samedi 26 novembre 2016

Christina - Broken Lives & Bleeding Hearts (2010)

Christina Booth Magenta Broken Lives & Bleeding Hearts
Christina - Broken Lives
& Bleeding Hearts (2010)
Broken Lives & Bleeding Hearts est le premier album solo de Christina, la charismatique chanteuse du combo gallois de rock progressif Magenta. Sorti en 2010, il se compose d'une succession de chansons courtes, tantôt enjouées, tantôt introspectives, révélant la facette romantique de Miss Booth. 

Ce disque est né avant tout d'un profond désir de créer et chanter ses propres textes. En effet, au sein de Magenta, c'est le frère de Rob Reed, Steve, qui signe l'essentiel des paroles. La participation de Christina est limitée à quelques singles comme Broken, I'm Alive ou Night And Day. Réduite à un simple rôle d’interprète, certes exceptionnelle, elle a néanmoins éprouvé le besoin de s'affirmer à travers Broken Lives & Bleeding Hearts. Sa participation à d'autres projets parallèles (Caamora, Parzivals Eye,  et dans une moindre mesure Galahad), n'a visiblement pas suffit à satisfaire ce besoin d'émancipation. 

Pour autant, Christina ne s'est pas éloignée complètement de sa famille musicale. L'indispensable Rob Reed se retrouve aux manettes (composition, production, mixage) ainsi qu'aux claviers, basse et guitares. Le talentueux guitariste Chris Fry intervient à la guitare acoustique, tout comme le nouveau batteur du groupe, le jeune Kieran Bailey. Les chœurs sont assurés en partie par sa propre sœur Fran Brimble. 

Afin de parfaire sa musique, Christina a également fait appel à quelques invités prestigieux. Steve Balsamo (The Storys, Chimpan A, IO Earth) est venu poser sa voix sur un Immorality magnifié par les cornemuses celtique de l'ex-Iona Troy Donockley. John Mitchell d'Arena électrise avec sa guitare Deep Oceans et Do Or Die. Son ancien complice de Trippa, Ryan Aston, apparaît à la batterie sur quelques titres, ainsi que le bassiste Andy Coughlan qui joue désormais avec Luna Rossa. 

Les magnifiques illustrations du livret et la pochette réalisées par l'artiste Rosella Buemi aident l'auditeur à se plonger dans cet univers romanesque. Si certains titres évoquent bien Magenta (Tales Of Broken Hearts, Dawn To The River et sa basse heavy), Christina emprunte des sentiers sinueux qui la mènent vers une musique pop rock mélodique aux accents jazzy teintés de gospel (Free, single par excellence). A noter que le fulminant Hanging By A Thread a été interprété en avant-première lors du Live At Real World, concert acoustique donné devant un public restreint dans les fameux studios de Peter Gabriel, le 21 novembre 2009. Son titre provisoire était alors Hate You.

Pour être honnête, malgré ses qualités, Broken Lives & Bleeding Hearts n'est pas un album indispensable. Néanmoins, il permettra à tous les curieux, à tous ceux qui souhaitent se familiariser davantage avec l'univers musical de ce formidable groupe qu'est Magenta, de mieux appréhender Christina, figure emblématique d'un rock progressif au féminin renaissant en phase de confirmation.


Musiciens


Christina : chant

Rob Reed : claviers, basse, guitares
Chris Fry : guitares
John Mitchell : guitares, chœurs
Steve Balsamo : chant
Fran Brimble : chœurs
Troy Donockley : uilleann pipes
Andy Coughlan : basse
Ryan Aston : batterie
Kieran Bailey : batterie

Titres


01. Free
02. Way Back To My Heart
03. Deep Oceans
04. Hanging By A Thread
05. Tales Of Broken Hearts
06. Helen's Song
07. Down By The River
08. Do Or Die
09. Reel Life
10. Immorality
11. Deep Oceans ( Oceans Deep Jem Godfreys Remix)

vendredi 25 novembre 2016

Eivør - At The Heart Of A Selkie (2016)

Eivør Pálsdóttir At The Heat Of A Selkie Danish Radio Big Band
Eivør - At The Heat Of A Selkie
(2016)
Eivør Pálsdóttir n'est pas à proprement parler une chanteuse de rock progressif, c'est une déesse nordique à la voix extraordinaire. Originaire des îles Féroé, petit archipel de l'océan Atlantique situé à équidistance entre l'Écosse, l'Islande et la Norvège, elle compte à son actif une dizaine d'albums, tous aussi passionnants les uns que les autres. 

Sorti en 2016, At The Heart Of A Selkie est un concept-album ayant nécessité trois années de travail. Eivør y raconte la tragique histoire d'une selkie, créature mythologique scandinave mi-humaine, mi-phoque. Capturée par un marin subjugué par son incroyable beauté, elle accepte de se marier avec lui et fonde un foyer. Mais, au plus les années passent, au plus son désir de retourner auprès des siens dans l'infini océan se fait pressant. La nostalgie la gagne ; il lui faudra bientôt faire un choix. 

Eivør a impliqué un certain nombre de personnes dans cette entreprise. Le compositeur danois Peter Jensen a signé les musiques et réalisé les arrangements. Quant aux paroles, elles sont de Marjun Syderbø Kjelnæs, poétesse féroïenne. Aux parties chantées par Eivør, alternent passages instrumentaux du Danish Radio Big Band conduit par le Norvégien Geir Lysne, chants aériens du Danish National Vocal Ensemble et sons naturels reproduisant, par exemple, de l'eau en train de couler. 

Alors que l'on aurait pu s'attendre à un orchestre à cordes, plus adapté à ce type de projet, Eivør a jugé plus judicieux de confronter les cuivres jazzy d'un Big Band à un chœur classique. L'étrange combinaison des deux en une seule entité donne un résultat saisissant et un son rarement entendu jusqu'alors. La musique qui en découle ravira, à ne pas en douter, les mélomanes les plus exigeants. 

Une nouvelle fois, Eivør frappe fort avec cette œuvre des plus ambitieuses. Artiste polymorphe, elle a le don de toujours se trouver là où on ne l'attend pas. Désormais, rien ne semble pouvoir l'arrêter dans sa conquête du monde.


Musiciens


Eivør : chant

The Danish Radio Big Band

The Danish National Vocal Ensemble

Titres


01. Havet (The Ocean)
02. Trettanda Nátt (Epiphany)
03. Verð Mín (Be Mine)
04. Uden Herren Opholder Vort Og Gard (Wedding)
05. Slør (Veils)
06. Vøgguvísa, Eine Kópakona Syngur (Lullaby)
07. Nar Jeg Betænker Den Tid Og Stund (Dream)
08. Salt (Salt)
09. Elskaði (My Beloved)
10. Jeg Vil Mig Herren Love (Return)
11. Lat Meg (Let Me)

mardi 22 novembre 2016

Sarah Dean - The Incredible String Blonde (2016)

Sarah Dean The Incredible String Blonde Blue
Sarah Dean - The Incredible String
Blonde (2016)
Certaines personnes choisissent de chanter seules, avec une simple guitare acoustique. A la guitare, Sarah Dean a préféré la harpe celtique, instrument bien plus original et tout aussi expressif.

The Incredible String Blonde se compose de deux disques, un bleu et un marron. Le but est de rassembler toutes ses chansons interprétées sur scène. Seule avec sa harpe, Sarah les a donc enregistrées dans les conditions du direct, en une seule prise. Elle y chante sa vie, sa vision du monde, ses rencontres et... sa passion pour son chien (Happy Dog). A l'exception de quelques reprises comme la splendide version a cappella de The Traveller's Prayer de l'ex-Pentangle John Renbourn, Sarah interprète ses propres compositions.

Qui dit "harpe celtique" pense automatiquement à Tolkien, aux mondes elfiques ou à Loreena McKennitt. En réalité, l'univers musical de Sarah se rapproche davantage du folk et évoque plutôt les maîtresses du genre que sont Sandy Denny, Judy Collins ou Jacqui McShee. Bien entendu, l'ombre de Loreena McKennitt plane sur certains titres comme Blue Horizon, ou le très aérien Warm Sea fait plutôt penser à Enya. Mais, dans l'ensemble, on a surtout l'impression que Sarah a juste troqué une guitare acoustique pour une harpe. Et cela fait toute son originalité.

Multi-instrumentiste, chanteuse depuis l'âge de sept ans, Sarah a appris très jeune à jouer du piano, de l’harmonica, du saxophone, de la flûte puis de la harpe. Depuis de nombreuses années, elle est membre du trio vocal Soundsphere dont la particularité est de chanter a cappella. Proche de la galaxie "autumnienne", c'est elle qui accompagne Olivia Sparnenn à la flûte sur le nostalgique Old Friend de Through These Eyes, première escapade solo de Bryan Josh sous le nom Josh & Co. Limited. En 2016, elle rejoint The Heather Findlay Band pour une série de concerts et participe à l'enregistrement de I Am Snow aux côtés d'Angela Gordon notamment. Elle a également été conviée à jouer de la harpe celtique sur Secrets & Lies, deuxième album de Luna Rossa, projet acoustique d'Anne-Marie Helder et Jonathan Edwards, tous deux de Panic Room.

Sarah Dean est donc un nom à retenir et The Incredible String Blonde sont deux disques surprenant à écouter sans modération, pour notre seul plaisir.

Sarah Dean The Incredible String Blonde Brown
Sarah Dean - The Incredible String
Blonde (2016)

Musicienne


Sarah Dean : chant, harpe celtique

Titres


Blue EP
01.Beautiful World
02. Cloudstreets
03. Stealing Time
04. Breathe
05. Happy Dog
06. Blue Horizon
07. Warm Sea

Brown EP
01. I Am A Farming Man
02. The Flither Girls
03. The Traveller's Prayer
04. The January Man
05. Yorkshire Bound
06. Bonny At Morn
07. The Ploughboy's Dream

dimanche 20 novembre 2016

Nerissa Schwartz - Playgrounds Lost (2016)

Nerissa Schwartz Playgrounds Lost Frequency Drift
Nerissa Schwartz - Playgrounds Lost
(2016)
Nerissa Schwartz navigue dans la galaxie Frequency Drift depuis de nombreuses années. Sa première apparition date de l'époque Echofields où elle joua de la harpe électrique sur cinq titres de l'album 817 (days) en 2006. On la retrouve ensuite aux côtés d'Andreas Hack au sein du projet parallèle Coronal Rain. Puis, elle apparaît en tant qu'invitée sur Personal Effects Part 2 et Ghosts. C'est à partir de Laid To Rest (2012) qu'elle devient un membre à part entière de Frequency Drift. Sa harpe électrique, instrument peu commun, apporte alors une nouvelle coloration sonore originale à la formation allemande. 

Playgrounds Lost, son premier album solo, a nécessité deux années de travail minutieux, d'introspection et de recherches personnelles sur l'enfance. Seule à la barre, elle a écrit, arrangé, produit et enregistré ce disque instrumental. Elle y joue bien évidemment de la harpe électrique, mais aussi du mellotron, instrument fétiche des amateurs de musiques progressives. 

Centré sur le thème de l'enfance, de ses joies, de sa beauté, de sa fragilité, il se dégage de Playgrounds Lost une ambiance énigmatique, quasi-fantomatique qu'illustre si bien la pochette du disque. Nerissa livre une œuvre troublante et cérébrale, à la beauté froide réchauffée par d'intenses rayons de soleil salvateurs. 

Musicienne


Nerissa Schwartz : harpe électrique, mellotron

Titres


01. Play
02. Dance Around Black Hole
03. Running Out
04. Fireflying
05. Last Spring
06. Yellow Skies
07. Something Behind Trees
08. No More Games
09. Playground Lost

samedi 19 novembre 2016

Flamborough Head - Lost In Time (2013)

Flamborough Head Lost In Time
Flamborough Head - Lost In Time
(2013)
Il aura fallu quatre longues années d'attente pour que Flamborough Head donnent une suite à Looking For John Maddock. Lost In Time, sorti en 2013, est un excellent cru qui se laisse lentement savourer . 

Toujours ancrée dans un style néo-progressif aux couleurs symphoniques, la musique de nos Néerlandais évoque à la fois Pink Floyd pour ses guitares, Camel pour sa flûte et Renaissance pour son piano. Les six titres, d'une durée comprise entre six et douze minutes, ont été composés par le claviériste Edo Spanninga, à l'exception du dernier, Andrassy Road, que l'on doit au petit nouveau Gert Pölkerman. Eddie Mulder, le précédent guitariste, a quitté l'aventure pour se consacrer à d'autres projets comme Leap Day (avec le batteur Koen Roozen), Trion (avec Edo Spanninga) et sa carrière solo. Gert n'est pas un simple remplaçant, il s'est complètement investi dans le projet et a été propulsé ingénieur du son de l'album. D'ailleurs, il a effectué un travail remarquable, jamais un enregistrement du groupe n'avait atteint une telle qualité sonore. C'est un réel plaisir que d'entendre chaque instrument aussi mis en valeur, dans un totale harmonie. 

Comme à l'accoutumée, la chanteuse-flûtiste Margriet Boomsma signe toutes les paroles dans lesquelles elle distille des messages. Par exemple, elle aborde le sujet des enfants (esclaves) envoyés travailler au fond des mines dans The Trapper, surnom qui leur était donné au sud du Pays de Galles. Probablement inspirée lors de la participation du groupe au Mini-Progfestival de 2007 (cf. Live In Budapest), la chanson Andrassy Road porte le nom d'une célèbre avenue de la capitale hongroise sur laquelle se dresse la Maison de la terreur. Cette ancienne prison, transformée aujourd'hui en musée, a servi successivement aux fascistes des Croix fléchées puis aux communistes. Chacun leurs tours, ils y ont enfermé, torturé et éliminé de manière massive leurs opposants politiques de tous bords. 

Désormais signé sur le label polonais Oskar, Flamborough Head continue à confier l'illustration de ses pochettes à Theo Spaay, ce qui donne une unicité à leur passionnante discographie. Lost In Time, comme ses prédécesseurs, ne court pas après un succès éphémère, mais cherche avant tout à installer le groupe dans la durée et mise sur une qualité certaine. Il offre un parfait équilibre entre chant féminin expressif et longs développements instrumentaux complexes qui raviront, à ne pas en douter, autant les néophytes que les oreilles les plus exigeantes.

Musiciens


Margriet Boomsma : chant, flûtes
Gert Pölkerman : guitares, chœurs
Edo Spanninga : claviers
Marcel Derix : basse
Koen Roozen : batterie, percussions

Titres


01. Lost In Time
02. The Trapper
03. Dancing Ledge
04. Damage Done
05. I'll Take The Blame
06. Andrassy Road

mardi 15 novembre 2016

Valeria Caucino - At The Break Of Dawn (2015)

Valeria Caucino At The Break Of Dawn
Valeria Caucino - At The Break
Of Dawn (2015)
Valeria Caucino s'est faite connaître dans le monde du progressif grâce à ses prestations remarquées au sein de la formation génoise Narrow Pass. Sortis respectivement en 2006 et 2009, A Room Of Fairy Queen's et In This World And Beyond demeurent encore aujourd'hui des références. Passionnée de musique celtique (Following My Steps) et de folk nord-américain (Acoustic Tales, Inside), Valeria publie en 2015 At The Break Of Dawn, son disque le plus intimiste et, sans aucun doute, son œuvre la plus aboutie. Tel un précieux collier, il est composé de onze petites perles, toutes aussi somptueuses les une que les autres.

Son intérêt pour l'Irlande se manifeste, notamment, à travers les deux seules reprises de l'album. As I Roved Out, vieille chanson irlandaise à son répertoire depuis des années, est totalement revisitée ici. Avec l'aide de Mauro Montobbio de Narrow Pass, Valeria s'aventure dans l'expérimentation en faisant se confronter modernité et tradition. Armée de son bodhran, instrument de percussion typiquement irlandais, elle immerge sa version dans un son synthétique épuré, que ne renierait pas la formation allemande Deine Lakaien. A nouveau en collaboration avec Montobbio, elle propose une interprétation plus folk-celtique de l'intemporel Flying From Ireland de In This World And Beyond. Dépouillée de ses attributs progressifs, cette nouvelle version nous entraîne vers l'île verte en compagnie d'une simple flûte, d'une guitare acoustique et d'un violon. L'ensemble étant porté par la voix sublime de Valeria.

The Beating Of Life qui ouvre le disque, et son pendant italien Senza Limiti qui le ferme, nous ramènent aux riches heures des années 60 durant lesquelles on pensait que de simples chansons, aussi jolies soient-elles, pouvaient changer le monde. Joan Baez, Judy Collins, Joni Mitchell, Sandy Denny... ces noms surgissent de notre inconscient à leur écoute.

L'appel de la nature se manifeste à travers le single bucolique Over The Pain, ou un A Pillow Full Of Tears mélancolique sur lequel un orage de montagne se laisse entendre avec, au loin, le tonnerre et sa pluie battante. Valeria habite la petite ville de Biella, entourée par les Alpes millénaires. Proche de son environnement, Valeria s'en inspire, s'en nourrit. On peut déceler en elle cette même petite flamme qui habitait Heather Findlay sur les premiers albums de Mostly Autumn. 

Valeria n'oublie pas non plus de chanter l'Amour, sous toute ses formes. You're The One, véritable déclaration, Evil Thoughts, The River... autant de chansons sur ce thème éternel... 

At The Break Of Dawn est un petit chef d'œuvre qui mérite amplement une grande reconnaissance. Avec ce disque attachant, Valeria poursuit son bonhomme de chemin sur les traces de grandes dames telles que, outre celles déjà citées, Jacqui McShee, Annie Haslam, Loreena McKennitt ou Joanne Hogg. Ce serait regrettable de passer à côté de cette artiste authentique, dotée d'une très grande sensibilité exprimée à travers ses chansons. 


Musiciens


Valeria Caucino : chant, guitare acoustique, bodhran, tambourin

Roberto Brasolin : claviers
Mauro Montabio : guitares, claviers, programmation
Francesco De Vincentis : guitares
Fabio Lamanna : piano
Emanuele Motta : basse
Gabriele Greggio : contrebasse
Alberto Lamanuzzi : batterie
Stefano Gilardi : harpe, chœurs
Dario Retegno : violon
Vito Dentamaro : violon
Adriano Zerbola : saxophone
Sandro Marinoni : flûte

Titres


01. The Beating Of Life
02. Over The Pain
03. Another Footprint In The Sand
04. A Pillow Full Of Tears
05. As I Roved Out
06. You're The One
07. Evil Thoughts
08. Now
09. The River
10. Flying From Ireland
11. Senza Limiti

lundi 14 novembre 2016

Valeria Caucino - Inside (2014)

Valeria Caucino Inside
Valeria Caucino - Inside (2014)
Un an après Acoustic Tales, Valeria Caucino poursuit son voyage dans les lointaines contrées de la musique folk nord-américaine avec Inside. Si Joan Baez demeure sa référence en la matière, la majorité des titres provenant de son répertoire, Valeria se risque à revisiter d'autres classiques intemporels comme The Boxer de Simon & Garfunkel, Yesterday des Beatles, Captain Kennedy de Neil Young ou Blowing In The Wind de Bob Dylan.

As I Roved Out, chanson traditionnelle irlandaise basée sur la même mélodie que Lady Franklin de Trees, et le ténébreux Black Is The Color étaient déjà présents sur la compilation Following My Steps. Depuis longtemps Valeria les interprète sur scène, aussi bien en solo qu'avec son ancien groupe spécialisé dans la musique celtique, Lazy Bed.

Que ce soit de simples chansons d'amour, des histoires aux destins brisés, ou des textes engagés, Valeria les interprète toujours avec la même force de conviction. John Riley, chanson populaire anglaise, relate l'amour indéfectible d'une jeune femme pour son amant, le fameux John Riley, disparu en mer. Écrites en 1964, les paroles de There But For Fortune décrivent en quatre couplets quatre drames touchant un prisonnier, un clochard, un ivrogne et un pays bombardé. Banks Of The Ohio est une célèbre "murder ballad" du XIXe siècle durant laquelle une jeune femme est assassinée par son fiancé après qu'elle ait refusé de se marier avec lui. Les "murder ballads", ballades traditionnelles centrées sur le thème du  meurtre, sont un genre musical spécifique aux pays anglo-saxons. Composé en 1980 par Joan Baez alors que le monde entier a assisté impuissant aux meurtres de masse commis au Cambodge par les communistes Khmers rouge, Cambodia pleure la souffrance de cette petite terre d'Asie surnommée "le pays du Sourire"... What Have They Done To The Rain? est une chanson militante de 1962 s'opposant aux essais nucléaires atmosphériques. Enfin, James Connolly évoque la destinée tragique de ce syndicaliste marxiste et républicain irlandais qui dirigea l'insurrection dite des "Pâques sanglantes" à Dublin, en 1916. Elle devait conduire à l'indépendance de son île, mais elle échoua. Lui fut exécuté par les Britanniques.

Petite nouveauté par rapport à l'album précédent, Valeria est cette fois-ci accompagnée de musiciens sur certains titres. Ainsi, Daniel Ponte la seconde à la guitare sur As I Roved Out et Roberto Brasolin dépose quelques discrètes nappes synthétique sur Black Is The Colour, James Connolly ou The Many Crimes Of Cain. Fiddle (violon), banjo, bouzouki et mandoline accentuent quant à eux l'aspect folk de Banks Of The Ohio, Captain Kennedy et Copper Kettle.

Ce deuxième essai est une réussite pour Valeria, entièrement à l'aise dans cet univers musical qui lui sied à merveille. Toutefois, soyons honnête, le meilleur est encore à venir. Ce sera At The Break Of Dawn.





Musiciens


Valeria Caucino : chant, guitare

Matteo Ringressi : fiddle, banjo, chœurs
Ruben Minuto : guitare, mandoline, chœurs
Roberto Brasolin : claviers
Ricky Mantoan : bouzouki
Daniel Ponte : guitare

Titres


01. There But The Fortune
02. Banks Of The Ohio
03. Cambodia
04. The Boxer
05. John Riley
06. Black Is The Colour
07. What Have They Done To The Rain?
08. Railroad Boy
09. James Connolly
10. Captain Kennedy
11. Copper Kettle
12. Blowing The Wind
13. The Many Crimes Of Cain
14. Yesterday
15. As I Roved Out

dimanche 13 novembre 2016

Valeria Caucino - Acoustic Tales (2013)

Valeria Caucino Acoustic Tales
Valeria Caucino - Acoustic Tales
(2013)
Contrairement à Following My Steps, Acoustic Tales est le premier vrai album solo de Valeria Caucino. Seule, avec sa guitare, elle interprète quinze titres extraits du répertoire de Joan Baez, une de ses idoles. Bien que puisant sa source d'inspiration dans la musique celtique, Valeria est également une grande admiratrice des chanteuses nord-américaines telles que Joan Baez, justement, Judy Collins ou Joni Mitchell. Elle possède en commun avec elles une voix si pure et délicate qui lui permet d'adapter, avec une aisance toute naturelle, leurs chansons.  

Pour autant, Valeria n'oublie pas son intérêt pour les îles britanniques et reprend deux chansons traditionnelles écossaises. The Water Is Wide ouvre l'album. Ses paroles remonterait aux années 1600. Outre Joan Baez, Barbara Dickson en a livré une version splendide que l'on peut savourer sur Time & Tide. Fennario, connue également sous le titre The Bonnie Lass o' Fyvie, relate l'histoire amoureuse d'un soldat et d'une jeune fille. Joan Baez l'a intégrée à son récital dès 1963. 

Bien évidemment, la majorité des morceaux sélectionnés ont été composés par Bob Dylan, vieux compagnon de route de Joan Baez : Farewell Angelina, It Ain't Me Babe, It's All Over Now Baby Blue, Forever Young, I Shall Be Released ou encore Don't Think Twice It's Alright. Inutile de préciser combien Valeria apporte un vent de fraîcheur sur ces classiques inscrits au panthéon de la musique rock folk. C'est un réel plaisir de les redécouvrir au travers son interprétation à la fois profonde et limpide. 

Le ton devient plus grave sur Dona Dona. Chanson écrite à l'origine en yiddish par l'écrivain Aaron Zeitlin sur une musique de Sholom Secunda, les paroles décrivent la condition d'un petit veau ligoté mené à abattoir. Cette parabole évoque en réalité le sort des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Oh Freedom symbolise quant à elle la liberté retrouvée par les esclaves noirs américains. D'apparence plus légère, El Rossinyol, chanson traditionnelle catalane, figure sur Gracia A La Vida. Ce disque de Joan Baez tout en espagnol , sorti en 1974, était une réponse militante à la dictature du Général Pinochet au Chili. La façon dont Valeria roule les "r" sur cette chanson, tel ce petit oiseau, la rend fortement attachante.

A travers ce tribute à Joan Baez, Valeria se permet deux clins d’œil à deux autres grandes dames du folk rock qui ont marqué leur époque. Le premier est à Janis Joplin. Si Joan a effectivement repris Me And Bobby McGee, c'est incontestablement la regrettée Janis qui a le mieux incarné cette chanson en l'enregistrant quelques jours avant sa mort. Le second est à Jacqui McShee et à son groupe Pentangle avec Once I Had A Sweetheart que l'on retrouve sur leur grand succès Basket Of Light en 1969. Là aussi, Joan avait repris cette chanson traditionnelle dès 1963, mais la version de Pentangle est celle qui aura marqué les esprits. 

Quiétude et sérénité sont les deux maîtres-mots de cet Acoustic Tales. Comme autour d'un feu de camp entre amis, Valeria chante pour notre seul plaisir, et nous raconte, à la manière des conteuses d'antan, ces histoires d'un autre temps.


Musicienne


Valeria Caucino : chant, guitare

Titres


01. The Water Is Wide
02. Farewell Angelina
03. Fennario
04. For Sasha
05. Queen Of Hearts
06. It Ain't Me Babe
07. Dona Dona
08. It's All Over Now Baby Blue
09. Once I Had A Sweetheart
10. Forever Young
11. Oh Freedom
12. Me And Bobby McGee
13. I Shall Be Released
14. El Rossinyol
15. Don't Think Twice It's Alright

samedi 12 novembre 2016

Valeria Caucino - Following My Steps

Valeria Caucino Following My Steps
Valeria Caucino - Following My Steps
Valeria Caucino est la plus celtique des chanteuses italiennes. Sa compilation Following My Steps, éditée en série très limitée, survole le parcours musical de cette poétesse jusqu'à l'aube des années 2010.

Née à Biella, ville piémontaise située dans les contreforts des Alpes, Valeria s'intéresse très tôt à la culture celtique. Est-ce lié au fait que les premiers habitants de sa ville étaient des Celtes ? Mystère... Afin de parfaire ses connaissances sur le sujet, elle part même mener des recherches à Galway, en Irlande, au cœur de ces terres de légendes. Puis, inspirée par la grande prêtresse Loreena McKennitt au chant diaphane similaire au sien, elle apprend à jouer de la harpe celtique. Par la suite, en parallèle de sa carrière solo, elle participe à différentes formations influencées par la musique irlandaise et écossaise telles que Lazy Bed, Shamrock ou Catweasle. 

Mais, c'est avec Eris Pluvia, groupe de rock progressif italien aux influences folk, que Valeria commence à se faire un nom. Elle est invitée à chanter sur une chanson de leur premier album intitulé Rings Of Earthly Light sorti en 1991. Sell My Feelings, portée par une flûte pastorale digne des premiers Camel et Genesis, se retrouve tout naturellement sur Following My Steps. Tout comme cinq des titres des deux albums de la formation gênoise Narrow Pass sur lesquels elle a brillé : A Room Of Fairy Queen's (2006), puis In This World And Beyond (2009). A Room Of Fairy Queen's, Heaven's Crying, In This World And Beyond, Flying From Ireland et Silver Lady sont, chacun à leur manière, de véritable perles. 

Chanteuse et guitariste de musique folk, Valeria n'a pas non plus oublié de placer quelques classiques comme Reynardine, repris en son temps par Fairport Convention (Liege & Lief) ou As I Roved Out, chanson traditionnelle irlandaise qui figure également sur l'album The Wind That Shakes The Barley (2010) de Loreena McKennitt. Ainsi, grâce à ce travail d'adaptation, Valeria s'inscrit comme la digne héritière des Sandy Denny, Judy DybleMaddy Prior, Celia Humphris et autres Jacqui McShee, grandes dames de la scène folk rock britannique. 

Following My Steps est, en définitive, une excellente introduction à l'univers de cette artiste dont le magnifique sourire n'a d'égal que la beauté de sa musique. 


Titres


01. A Room Of Fairy Queen's
02. Reynardine
03. Sell My Feelings
04. Black Is The Color
05. Heaven's Crying
06. As I Roved Out
07. In Your Eyes
08. The Lass From The Low Country
09. In This World And Beyond
10. A Maid On The Shore
11. Flying From Ireland
12. Pastures Of Plenty
13. Silver Lady
14. Just For You

vendredi 11 novembre 2016

Jennifer Warnes - Famous Blue Raincoat

Jennifer Warnes - Famous Blue Raincoat 20th Anniversary Edition
Jennifer Warnes -
Famous Blue Raincoat
Mondialement connue grâce à son duo avec Joe Cocker, Up Where We Belong, Jennifer Warnes est l'artiste féminine qui, avec Judy Collins, a le mieux côtoyé l'univers artistique du poète canadien aujourd'hui disparu, Leonard Cohen. 

Née à Seattle, Jennifer a grandi en Californie. Dès son plus jeune âge, elle a désiré chanter. Il faut dire que Jennifer est dotée d'une voix magnifique, très expressive. En 1970, elle fait la connaissance de Leonard, alors jeune chanteur de musique folk. Une amitié indéfectible née entre les deux. Elle participera en tant que choriste à plusieurs de ses albums et tournées. 

En 1986, elle décide de réaliser un album hommage au poète. Pour cela, elle s'associe au bassiste Roscoe Beck et tous deux coproduisent Famous Blue Raincoat, disponible dans les bacs des disquaires en 1987. Comme indiqué dans le livret, Jenny sings Lenny... Puisqu'il est question d'amitiés fidèles, Roscoe sera sur scène aux côtés de Leonard, à la basse et à la direction musicale, lors de sa tournée gigantesque de 2009 (cf. les disques Live In London et Songs From The Road). 

Famous Blue Raincoat bénéficiera d'une réédition et remasterisation en 2007, pour son vingtième anniversaire. Il comportera quatre titres en bonus, dont une splendide version live de Joan Of Arc sur laquelle le chant de Jennifer atteint des sommets. 

Les reprises proposées par Jennifer sont issues des albums Songs From A Room (1969) à Various Positions (1984). First We Take Manhattan, chanson prémonitoire abordant la délicate question du terrorisme, et Ain't No Cure For Love, dans une version légèrement modifiée, apparaîtront seulement l'année suivante, en 1988, sur I'm Your Man

Leonard himself fait honneur à Jennifer en interprétant en duo Joan Of Arc. D'autres invités de marque ont également été conviés tel Stevie Ray Vaughan au jeu de guitare de suite identifiable sur First We Take Manhattan, ou encore le saxophoniste Paul Ostermayer, vibrant d'émotion sur Famous Blue Raincoat. Plus tard, il accompagnera Leonard lors de sa tournée de 1993. Magnifique chanson, probablement une des plus belles du répertoire de l'artiste, elle raconte, sous forme de lettre, la relation ambiguë au sein d'un triangle amoureux entre le narrateur, une femme nommée Jane, et un troisième homme. Plus mystique, Song Of Bernadette, coécrite par Jennifer, Leonard et Bill Elliott, s'inspire de l'histoire de la jeune Bernadette Soubirous persuadée que la Vierge Marie lui est apparue à plusieurs reprises dans une grotte, près de Lourdes. 

Doté d'une qualité sonore exceptionnelle, Famous Blue Raincoat demeurera, encore longtemps, le meilleur album hommage rendu au grand Leonard Cohen parti rejoindre les étoiles en ce triste mois de novembre 2016. La sensibilité, l'amitié et le talent ont permis à Jennifer Warnes de donner vie à ce disque aussi émouvant et mélancolique que celui à qui il est dédié. Au revoir Monsieur Cohen...


Leonard Cohen en 2008
© Rama


Musiciens


Jennifer Warnes : chant

Stevie Ray Vaughan : guitare
Robben Ford : guitare
Michael Landu : guitare
David Lindley : guitare
Fred Tackett : guitare
Greg Leisz : guitare
Doyle Bramhall II : guitare
Dean Parks : guitare
John Miles : guitare
Mitch Watkins : guitare, claviers
Gary Chang : claviers
Russell Ferrante : claviers
Smitty Smith : claviers
Bill Ginn : claviers
Van Dyke Parks : claviers, accordéon
Olivier Marland : piano
Roscoe Beck : basse, guitare, claviers
Jorge Calderon : basse
Richard Feves : basse
Dave Stone : basse
Warren McRae : basse
Vinnie Colaiuta : batterie
Jack Bruno : batterie
Lenny Castro : percussions
Larry Brown : percussions
Steve Forman : percussions
Alez Acuna : percussions
Deric Dyer : percussions
Dave Boruff : saxophone
Paul Ostermayer : saxophone
Sid Page : violon
Barbara Porter : violon
Joel Deroin : violon
Sid Page : violon
Novi Novog : alto
Jimbo Ross : alto
Larry Corbett : violoncelle
Suzie Katayama : violoncelle
Kal David : chant
Willie Green Jr : chant
Greg Prestopino : chant
Bobby King : chant
Terry Evans : chant
David Lasley : chant
Tim Stone : chant
George Ball : chant
Josef Powell : chant
Sharon Robinson : chant
Kal David : chant
Arnold McCuller : chant
Leonard Cohen : chant

Orchestre : In Novecento
Chœur : Het West Brabants & De Tweede Adem

Titres


01. First We Take Manhattan
02. Bird On A Wire
03. Famous Blue Raincoat
04. Joan Of Arc
05. Ain't No Cure For Love
06. Coming Back To You
07. Song Of Bernadette
08. A Singer Must Die
09. Came So Far So Beauty

10. Night Comes On
11. Ballad Of The Runnaway Horses
12. If It Be Your Will
13. Joan Of Arc (Live In Concert)