil de chansons populaires américaines à l'exception du fameux Wild Mountains Thyme, chant écossais traditionnel, de Sailor's Life, air anglais popularisé par Fairport Convention à la fin de la décennie sur le classique Unhalfbriking (1969) et de Pretty Saro qui trouve son origine dans l'Angleterre du XVIIIe siècle. Autres exceptions, Tim Evans signée Ewan MacColl, et Bold Fenian Men, toutes deux symboles des futurs combats sociaux que mènera Judy. La première fait référence à un homme accusé à tort et condamné à mort pour les meurtres de sa femme et de sa fille. La seconde est un chant contestataire irlandais. Cette révolte intérieure bouillonnante s'exprime à travers un chant expressif, à la fois pur, fragile, mais déterminé. Si A Maid Of Constant Sorrow n'est pas indispensable dans la longue discographie de l'artiste, étant parfois qualifié de naïf ou jugé inégal, il n'en demeure pas moins attachant, ouvrant en grand la voie à une immense et riche carrière musicale. 

Musiciens

Judy Collins : chant, guitare

Fred Hellerman : guitare
Erik Darling : banjo

Titres

01. Maid of Constant Sorrow
02. The Prickilie Bush
03. Wild Mountain Thyme
04. Tim Evans
05. Sailor's Life
06. Bold Fenian Men
07. Wars of Germany
08. O Daddy Be Gay
09. I Know Where I'm Going
10. John Riley
11. Pretty Saro
12. The Rising of the Moon

jeudi 9 mai 2019

Shirley Collins - Sweet England (1959)

Shirley Collins Sweet England
Shirley Collins - Sweet England (1959)

Pourquoi écouter ce disque ?

Parfois qualifiée de "trésor culturel de l'Angleterre", Shirley Collins a eu une carrière exceptionnelle. Elle fait partie des précurseurs de la renaissance folk anglaise des années 60. Son premier album, Sweet England, est paru en 1959, tandis que le dernier, Lodestar, date de 2016. Mariée à Ashley Hutchings (Fairport Convention, Steeleye Span), ils ont sorti ensemble, avec le Albion Country Band en 1971, No Roses, référence incontournable du folk rock britannique. A l'époque de Sweet England, la jeune Shirley, à peine âgée de 22 ans, est en couple avec l'Américain Alan Lomax, coproducteur du disque. Ils ont passé les dernières années à collectionner des chansons folks. Dix-huit d'entre elles d'origine anglaise, mais aussi irlandaise, néo-zélandaise et nord-américaine, ont été sélectionnées puis enregistrées en à peine deux jours. Lomax devant rentrer aux États-Unis, Shirley a conçu ce disque comme un adieu à son amant. Ces chansons d'amour et ballades, dont la durée varie de une à quatre minutes, ont été interprétées le plus simplement possible, sans fioritures. Shirley, à la voix encore jeune et naïve, se trouve seule avec son banjo, parfois accompagnée d'un guitariste ou d'un autre joueur de banjo. Les puristes lui reprocheront d'ailleurs l'emploi de cet instrument trop connoté "américain". Si Sweet England peut sembler de prime abord difficile à aborder pour des oreilles contemporaines, il faut considérer ce recueil de chants populaires comme un document historique, témoin de temps anciens qui ne sont plus. 

Musiciens

Shirley Collins : chant, banjo

John Hasted : banjo
Ralph Rinzler : guitare
Guy Carawan : guitare

Titres

01. Sweet England
02. Hares On The Mountain
03. Hori-Horo
04. The Bonny Irish Boy
05. The Tailor & The Mouse
06. The Lady & The Swine
07. Turpin Hero 
08. The Cuckoo
09. The Bonny Labouring Boy 
10. The Cherry Tree Carol 
11. Sweet William 
12. Omie Wise 
13. Blackbirds & Thrushes
14. A Keeper Went Hunting 
15. Polly Vaughan 
16. Pretty Saro 
17. Barbara Allen
18. Charlie