lundi 5 juin 2017

Judy Collins - Sings Leonard Cohen: Democracy (2004)

Judy Collins Leonard Cohen
Judy Collins - Sings Leonard Cohen:
Democracy (2004)
Les carrières de Judy Collins, célèbre chanteuse folk américaine souvent comparée à Joan Baez, et de Leonard Cohen sont intimement liées. 

Née en 1939 à Seattle, Judy découvre les chansons populaires et traditionnelles à l'âge de seize ans. C'est une véritable révélation pour celle qui se destinait à la musique classique et avait interprété un concerto de Mozart au piano dès ses treize ans. Elle décide alors de se consacrer uniquement à la musique folk  ainsi que d'apprendre à jouer de la guitare acoustique. Devenue chanteuse professionnelle en 1959, elle signe son premier album chez Elektra deux ans plus tard. Son répertoire ne comprend que des chansons folk traditionnelles, et ce jusqu'en 1966. 

Cette année-là, elle se met en quête de nouveaux horizons musicaux. Par l'intermédiaire de sa maison de disque, elle fait la rencontre du jeune Leonard Cohen, poète et compositeur canadien de cinq ans son aîné, totalement inconnu. C'est le coup de foudre artistique immédiat. Sur son album In My Life, Judy chante l'éternelle Suzanne ainsi que le non moins fulgurant Dress Rehearsal Drag. Le succès est instantané, la carrière de Cohen lancée. A la fin des années 60, ce dernier encouragera Judy qui avait jusqu'alors uniquement chantée les chansons des autres, à interpréter ses propres compositions. La première sera Since You've Asked.

Tout au long de sa (très) longue carrière, Judy reprendra régulièrement des chansons de son ami. Elle décide de lui rendre hommage en 2004 avec ce Judy Collins Sings Leonard Cohen: Democracy. Le disque se compose de trois reprises inédites spécialement enregistrée pour l'occasion (Democracy, A thousand Kisses Deep, Night Comes On) et de toute une sélection de chansons interprétées au fil des années, de 1966 à 1999. Parmi celles-ci, les désormais classiques Sisters Of Mercy, Bird On The Wire en mode country, la perle des perles Famous Blue Raincoat ou encore Song Of Bernadette dans une version live mémorable. 

Avec Jennifer Warnes à qui l'ont doit un autre album hommage au grand Leonard, Judy Collins demeure l'interprète féminine la plus légitime à interpréter ses chansons. Sa proximité avec l'artiste, sa sensibilité, sa voix si limpide donnent une dimension exceptionnelle à ces pièces poétiques entrées depuis au patrimoine culturel de l'humanité.


Musiciens


Judy Collins : chant, guitare, piano

Titres


01. Democracy
02. Suzanne
03. A Thousand Kisses Deep
04. Hey, That's No Way To Say Goodbye
05. Dress Rehearsal Rag
06. Priests
07. Night Comes On
08. Sisters Of Mercy
09. Story Of Isaac
10. Bird On The Wire
11. Famous Blue Raincoat
12. Joan Of Arc
13. Take This Longing
14. Song Of Bernadette (Live)

dimanche 4 juin 2017

Annie Haslam - Annie Haslam (1989)

Annie Haslam Moonlight Shadow
Annie Haslam - Annie Haslam (1989)
Deux ans après la séparation (provisoire) de Renaissance, Annie Haslam revient, en 1989, avec un troisième album solo simplement dénommé Annie Haslam. Annie l'appelle elle-même The Epic Album en référence à la maison de disque qui l'a signé. Sinon, les Japonais lui ont donné le nom de Moonlight Shadow, tube planétaire de Mike Oldfield que reprend ici Annie. 

Sur ce premier morceau, Annie se rapproche davantage de Kim Wilde, alors au sommet de sa gloire en cette fin de décennie, que de la Annie du Renaissance des années 70. Le son est typé années 80 et l'ambiance générale est plutôt à la pop synthétique. Malgré ce son daté, cet album mérite d'être (re)découvert car il recèle quelques beaux passages, notamment un She's The Light mystique, lumineux comme un rayon de soleil à travers un vitrail sacré. Toujours dans le domaine du religieux, The Angels Cry est une pièce émouvante composée par Justin Hayward des Moody Blues. Écrite à l'origine pour Agnetha d'Abba, il l'offrira finalement à Annie et lui fera l'amitié de venir jouer quelques notes de guitare acoustique et de participer aux chœurs. 

Produit par Larry Fast (Peter Gabriel, Bryan Ferry, Foreigner), cet album accueille une jolie brochette de musiciens talentueux parmi lesquels le violoniste David Rose, l'ex-King Crimson et Camel Mel Collins sur Let It Be Me et deux anciens de la dernière mouture de Renaissance, Raphael Rudd et le guitariste Mark Lampariello. Tous deux formeront le noyau du "Annie Haslam Band" auquel s'ajouteront le complice de toujours Rave Tesar et le batteur Joe Goldberger. C'est avec cette formation que tournera Annie, au Japon en particulier, un des seuls endroits où le disque connaîtra un certain succès. A son grand regret, Annie ne recevra aucun soutien de la maison de disque Epic et les ventes ne décolleront pas.

Avec le recul, on ne peut que regretter ce manque d'intérêt d'Epic car, sans être un chef d'œuvre intemporel, Annie Haslam est un album honorable qui clôt avec panache une décennie compliquée pour l'artiste et annonce une "renaissance" à venir des plus passionnantes.

  

Musiciens


Annie Haslam : chant

Larry Fast : claviers, batterie électronique
Justin Hayward : guitare acoustique, chant
Mark Lampariello : guitares
Peter Bliss : guitares, programmation, chant
David Rose : violon
Raphael Rudd : piano, harpe
Mel Collins : saxophone
Joe Franco : batterie, percussions
Robert Natarazzo : chant
John de Nicola : programmation

Titres


01. Moonlight Shadow
02. The Angels Cry
03. When A Heart Finds Another
04. Let It Be Me
05. She's The Light
06. Celestine
07. Further From Fantasy
08. Wishing On A Star
09. Wildest Dreams
10. One More Arrow
11. One Love

vendredi 2 juin 2017

Vakia Stavrou - Alasia (2016)

Vakia Stavrou Alasia
Vakia Stavrou - Alasia (2016)
Formée à Prague, Vakia Stavrou est une jeune artiste auteur-compositeur chypriote qui chante aussi bien en grec, qu'en anglais ou en... portugais. Ce n'est donc pas par hasard si le label Accords Croisés qui ambitionne de rapprocher les cultures, s'est intéressé à elle et a publié Alasia, un album riche en saveurs. 

Digne héritière des Billie Holiday, Ella Fitzgerald ou Cesaria Évora, Vakia propose un cocktail savamment dosé de fado, bossa nova, jazz et musique folklorique grecque. Dotée d'une voix angélique, s'adressant directement au cœur, Vakia chante l'Amour avec un grand "A", celui de la nostalgie, mais aussi des promesses oubliées. Dans cet océan de mélancolie, bien plus vaste que la douce Méditerranée entourant sa belle île de Chypre, chaque chanson n'en conserve pas moins une lueur d'espoir. Ainsi, Homa Ke Nero, Sozinha, Bellaroussa, ou encore Dia Sem Mim aux paroles signées José Luís Peixoto, un des écrivains portugais les plus brillants de sa génération, deviendront, à ne pas en douter, des classiques populaires que se transmettront les générations futures. Stay, seul titre chanté en anglais, est également de cette trempe. Vakia, littéralement habitée, l'interprète avec une telle intensité que l'on songe inévitablement à la divine Edith Piaf, il ne peut en être autrement.   

C'est à Paris que Vakia a fait la connaissance des musiciens qui l'accompagnent. Ils sont à son image : éclectiques, discrets et efficaces. Né à Cardiff, capitale du Pays de Galles, de parents brésiliens, Carlos Bernardo a grandi à Rio de Janeiro. Très jeune il apprend la guitare et se nourrit de musique jazz. Il a sorti un premier album sous son nom, Pacifico, en 1995, puis connaîtra une carrière internationale, en France notamment avec le Théâtre du Soleil. Né à La Havane (Cuba), le percussionniste Inor Sotolongo réside maintenant à Paris. Il a collaboré avec des artistes aussi brillants que Dee Dee Bridgewater, Herbie Hancock, Bonnie Raitt ou Zucchero. L'équipe est complétée par Octavio Angarita de la formation Namasté au violoncelle, et Guillaume Robert à la contrebasse.

Alasia était le nom donné à Chypre par les Grecs anciens. Dans leur imaginaire, cette île était "embrassée par la mer". Vakia a transformé ce baiser en un album splendide, d'une beauté envoûtante et mystérieuse que l'on ne peut que conseiller. 


Musiciens


Vakia Stavrou : chant, guitare

Carlos Bernardo : guitare
Inor Sotolongo : percussions
Guillaume Robert : contrebasse
Octavio Angarita : violoncelle

Titres


01. Homa Ke Nero
02. Sozinha
03. Pare Fora
04. Mais Um Beijo
05. Thalassimo Nero
06. Bellaroussa
07. Black Bossa
08. Petalouda
09. Stay
10. Dia Sem Mim
11. O Meu Peito Diz
12. Kita Me
13. Xehases
14. Pour Den Se Niazi
15. Parapono

jeudi 1 juin 2017

Davey Dodds - Kernowcopia (2017)

Davey Dodds Kernowcopia
Davey Dodds - Kernowcopia (2017)
Oyez, oyez, le légendaire Davey Dodds, chanteur historique de Red Jasper, est de retour ! Depuis 1997 et Anagramary, il n'avait plus rien enregistré après s'être réfugié dans les Cornouailles, loin de ce monde, consacrant son temps à ses deux passions, l'écriture et à la pêche.

Kernowcopia, sa première œuvre en solo, est le produit de toutes ces années d'isolement et de réflexion. A l'image de sa région d'adoption, "Kernow" signifiant Cornouailles en cornique, langue celtique locale, Kernowcopia fleure bon la nature sauvage et l'homme révolté. Davey délivre une musique folk aux consonances celtiques brutes, sans compromis. Seul l’envoûtant Merlin's Isle Of Grammary plonge ses racines dans un rock progressif symphonique flamboyant. Son étrange atmosphère oppressante n'est pas sans rappeler celle toute aussi inquiétante du Bal De Laze de Polnareff, repris par Ange sur leur album A Propos De... en 1982. Davey se métamorphose, l'espace d'un instant, en un Christian Décamps à la gouaille bien trempée.

Merlin's Isle Of Grammary est le seul titre sur lequel apparaît la guitare électrique de Robin Harrison, cofondateur de Red Jasper avec Davey. Tous les autres instruments sont acoustiques, à commencer par la harpe celtique dont il faut signaler l'excellent travail effectué par Martin Solomon, également joueur de fiddle. Outre le chant, Davey joue de la mandoline, de la flûte irlandaise et des percussions. Derrière les fûts, se tient David Clifford, autre pilier de Red Jasper. Ce même Clifford a participé à l'aventure Alchemy de Clive Nolan.

Aux côtés d'inédits, Dodds s'amuse à revisiter quelques titres emblématiques de l'époque Red Jasper. The Mappie de Sting In The Tale (1990), repris récemment par la formation folk The Unthanks sur leur album Mount The Air de 2015, Jean's Tune de A Midsummer Night's Dream (1993), Ship On The Sea et The Shaman's Song de The Winter's Tale (1994) sont de ceux-là.

Situé à la croisée des chemins entre Jethro Tull pour la musique et Fish pour la voix, Davey Dodds revient sur le devant de la scène avant tout pour son propre plaisir. Et cela s'entend !  Kernowcopia procure un rare moment de complicité entre l'artiste et l'auditeur. Welcome back !

Musiciens


Davey Dodds : chant, mandoline, tin whistle, percussions

Martin Solomon : fiddle, harpe celtique
Robin Harrison : guitare électrique, basse
David Clifford : batterie
Bradders Bluesinger : percussions
Keven Taylor : harmonica
Stephi Underdown : chœurs

Titres


01. Storm Cat Song
02. Kernowcopia
03. Contented Man
04. Jean's Tune
05. Ship On The Sea
06. The Magpie
07. Merlin's Isle Of Grammarye
08. Titchmarsh Trauma
09.The Shaman's Song
10. Shoot Of Gruffalo
11. Kick Off Your Shoes

dimanche 28 mai 2017

Heather Findlay & Chris Johnson - Live At The Cafe 68 (2012)

Heather Findlay Live At The Cafe 68
Heather Findlay & Chris Johnson -
Live At The Cafe 68 (2012)
Le 29 septembre 2011, devant un parterre d'une trentaine de privilégiés, Heather Findlay et son acolyte Chris Johnson donnent un concert acoustique au Cafe 68 de York. Ils ont la bonne idée d'enregistrer ce set disponible en CD l'année suivante.

L'ambiance est chaleureuse, voire familiale. Les deux artistes discutent, rient, boivent du vin et interprètent onze chansons extraites de leurs répertoires respectifs. Heather est au chant et aux percussions, Chris la seconde à la guitare ainsi qu'au chant. 

Le showcase débute par un Phoenix hanté que l'on retrouve sur le premier EP solo d'Heather tout juste disponible alors, The Phoenix Suite. Cette version acoustique dénudée apporte incontestablement un supplément à la version initiale plus électrique. Heather se lance ensuite dans un Caught In A Fold toujours aussi poignant. Retour à nouveau à la période Mostly Autumn avec un Blue Light interprété non pas par Chris mais par une Heather sensuelle à faire dresser les poils. Magpie, le morceau suivant, est extrait d'Offerings d'Odin Dragonfly, projet parallèle d'Heather et de sa complice de toujours Angela Gordon. Seule reprise de la soirée, Dear Someone a été composée par la chanteuse de country Gillian Welch et son mari David Rawlings. Le duo donne à cette douce ballade une couleur très "Simon & Garfunkel".   

Pour Out Of Season, Chris prend le chant principal. Ce titre était à l'origine sur l'album The Northern Country de son tout premier groupe, The Evernauts. L'interprétation est splendide et donne envie de découvrir cette formation yorkaise aujourd'hui disparue. Après Blue Light, Gaze est une autre composition de Chris pour l'album Heart Full Of Sky. Cette délicieuse chanson n'est disponible que sur la version collector du disque. Quel dommage ! Sans prévenir, Heather enchaîne avec un Evergreen qui n'a rien perdu de sa splendeur, bien au contraire. Cette version épurée à l'extrême est à tomber par terre tant la voix d'Heather atteint des sommets insoupçonnés. Uniquement chantée par Chris sur The Fabric de Parade avec Anne-Marie Helder aux chœurs, The Dogs est transformée ici en un duo où les deux voix se mêlent pour notre plus grand bonheur. Avant-dernier titre, Yellow Time, autre passage d'Offerings annonce tranquillement la fin de la soirée. Celle-ci s'achève en beauté avec un Silver Glass d'une sensibilité à fleur de peau. L'émotion est à son comble tant cette magnifique chanson que l'on retrouve à l'origine sur Heart Full Of Sky ne peut laisser insensible.

Live At The Cafe 68 est, en définitive, une sympathique curiosité proposant un survol honorable de la carrière de ces deux artistes attachants. Elle permet de mieux découvrir l'univers musical de Chris, à nouveau membre à part entière de Mostly Autumn aujourd'hui, et de suivre les pérégrinations de la douce Heather suite à son départ inattendu de cette même formation en 2010.  

Musiciens


Heather Findlay : chant, percussions
Chris Johnson : chant, guitare

Titres


01. Phoenix
02. Caught In A Fold
03. Blue Light
04. Magpie
05. Dear Someone
06. Out Of Season
07. Gaze
08. Evergreen
09. The Dogs
10. Yellow Time
11. Silver Glass

samedi 27 mai 2017

Heather Findlay - The Phoenix Suite (2011)

Heather Findlay The Phoenix Suite
Heather Findlay - The Phoenix Suite
(2011)
The Phoenix Suite, première tentative en solo de la belle Heather Findlay après son départ de Mostly Autumn, a dérouté plus d'un fan à sa sortie en 2011. Ce court EP d'une vingtaine de minutes propose cinq chansons très variées, sans véritables liens avec son ancien groupe, ni avec son projet parallèle Odin Dragonfly où officie sa complice de toujours Angela Gordon

Côté musiciens, Heather ne s'est toutefois guère éloignée de la galaxie "autumnienne". Chris Johnson, ex-Mostly Autumn et actuel Parade, s'est vu confié les guitares, la programmation, mais aussi la production et le mixage. Personnage clé de cette nouvelle aventure, Chris est un ami de longue date d'Heather ; ils ont même été colocataires à une certaine époque. En soutien à Chris, Dave Kilminster est le deuxième guitariste de l'album. Ses riffs ravageurs et son doigté exceptionnel ont déjà conquis auparavant Keith Emerson, Roger Waters, John Wetton, mais aussi Anne-Marie Helder. A la rythmique, on retrouve Steve Vantsis à la basse et le jeune Alex Cromarty à la batterie. Ce dernier a été vivement recommandé par John Spence, ingénieur du son de la plupart des albums de Mostly Autumn. Paul Cusick est le premier avec lequel il a enregistré un disque. C'était Focal Point en 2009. Depuis 2014, il est devenu le batteur attitré de Mostly Autumn. Quant à Steve, il a été recruté suite à son excellent travail sur 13th Star de Fish. 

The Phoenix Suite est une suite de chansons plaisantes, aux textes sombres, qui fait la part belle à la voix toujours aussi séduisante d'Heather. Plus proche du rock alternatif que du rock progressif, cet EP se situe quelque part entre The Fabric de Parade et le Satellite de Panic Room. A noter la pochette peinte par Heather. Son art ressemble étonnamment à celui d'une autre grande dame de la scène progressive, la doyenne de toutes, Annie Haslam (Renaissance).

Musiciens


Heather Findlay : chant, percussions

Chris Johnson : guitares, programmation, chœurs
Dave Kilminster : guitares
Steve Vantsis : basse
Alex Cromarty : batterie

Titres


01. Red Dust
02. Phoenix
03. Cellophane
04. Seven
05. Mona Lisa

vendredi 26 mai 2017

Louisa John-Krol - Alexandria (2000)

Louisa John-Krol Alexandria
Louisa John-Krol - Alexandria (2000)
Après Argo, Alexandria offre un nouvel aperçu du monde féerique dans lequel vit Louisa John-Krol. 

Pour cette deuxième production, la chanteuse australienne a de nouveau fait appel au producteur et multi-instrumentiste Harry Williamson. Cet Anglais, émigré en Australie, a collaboré dans le passé avec de grandes figures de la scène progressive comme Anthony Philipps (Genesis) ou Daevid Allen (Soft Machine, Gong). 

Très riche en références culturelles, Alexandria se présente comme un hommage aux écrivains disparus, à des lieux mythiques ainsi qu'aux légendes d'antan. Alexandria, la chanson titre, est de cette veine. Inspirée de textes du poète grec Constantin Cavafy né à Alexandrie et de John Milton, Lycidias en particulier, cette magnifique ballade éthérée est construite sur une musique remontant au XVe siècle.  

Au fil des titres, Louisa entraîne l'auditeur à la rencontre des dragons (Contradiction In The Dragon) et du dernier centaure (The Last Centaur), mais aussi au cœur de l'Australie profonde (Hide In Your Shadow, Talim Ridge) ou de lieux imaginaires sortis tout droit de son esprit (Fortress, The Valley Of Seven Keys). Elle l'initie également à la grande littérature à travers ses hommages à Ramón Pérez de Ayala (Berlamino's Dictionary), Dostoëvski (Paper Door) ou Dante (Canto IV). 

Avec Alexandria, Louisa démontre une nouvelle fois qu'elle est une artiste complète. Grâce à une imagination inspirée, elle s'est créée un univers artistique original, complètement à part, à l'instar des Grandes Dames que sont Kate Bush, Loreena McKennitt ou Lisa Gerrard. A noter que la réédition 2008 du label américain Forest Of The Fae comporte deux titres bonus, Death's Illusion et Gwyllion, non dénués d'intérêts. A bon entendeur...


Musiciens


Louisa John-Krol : chant, mandoline, percussions, claviers, guitares, ocarina

Harry Williamson : claviers, percussions, basse, harpe
Miles Alexander : batterie
Stephen Robinson : cor, hautbois
Rüdiger Gleisberg : piano

Titres


01. Alexandria
02. Contradiction In The Dragon
03. Hide In Your Shadow
04. Fortress
05. Talim Ridge
06. Belarmino's Dictionary
07. Paper Door
08. Ariel's Flight
09. The Valley Of Seven Keys
10. Madame Alchemier
11. Canto IV
12. The Last Centaur
13. Death's Illusions
14. Gwyllion

jeudi 25 mai 2017

Liv Kristine - Deus Ex Machina (1998)

Liv Kristine Deus Ex Machina
Liv Kristine - Deus Ex Machina (1998)
Liv Kristine est une chanteuse norvégienne célèbre pour avoir été membre successivement de deux formations phares de la scène metal : Theatre of Tragedy puis Leaves' Eyes avec son mari de l'époque, Alexander Krull. En parallèle, elle a mené une carrière en solo et a publié sous son seul nom cinq albums jusqu'à ce jour. Deux Ex Machina, sorti en 1998, est le premier d'entre eux.

Ce disque est une véritable surprise puisqu'il propose de découvrir une nouvelle facette artistique de Liv, bien éloignée de ce qu'elle proposait jusqu'alors avec Theatre of Tragedy. Ambiances oniriques et mélancoliques sont au rendez-vous, baignées par une voix majestueuse à la fragilité délicieuse. S'il fallait faire des comparaisons, on pourrait dire que Liv se situe à la croisée des chemins entre Enya et... Mylène Farmer. 

A l'instar de sa compatriote Kari Rueslåtten qui elle aussi a sorti son premier opus solo l'année précédente, Liv puise son inspiration dans sa terre ancestrale et ses légendes féeriques. Portrait: Ei Tulle Med Øyne Blå est une berceuse remise au goût du jour, que lui chantait sa grand-mère dans son enfance. Quant à Huldra, il s'agit d'une courte pièce musicale en écho aux forêts magiques de la Scandinavie. Toutes deux sont interprétées dans sa langue natale. Les autres titres, plus dans l'air du temps, sont chantés en anglais. Sur l'excitant 3 am, Liv s'offre même le luxe de convier le charismatique Nick Holmes de Paradise Lost aux vocaux. 

Neuf longues années seront nécessaires pour donner une suite à ce Deus Ex Machina hypnotique. Il faut dire qu'entre temps, Liv a connu un parcours mouvementé puisque, après d'être fait virée de Theater of Tragedy en 2003, elle s'est investie corps et âme dans son nouveau projet Leaves' Eyes, avant d'en être également éjectée en 2016. Mais il s'agit là d'une autre histoire...

Musiciens


Liv Kristine : chant

Günther Illi : guitares, claviers, basse, percussions, programmation
Nick Holmes : chant
Stefan Müller-Ruppert : chant

Titres


01. Requiem
02. Deus Ex Machina
03. In The Heart Of Juliet
04. 3 am
05. Waves Of Green
06. Take Good Care
07. Huldra
08. Portrait: Ei Tulle Med Øyne Blå
09. Good Vibes Bad Vibes
10. Outro

mercredi 24 mai 2017

Kari Rueslåtten - Spindelsinn (1997)

Kari Rueslatten Spindelsinn
Kari Rueslåtten - Spindelsinn (1997)
Avec Spindelsinn, son premier opus solo, la chanteuse norvégienne Kari Rueslåtten surprend son monde en s'éloignant littéralement des territoires musicaux de son ancien groupe The 3rd and the Mortal. 

Cette petite merveille disponible dès 1997 a été conçue comme un concept album célébrant à la fois le folklore norvégien et la nature majestueuse dans laquelle il puise son inspiration. Toutefois, ce n'est pas une œuvre passéiste ou nostalgique. Bien au contraire, ce Spindelsinn est bien ancré dans son temps, les légères touches electro aux côtés des instruments traditionnels ou à cordes sont là pour le rappeler. 

Kari chante divinement bien, et ce, exclusivement dans sa langue natale. Dotée d'une savoureuse voix de cristal riche en couleurs, elle transmet toute une large palette d'émotions intenses. Sa musique respire les fjords norvégiens, les étendues sauvages et les forêts enchantées aux mille légendes. On pense à Enya (Skogens Kjole), Kate Bush (Agatha), Tori Amos (Jeg Kommer Inn) ou Björk (Hør Min Sang).

Il est bien loin le temps où Kari et ses 3rd and the Mortal apparaissaient en pionniers de la scène metal en mettant en avant une voix féminine enchanteresse. C'était en 1992. Ils seront très vite rejoints par leurs compatriotes Theatre of Tragedy puis par les Néerlandais de The Gathering. Vingt ans plus tard, les trois chanteuses de ces formations, Kari, Liv Kristine et Anneke van Giersbergen, se retrouveront sous le doux nom de The Sirens.  



Musiciens


Kari Rueslåtten : chant, piano

Børge Petersen Øverleir : guitare
Kai Priddy : guitare
Rune Arnessen : percussions
Annbjorg Lien : hardingfele
Hans-Josef Groh : violoncelle
Atle Sponberg : violon
Vegard Johnsen : violon
Dorthe Dreier : alto
Jan Olav Martinsen : cor

Titres


01. I Månens Favn
02. Spindelsinn
03. Skogens Kjole
04. Agatha
05. Trollferd
06. Vintersol
07. Jeg Kommer Inn
08. Hør Min Sang
09. Som Av Meg
10. Nordnatt

samedi 20 mai 2017

Anneke van Giersbergen - Everything Is Changing (2012)

Anneke van Giersbergen Everything Is Changing
Anneke van Giersbergen -
Everything Is Changing (2012)
2012, année du changement et c'est maintenant pour Anneke van Giersbergen. Débarrassée de l'encombrant patronyme "Agua de Annique", son nouvel opus Everything Is Changing sort sous son seul nom. Telle un papillon, la douce Anneke est sortie de sa chrysalide et s'assume pleinement.  

Après un succulent In Your Room à l'ambiance très pop suivi de diverses expériences musicales extrêmes, du conte pour enfants De Beer Die Geen Beer Was aux seigneurs du grindcore Napalm Death, Anneke retrouve un son plus heavy. Everything Is Changing propose une musique romantique, sombre et mélancolique, bourrée d'énergie positive.

Cette touche de maturité, on la doit notamment à Daniel Cardoso, totalement investi dans ce projet puisqu'il en est le producteur. Ce musicien d'origine portugaise, mieux connu maintenant grâce à sa collaboration avec Anathema, a également participé au mixage et à l'écriture de l'album. Multi-instrumentiste, il y joue des claviers, de la guitare et de la basse. D'autres musiciens accompagnent le duo van Giersbergen/Cardoso dont son batteur de mari Rob Snijders, présent depuis Air, ainsi que certaines figurent de la scène metal symphonique néerlandaise : Ruud Jolie (Within TemptationMaiden UniteD), Dennis Leeflang (Within Temptation, Epica), et René Merkelbach (Within Temptation, Ayreon). 

C'est à ce dernier que l'on doit la magnifique ballade piano/voix Circles. Sur ce titre, Anneke atteint des sommets incommensurables, tant sur le plan émotionnel que technique. Sa prestation la rend digne héritière des Kate Bush, Tori Amos ou Annie Haslam. D'autres moments forts traversent ce disque tout en puissance, que ce soit le flamboyant My Boy dédié à son fils, la chanson titre Everything Is Changing ou un Too Late "rentre dedans" aux guitares bien grasses. 

Cinq ans après son départ de The Gathering, Anneke continue son bonhomme de chemin en construisant une carrière aux multiples facettes. Loin de lasser son public, elle ne cesse de le surprendre par une créativité toujours bien inspirée semblant illimitée.


Musiciens


Anneke van Giersbergen : chant

Daniel Cardoso : claviers, guitares, basse
Rob Snijders : batterie
Dennis Leeflang : batterie
Ruud Jolie : guitares
Ferry Duijsens : guitares
Joost van Haaren : basse
René Merkelbach : claviers, piano
Camilla van der Kooij : violon

Titres


01. Feel Alive
02. You Want To Be Free
03. Everything Is Changing
04. Take Me Home
05. I Wake Up
06. Circles
07. My Boy
08. Stay
09. Hope, Pray, Dance, Play
10. Slow Me Down
11. Too Late
12. 1000 Mile Away From You