mardi 1 novembre 2016

Emphasis - Revival (2016)

Emphasis Revival
Emphasis - Revival (2016)
Un vent d'Est souffle sur le metal symphonique. En provenance d'Estonie, Emphasis s'impose d'emblée parmi les plus grands avec son premier album intitulé Revival. Si le chant lyrique de sa chanteuse Anna Ganina laisse de suite penser au Nightwish de l'époque Tarja, la complexité rythmique ainsi que l'utilisation d'un saxophone sur le titre Every Time fait plutôt écho à Dream Theater. 

Formé en 2010, à Tallinn, capitale de ce petit pays balte, Emphasis est d'abord un trio composé du guitariste et producteur Pavel Korotaev, du claviériste Vsevolod Chelepeace, ainsi que de la bassiste et parolière Katya Gritskova. Celle-ci a signé les paroles des trois premiers titres de l'album : On The Wings Of Freedom, Running Man et Blind Faith. Très vite, le batteur Sergey Struts les rejoint. En 2012, le second guitariste Maxim Spiridonov fait son entrée, suivi l'année suivante par Anna Ganina, cerise sur le gâteau. 

Revival a nécessité quatre années de travail. Tout a été réalisé en Estonie, y compris le magnifique artwork intérieur et extérieur, que l'on doit à la photographe Lika Nakolyshkina. En revanche, la distribution internationale est assurée par le label italien Underground Symphony spécialisé dans ce genre de musique depuis 1994. On retrouve sur son catalogue des groupes comme Labyrinth, Skylart ou White Skull. 

Avec des titres puissants parmi lesquels On The Wing Of Freedom bénéficiant de l'apport aux claviers du virtuose Sergey Boykov du groupe de metal Vital Science, Death Itself et sa langoureuse ouverture au piano suivi d'un chant s'inscrivant dans la droite lignée des premiers Nightwish, ou encore Emptiness ne laissant aucun répit, Revival possède de sérieux atouts de séduction.

Emphasis et ce premier disque s'adressent donc en priorité aux fans de Nightwish, Within Temptation ou Epica, mais ils peuvent également intéresser tous les curieux qui cherchent à sortir des sentiers battus et à écouter ce qui se fait dans ces petits pays d'Europe riches en talents. 

Musiciens


Anna Ganina : chant
Pavel Korotaev : guitares, claviers
Maxim Spiridonov : guitares
Vsevolod Chelepeace : claviers, programmation
Katya Gritskova : basse
Sergey Struts : batterie

Sergey Boykov : claviers
Taavi Toomsalu : saxophone

Titres


01. On The Wings Of Freedom
02. Runnning Man
03. Blind Faith
04. Death Itself
05. Every Time
06. Hate Is All You Left For Me
07. Emptiness
08. Shadow Falls
09. Emptiness (Radio Edit)

Anne-Marie Helder - Solo Live (2016)

Anne-Marie Helder Solo Live
Anne-Marie Helder - Solo Live (2016)
En 2009, pour son 'Return To Eden' Tour, le groupe culte Ultravox nouvellement reformé dans sa formation classique des années 80 (comprenant Midge Ure, Chris Cross, Warren Cann et Billy Currie), confie à Anne-Marie Helder la délicate mission d'ouvrir la première partie de leurs concerts, lors de leur tournée dans les îles britannique. Rien de plus difficile que cet exercice qui consiste, en un temps limité, à conquérir un public pas forcément acquis, venu voir la tête d'affiche. Anne-Marie est une femme qui aime les défis et se lance seule, avec sa guitare acoustique 6 cordes, dans cette aventure.  

D'abord disponible uniquement en téléchargement, Solo Live est vendu par la suite sous forme de CD. Il s'agit du concert donné le 28 avril 2009 au Portsmouth Guildhall devant... 2500 personnes !

Anne-Marie interprète cinq titres inédits, que l'on ne retrouve ni sur The Contact, son premier album solo, ni ailleurs. En quelques minutes, elle envoûte littéralement son assemblée qui lui fait un accueil des plus enthousiastes. Il faut dire que son charisme en impose sur scène, et qu'elle n'est pas du genre à se laisser impressionner par tant de monde, du moins en apparence.  

Elle commence donc son set par Hadditfeel, une chanson a cappella rythmée par les petits battements sur la table d'harmonie de sa guitare. La voix est assurée, aucun tremblement,  une ambiance conviviale s'installe. Puis vient Dominoes, composition plus agressive sur laquelle le chant rappelle celui de Dolores O'Riordan des Cranberries. Retour au calme avec Pace dont la dimension sacrée, religieuse évoque une grande dame du folk, à savoir Joan Baez. StarbuckStar, aux allures de pop song, se veut une satire de ces individus dont le seul désir est de devenir célèbre, quelques soient les moyens. Enfin, le show se termine par The Grace In You, ode à l'Amitié. Mission accomplie, le public l'ovationne. 

Artiste authentique, Anne-Marie Helder mène une carrière enthousiasmante qui ne cesse de surprendre. Que ce soit en solo, au sein de Panic Room, Luna Rossa, Mostly Autumn, voire de New Dance Orchestra avec Geoff Downes, elle se trouve toujours là où on ne l'attend pas. Jusqu'à présent, elle a réalisé un parcours sans faute, ce qui fait d'elle une des valeurs sûres de la scène rock (prog mais pas seulement) britannique.

Musicienne


Anne-Marie Helder : chant, guitare

Titres


01. Haddifteel
02. Dominoes
03. Pace
04. StarbuckStar
05. The Grace In You

lundi 31 octobre 2016

Pentangle - Finale (2016)

Pentangle Finale
Pentangle - Finale (2016)
Sous sa forme originale McShee-Jansch-Renbourn-Thompson-Cox, l'aventure Pentangle n'aura duré que six ans, de 1967 à 1973. Six années durant lesquelles ces pionniers du folk électrique aux côtés de Fairport Convention, ont fourni six albums de haute tenue. 

C'est pour commémorer le quarantième anniversaire de l'un d'entre eux, Sweet Child, que les cinq musiciens décident en 2008 de remonter sur scène. Cette mini-tournée britannique les conduira de Londres à Cardiff, en passant par Liverpool, Manchester, Glasgow ou Cambridge. Ils n'avaient plus donné de concerts ensemble depuis 1973, mais l'alchimie était toujours présente, comme s'ils ne s'étaient jamais séparés. Les deux CD de Finale témoignent de ces meilleurs moments. 

Vingt-et-un titres ont été retenus. La période Pentangle (1968) - Sweet Child (1968) - Basket Of Light (1969) est la mieux représentée. En revanche, seuls deux titres de Cruel Sister ont été interprétés : A Maid That's Deep In Love, et Cruel Sister, toujours aussi dramatique. Symboliquement, le set démarre avec Let No Man Steal Your Thyme, premier titre du tout premier allbum Pentangle. Puis, les classiques inoubliables s'enchaînent avec une aisance toute naturelle teintée de nostalgie : Basket Of Light, House Carpenter, I've Got A Feeling ou bien encore Sally Free And Easy qu'avait également repris en son temps Trees sur l'album On The Shore

Les musiciens sont dans une forme olympique. Ils se font plaisirs et cela s'entend, notamment à travers quelques soli bien placés comme sur In Time où Terry Cox démontre de quoi il est capable avec ses baguettes, ou sur Pentangling durant lequel la contrebasse de Danny Thompson se révèle époustouflante entre les doigts de son maître. 

Comme d'habitude, si l'on peut dire, le chant est partagé entre McShee, Jansch et Renbourn. Bien évidemment, et pour notre plus grand plaisir, Jacqui se taille la part du lion. Si le ton se trouve un poil plus bas à cause du poids des années, la performance n'en demeure pas moins exceptionnelle. Sur Sally Free And Easy, les vocalises de Jacqui en arrière-plan évoquent même une certaine Annie Haslam, autre grande dame des années 70 et au-delà.  

Après cette tournée, il n'y aura plus de réunion de Pentangle. Jansch et Renbourn s'éteindront successivement en 2011 et 2015. Finale est dédié à la mémoire de ces deux musiciens intemporels.

Musiciens


Jacqui McShee : chant
Bert Jansch : guitare, banjo, chant
John Renbourn : guitare, sitar, chant
Danny Thompson : contrebasse
Terry Cox : batterie, glockenspiel, chant

Titres 


1.01. Let No Man Steal Your Thyme
1.02. Light Flight
1.03. Mirage
1.04. Hunting Song
1.05. Once I Had A Sweetheart
1.06. Market Song
1.07. In Time
1.08. People On The Highway
1.09. House Carpenter
1.10. Cruel Sister

2.01. The Time Has Come
2.02. Bruton Town
2.03. A Maid That's Deep In Love
2.04. I've Got A Feeling
2.05. The Snows
2.06. Goodbye Pork Pie Hat
2.07. No More My Lord
2.08. Sally Free And Easy
2.09. Wedding Dress
2.10. Pentangling
2.11. Will The Circle Be Unbroken

dimanche 30 octobre 2016

Pentangle - Cruel Sister (1970)

Pentangle Cruel Sister
Pentangle - Cruel Sister (1970)
Successeur de Basket Of Light, Cruel Sister n'a pas rencontré le même succès. Ce sera même un échec commercial. Pourtant, avec cet album qui mérite largement d'être réhabilité aujourd'hui, Pentangle est au sommet de sa création artistique.

Pour la première fois, le groupe ne reprend que des chansons folkloriques traditionnelles. Il n'y a aucune composition personnelle. Mais, et c'est là tout son talent, Pentangle a cette capacité comme nul autre de se réapproprier d'ancienne reliques poussiéreuses en leur apportant une touche à la fois contemporaine et personnelle qui leur donne ainsi une nouvelle dimension. L'utilisation de toute une gamme d'instruments pittoresques tels que la contrebasse, la flûte, le dulcitone, le dulcimer, le sitar, le triangle ou encore le concertina, contribue à donner cette touche d'originalité. La guitare électrique, jouée par John Renbourn, fait aussi son apparition. Là aussi, c'est une première. 

Cruel Sister s'ouvre avec un A Maid That's Deep In Love illuminé par le chant aérien de Jacqui McShee. Cette chansons raconte l'histoire truculente d'une jeune femme déguisée en mousse afin de suivre son amoureux de marin en mer. Il va lui arriver bien des mésaventures, notamment avec le capitaine du navire... 

When I was In My Time est une délicate ballade chantée a cappella par Jacqui. Incontestablement, sa voix est une des plus belles de sa génération. Du pur bonheur ! 

John Renbourn lui succède au lead sur Lord Franklin, connue également sous le titre de Lady Franklin's Lament. L'intervention au second plan de Jacqui renforce l'aspect fantomatique de cette triste romance. Elle relate l'histoire d'un marin dont les rêves mettent en scène Lady Franklin pleurant la mort de son mari. Lord Franklin a réellement disparu en 1845 alors qu'il explorait la route reliant l'océan Atlantique à l'océan Pacifique à travers l'océan Arctique, au nord du Canada. Barbara Dickson en livrera aussi une poignante version sur son album Time & Tide en 2008.

Retour au chant principal pour Jacqui et l'intrigant Cruel Sister qui a donné son titre à l'album. Elle y narre le meurtre d'une jeune adolescente par sa sœur aînée suite à une simple rivalité amoureuse. Tout un programme...    

A l'époque des disques vinyles, Jack Orion, long des ses dix-huit minutes, occupait l'intégralité de la face B. Cette fois-ci, c'est Bert Jansch au chant principal accompagné de Jacqui. Il joue le rôle de Jack Orion et du Page, Jacqui celui de la Princesse. Ce drame est le cas typique d'un triangle amoureux dont l'issue n'est jamais réjouissante. Avant Pentangle, Jansch avait déjà interprété ce titre sur son album solo, déjà avec Renbourn. Cette nouvelle version étendue propose différentes sous-parties comportant des ruptures de rythme sans que la cohésion de l'œuvre ne soit remise en cause. Guitare électrique, flûte, dulcitone s'y côtoient le plus naturellement du monde. N'oublions pas que nous sommes en 1970, à la genèse du rock progressif où tout restait encore à inventer grâce à une liberté de création sans limite, ou presque, souvent au détriment de l'aspect commercial. Il était encore de bon ton d'oser... 

Cruel Sister est incontestablement une réussite. Il demeure encore aujourd'hui un des meilleurs albums de Pentangle et mérite d'être (re)découvert. Mostly Autumn, Iona, Karnataka sont les héritiers actuels de ce mouvement précurseur qui, outre Pentangle, incluait également Fairport Convention, Steeleye Span et Trees. 



Musiciens


Jacqui McShee : chant
John Renbourn : guitares, sitar, flûte, chant
Bert Jansch : dulcimer, concertina, flûte, chant
Danny Thompson : contrebasse
Terry Cox : batterie, percussions, dulcitone

Titres 


01. A Maid That's Deep In Love
02. When I Was In My Prime
03. Lord Franklin
04. Cruel Sister
05. Jack Orion

mercredi 26 octobre 2016

Pentangle - Basket Of Light (1969)

Pentangle Basket Of Light
Pentangle - Basket Of Light (1969)
Si l'on considère que Fairport Convention, c'est la rencontre entre le folk et le rock, que Renaissance est celle du folk et de la musique classique, alors on peut dire que pour Pentangle, c'est celle du folk et du jazz.

Formé en 1967 par le duo de guitaristes virtuoses Bert Jansch et John Renbourn avec la chanteuse Jacqui McShee, la formation initiale est également constituée d'une section rythmique provenant du blues et du jazz : Danny Thompson à la contrebasse et Terry Cox à la batterie.

En 1968, Pentangle signe chez Transatlancic Records. Deux albums (Pentangle et Sweet Child) voient le jour cette même année. Ils rencontrent alors seulement un succès d'estime. Aussi inattendu que cela puisse paraître, l'album suivant, Basket Of Light, disponible en 1969, se classe à la cinquième place des charts britanniques. Il faut dire qu'il contient le single Light Flight choisi comme générique d'une série TV extrêmement populaire outre-Manche. 

Le reste de l'album est un savant dosage entre des chansons folks anglo-saxonnes (Once I Had A Sweetheart, House Carpenter), la reprise d'une chanson populaire des années 60 (Sally Go Round The Roses), une berceuse (The Cuckoo), des pop songs efficaces (Springtime Promises, Train Song dont les paroles ont donné le titre à l'album) et des compositions d'inspiration médiévale. Passionné par cette période historique, Renbourn est à l'origine du très monacal Lyke-Wake Dirge basé sur un ancien poème évoquant l'élévation de l'âme après la mort, et de Hunting Song narrant les mésaventures d'une corne à boire magique aux temps des Chevaliers de la Table ronde et de son légendaire Roi Arthur. 

Si le chant principal est tenu par une Jacqui McShee à la voix cristalline, elle est contrebalancée sur certains titres par Renbourn (Springtime Promises, Lyke-Wake Dirge, Hunting Song, Sally Go Round The Roses) ou Jansch (Train Song, Train Song, House Carpenter). Exigeants avec eux-mêmes, chaque musicien n'oublie par d'ajouter sa touche d'originalité à travers l'utilisation d'instruments peu usités tels que la contrebasse pour Thompson, le glockenspiel pour Cox, le banjo sur House Carpenter pour Jansch, ou encore le sitar donnant une légère touche orientale pour Renbourn.

Il est toujours difficile pour une jeune formation de donner une suite à un album à succès. Qu'en sera-t-il pour Pentangle ? 

Musiciens


Jacqui McShee : chant
John Renbourn : chant, guitare, sitar
Bert Jansch : chant, guitare, banjo
Danny Thompson : contrebasse
Terry Cox : batterie, percussions, glockenspiel

Titres


01. Light Flight
02. Once I Had A Sweetheart
03. Springtime Promises
04. Lyke-Wake Dirge
05. Train Song
06. Hunting Song
07. Sally Go Round The Roses
08. The Cuckoo
09. House Carpenter

Renaissance - Ashes Are Burning (1973)

Renaissance Ashes Are Burning
Renaissance - Ashes Are Burning
(1973)
Sorti en 1973, Ashes Are Burning marque le début de l'âge d'or de Renaissance qui s'étendra jusqu'en 1978 et A Song For All Seasons

Durant toute cette période, Renaissance sera constitué des mêmes musiciens, à savoir Annie Haslam à la voix unique, John Tout et son piano magique, Jon Camp émule de Chris Squire, et le percussionniste de talent Terence Sullivan. Si Michael Dunford n'est pas encore considéré comme un membre à part entière du groupe sur ce disque, il le deviendra à sa sortie et en demeurera un des piliers incontournables jusqu'à son décès en 2012.

Pour l'heure, c'est lui qui signe toutes les compositions avec la parolière Betty Thatcher, à l'exception de On The Frontier. Ce titre est une reprise de Shoot, nouvelle formation de Jim McCarty, le fondateur de Renaissance. Ainsi, la nouvelle génération rend un dernier hommage à son mentor parti voguer vers d'autres horizons.

Dunford apporte la touche ultime qui fera toute l'originalité de Renaissance par rapport à ses contemporains : l'utilisation de la seule guitare acoustique. En effet, exit la guitare électrique jouée précédemment par Rob Hendry. Désormais, la basse demeurera le seul instrument électrique. Grâce au jeu mélodique de Camp, elle occupera rapidement une place centrale dans l'architecture musicale. 

Ceci dit, c'est déjà le cas sur le titre Ashes Are Burning. Au moment du final, elle est toutefois mise en concurrence avec une guitare électrique exceptionnellement présente. Exécuté par Andy Powell de Wishbone Ash, ce dernier livre ici un des plus beaux soli de toute sa carrière. Autre grand moment, l'envolée lyrique d'Annie qui semble vouloir aller au-delà de ses capacités vocales. Véritable feu d'artifice, Ashes Are Burning deviendra sur scène un des classiques du groupe souvent joué en rappel.

Autre nouveauté, pour la première fois un orchestre classique fait son apparition. Composé d'un ensemble de vingt-deux pièces (instruments à cordes et à vent), il intervient de manière subtile sur Can You Understand, synthèse parfaite entre musique folk et rock symphonique. Un vent d'est d'origine russe plane également sur cette chanson d'ouverture, longue de près de dix minutes. 

Carpet Of The Sun est le deuxième titre sur lequel l'orchestre est présent. Par son aspect "flower power" légèrement naïf, il fait office de single idéal. Les paroles de Betty Thatcher font référence au questionnement innocent d'un enfant qui lui demandait si le gazon du jardin était un tapis. Elle lui répondit qu'effectivement, c'était le tapis du soleil. 

Si Let It Grow n'est rien d'autre qu'une simple ballade agréable joliment ficelée, At The Harbour est à découvrir absolument. Par sa noirceur, il annonce l'album suivant Turn Of The Cards. Commençant et se terminant avec quelques notes de La Cathédrale Engloutie de Debussy, l'histoire relatée est celle d'un navire à la dérive, perdu dans l'océan, sans espoir, et des femmes angoissées sur le port, guettant le retour de leurs mari(n)s, pleines d'espoir. 

Ashes Are Burning est le premier album de Renaissance à obtenir un certain succès outre-Atlantique. Il se trouvera même classé dans les charts. En revanche, le Vieux Continent restera beaucoup plus réfractaire à ce groupe pourtant tout aussi créatif que Pink Floyd, Genesis, Yes ou King Crimson. Le fait que ce soit une femme au chant lui aurait-il été préjudiciable ? On ose espérer que non...



Musiciens


Annie Haslam : chant
John Tout : clavier, chant
Jon Camp : basse, guitare, chant
Terence Sullivan : batterie, percussions, chant

Michael Dunford : guitare acoustique
Andy Powell : guitare électrique

Titres


01. Can You Understand
02. Let It Grow
03. On The Frontier
04. Carpet Of The Sun
05. At The Harbour
06. Ashes Are Burning

mardi 18 octobre 2016

Renaissance - Prologue (1972)

Renaissance Prologue
Renaissance - Prologue (1972)
D'après le dictionnaire Larousse, un prologue est ce qui annonce, prépare quelque chose. Sorti en 1972, Prologue annonce parfaitement l'orientation musicale à venir du nouveau Renaissance : un savant dosage de classique, de folk et de progressif. 

Ce troisième album ne comprend plus aucun membre fondateur. Si Jim McCarty apparaît encore comme co-auteur sur deux titres (Kiev et Bound For Infinity), il n'est plus présent dans le groupe qu'il a formé en 1969, avec Keith Relf, sa sœur Jane, John Hawken et Louis Cennamo.

Repris en main en 1971 par son nouveau manager Miles Copland, frère aîné de Stewart Copland de The Police, Renaissance s'appuie désormais sur ses deux piliers que sont le pianiste John Tout, arrivé à la toute fin de l'année 1970, et Annie Haslam, chanteuse à la la voix d'or pouvant atteindre les 5 octaves, engagée au tout début de l'année 1971. 

Le bassiste Jon Camp, successeur notamment de John Wetton, le batteur Terence Sullivan et le guitariste Rob Hendry font leur entrée en 1972. Hendry ne restera pas longtemps après la sortie du disque. Il réapparaîtra aux côtés de Sandy Denny lors de sa dernière tournée en 1977 (cf Gold Dust).

En coulisse, deux personnages clés de l'histoire du groupe sont actifs : Michael Dunford, guitariste de son état, et compositeur de quatre des six titres, et la parolière Betty Thatcher. Retirée dans les Cornouailles, elle ne correspondait avec les musiciens uniquement par voie postale. C'est ainsi qu'elle leur faisait parvenir ses textes.

L'ombre de Bach, Chopin et Rachmaninov plane sur ce disque enivrant à la pochette signée des mythiques studios Hipgnosis (Pink Floyd, Led Zeppelin...). Premier enregistrement d'Annie Haslam qui était encore peu chanteuse de cabaret, il annonce sa fulgurante carrière. Le meilleur est donc encore à venir. Ce n'est qu'un prologue... 

 

Musiciens


Annie Haslam : chant, percussions
John Tout : claviers, chant
Rob Hendry : guitares, mandoline, percussions, chant
Jon Camp : basse, tampura, chant
Terry Sullivan : percussions

Francis Monkman : claviers

Titres


01. Prologue
02. Kiev
03. Sounds Of The Sea
04. Spare Some Love
05. Bound For Infinity
06. Rajah Khan

dimanche 16 octobre 2016

Trees - On The Shore (1970)

Trees On The Shore
Trees - On The Shore (1970)
On The Shore sort seulement quelques mois après The Garden Of Jane Delawney, à la fin de l'année 1970.

D'entrée, sa pochette intrigue avec cette petite fille jetant de l'eau dans un parc. Elle est l'œuvre de Storm Thorgesen d'Hipgnosis. Lui et sa société deviendront mondialement célèbre pour leur travail avec Renaissance, Led Zeppelin et, surtout, Pink Floyd. En réalité, la jeune fille se nomme Katherine Meehan, elle n'est autre que la fille de Tony Meehan, ancien batteur de Cliff Richard au sein des Shadows. 

A l'image de cette pochette, On The Shore est bien plus sombre que son prédécesseur duquel se dégageait une certaine légèreté, voire naïveté. Néanmoins, il est bien plus abouti grâce à des compositions qui ont gagné en maturité. Bias Boshell en signe trois, dont une avec David Costa, Fool à l'excellent jeu de guitare. Les deux autres sont While The Iron Is Hot qui évoque les grèves minières du siècle précédent, et Murdoch. Incontestablement une des meilleures de l'album, cette chanson a été composée dans la maison de sa mère au Pays de Galles, suite à un rêve. Elle trouve son inspiration dans la nature environnante encore à l'état sauvage du nord de cette région. Ironie de l'histoire, la maison sera rachetée quelques années plus tard par Celia Humphris et son mari. 

Sally Free And Easy, l'épique de l'album dépassant les dix minutes, est à l'origine une composition du chanteur folk Cyril Tawney. Introduite au piano par Boshell, elle a été enregistrée en une seule prise avec Tony Cox, le producteur, à la basse. Seule la seconde voix de Celia a été ajoutée ultérieurement. D'ailleurs, elle figure toujours parmi ses favorites aux côtés The Garden Of Jane Delawney et Snail's Lament du précédent disque.

Les six titres restants sont des chansons traditionnelles comme Adam's Toon composée par un troubadour au XIIIe siècle, ou Soldiers Three avec ses paroles en ancien français, datant de l'époque élisabéthaine. Dave Swarbrick l'avait auparavant enregistrée avant d'intégrer Fairport Convention. 

On The Shore est un album à la fois folk, psychédélique et progressif. Contrairement aux autres formations contemporaines, la guitare électrique occupe bien plus d'espace. L'ensemble est porté par Celia Humphris. Souvent située à juste titre entre Sandy Denny et Annie Haslam, sa voix est divine.

Le groupe se séparera peu de temps après sa sortie. Une nouvelle mouture officiera jusqu'en 1973 sans Boshell ni Brown, mais aucun autre album ne sera enregistré. Par la suite, Celia se mariera et fondera une famille. Elle fera de rares réapparitions comme en 2009, sur le magnifique Talking With Strangers de Judy Dyble, aux côtés de Jacqui McShee



Musiciens


Celia Humphris : chant
Barry Clarke : guitares
David Costa : guitares, dulcimer
Bias Boshell : basse, piano, guitare, chant
Unwin Brown : batterie, percussions, chant

Tony Cox : basse
Michael Jefferies : harpe

Titres


01. Soldiers Three
02. Murdoch
03. Streets Of Derry
04. Sally Free And Easy
05. Fool
06. Adam's Toon
07. Geordie
08. While The Iron Is Hot
09. Little Sadie
10. Polly On The Shore    

vendredi 14 octobre 2016

Trees - The Garden Of Jane Delawney (1970)

Trees The Garden Of Jane Delawney
Trees - The Garden Of
Jane Delawney (1970)
Contemporain de Fairport Convention, Pentangle et Steeleye Span, Trees ne connaîtra pas le même succès. Et pourtant, ce quintet londonien publiera coup sur coup deux albums de très haute tenue : The Garden Of Jane Delawney suivi de On The Shore quelques mois plus tard. 

Formé en 1969 par les guitaristes David Costa et Barry Clarke, ce noyau est rapidement rejoint par des amis d'amis que sont le bassiste Bias Boshell, le batteur Unwin Brown et la céleste chanteuse Celia Humphris. Celle-ci fréquentait alors la même école d'art dramatique que Jane Seymour et avait l'ambition de devenir actrice. 

En 1970, sort leur premier album The Garden Of Jane Delawney. Il s'inscrit tout droit dans la mouvance folk électrique menée par Fairport Convention. Trees pousse même le mimétisme jusqu'à reprendre She Moved Thro' The Fair, magnifique ballade traditionnelle irlandaise fraîchement interprétée par Sandy Denny sur l'album What We Do On Our Holidays (1969). Si les deux formations comptent toutes deux une chanteuse à la voix féerique, la comparaison s'arrête là. Trees a son identité propre et The Garden Of Jane Delawney est là pour le démontrer. 

Sur ses neuf titres, quatre sont des réadaptations de chansons du folklore britannique parmi lesquelles The Great Silkie. Originaire des îles Orcades situées au nord de l'Écosse, cette complainte relate l'histoire d'une femme qui découvre que le père de son enfant n'est autre qu'un selkie, créature mythologique mi-humaine mi-phoque. Maddy Prior livrera sa version sur Ravenchild en 1999, ainsi que Barbara Dickson (In Concert). 

Les cinq autres sont des compositions originales essentiellement écrite par Boshell. Bien meilleur musicien que ses collègues, on le retrouvera dans les années 80 aux côtés des Moody Blues et de Barclay James Harvest. La plus intéressante de toutes est sans aucun doute la chanson titre The Garden Of Jane Delawney de laquelle se dégage une aura mystérieuse. Écrite dès 1965, Boshell n'a jamais pu l'expliquer, ni su qui était cette Jane Delawney. Elle lui est venue comme ça. Encore aujourd'hui elle figure parmi les favorites de Celia aux côtés de Snail's Lament. Françoise Hardy, All About Eve, Dark Sanctuary et les néerlandais d'Ygdrassil en donneront tour à tour leur version. 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, The Garden Of Jane Delawney a extrêmement bien vieilli. Il offre, à qui prendra le temps de l'écouter, une originale combinaison de guitares électriques ou acoustiques, de percussions et de voix pure, doublée d'un jeu de basse des plus subtils.


Musiciens


Celia Humphris : chant
Barry Clarke : guitares
David Costa : guitares
Bias Boshell : chant, basse, guitare
Unwin Brown : batterie

Titres


01. Nothing Special
02. The Great Silkie
03. The Garden Of Jane Delawney
04. Lady Margaret
05. Glasgerion
06. She Moved Thro' The Fair
07. Road
08. Epitaph
09. Snail's Lament    

mardi 11 octobre 2016

The Mamas & The Papas - Classic (1999)

The Mamas & The Papas
The Mamas & The Papas - Classic
(1999)
Sandy Denny, Janis Joplin, Mama Cass... De son vrai nom Ellen Naomi Cohen, "Mama" Cass Elliot, est née le 19 septembre 1941 à Baltimore. Elle décédera le 29 juillet 1974 d'une crise cardiaque, à l'âge de 32 ans, après avoir donné un concert à Londres. Bizarrerie de l'histoire du rock, Keith Moon, le batteur de The Who, sera lui aussi retrouvé mort dans la même chambre d'hôtel quatre ans plus tard. Il était alors âgé de... 32 ans. 

Issue d'une famille juive d'origine russe, la jeune Ellen a été élevée dans un environnement musical. Très jeune, elle se passionne pour l'opéra. Elle se fera très tôt appeler "Cass Elliot". "Cass", c'est en référence à l'actrice Peggy Cass qu'elle admire. "Elliot" était le prénom d'un ami disparu.

Après avoir participé à diverses formations, elle intègre le groupe vocal de folk-pop The Mamas & The Papas en 1965. Les trois autres membres sont John Phillips, son épouse Michelle Phillips, et Denny Doherty. De 1965 à 1968, ils enchaînent tubes sur tubes. Le plus célèbre demeure California Dreamin'. Écrite dès 1963 par le couple Phillips qui habitait alors New York, elle est le reflet de la nostalgie de Michelle envers sa Californie natale.

Cette chanson donnera aussi son nom à un film roumain de 2007. Cristian Nemescu, son réalisateur, décédera avant sa sortie. Il narre l'histoire d'un train militaire de l'OTAN en direction du Kossovo, bloqué dans un petit village roumain frontalier avec la Serbie. 

Suite à des dissensions internes, The Mamas & The Papas se séparent en 1968. Mama Cass qui était la plus charismatique de tous, se lance alors dans une carrière solo. Sept albums studio et un live verront le jour jusqu'à sa disparition. 

On lui doit la création du célèbre trio Crosby, Still & Nash car s'est par son entremise que Graham Nash a fait la connaissance des deux autres. C'était en 1968. Cette même année, elle reprend le désormais classique Dream A Little Dream Of Me. Composé en 1931, plusieurs fois repris, c'est la version de Mama Cass qui fait désormais office de référence. Il faut dire qu'elle en a vendu sept millions d'exemplaires. 

Dream A Little Dream Of Me est également entré dans l'histoire du cinéma en servant de générique de fin à la comédie dramatique britannique Beautiful Thing (1996). Ce film devenu culte a la particularité de montrer pour la première fois une relation amoureuse entre deux adolescents de même sexe. Détail amusant, la voisine du héros shootée au LSD et autres substances, Leah Russell, admirablement interprétée par Tameka Empson, est une fan absolue de Mama Cas. Dans ses délires hallucinogènes, elle se prend même pour elle. Bref, un film à découvrir. 

Cass Elliot avait en elle une joie de vivre. Elle était gaie, drôle, pleine d'optimisme. Elle fait partie de ces artistes partis trop tôt. Une étoile est morte, une légende est née... 

 


Musiciens


Cass Elliot : chant
Michelle Phillips : chant
John Phillips : chant, guitare
Denny Doherty : chant

Titres


01. Dedicated To The One I Love
02. Monday, Monday
03. California Dreamin'
04. Look Through My Window
05. I Call Your Name
06. My Girl
07. Dream A Little Dream Of Me
08. Got A Feelin'
09. Go Where You Wanna Go
10. I Saw Her Again Last Night
11. Words Of Love
12. Twelve Thirty (Young Girls Are Coming To The Canyon)
13. Dancing In The Street
14. Glad To Be Unhappy
15. Creeque Alley
16. Midnight Voyage