Frontwoman de Touchstone depuis 2007, Kim Seviour a pris la difficile décision de quitter son groupe d'adoption en 2015, suite à des problèmes de santé. Pour autant, elle ne s'est pas retirée de la scène musicale. Fantasise To Realise est son premier single annonçant un futur album solo encore à paraître.
Loin des routes du progressif, il se situe à la croisée des chemins entre musique de dancefloor et AOR pêchu balancé par les riffs acérés de John Mitchell, le célèbre guitariste d'Arena. John est coproducteur du disque avec Chris Hillman. Tous deux sont les fondateurs du nouveau label White Star Records dont Fantasise To Realise est la deuxième production (après The Nostalgia Factory, premier EP solo de... John Mitchell sur lequel figure... Kim Seviour).
Ce titre a été composé par un certain Marc Swordfish, membre d'Astralasia, formation electro apparue au début des années 90. Il a également collaboré sur les confidentiels Enchanted Garden (2004), Spindle (2006) et The Whorl (2006) de Judy Dyble, ancienne chanteuse de Fairport Convention. A noter qu'Astralasia est signé sur le label Magick Eye Records, dont le propriétaire n'est autre que... Chris Hillman.
Comme à son habitude, Kim se fait avant tout plaisir et s'amuse à sortir des sentiers battus avec cette chanson qui a de sérieux atouts pour devenir un tube dans les night-clubs.
Musiciens
Kim Seviour : chant
John Mitchell : instruments, chœurs
Après quinze ans d'existence, Stream Of Passion, c'est fini. Marcela Bovio, sa chanteuse d'origine mexicaine, se lance dans une carrière solo. Found!, son premier single, est tout simplement excellent.
Marcela ne s'était jamais limitée à son seul groupe de metal progressif. Elle a toujours multiplié les apparitions et on a ainsi pu l'entendre sur le dernier Ayreon, The Theater Equation aux côtés d'Anneke van Giersbergen et d'Heather Findlay, mais aussi avec Ion (Madre, Protégenos), The Gathering (The West Pole, City From Above), Computer Mind (The Aspie Project) ou Maiden United (Remembrance).
Pour Found!, la surprise est de taille puisqu'elle est uniquement accompagnée d'un quatuor à cordes. Basé à Amsterdam, The Dudok Quartet est composé de Judith van Driel (violon), Marleen Wester (violon), Lotte de Vries (alto) et David Faber (violoncelle), le seul garçon de la formation.
Les deux titres, Found! aux accents dramatiques, et Dine, plus léger, chanté en espagnol, ont été produits et mixés par Joost van den Broek. Les fans d'Ayreon reconnaîtront, à ne pas en douter, ce fidèle d'Arjen Lucassen qui a tenu les claviers sur les albums The Human Equation (sur lequel chantait déjà une certaine... Marcela Bovio) et 01011001. Sur le monumental The Theater Equation, Arjen lui a même confié la délicate mission de la direction artistique.
Avec Found!, Marcela, bien entourée, offre un avant goût de son premier album en solo intitulé Unprecedented qui se présente sous les meilleurs auspices. A suivre...
Musiciens
Marcela Bovio : chant
The Dudo Quartet
Judith van Driel : violon
Marleen Wester : violon
Lotte de Vries : alto
David Faber : violoncelle
Un vent d'Est souffle sur le metal symphonique. En provenance d'Estonie, Emphasis s'impose d'emblée parmi les plus grands avec son premier album intitulé Revival. Si le chant lyrique de sa chanteuse Anna Ganina laisse de suite penser au Nightwish de l'époque Tarja, la complexité rythmique ainsi que l'utilisation d'un saxophone sur le titre Every Time fait plutôt écho à Dream Theater.
Formé en 2010, à Tallinn, capitale de ce petit pays balte, Emphasis est d'abord un trio composé du guitariste et producteur Pavel Korotaev, du claviériste Vsevolod Chelepeace, ainsi que de la bassiste et parolière Katya Gritskova. Celle-ci a signé les paroles des trois premiers titres de l'album : On The Wings Of Freedom, Running Man et Blind Faith. Très vite, le batteur Sergey Struts les rejoint. En 2012, le second guitariste Maxim Spiridonov fait son entrée, suivi l'année suivante par Anna Ganina, cerise sur le gâteau.
Revival a nécessité quatre années de travail. Tout a été réalisé en Estonie, y compris le magnifique artwork intérieur et extérieur, que l'on doit à la photographe Lika Nakolyshkina. En revanche, la distribution internationale est assurée par le label italien Underground Symphony spécialisé dans ce genre de musique depuis 1994. On retrouve sur son catalogue des groupes comme Labyrinth, Skylart ou White Skull.
Avec des titres puissants parmi lesquels On The Wing Of Freedom bénéficiant de l'apport aux claviers du virtuose Sergey Boykov du groupe de metal Vital Science, Death Itself et sa langoureuse ouverture au piano suivi d'un chant s'inscrivant dans la droite lignée des premiers Nightwish, ou encore Emptiness ne laissant aucun répit, Revival possède de sérieux atouts de séduction.
Emphasis et ce premier disque s'adressent donc en priorité aux fans de Nightwish, Within Temptation ou Epica, mais ils peuvent également intéresser tous les curieux qui cherchent à sortir des sentiers battus et à écouter ce qui se fait dans ces petits pays d'Europe riches en talents.
Sergey Boykov : claviers
Taavi Toomsalu : saxophone
Titres
01. On The Wings Of Freedom
02. Runnning Man
03. Blind Faith
04. Death Itself
05. Every Time
06. Hate Is All You Left For Me
07. Emptiness
08. Shadow Falls
09. Emptiness (Radio Edit)
En 2009, pour son 'Return To Eden' Tour, le groupe culte Ultravox nouvellement reformé dans sa formation classique des années 80 (comprenant Midge Ure, Chris Cross, Warren Cann et Billy Currie), confie à Anne-Marie Helder la délicate mission d'ouvrir la première partie de leurs concerts, lors de leur tournée dans les îles britannique. Rien de plus difficile que cet exercice qui consiste, en un temps limité, à conquérir un public pas forcément acquis, venu voir la tête d'affiche. Anne-Marie est une femme qui aime les défis et se lance seule, avec sa guitare acoustique 6 cordes, dans cette aventure.
D'abord disponible uniquement en téléchargement, Solo Live est vendu par la suite sous forme de CD. Il s'agit du concert donné le 28 avril 2009 au Portsmouth Guildhall devant... 2500 personnes !
Anne-Marie interprète cinq titres inédits, que l'on ne retrouve ni sur The Contact, son premier album solo, ni ailleurs. En quelques minutes, elle envoûte littéralement son assemblée qui lui fait un accueil des plus enthousiastes. Il faut dire que son charisme en impose sur scène, et qu'elle n'est pas du genre à se laisser impressionner par tant de monde, du moins en apparence.
Elle commence donc son set par Hadditfeel, une chanson a cappella rythmée par les petits battements sur la table d'harmonie de sa guitare. La voix est assurée, aucun tremblement, une ambiance conviviale s'installe. Puis vient Dominoes, composition plus agressive sur laquelle le chant rappelle celui de Dolores O'Riordan des Cranberries. Retour au calme avec Pace dont la dimension sacrée, religieuse évoque une grande dame du folk, à savoir Joan Baez. StarbuckStar, aux allures de pop song, se veut une satire de ces individus dont le seul désir est de devenir célèbre, quelques soient les moyens. Enfin, le show se termine par The Grace In You, ode à l'Amitié. Mission accomplie, le public l'ovationne.
Artiste authentique, Anne-Marie Helder mène une carrière enthousiasmante qui ne cesse de surprendre. Que ce soit en solo, au sein de Panic Room, Luna Rossa, Mostly Autumn, voire de New Dance Orchestra avec Geoff Downes, elle se trouve toujours là où on ne l'attend pas. Jusqu'à présent, elle a réalisé un parcours sans faute, ce qui fait d'elle une des valeurs sûres de la scène rock (prog mais pas seulement) britannique.
Musicienne
Anne-Marie Helder : chant, guitare
Titres
01. Haddifteel
02. Dominoes
03. Pace
04. StarbuckStar
05. The Grace In You
Sous sa forme originale McShee-Jansch-Renbourn-Thompson-Cox, l'aventure Pentangle n'aura duré que six ans, de 1967 à 1973. Six années durant lesquelles ces pionniers du folk électrique aux côtés de Fairport Convention, ont fourni six albums de haute tenue.
C'est pour commémorer le quarantième anniversaire de l'un d'entre eux, Sweet Child, que les cinq musiciens décident en 2008 de remonter sur scène. Cette mini-tournée britannique les conduira de Londres à Cardiff, en passant par Liverpool, Manchester, Glasgow ou Cambridge. Ils n'avaient plus donné de concerts ensemble depuis 1973, mais l'alchimie était toujours présente, comme s'ils ne s'étaient jamais séparés. Les deux CD de Finale témoignent de ces meilleurs moments.
Vingt-et-un titres ont été retenus. La période Pentangle (1968) - Sweet Child (1968) - Basket Of Light (1969) est la mieux représentée. En revanche, seuls deux titres de Cruel Sister ont été interprétés : A Maid That's Deep In Love, et Cruel Sister, toujours aussi dramatique. Symboliquement, le set démarre avec Let No Man Steal Your Thyme, premier titre du tout premier allbum Pentangle. Puis, les classiques inoubliables s'enchaînent avec une aisance toute naturelle teintée de nostalgie : Basket Of Light, House Carpenter, I've Got A Feeling ou bien encore Sally Free And Easy qu'avait également repris en son temps Trees sur l'album On The Shore.
Les musiciens sont dans une forme olympique. Ils se font plaisirs et cela s'entend, notamment à travers quelques soli bien placés comme sur In Time où Terry Cox démontre de quoi il est capable avec ses baguettes, ou sur Pentangling durant lequel la contrebasse de Danny Thompson se révèle époustouflante entre les doigts de son maître.
Comme d'habitude, si l'on peut dire, le chant est partagé entre McShee, Jansch et Renbourn. Bien évidemment, et pour notre plus grand plaisir, Jacqui se taille la part du lion. Si le ton se trouve un poil plus bas à cause du poids des années, la performance n'en demeure pas moins exceptionnelle. Sur Sally Free And Easy, les vocalises de Jacqui en arrière-plan évoquent même une certaine Annie Haslam, autre grande dame des années 70 et au-delà.
Après cette tournée, il n'y aura plus de réunion de Pentangle. Jansch et Renbourn s'éteindront successivement en 2011 et 2015. Finale est dédié à la mémoire de ces deux musiciens intemporels.
Musiciens
Jacqui McShee : chant
Bert Jansch : guitare, banjo, chant
John Renbourn : guitare, sitar, chant
Danny Thompson : contrebasse
Terry Cox : batterie, glockenspiel, chant
Titres
1.01. Let No Man Steal Your Thyme
1.02. Light Flight
1.03. Mirage
1.04. Hunting Song
1.05. Once I Had A Sweetheart
1.06. Market Song
1.07. In Time
1.08. People On The Highway
1.09. House Carpenter
1.10. Cruel Sister
2.01. The Time Has Come
2.02. Bruton Town
2.03. A Maid That's Deep In Love
2.04. I've Got A Feeling
2.05. The Snows
2.06. Goodbye Pork Pie Hat
2.07. No More My Lord
2.08. Sally Free And Easy
2.09. Wedding Dress
2.10. Pentangling
2.11. Will The Circle Be Unbroken
Successeur de Basket Of Light, Cruel Sister n'a pas rencontré le même succès. Ce sera même un échec commercial. Pourtant, avec cet album qui mérite largement d'être réhabilité aujourd'hui, Pentangle est au sommet de sa création artistique.
Pour la première fois, le groupe ne reprend que des chansons folkloriques traditionnelles. Il n'y a aucune composition personnelle. Mais, et c'est là tout son talent, Pentangle a cette capacité comme nul autre de se réapproprier d'ancienne reliques poussiéreuses en leur apportant une touche à la fois contemporaine et personnelle qui leur donne ainsi une nouvelle dimension. L'utilisation de toute une gamme d'instruments pittoresques tels que la contrebasse, la flûte, le dulcitone, le dulcimer, le sitar, le triangle ou encore le concertina, contribue à donner cette touche d'originalité. La guitare électrique, jouée par John Renbourn, fait aussi son apparition. Là aussi, c'est une première.
Cruel Sister s'ouvre avec un A Maid That's Deep In Love illuminé par le chant aérien de Jacqui McShee. Cette chansons raconte l'histoire truculente d'une jeune femme déguisée en mousse afin de suivre son amoureux de marin en mer. Il va lui arriver bien des mésaventures, notamment avec le capitaine du navire...
When I was In My Time est une délicate ballade chantée a cappella par Jacqui. Incontestablement, sa voix est une des plus belles de sa génération. Du pur bonheur !
John Renbourn lui succède au lead sur Lord Franklin, connue également sous le titre de Lady Franklin's Lament. L'intervention au second plan de Jacqui renforce l'aspect fantomatique de cette triste romance. Elle relate l'histoire d'un marin dont les rêves mettent en scène Lady Franklin pleurant la mort de son mari. Lord Franklin a réellement disparu en 1845 alors qu'il explorait la route reliant l'océan Atlantique à l'océan Pacifique à travers l'océan Arctique, au nord du Canada. Barbara Dickson en livrera aussi une poignante version sur son album Time & Tide en 2008.
Retour au chant principal pour Jacqui et l'intrigant Cruel Sister qui a donné son titre à l'album. Elle y narre le meurtre d'une jeune adolescente par sa sœur aînée suite à une simple rivalité amoureuse. Tout un programme...
A l'époque des disques vinyles, Jack Orion, long des ses dix-huit minutes, occupait l'intégralité de la face B. Cette fois-ci, c'est Bert Jansch au chant principal accompagné de Jacqui. Il joue le rôle de Jack Orion et du Page, Jacqui celui de la Princesse. Ce drame est le cas typique d'un triangle amoureux dont l'issue n'est jamais réjouissante. Avant Pentangle, Jansch avait déjà interprété ce titre sur son album solo, déjà avec Renbourn. Cette nouvelle version étendue propose différentes sous-parties comportant des ruptures de rythme sans que la cohésion de l'œuvre ne soit remise en cause. Guitare électrique, flûte, dulcitone s'y côtoient le plus naturellement du monde. N'oublions pas que nous sommes en 1970, à la genèse du rock progressif où tout restait encore à inventer grâce à une liberté de création sans limite, ou presque, souvent au détriment de l'aspect commercial. Il était encore de bon ton d'oser...
Cruel Sister est incontestablement une réussite. Il demeure encore aujourd'hui un des meilleurs albums de Pentangle et mérite d'être (re)découvert. Mostly Autumn, Iona, Karnataka sont les héritiers actuels de ce mouvement précurseur qui, outre Pentangle, incluait également Fairport Convention, Steeleye Span et Trees.
Musiciens
Jacqui McShee : chant
John Renbourn : guitares, sitar, flûte, chant
Bert Jansch : dulcimer, concertina, flûte, chant
Danny Thompson : contrebasse
Terry Cox : batterie, percussions, dulcitone
Titres
01. A Maid That's Deep In Love
02. When I Was In My Prime
03. Lord Franklin
04. Cruel Sister
05. Jack Orion
Si l'on considère que Fairport Convention, c'est la rencontre entre le folk et le rock, que Renaissance est celle du folk et de la musique classique, alors on peut dire que pour Pentangle, c'est celle du folk et du jazz.
Formé en 1967 par le duo de guitaristes virtuoses Bert Jansch et John Renbourn avec la chanteuse Jacqui McShee, la formation initiale est également constituée d'une section rythmique provenant du blues et du jazz : Danny Thompson à la contrebasse et Terry Cox à la batterie.
En 1968, Pentangle signe chez Transatlancic Records. Deux albums (Pentangle et Sweet Child) voient le jour cette même année. Ils rencontrent alors seulement un succès d'estime. Aussi inattendu que cela puisse paraître, l'album suivant, Basket Of Light, disponible en 1969, se classe à la cinquième place des charts britanniques. Il faut dire qu'il contient le single Light Flight choisi comme générique d'une série TV extrêmement populaire outre-Manche.
Le reste de l'album est un savant dosage entre des chansons folks anglo-saxonnes (Once I Had A Sweetheart, House Carpenter), la reprise d'une chanson populaire des années 60 (Sally Go Round The Roses), une berceuse (The Cuckoo), des pop songs efficaces (Springtime Promises, Train Song dont les paroles ont donné le titre à l'album) et des compositions d'inspiration médiévale. Passionné par cette période historique, Renbourn est à l'origine du très monacal Lyke-Wake Dirge basé sur un ancien poème évoquant l'élévation de l'âme après la mort, et de Hunting Song narrant les mésaventures d'une corne à boire magique aux temps des Chevaliers de la Table ronde et de son légendaire Roi Arthur.
Si le chant principal est tenu par une Jacqui McShee à la voix cristalline, elle est contrebalancée sur certains titres par Renbourn (Springtime Promises, Lyke-Wake Dirge, Hunting Song, Sally Go Round The Roses) ou Jansch (Train Song, Train Song, House Carpenter). Exigeants avec eux-mêmes, chaque musicien n'oublie par d'ajouter sa touche d'originalité à travers l'utilisation d'instruments peu usités tels que la contrebasse pour Thompson, le glockenspiel pour Cox, le banjo sur House Carpenter pour Jansch, ou encore le sitar donnant une légère touche orientale pour Renbourn.
Il est toujours difficile pour une jeune formation de donner une suite à un album à succès. Qu'en sera-t-il pour Pentangle ?
Musiciens
Jacqui McShee : chant
John Renbourn : chant, guitare, sitar
Bert Jansch : chant, guitare, banjo
Danny Thompson : contrebasse
Terry Cox : batterie, percussions, glockenspiel
Titres
01. Light Flight
02. Once I Had A Sweetheart
03. Springtime Promises
04. Lyke-Wake Dirge
05. Train Song
06. Hunting Song
07. Sally Go Round The Roses
08. The Cuckoo
09. House Carpenter
Sorti en 1973, Ashes Are Burning marque le début de l'âge d'or de Renaissance qui s'étendra jusqu'en 1978 et A Song For All Seasons.
Durant toute cette période, Renaissance sera constitué des mêmes musiciens, à savoir Annie Haslam à la voix unique, John Tout et son piano magique, Jon Camp émule de Chris Squire, et le percussionniste de talent Terence Sullivan. Si Michael Dunford n'est pas encore considéré comme un membre à part entière du groupe sur ce disque, il le deviendra à sa sortie et en demeurera un des piliers incontournables jusqu'à son décès en 2012.
Pour l'heure, c'est lui qui signe toutes les compositions avec la parolière Betty Thatcher, à l'exception de On The Frontier. Ce titre est une reprise de Shoot, nouvelle formation de Jim McCarty, le fondateur de Renaissance. Ainsi, la nouvelle génération rend un dernier hommage à son mentor parti voguer vers d'autres horizons.
Dunford apporte la touche ultime qui fera toute l'originalité de Renaissance par rapport à ses contemporains : l'utilisation de la seule guitare acoustique. En effet, exit la guitare électrique jouée précédemment par Rob Hendry. Désormais, la basse demeurera le seul instrument électrique. Grâce au jeu mélodique de Camp, elle occupera rapidement une place centrale dans l'architecture musicale.
Ceci dit, c'est déjà le cas sur le titre Ashes Are Burning. Au moment du final, elle est toutefois mise en concurrence avec une guitare électrique exceptionnellement présente. Exécuté par Andy Powell de Wishbone Ash, ce dernier livre ici un des plus beaux soli de toute sa carrière. Autre grand moment, l'envolée lyrique d'Annie qui semble vouloir aller au-delà de ses capacités vocales. Véritable feu d'artifice, Ashes Are Burning deviendra sur scène un des classiques du groupe souvent joué en rappel.
Autre nouveauté, pour la première fois un orchestre classique fait son apparition. Composé d'un ensemble de vingt-deux pièces (instruments à cordes et à vent), il intervient de manière subtile sur Can You Understand, synthèse parfaite entre musique folk et rock symphonique. Un vent d'est d'origine russe plane également sur cette chanson d'ouverture, longue de près de dix minutes.
Carpet Of The Sun est le deuxième titre sur lequel l'orchestre est présent. Par son aspect "flower power" légèrement naïf, il fait office de single idéal. Les paroles de Betty Thatcher font référence au questionnement innocent d'un enfant qui lui demandait si le gazon du jardin était un tapis. Elle lui répondit qu'effectivement, c'était le tapis du soleil.
Si Let It Grow n'est rien d'autre qu'une simple ballade agréable joliment ficelée, At The Harbour est à découvrir absolument. Par sa noirceur, il annonce l'album suivant Turn Of The Cards. Commençant et se terminant avec quelques notes de La Cathédrale Engloutie de Debussy, l'histoire relatée est celle d'un navire à la dérive, perdu dans l'océan, sans espoir, et des femmes angoissées sur le port, guettant le retour de leurs mari(n)s, pleines d'espoir.
Ashes Are Burning est le premier album de Renaissance à obtenir un certain succès outre-Atlantique. Il se trouvera même classé dans les charts. En revanche, le Vieux Continent restera beaucoup plus réfractaire à ce groupe pourtant tout aussi créatif que Pink Floyd, Genesis, Yes ou King Crimson. Le fait que ce soit une femme au chant lui aurait-il été préjudiciable ? On ose espérer que non...
Musiciens
Annie Haslam : chant
John Tout : clavier, chant
Jon Camp : basse, guitare, chant
Terence Sullivan : batterie, percussions, chant
Michael Dunford : guitare acoustique
Andy Powell : guitare électrique
Titres
01. Can You Understand
02. Let It Grow
03. On The Frontier
04. Carpet Of The Sun
05. At The Harbour
06. Ashes Are Burning
D'après le dictionnaire Larousse, un prologue est ce qui annonce, prépare quelque chose. Sorti en 1972, Prologue annonce parfaitement l'orientation musicale à venir du nouveau Renaissance : un savant dosage de classique, de folk et de progressif.
Ce troisième album ne comprend plus aucun membre fondateur. Si Jim McCarty apparaît encore comme co-auteur sur deux titres (Kiev et Bound For Infinity), il n'est plus présent dans le groupe qu'il a formé en 1969, avec Keith Relf, sa sœur Jane, John Hawken et Louis Cennamo.
Repris en main en 1971 par son nouveau manager Miles Copland, frère aîné de Stewart Copland de The Police, Renaissance s'appuie désormais sur ses deux piliers que sont le pianiste John Tout, arrivé à la toute fin de l'année 1970, et Annie Haslam, chanteuse à la la voix d'or pouvant atteindre les 5 octaves, engagée au tout début de l'année 1971.
Le bassiste Jon Camp, successeur notamment de John Wetton, le batteur Terence Sullivan et le guitariste Rob Hendry font leur entrée en 1972. Hendry ne restera pas longtemps après la sortie du disque. Il réapparaîtra aux côtés de Sandy Denny lors de sa dernière tournée en 1977 (cf Gold Dust).
En coulisse, deux personnages clés de l'histoire du groupe sont actifs : Michael Dunford, guitariste de son état, et compositeur de quatre des six titres, et la parolière Betty Thatcher. Retirée dans les Cornouailles, elle ne correspondait avec les musiciens uniquement par voie postale. C'est ainsi qu'elle leur faisait parvenir ses textes.
L'ombre de Bach, Chopin et Rachmaninov plane sur ce disque enivrant à la pochette signée des mythiques studios Hipgnosis (Pink Floyd, Led Zeppelin...). Premier enregistrement d'Annie Haslam qui était encore peu chanteuse de cabaret, il annonce sa fulgurante carrière. Le meilleur est donc encore à venir. Ce n'est qu'un prologue...
Musiciens
Annie Haslam : chant, percussions
John Tout : claviers, chant
Rob Hendry : guitares, mandoline, percussions, chant
Jon Camp : basse, tampura, chant
Terry Sullivan : percussions
Francis Monkman : claviers
Titres
01. Prologue
02. Kiev
03. Sounds Of The Sea
04. Spare Some Love
05. Bound For Infinity
06. Rajah Khan
D'entrée, sa pochette intrigue avec cette petite fille jetant de l'eau dans un parc. Elle est l'œuvre de Storm Thorgesen d'Hipgnosis. Lui et sa société deviendront mondialement célèbre pour leur travail avec Renaissance, Led Zeppelin et, surtout, Pink Floyd. En réalité, la jeune fille se nomme Katherine Meehan, elle n'est autre que la fille de Tony Meehan, ancien batteur de Cliff Richard au sein des Shadows.
A l'image de cette pochette, On The Shore est bien plus sombre que son prédécesseur duquel se dégageait une certaine légèreté, voire naïveté. Néanmoins, il est bien plus abouti grâce à des compositions qui ont gagné en maturité. Bias Boshell en signe trois, dont une avec David Costa, Fool à l'excellent jeu de guitare. Les deux autres sont While The Iron Is Hot qui évoque les grèves minières du siècle précédent, et Murdoch. Incontestablement une des meilleures de l'album, cette chanson a été composée dans la maison de sa mère au Pays de Galles, suite à un rêve. Elle trouve son inspiration dans la nature environnante encore à l'état sauvage du nord de cette région. Ironie de l'histoire, la maison sera rachetée quelques années plus tard par Celia Humphris et son mari.
Sally Free And Easy, l'épique de l'album dépassant les dix minutes, est à l'origine une composition du chanteur folk Cyril Tawney. Introduite au piano par Boshell, elle a été enregistrée en une seule prise avec Tony Cox, le producteur, à la basse. Seule la seconde voix de Celia a été ajoutée ultérieurement. D'ailleurs, elle figure toujours parmi ses favorites aux côtés The Garden Of Jane Delawney et Snail's Lament du précédent disque.
Les six titres restants sont des chansons traditionnelles comme Adam's Toon composée par un troubadour au XIIIe siècle, ou Soldiers Three avec ses paroles en ancien français, datant de l'époque élisabéthaine. Dave Swarbrick l'avait auparavant enregistrée avant d'intégrer Fairport Convention.
On The Shore est un album à la fois folk, psychédélique et progressif. Contrairement aux autres formations contemporaines, la guitare électrique occupe bien plus d'espace. L'ensemble est porté par Celia Humphris. Souvent située à juste titre entre Sandy Denny et Annie Haslam, sa voix est divine.
Le groupe se séparera peu de temps après sa sortie. Une nouvelle mouture officiera jusqu'en 1973 sans Boshell ni Brown, mais aucun autre album ne sera enregistré. Par la suite, Celia se mariera et fondera une famille. Elle fera de rares réapparitions comme en 2009, sur le magnifique Talking With Strangers de Judy Dyble, aux côtés de Jacqui McShee.
Musiciens
Celia Humphris : chant
Barry Clarke : guitares
David Costa : guitares, dulcimer
Bias Boshell : basse, piano, guitare, chant
Unwin Brown : batterie, percussions, chant
Tony Cox : basse
Michael Jefferies : harpe
Titres
01. Soldiers Three
02. Murdoch
03. Streets Of Derry
04. Sally Free And Easy
05. Fool
06. Adam's Toon
07. Geordie
08. While The Iron Is Hot
09. Little Sadie
10. Polly On The Shore