mardi 7 mars 2017

The Prog Collective (2012)

The Prog Collective
The Prog Collective (2012)
Durant les années 70, le rock progressif était un domaine essentiellement réservé aux hommes. C'est pourquoi lorsque Billy Sherwoood propose de réunir en 2012 sur un même album, The Prog Collective, les vieux dinosaures survivants de cette époque, une seule femme est conviée parmi la quinzaine de musiciens, la fabuleuse Annie Haslam de Renaissance.

Les premiers à avoir répondu présents à son appel sont ses anciens complices de Yes : Rick Wakeman, Chris Squire, Tony Kaye, Peter Banks et Geoff Downes. Les artistes suivants sont eux aussi des pointures : John Wetton (Asia, UK, Icon, King Crimson, Roxy Music, Renaissance), Alan Parsons (Alan Parsons Project), Tony Levin (Peter Gabriel, King Crimson), Garry Green (Gentle Giant), Steve Hillage (Gong), Colin Moulding (XTC), John Wesley (Porcupine Tree, Fish), Richard Page (Mr. Mister), Jerry Goodman (Mahavishnu Orchestra), David Sancious (Sting, Peter Gabriel) et Larry Fast (Peter Gabriel, Foreigner, Annie Haslam).

Tout au long des sept titres, Sherwood et ses amis délivrent un rock progressif classique, sans réelle surprise. Plaisante à écouter, la musique se situe dans la lignée de ce que produit Yes. En fait, l'intérêt principal de ce projet réside dans les échanges entre musiciens. Ainsi, le chant puissant du regretté John Wetton fait face au violon oriental de Jerry Goodman sur The Laws Of Nature. The Technical Divide voit la basse virevoltante de feu Chris Squire accompagner la légende qu'est Alan Parsons. Social Circles marque la rencontre au sommet entre une Annie Haslam toujours aussi éblouissante et le guitariste Peter Banks aujourd'hui disparu. Efficace et intéressante, cette chanson évoque davantage ce qu'a proposé la chanteuse en solo que l'œuvre de Renaissance.

Face au succès rencontré par The Prog Collective, Billy Sherwood renouvellera l'expérience l'année suivante avec, cette fois-ci comme unique chanteuse, Sonja Kristina de Curved Air, contemporaine d'Annie au début de sa carrière.

Musiciens


Billy Sherwood : chant, batterie, guitare, claviers, basse
Annie Haslam : chant
John Wetton : chant
Alan Parsons : chant
Richard Page : chant
Colin Moulding : chant
John Wesley : chant, guitare
Garry Green : guitare
Peter Banks : guitare
Steve Hillage : guitare
Geoff Downes : claviers
David Sancious : claviers
Larry Fast : claviers
Tony Kaye : claviers
Rick Wakeman : claviers
Tony Levin : basse
Chris Squire : basse
Jerry Goodman : violon

Titres


01. The Laws Of Nature
02. Over Again
03. The Technical Divide
04. Social Circles
05. Buried Beneath
06. Follow The Signs
07. Check Point Karma

lundi 6 mars 2017

Renaissance - Live In Chicago (2010)

Renaissance Live In Chicago
Renaissance - Live In Chicago (2010)
Live In Chicago, enregistré en 1983, est à l'image du Renaissance des années 80, une déception. Comme pour les autres formations de rock progressif, cette décennie leur a été fatale.

Du Renaissance de l'âge d'or (1973-1978), il ne reste plus que Annie Haslam (chant), Michael Dunford (guitare) et Jon Camp (basse). Exit le claviériste John Tout et le batteur Terence Sullivan, tous deux partis en 1980. Personne n'occupera par la suite leur poste de manière permanente. Pour cette tournée de 1983, Mike Taylor et Gavin Harrison, alors inconnu à l'époque, ont été recrutés. Gavin deviendra célèbre par la suite, non seulement pour son jeu de batterie unique, mais aussi pour avoir joué au sein de Porcupine Tree puis de King Crimson, ainsi que pour nombre d'artistes célèbres (Iggy Pop, Sam Brown, Dave Stewart...). 

Cette tournée américaine vise à promouvoir le dernier album en date Time-Line disponible depuis peu. Il fait suite au tout aussi peu séduisant Camera Camera sorti en 1981. Le trio était à cette époque en quête désespérée d'un succès commercial, ce qui lui a fait perdre son âme. Les longs développements symphoniques ont été abandonnés au profit d'une musique pop insipide. Cette chute sans fin dans les abîmes fait peine.

Sur le papier, Live In Chicago, publié en 2010, suscite un vif intérêt. La set list comporte onze titres de la belle époque. Seul Flight provient de Time-Line. Son interprétation est cependant une bonne surprise, l'introduction au piano évoque les années "Tout" et le chant haut perché d'Annie touche au sublime. 

Là où le bât blesse, c'est, d'une part, la médiocre qualité sonore digne d'un mauvais bootleg, et, d'autre part, la set list trompeuse. Seuls Nothern Lights, Flight et Running Hard sont présentés dans leur intégralité. D'Ashes Are Burning, n'a été conservé que le final, certes sublime, mais il manque toute la première partie de ce titre culte. Et ce n'est pas le pire, les huit titres restants inscrits sur le livret ne sont en fait qu'un medley de moins d'une vingtaine de minutes rassemblés sur une seule plage du disque. Cerise sur le gâteau, aucunes notes de Day Of The Dreamer et At The Harbour pourtant annoncés n'ont été jouées. Bref, beaucoup d'approximations qui suscitent un réel malaise, d'autant plus que ce disque est présenté comme une production de Michael Dunford.

Une fois ces informations intégrées et digérées, il faut prendre ce Live In Chicago comme le témoignage d'une époque aujourd'hui révolue. Il apporte un éclairage sur une période peu glorieuse de cette formation qui a pourtant tant apporté à la musique contemporaine la décennie précédente. 

Musiciens


Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitare, chant
Jon Camp : basse, chant
Mike Taylor : claviers
Gavin Harisson : batterie

Titres 


01. Northern Lights
02. Flight
03. Running Hard
04. Opening Out
05. Day Of The Dreamer
06. Fanfare (Song Of Scheherazade)
07. Ocean Gypsy
08. At The Harbour
09. Festival Preparations (Song Of Scheherazade)
10. Can You Understand
11. Touching Once
12. Ashes Are Burning

Après correction:
01. Northern Lights
02. Flight
03. Running Hard
04. Medley
05. Ashes Are Burning

dimanche 5 mars 2017

Siouxsie And The Banshees - A Kiss In The Dreamhouse (1982)

Siouxsie & The Banshees A Kiss In The Dreamhouse
Siouxsie And The Banshees -
A Kiss In The Dreamhouse (1982)
Siouxsie a toujours détesté les étiquettes et particulièrement celle de "gothique" qui continue à lui être attribuée. Pourtant, il n'y a pas à dire, elle était bien la Reine de ce mouvement dans les années 80. 

Sorti en octobre 1982, A Kiss In The Dreamhouse figure parmi les meilleurs albums de la discographie des Banshees grâce à la fulgurance de ses titres et à son aspect expérimental. A l'aide de l'ingénieur du son Mike Hedges connu pour son excellent travail sur Seventeen Seconds et Faith de The Cure, le groupe arrange sa musique à l'aide d'effets sonores inédits pour lui (loops, reverbs) et de toute une panoplie d'instruments nouveaux : flûtes, harmonica, orgue, percussions diverses, cordes. 

Violons et violoncelle apparaissent sur l'intrigant Obsession. Pour la petite histoire, la jeune violoncelliste dont il s'agit probablement du premier enregistrement est Caroline Lavelle. Elle connaîtra par la suite une carrière internationale formidable en jouant aux côtés des plus grands comme Radiohead, Muse, Massive Attack ou encore Tarja, Peter Gabriel et, surtout, Loreena McKennitt. En 2016, avec deux musiciens de cette dernière, Brian Hughes et Hugh Marsh, elle fondera le groupe de musique world/celtique Secret Sky

Obsession, qui relate de l'intérieur ce qui ce passe dans la tête d'un obsédé introduit frauduleusement dans la chambre de sa victime, laisse un sentiment de malaise. L'album, dans son intégralité, est construit autour du thème de l'érotisme et du sexe. La pochette laisse peu d’ambiguïté. Construite comme une ode au lesbianisme, elle s'inspire d'une œuvre érotique de Gustav Klimt au fort pouvoir suggestif sur la sensualité du corps, Danaé. Le titre lui-même fait référence à cette fameuse "Dreamhouse", maison close du Los Angeles des années 40, où les prostituées usaient de la chirurgie esthétique afin de ressembler aux stars hollywoodiennes du moment et attirer ainsi plus de clients. Et que dire de Melt! aux paroles écrites par le bassiste Severin qui abordent sans détour le domaine du sadomasochisme (Leads to an insatiable desire / Of suicide... in sex). Une de leurs plus belles chansons encore aujourd'hui !

Dernier disque avec le guitariste John McGeoch, décédé en 2004, A Kiss In The Dreamhouse marque la fin d'une époque pour cette formation mythique. She' A Carnival toujours aussi coloré, le jazzy Cocoon ou Cascade, Painted Bird et Slowdive, tous aussi entraînants les uns que les autres, n'en finissent pas de raisonner dans nos têtes trente-cinq ans après...


Musiciens


Siouxsie Sioux : chant, percussions
Steven Severin : basse, orgue
John McGeoch : guitares, claviers, flûtes
Budgie : batterie, percussions, harmonica

Caroline Lavelle : violoncelle
Anne Stephenson : violon
Virginia Hewes : violon

Titres


01. Cascade
02. Green Fingers
03. Obsession
04. She's A Carnival
05. Circle
06. Melt!
07. Painted Bird
08. Cocoon
09. Slowdive

samedi 4 mars 2017

Secret Sky - Secret Sky (2016)

Secret Sky Caroline Lavelle
Secret Sky - Secret Sky (2016)
Caroline Lavelle, Brian Hughes et Hugh Marsh sont trois musiciens aux CV impressionnants. Réunis sous le nom de Secret Sky, ils sortent en 2016 un très bel album dans la même veine qu'An Ancient Muse de Loreena McKennitt. La référence à cette dernière n'est pas innocente puisque tous trois l'accompagnent depuis les années 90.

Caroline est une violoncelliste britannique internationalement reconnue. Outre Loreena, elle a joué avec les plus grands : Vangelis, Peter Gabriel, Tarja, Hector Zazou, The Chieftains, Mary Black, The Cranberries, Siouxsie & The Banshees, Radiohead, Muse, Massive Attack et bien d'autres encore. Elle a également à son actif trois albums solo au succès d'estime : Spirit produit par William Orbit (1995), Brilliant Midnight (2001) et A Distant Bell (2004). 

Brian, guitariste et producteur canadien, a été récompensé pour son travail par de multiples prix. Si son champ de prédilection demeure le jazz et la musique latine, il rejoint néanmoins Loreena dès 1989 sur le très celtique Parallel Dreams. Dès lors, une complicité doublée d'une grande amitié va lier les deux artistes.

Le violon est, depuis toujours, l'instrument fétiche d'Hugh. Originaire de Toronto, il a joué aux côtés de Robert Palmer ou de Peter Murphy de Bauhaus, et a participé aux musiques de film de blockbusters hollywoodiens tels que Shrek 2, Le Monde De Narnia, Armageddon ou Da Vinci Code sous la direction d'Hans Zimmer. 

La rythmique est assurée par deux autres musiciens également proches de Loreena : Tim Landers à la basse (Stevie Nick, Tori Amos, Jethro Tull) et Tal Bergman à la batterie (Rod Stewart, Simple Minds). 

Secret Sky, l'album, comporte neuf titres pour une durée d'un peu plus d'une heure. Un seul morceau dure trois minutes (Sun In A Black Sky), tous les autres dépassent allègrement les cinq minutes, ce qui laisse la place à de longs développements musicaux durant lesquels les instruments disposent de suffisamment d'espace pour s'exprimer librement et se répondre les uns aux autres. Si le chant de Caroline manque un peu d'assurance et de consistance, ce n'est pas gênant car cette fragilité le rend encore plus attachant.

Quatre titres (Black Is The Colour, Searching For Lambs, When I Was On Horseback et Moorlough Shore déjà présent sur Spirit mais repris ici dans une version fleuve de dix minutes) sont, à l'origine, des chansons traditionnelles sur lesquelles le groupe a apposé de nouveaux arrangements. Les paroles de Winds And Shadows et de The Dim-Moon City Of Deloght sont extraites de textes du poète anglais de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle James Elroy Flecker, du même courant poétique que Théophile Gautier. Celles de Nor All Thy Tears sont dues au Sage persan Omar Khayyam. 

Mêlant habilement musique celtique et musiques du monde, orientale notamment, Secret Sky se situe dans la continuité de l'œuvre de Loreena McKennitt qui ne cesse de construire des ponts entre les différentes civilisations. Il en devient même un complément indispensable étant donné son même niveau qualitatif.



Musiciens


Caroline Lavelle : chant, violoncelle
Brian Hughes : guitares, oud, bouzouki, basse
Hugh March : violon

Tim Landers : basse
Tal Bergman : batterie, percussions
Yossi Shakked : percussions

Titres


01. Black Is The Colour
02. Searching For Lambs
03. Winds And Shadows
04. Nor All Thy Tears
05. When I Was On Horseback
06. Moorlough Shore
07. The Dim-Moon City Of Delight
08. Lady Howard (A Tale Of Dartmoor)
09. Sun In A Black Sky  

vendredi 3 mars 2017

Loreena McKennitt - The Wind That Shakes The Barley (2010)

Loreena McKennitt The Wind That Shakes The Barley
Loreena McKennitt - The Wind
That Shakes The Barley (2010)
A un moment ou un autre, nous avons tous besoin de retrouver nos racines. Loreena McKennitt l'a exprimé en 2010 avec The Wind That Shakes The Barley. S’inscrivant dans la continuité de ses trois premiers albums sortis il y a un quart de siècle (Elemental, To Drive The Cold Winter Away, Parallel Dreams), Loreena revisite neuf titres issus essentiellement du folklore irlandais. 

Bien que Canadienne, la famille de Loreena trouve ses origines en Irlande et en Écosse, ce qui explique en partie sa fascination de toujours pour la civilisation celtique et sa culture. Dans les années 90, elle s'en était éloignée pour mieux s'ouvrir sur le monde. Sa musique était alors apparentée "world". Durant deux décennies, elle explore de nouveaux univers sans pour autant tourner définitivement la page de sa première passion qui continue à l'animer.

Entourée de ses fidèles musiciens, en premier lieu Brian Hughes, Hugh Marsh, Caroline Lavelle et Ben Grossman, Loreena déploie toute une palette d'instruments traditionnels, de la harpe celtique aux flûtes irlandaises en passant par le bodhran, la cornemuse, le bouzouki, la mandoline ou la vielle à roue. Chaque titre devient ainsi suffisamment habillé pour accompagner cette voix magique comme nulle autre.

As I Roved Out, The Wind That Shakes The Barley, Brian Boru's March, The Star Of The County Down et The Parting Glass sont tous des classiques de la musique irlandaise. Écrite par le poète et médecin Robert Dwyer Joyce au XIXe siècle, la chanson titre est probablement la plus connue. Immortalisée dans les années 90 par Dead Can Dance, cette ballade parle d'un jeune Irlandais prêt à sacrifier sa relation amoureuse lors de la rébellion de 1798 contre l'occupant anglais.

Entre, Loreena glisse l'instrumental inédit The Emigration Tune composé par ses soins ainsi que The Death Of Queen Jane. Cette autre ballade, typiquement anglaise, décrit les derniers instants précédents l’exécution de Lady Jane Grey, héritière d'Edouard VI, proclamée reine d'Angleterre à l'âge de seize ans en février 1554, destituée neuf jours après son couronnement et décapitée à la Tour de Londres sur ordre de Marie Tudor, également prétendante au trône. A écouter en admirant le tableau de Paul Delaroche, Le Supplice de Jane Grey (1833).

Années après années, albums après albums, Loreena est une artiste qui ne déçoit jamais, quelle que soit l'option musicale choisie. Avec The Wind That Shakes The Barley, non seulement elle suit la trace de ses ancêtres, mais elle revient également à une certaine forme de simplicité. 



Musiciens


Loreena McKennitt : chant, claviers, harpe, accordéon

Brian Hughes : guitare, bouzouki
Hugh March : violon
Caroline Lavelle : violoncelle
Ben Grossman : percussions, vielle à roue
Ian Harper : uilleann pipes, whistle
Tony McManus : guitare acoustique
Jeff Bird : basse, mandoline
Pat Simmonds : guitare acoustique, accordéon
Andrew Collins : mandoline
Brian Taheny : mandoline
Chris Gartner : basse
Andrew Downing : basse
Jason Fowler : guitare acoustique

Titres


01. As I Roved Out
02. On A Bright May Morning
03. Brian Boru's March
04. Down By The Sally Gardens
05. The Star Of The County Down
06. The Wind That Shakes The Barley
07. The Death Of Queen Jane
08. The Emigration Tunes
09. The Parting Glass

mercredi 1 mars 2017

Alizbar & Ann'Sannat - Welcome Into The Morning (2010)

Alizbar & Ann'Sannat - Welcome Into The Morning
Alizbar & Ann'Sannat -
Welcome Into The Morning (2010)
Alizbar & Ann'Sannat se situent au cœur de la grande Europe. Alizbar, de son vrai nom Eduard Suhari, fonde ce groupe avec deux de ses amis, le guitariste Alexander Samodumov et la chanteuse Inna Bondar, en 1994 à Chișinău, capitale de la Moldavie alors nouvellement indépendante. Dans son sang, coule un sang mêlé russe, hongrois et roumain. Fasciné par la culture celte, il apprend à jouer de la harpe celtique ainsi que de nombreux autres instruments anciens comme la flûte, le bodhrán irlandais ou la domra russe.

En 1998, ils enregistrent Welcome Into The Morning qui sera réédité en 2010 sur le label français spécialisé dans les heavenly voices, Prikosnovénie. Paradoxalement, cet album comporte peu de parties chantées, seulement sept sur seize. La voix délicate d'Inna, similaire à celle de Cécile Corbel, se marie parfaitement avec cette musique enchanteresse influencée par les fées, elfes, lutins et autres créatures fantastiques des mythologies celtiques, nordiques et slaves. Si la moitié des compositions sont originales, l'autre moitié s'inspire de chants traditionnels parmi lesquels The Wind That Shakes The Barley immortalisé dans les années 90 par Dead Can Dance, ou Idje Sen, douce comptine polonaise. 

En une heure vingt, Alizbar et sa troupe proposent un voyage relaxant dans les mondes imaginaires de Tolkien d'où le nom même d'Ann'Sannat provient. Dépaysement garantie...



Musiciens


Alizbar : harpe celtique, instruments divers
Inna Bondar : chant
Alexander Samodumov : guitare

Titres


01. Improvisation
02. The Butterfly
03. The Wind That Shakes The Barley
04. The Reel
05. The Mountain Set
06. Crazy Man Michael
07. Sleepy Magpie
08. Serveren
09. Siul A Run
10. The Old Story
11. O'Carolan's Welcome
12. Idje Sen
13. Toss The Feathers
14. John Riley
15. The Ballad Whispered By The Wind (Live)
16. Waltz On The Branches (Live)

dimanche 26 février 2017

Hayley Griffiths - Silver Screen (2010)

Hayley Griffiths Silver Screen Karnataka
Hayley Griffiths - Silver Screen (2010)
Avant d'intégrer Karnataka en 2011, Hayley Griffiths a sorti deux albums sous son nom. Silver Screen, disponible en 2010, est le premier d'entre eux.

La jeune Hayley, originaire du Surrey, comté du sud de l'Angleterre, a débuté les cours de chant dès l'âge de six ans avec le soutien de ses parents qui ne cesseront de l'encourager. Elle poursuivra ses études dans cette voie et prendra également des cours de théâtre. Son ambition était de devenir actrice ou chanteuse.

A dix-huit ans, elle est recrutée pour participer à Riverdance, ce formidable spectacle folklorique irlandais. Avec la troupe, elle entame son premier tour du monde et se produit aussi bien en Russie qu'au Japon ou en Chine. Puis, elle passe des auditions et est sélectionnée pour jouer le rôle de la déesse Erin dans Lord Of The Dance, autre spectacle à succès abordant l'histoire et la mythologie irlandaise. 

L'idée d'un album solo germe dans sa tête au cour de l'année 2007. Sur recommandation d'un proche, elle envoie une maquette au label américain Surefire Music Group localisé à Boston. Séduite, la maison de disque, pourtant spécialisée dans le R&B et le hip-hop, accepte de collaborer avec la Britannique. Totalement impliquée dans le processus, celle-ci cosignera chacune des chansons et coproduira son album.

Silver Screen comporte onze titres dont un seul dépasse légèrement les quatre minutes, le premier single Separated By Glass. Hayley a construit chaque chanson dans l'idée de raconter une histoire, comme un court métrage. Ainsi, Haunted avec son intro au piano faisant référence au thème principal du film L'Exorciste, raconte le retour d'une femme assassinée revenue hanter son meurtrier. Tout aussi dramatique, Silent As The End, le dernier titre, évoque le retour chez elle d'une mère qui a tout perdu pour cause de guerre destructrice.

On retiendra également Our Love, hymne à l'amour, qui aura la chance d'être interprétée sur scène avec Karnataka et qui figurera sur New Light - Live In Concert en 2012. Vanished, influencée par le film L'Illusionniste, semble tout droit sorti du répertoire de la chanteuse Enya. Enfin, le sympathique Blank Canvas ressemble à s'y méprendre à un extrait d'une comédie musicale à succès de Broadway.

Album pop réussit, Silver Screen  est un judicieux équilibre entre la culture musicale classique et celtique d'Hayley associée aux sons plus actuels propres au label. Sa principale qualité est de mettre avant tout en valeur la délicieuse voix de celle qui est en train de devenir une des "ladies" incontournables de la scène progressive actuelle.

    

Musiciens


Hayley Griffiths : chant

Titres


01. Prelude
02. Vanished
03. What Is A Champion?
04. Our Love
05. Wait For The Sun
06. Haunted
07. Mechanical Lives
08. Blank Canvas
09. Separated By Glass
10. Is This A Dream
11. Silent As The End

samedi 25 février 2017

Children In Paradise - Mórrígan (2016)

Children In Paradise Morrigan
Children In Paradise - Mórrígan (2016)
Quatre ans. Quatre longues années ont été nécessaires aux Children In Paradise pour donner une suite au vénérable EsylltMórrígan, disponible en 2016, est le deuxième volet d'une trilogie ambitieuse dédiée aux mythes celtiques. 

Si le groupe demeure constitué du noyau Dam Kat (chant) - Gwalchmei (guitares), tous deux auteurs-compositeurs, auquel il ne faut pas oublier à la cornemuse et aux flûtes irlandaises Loïc Bléjean, le reste du line-up a complètement été renouvelé. Exit le pianiste Philippe Turbin, ce qui explique en partie ce nouveau son plus brut, et bienvenue à la nouvelle rythmique réunissant le batteur Frédéric Moreau influencé aussi bien par Stewart Copland que Phil Collins ou Mike Portnoy, et le bassiste Stéphane Rama aperçu aux côtés de Dan Ar Braz. Son jeu vif n'est pas sans rappeler celui d'un certain Simon Gallup de The Cure. D'ailleurs, Mórrígan s'inscrit dans la lointaine continuité de leur album culte Pornography tant il est traversé pas la même noirceur et un désespoir tout aussi profond. Cette face obscure se retrouve également sur l'album Metamorphosis de leurs cousins gallois Magenta, formation de rock néo-progressif menée par la chanteuse Christina Booth et le prolifique claviériste Rob Reed. Autre point commun entre chacun de ces disques incontournables, leurs pochettes à dominante rouge... sang.

Le rouge est la couleur associée à Mórrígan, déesse de la Mort, de la Guerre, de la Destruction, mais aussi de l'Amour et de la Protection. A travers la longue suite centrale lui étant consacrée, Dam Kat narre d'une voix ensorcelante sa vengeance envers Cú Chulainn, le héros celtique par excellence à l'épopée comparable à celle d'Achille de la mythologie grecque ancienne. Alors qu'elle s'était métamorphosée en jeune fille rousse pour le séduire, celui-ci a refusé sans ménagement ses avances. Une violente confrontation s'en suivra durant laquelle elle se transformera successivement en anguille, louve, vache puis corneille, la même que l'on peut admirer sur la magnifique pochette conçue par l'artiste polonais Tomasz Alen Kopera. Au final, la déesse prendra l'aspect d'une vieille dame qui, blessée, sera soignée par le héros.

Construites sur ce thème identique du courage face à la destinée et à la mort, les six autres chansons dégagent une même ambiance énigmatique et sépulcrale. La douce voix éthérée de Dam Kat, navigant dans un registre similaire à celui de Beth Gibbons de Portishead, se trouve en perpétuelle confrontation avec la guitare rugueuse et violente de Gwalchmei. Paradoxalement, cette dualité permanente donne son équilibre à l'album où il est question de solitude (Alone), de guerrier gaulois blessé (I Wait), de souffrance intérieure (I'm Falling), d'amour brisé (Stay), de regrets éternels (In My Mind) et de passage vers l'au-delà (He's Dying, splendide conclusion).

Cette présentation ne serait pas complète sans évoquer la participation exceptionnelle du joueur de carnyx John Kenny sur I'm Falling. Véritable œuvre d'art, cette impressionnante trompe mesurant plusieurs mètres, servait aux temps des Celtes autant à galvaniser les troupes qu'à terrifier l'ennemi. John Kerry, originaire d'Écosse, est un des rares musiciens actuels à savoir en jouer. Mélangé ici aux guitares, le rendu est saisissant.

De par son aspect torturé aux tourments incessants laissant peu d'espoir, Mórrígan offre une musique gothique flamboyante post-progressive aux influences celtiques d'un qualité indéniable ne pouvant que séduire. Le volet suivant abordera quant à lui la légende de la reine Boadicea et s'annonce tout aussi sombre. Entre-temps, Dam Kat proposera Alawn, son premier opus en solo réalisé en collaboration avec le fidèle Gwalchmei. Comme on dit si bien en anglais : "Can't wait!".

Animation de George Redhawk à partir de l'œuvre de
Tomasz Alen Kopera

Children In Paradise carnyx
Joueur de carnyx
© Kabuto 7

Musiciens


Dam Kat : chant, guitare, claviers
Gwalchmei : guitares
Loïc Bléjean : uilleann pipes, low whistle
Stéphane Rama : basse
Frédéric Moreau : batterie

John Kenny : carnyx

Titres


01. Alone
02. I Wait
03. I'm Falling
04. Intro - I Will Follow You
05. Part I -  Mórrígan
06. Part II - Cú Chulainn Is Mine
07. Part III - The Nightmare
08. Stay
09. In My Mind
10. He's Dying

vendredi 24 février 2017

The Morrigan - Spirit Of The Soup (1985)

The Morrigan Spirit Of The Soup
The Morrigan - Spirit Of The Soup
(1985)
Dans la mythologie celtique, Morrigan est la déesse de la Mort, de la Guerre et de la Destruction. C'est ce "drôle" de nom qu'ont choisi d'adopter trois jeunes musiciens du sud de l'Angleterre dans les années 80. Contre toute attente, ils ne proposent pas un post-punk encore en vogue, ni une new-wave alors à son apogée, mais un folk rock raffiné teinté de musique progressive. Un pari totalement fou au vu du contexte musical de l'époque.  

Retour en 1984, dans la ville de Basingstoke. Cathy Alexander, chanteuse et multi-instrumentiste qui a participé en solo à quelques festivals et chanté dans des clubs, répond à une annonce du guitariste Tom Foad en quête de musiciens pour former un nouveau groupe. Ils sont très vite rejoints par le bassiste Cliff Eastabrook, émule du gigantesque (dans tous les sens du terme) Chris Squire. Au bout de quelques semaines, Tom laisse tomber l'affaire. Il est aussitôt remplacé par Colin Masson, alors tout juste séparé de son groupe Elidor. Les personnages principaux sont maintenant en place, l'histoire peut commencer.

Le trio s'installe dans la maison de Cliff où règne une ambiance propice à la création. Mais ils n'ont toujours pas choisi de nom. C'est avec malice qu'ils se font nommer dans un premier temps Airport Convenience, clin d'œil appuyé au Fairport Convention qu'ils admirent tant et dont ils revendiquent l'héritage. D'ailleurs, la voix de Cathy est assez proche de celle de l'éternelle Sandy Denny. Durant la lecture d'un roman de fantasy d'Alan Garner, Colin s'initie à la déesse Morrigan. C'est le déclic tant attendu, son nom est adopté sur le champ.  

Au printemps 1985, The Morrigan enregistre sans moyens techniques ni financiers son premier album. L'enregistrement se déroule dans le salon de Cathy transformé pour l'occasion en studio, et s'effectue en une seule nuit. Au final, il en sort un Spirit Of The Soup d'abord vendu uniquement sous forme de cassette. Il faudra attendre 1999 pour qu'il soit enfin gravé sur CD. 

Dans la continuité de ce que proposaient Fairport Convention, Steeleye Span ou Pentangle durant la décennie précédente, Spirit Of The Soup est constitué de cinq adaptations de chansons traditionnelles arrangées à la sauce Morrigan. Colin signe seul trois titres, dont un délicieux Executioners Song de plus de huit minutes aux incursions progressives. Silent Seasons est l'œuvre de Cathy. Détail amusant, elle semble tout droit sortie du répertoire de la Canadienne Loreena McKennitt alors que celle-ci se trouve au même moment en train de préparer Elemental, son premier album. Les voix des deux chanteuses sont d'ailleurs étrangement confondantes sur ce titre. Spirit Of The Soup se termine par une composition de l'ensemble du groupe, le planant The Great Sun, dont ressortent en catimini les influences de Renaissance, Yes, Genesis et Pink Floyd.

Imparfait, brouillon, inabouti, ces qualificatifs collent parfaitement à la description de Spirit Of The Soup. Néanmoins, après une ou plusieurs écoutes attentives, il devient évident que The Morrigan dispose d'un important potentiel qui ne demande qu'à être exploité. Avant de connaître la suite confirmant ou pas cet avis, cinq longues années d'attentes seront cependant nécessaires. Patience, patience... 

Musiciens


Cathy Alexander : chant, guitare, claviers, flûte, autoharp
Colin Masson : chant, guitares, claviers
Cliff Eastabrook : chant, basse, guitare

Titres


01. Cold Haily Windy Night
02. Fingals Cave / Spirit Of The Soup
03. Turtle Dove
04. Executioners Song
05. Off The Rails
06. Agincourt
07. Cold Blows The Wind (The Unquiet Grave)
08. Silent Seasons
09. Dribbles Of Brandy / Johnny Get Brose
10. The Great Sun

jeudi 23 février 2017

Loreena McKennitt - Parallel Dreams (1989)

Loreena McKennitt Parallel Dreams
Loreena McKennitt -
Parallel Dreams (1989)
"Les rêves nous transportent au pays de l'imaginaire, mais ils sont aussi un rite de passage du conscient vers l'inconscient, du réel vers l'irréel, et de l'extraordinaire vers l'immatériel, rite dont le but premier est d'arriver à l'union".

C'est par ces quelques mots que Loreena McKennitt présente son troisième album Parallel Dreams, disponible en 1989. Dans la longue discographie de la chanteuse à la voix exceptionnelle, ce disque ne constitue pas une rupture, mais une (r)évolution toute en douceur.

Comme sur les précédents opus, l'héritage des Celtes demeure au cœur de la création artistique. Si Loreena navigue bien en terre connue, elle a néanmoins étoffé son offre musicale en s'enrichissant de la présence de musiciens invités. C'est là la principale nouveauté. Auparavant intimiste, sa musique bénéficie désormais de l'apport d'instruments nouveaux que sont le violon, le violoncelle, certaines percussions, la cornemuse, la basse, la mandoline ou encore la guitare. Cette dernière est jouée par Brian Hughes, début d'une longue et fructueuse collaboration entre les deux artistes qui traversera les décennies. 

Autre nouveauté, pour la première fois, les compositions personnelles sont plus nombreuses que les reprises de chants traditionnels. Parmi ceux-ci, Annachie Gordon qui trouve sa source dans l'Écosse médiévale. Tout au long de ses huit minutes, Loreena narre, telle un troubadour, cette tragédie rocambolesque d'un amour impossible à la Roméo et Juliette. L'héroïne se prénomme Jeannie. Contrainte par son père, elle se voit obligée d'épouser un lord pour lequel elle n'éprouve aucun sentiment. L'élu de son cœur n'est autre qu'un certain Annachie Gordon. Et cette histoire dramatique finira mal, très mal...

Toute aussi émouvante, mais dans un registre différent, Breaking Silence a été écrite par Loreena. Cette très belle chanson est dédiée au combat quotidien mené par Amnesty International. Près de vingt ans après, elle demeure toujours d'actualité ; bien des silences nécessitent encore d'être brisés. 

Si Parallel Dream a été conçu comme une invitation au rêve, Loreena n'en oublie pas moins le monde qui l'entoure. A cette triste réalité, elle entrouvre, l'espace d'un instant, une fenêtre vers un ailleurs dans lequel il fait bon de regarder et voguer tranquillement l'âme apaisée.


Musiciens


Loreena McKennitt : chant, harpe, claviers, ukelin, bodhran, whistle

Brian Hughes : guitare, basse
David Woodhead : mandoline, accordéon
Oliver Schroer : violon
George Koller : violoncelle, basse, percussions
Patrick Hutchinson : cornemuse
Rick Lazar : percussions
Al Cross : percussions
Ratesh Dasj : tablas
Shelly Berger : pzud, basse

Titres


01. Samain Night
02. Moon Cradle
03. Huron 'Beltane' Fire Dance
04. Annachie Gordon
05. Standing Stones
06. Dickens' Dublin (The Palace)
07. Breaking The Silence
08. Ancient Pines