jeudi 10 février 2022

Kari Rueslåtten - Demo Recordings 1995 (2016)

Kari Rueslatten Demo Recordings 1995
Kari Rueslåtten - Demo Recordings 1995 (2016)

Pourquoi écouter ce disque ?

Lorsque Kari Rueslåtten quitte The 3rd And The Mortal en 1995, elle oriente sa carrière musicale vers deux directions. Elle rejoint d'abord Storm, groupe de viking folk metal norvégien avec lesquels elle sort l'album Nordavind alors salué par la critique. Mais, très vite, l'ambiance entre les musiciens devient délétère et Storm implose. Kari décide alors de se mettre à son propre compte. En 1995, elle propose une première ébauche de son travail à travers ses Demo Recordings. Cette curiosité, que l'on ne peut pas vraiment considérer comme un premier album, sera rééditée et remasterisée en 2016 avec deux titres complémentaires, la balade à faire fondre la glace Wither, et un Living Dead à l'atmosphère enfumée des cabarets. Ces nouveaux morceaux sont issus d'autres sessions enregistrées avec des musiciens différents (Rolf Hoff Baltzersen à la contrebasse et Paul Hoff Baltzersen à la guitare électrique). Demo Recordings contient onze chansons, entre pop mélancolique et folk scandinave aux ambiances gothiques, bien éloignées du doom metal de The 3rd And The Mortal. Elles se trouvent à l'état brut, sans arrangements superflus, laissant percevoir tout le potentiel de cette artiste sur le plan vocal (divine sur Forsaken et Dead), mais aussi mélodique. Certaines comme The Gathering (devenue Trollferd) seront retravaillées pour figurer sur le premier album de Kari, Spindelsinn (1997), entièrement chanté en norvégien. Certes, je ne conseillerais pas ce disque à quelqu'un désirant s'initier à cette chanteuse à la voix transperçante, véritable sirène scandinave, mais plus aux initiés souhaitant parfaire leur collection. Après, libre à vous de faire ce que vous voulez. 😊

Musiciens

Kari Rueslåtten : chant, claviers

Jon Jenssen : sampling, programmation
Vegard Segtnan : guitare acoustique
Helene Gisvold : piano
Geir Digernes : contrebasse
Rolf Hoff Baltzersen : contrebasse
Paul Hoff Baltzersen : guitare électrique

Titres

01. The Homecoming Song 
02. Våkenatt
03. The Gathering
04. Rapunsel 
05. Forsaken 
06. The Shadowchant
07. In Here
08. Dead
09. In A Day
10. Wither
11. Living Dead

Vidéos

Forsaken : lien vidéo ici

The Gathering : lien vidéo ici

The Homecoming Song : lien vidéo ici

mardi 8 février 2022

Principal Edwards Magic Theatre - The Asmoto Running Band (1971)

Principal Edwards Magic Theatre The Asmoto Running Band
Principal Edwards Magic Theatre -
The Asmoto Running Band (1971)

Pourquoi écouter ce disque ?

On l'oublie souvent, mais, durant les années 70, Nick Mason de Pink Floyd a produit un certain nombre d'artistes : Gong, The Damned, Steve Hillage, Robert Wyatt, Chimera ou encore Principal Edwards Magic Theatre. Ces derniers se sont fait connaître auprès de lui en faisant les premières parties du Floyd. Découverts par le célèbre animateur radio John Peel qui les a signé sur son label Dandelion Records avec Bridget St. John, Principal Edwards Magic Theatre était avant tout un collectif d'artistes réunissant des musiciens, des poètes, des danseurs et des techniciens. Ils étaient davantage attirés par la performance, bien plus que par la perfection. Leur musique s'apparentait à un prog-folk expérimental aux saveurs psychédéliques, dans le sillage de Curved Air, avec deux voix féminines, Belinda Bourquin et Vivienne McAuliffe. The Asmoto Running Band fait suite à un premier album prometteur, Soundtrack sorti en 1969. Selon les dires du guitariste Root Cartwright, Mason a apporté avec lui la discipline en studio dont le groupe avait grand besoin. Il leur a aussi ouvert les portes des célèbres studios Hipgnosis qui ont réalisé la pochette de ce nouvel album. Avec de tels atouts, Principal Edwards Magic Theatre aurait pu, aurait dû, rencontrer le succès. Mais il n'en sera rien. The Asmoto Running Band manque cruellement de consistance, malgré une première face prometteuse construite autour d'un concept plutôt abstrait concernant l'opposition farouche d'une certain McAlpine à The Asmoto. L'album sort en janvier 1971, le groupe se sépare en décembre 1971. Il ne résiste pas aux dissensions internes entre musiciens et non-musiciens, les seconds estimant que les premiers étaient trop mis en avant, ni aux problèmes financiers, le nerf de la guerre. Cinquante ans après, bien que ce disque puisse encore s'écouter avec un certain plaisir, il faut le voir avant tout comme une curiosité, un témoignage d'une époque insouciante aujourd'hui révolue, où tout semblait possible. 

Musiciens

Martin Stellman : chant
Vivienne McAuliffe : chant, flûte
Belinda Bourquin : violon, chant, flûte, piano
Root Cartwright : guitares, flûte, basse
Jeremy Ensor : basse
Roger Swallow : batterie, percussions, guitare acoustique
David Jones : percussions

Titres

01. McAlpine's Dream
02. McAlpine Versus The Asmoto
03. The Asmoto Running Band (Hou'amih)
04. Asmoto Celebration
05. Further Asmoto Celebration (After The Ball) 
06. Total Glycerol Esther
07. Freef ('R) All
08. Autumn Lady Dancing Song 
09. The Kettering Song
10. Weirdsong Of Breaking Through At Last 

Vidéo

McAlpine's Dream : lien vidéo ici

dimanche 6 février 2022

Richard & Linda Thompson - In Concert, November 1975 (2007)

Richard and Linda Thompson In Concert
Richard & Linda Thompson - In Concert, November 1975
(2007)

Pourquoi écouter ce disque ?

Sorti seulement en 2007, In Concert, November 1975 du mythique duo folk-rock Richard & Linda Thompson est un document rare. Il retranscrit l'intégralité d'un de leurs concerts alors qu'ils étaient au sommet de leur création artistique. Richard Thompson, fondateur de Fairport Convention, quitte son groupe en 1971 pour entamer une carrière solo. Il se marrie l'année suivante avec Linda Peters, amie de Sandy Denny. Ensemble, ils publient successivement trois albums devenus incontournables entre 1974 et 1975, I Want To See The Bright Lights Tonight, Hokey Pokey puis Pour Down Like Silver. Pour promouvoir ce dernier, ils entament une tournée accompagnés d'une rythmique d'enfer, Dave Pegg à la basse et Dave Mattacks à la batterie, tous deux de Fairport Convention, ainsi que du joueur de concertina et accordéoniste John Kirkpatrick, futur Steeleye Span. Sur scène, l'ambiance est chaleureuse. Une vraie amitié lie ces cinq-là. D'ailleurs, il ne sera pas étonnant de retrouver les deux Dave sur l'album come-back de Linda en 2002, Fashionably Late, ni John sur son Versatile Heart de 2007. Pour l'heure, durant la tournée de 1975, ils proposent une setlist des plus intéressantes. Si le dernier album Pour Down Silver est le mieux représenté avec cinq de ses huit titres, dont l'épique grandiose Night Comes In duquel rugit la guitare de Richard, les deux précédents disques sont représentés par deux titres chacun, dont un Calvary Cross dantesque développer dans toute sa noirceur sur près d'un quart d'heure, ainsi que A Heart Needs A Home dans une sublime version chantée par une Linda touchée par la grâce. Les autres morceaux se répartissent entre reprise de Fairport Convention, Now Be Thankful, single sorti à l'époque de Full House en 1971, divinement interprété ici par Linda, medley de Morris dance, série de danses traditionnelles anglaises revisitées par Richard, John et Ashley Hutchings sur l'album Morris On en 1972, et quatre covers de classiques country d'artistes américains comme Hank Williams qui ont marqué Richard durant ses années d'apprentissage de la guitare. Il est aujourd'hui acté que Richard Thompson qui a célébré ses 70 ans aux Royal Albert Hall en 2019 aux côtés de Linda bien qu'ils aient divorcés dans les années 80, est considéré comme un des meilleurs guitaristes de sa génération. Son duo avec Linda l'a propulsé vers des sommets. Cet album live livre un témoignage saisissant de cette époque bénie des dieux d'un point de vue musical.  

Musiciens

Linda Thompson : chant
Richard Thompson : guitares, chant

John Kirkpatrick : concertina, accordéon, chant
Dave Pegg : basse
Dave Mattacks : batterie

Titres

01 I Want To See The Bright Lights Tonight
02. Hard Luck Stories
03. Night Comes In
04. Morris Medley
05. A Heart Needs A Home
06. Why Don't You Love Me
07. Now Be Thankful
08. Jet Plane In A Rocking Chair
09. Streets Of Paradise
10. For Shame Of Doing Wrong
11. The Calvary Cross
12. Hokey Pokey (The Ice Cream Song)
13. Things You Gave Me
14. It'll Be Me
15. Together Again

Vidéos

Calvary Cross : lien vidéo ici

Now Be Thankful : lien vidéo ici

mardi 1 février 2022

Millenium - Ego (2013)

Millenium Ego
Millenium - Ego (2013)

Pourquoi écouter ce disque ?

To be or not to be... Premières paroles de ce neuvième album de Millenium. A travers Ego, le groupe polonais s'interroge sur le sens de la vie dans ce monde moderne ainsi que sur la nostalgie du temps passé. Il fait suite à l'ambitieux double album Puzzles (2011) et se situe, à mon sens, un cran au-dessus. Depuis sa fondation à la fin du siècle passé, Millenium n'a cessé d'évoluer, de s'enrichir musicalement en proposant une musique sophistiquée, d'inspiration floydienne, très accessible et émotionnellement forte. Ego est un des sommets de leur carrière, grâce, notamment, au chant de Łukasz Gall, habité comme jamais. Il est secondé par Karolina Leszko, nouvelle voix féminine du combo succédant, si on peut dire, à Sabina Godula de Loonypark. Karolina s'est fait connaître en Pologne en participant à The Voice Poland 2011. 2013 marque ainsi son entrée dans la sphère Lynx Music, le label de Ryszard Kramarski, claviériste et leader de Millenium. Il collaborera pas la suite avec elle de manière régulière pour son projet parallèle, The Ryszard Kramarski Project dont le premier album Music Inspired By The Little Prince sera disponible en 2017. Pour l'heure, elle imprègne chacun des titres d'Ego, en particulier un Lonely Man vibrant, baigné du saxophone de Dariusz Rybka de Moonrise. Ce dernier illumine également le nostalgique Born In 67 aux côtés du trompettiste invité Michal Bylica. Mais c'est tout le quintet Millenium qui fait de ce disque un album à part dans leur discographie, celui que je conseillerais pour les découvrir avec Vocanda ou Exist. Le fabuleux jeu de guitare "marillionesque" de Piotr Płonka, la basse vibrante de Krzysztof Wyrwa, les nappes synthétiques de Ryszard Kramarski ainsi que la frappe assurée de Tomasz Paśko donnent vie à ces six compositions solides, dont quatre oscillent aux alentours des dix minutes. D'Ego, la chanson-titre placée en ouverture, au sublime Goodbye My Earth qui clôture l'album, aucun moment faible ne se laisse sentir, on est emporté du début à la fin par un tourbillon musical vivifiant. Vivement, mais très vivement recommandé.

Musiciens

Łukasz Gall : chant
Ryszard Kramarski : claviers
Piotr Płonka : guitares
Krzysztof Wyrwa : basse, Warr guitar
Tomasz Paśko : batterie

Karolina Leszko : chant
Dariusz Rybka : saxophone
Michal Bylica : trompette

Titres

01. Ego
02. Born In 67
03. Dark Secrets
04. When I Fall
05. Lonely Man
06. Goodbye My Earth

Vidéos

Trailer : lien vidéo ici

Lonely Man : lien vidéo ici

dimanche 30 janvier 2022

White Willow - Ignis Faatus (1995)

White Willow Ignis Faatus
White Willow - Ignis Faatus (1995)

Pourquoi écouter ce disque ?

Dans les pays nordiques, un feu follet, ou ignis faatus en latin, indique l'emplacement d'un trésor caché dans le sol ne pouvant être déterré qu'à l'apparition de la flamme. C'est exactement ce qu'est Ignis Faatus, premier album de White Willow, un trésor se révélant à chaque écoute. Apparu au début des années 90 en Norvège, White Willow est d'abord une bande de potes faisant de la musique avant d'être un groupe. Il leur a fallu deux ans pour élaborer cet album paru sur le label américain Laser's Edge, après avoir été approché par les Français de Musea. Cette longue durée explique l'instabilité du personnel, une vingtaine de musiciens ont apporté leur contribution, dont trois voix féminines, Eldrid Johansen, Sara Trondal et Kjell Viig. A l'origine, ils jouaient une musique folk acoustique inspirée de la littérature gothique ainsi que de la poésie préraphaélite du XIXe siècle plaçant la femme et la nature au centre de l'œuvre. Sous l'impulsion de leur maison de disque désireuse de séduire un public prog, ils ont composé de nouveaux morceaux, dont deux épiques de plus de onze minutes, Cryptomenysis et John Dee's Lament, laissant apparaître une guitare électrique jouée par celui qui deviendra le futur leader du groupe, Jacob Holm-Lupo. Difficile de catégoriser cette musique fantomatique sombre d'essence folk, médiévale et prog puisant son inspiration tant dans les artistes folk-rock des années 70 tels que Nick Drake ou Sandy Denny que le Genesis de Trespass, King Crimson ou Renaissance, mais aussi Dead Can Dance. Ce glissement subtil du folk vers le rock progressif a contribué à faire de White Willow un des pionniers du revival prog de la scène scandinave aux côtés d'Änglagård, de Landberk et d'Anekdoten.

Musiciens

Eldrid Johansen : chant
Sara Trondal : chant
Jacob Holm-Lupo : guitares, basse
Jan Tariq Rahman : claviers, tournebout, flûte, kantele, sitar, basse, clarinette, chant
Audun Kjus : flûtes, cornemuse, bodhrán, bouzouki, chant
Tirill Mohn : violon, guitare classique
Alexander Engebretsen : basse
Erik Holm : batterie, percussions

Trond Haakensen : chant
Terje Krognes : chant
Tor Tveite : chant
Kjell Viig : chant
Johannes Weisser : chant
Susanna Calvert : guitares, basse
Erlend M. Sæverud : guitare
Tov Ramstad : violoncelle
Eivind Opsvik : fretless bass 
Steiner Haugerud : contrebasse
Per-Christian Svendsen : basse
Peter Albers : basse
Pål Søvik : batterie, percussions
Henning Eidem : batterie, percussions
Carl-Michael Eide : batterie, percussions
Danny Young : batterie

Titres

01. Snowfall
02. Lord of Night
03. Song
04. Ingenting
05. The Withering Of The Boughs
06. Lines On An Autumnal Evening
07. Now in These Fairy Lands
08. Piletreet
09. Till He Arrives
10. Cryptomenysis
11. Signs
12. John Dee's Lament 

Vidéos

Cryptomenysis : lien vidéo ici

Snowfall : lien vidéo ici

mercredi 26 janvier 2022

Ramrod - Jet Black (2019)

Ramrod Jet Black
Ramrod - Jet Black (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ramrod est mon coup de cœur de cet été. J'ai découvert ce quintet italien grâce à Massimo Gasperini du label Black Widow Records qui a pignon sur rue à Gênes. Ce label, spécialisé dans le prog et le metal, existe depuis 1990. Alors que j'avais demandé à Massimo de me conseiller une chanteuse ou un groupe avec chanteuse, dans la lignée de Mostly Autumn, il m'a proposé Ramrod plutôt orienté blues rock. D'abord déconcerté, j'ai vite été subjugué par la voix de Martina Picaro ainsi que par l'ambiance très 70's se dégageant de leur musique. Fondé en 2013, Ramrod réunit Martina au chant, son frère Marco à la guitare, Emanuele Elia à la basse, Adriano "Roll" Nolli aux claviers et le dernier arrivé, Daniel Spanone à la batterie. Le groupe joue dans un premier temps des reprises de rock et de blues, plus ou moins connues, puis se met à composer ses propres chansons. Un premier album intitulé First Fall voit le jour en 2016. Plus abouti, Jet Black lui succède trois ans plus tard. Ramrod confirme sa voie entre rock, blues, hard, psyché et prog. Si l'énergique chant féminin de Martina évoque le Stone The Crows de Maggie Bell, les parties d'orgue Hammond renvoient aux glorieuses heures de Deep Purple, tandis que la flûte pastorale s'inscrit dans la lignée de Jethro Tull. Les neuf chansons de Jet Black se répartissent en trois catégories, celles d'essence rock comme le premier morceau bien trempé Don't Call Me Sunshine, celles plutôt blues, mes préférées, Sorrow et Bluesy Soul superbement interprétée par Martina, et deux ovnis aux couleurs psychédéliques et prog, l'intense Glass Of Wine ainsi que le morceau final, l'étrange Leda sur lequel flûte, sitar et moog se délient. Ramrod et son Jet Black représentent tout ce que j'aime dans la musique, l'inattendu. 

Musiciens

Martina Picaro : chant
Marco Picaro : guitares, sitar, flûte, chœurs
Adriano "Roll" Nolli : piano, orgue, moog
Emanuele Elia : basse
Danial Sapone : batterie, percussions, chœurs

Titres

01. Don't Call Me Sunshine
02. Ares Call
03. Sorrow
04. Lion Queen
05. Glass Of Wine
06. Turning Bad
07. Bluesy Soul
08. Sweet Mel
09. Leda

Vidéos

Ares Call : lien vidéo ici

lundi 24 janvier 2022

Monica Richards - InfraWarrior (2006)

Monica Richards Infrawarrior
Monica Richards - InfraWarrior (2006)

Pourquoi écouter ce disque ?

"Je pense que les effets du réchauffement global et les nouvelles maladies viendront briser les populations humaines, car il y a une nécessité pour la nature de prendre sa revanche. Cela se produira durant les vingt prochaines années". Prophétesse, Monica Richards ? Je n'en sais rien. Mais sur ce point elle a eu raison. Ces paroles prennent tout leur sens aujourd'hui. Elles ont été prononcées en 2006, lors d'une interview pour la promotion de son premier album solo InfraWarrior. Si Monica Richards est connue des sphères gothiques pour avoir été The Muse dans Faith And The Muse dès 1994, elle avait auparavant œuvré dans des formations underground US comme Hate From Ignorance, Madhouse ou Strange Boutique. Depuis la fin des années 2000, elle collabore régulièrement au projet The Eden House. InfraWarrior, mot de son invention évoquant le guerrier en chacun de nous, ne s'éloigne guère des sentiers musicaux empruntés par Faith And The Muse, explorant davantage sa composante tribale et électronique. William Faith (le Faith de Faith And The Muse), bien que dans l'ombre, demeure aux manettes. C'est sur le plan philosophique que le disque se différencie. Monica livre une œuvre introspective axée sur ses sentiments, ses aspirations écologiques (elle avait à l'époque l'ambition d'ouvrir un sanctuaire pour animaux), et ses croyances en lien avec la Déesse Mère, assez proches du mouvement New Age. Si les fondements d'InfraWarrior reposent sur le concept de féminité, Monica a néanmoins fait appel à son père Lloyd Richards sur le titre introductif, pour qu'il lise un texte avec sa voix sépulcrale. Les autres voix de l'album sont toutes féminines, Monica ayant fait appel à KaRIN de Collide, Jarboe, Betsy Martin et Malgorzata D. Wacht. In Answer et sa rythmique dansante, l'intense Into My Own magnifié par la guitare explosive de Fred Smith, son ancien acolyte au sein de Strange Boutique, ou encore l'hymne assembleur We Are The One sont quelques-uns des meilleurs moments de ce disque non dénué d'intérêt. 

Musiciens

Monica Richards : chant

William Faith : guitares, basse, percussions
Fred Smith : guitares
Chad Blinman : batterie
Curse : percussions
Davis Petterson : percussions
Matt Howden : violon
Nambriel : violon
Paul Mercer : violon, alto
Marzia Rangel : violoncelle
Jarboe : voix
KaRIN : voix
Betsy Martin : voix
Malgorzata D. Wacht: voix
Lloyd Richards : voix

Titres

01. Gaia (Introduction)
02. I Am Warrior
03. Fell To Regret
04. In Answer
05. Into My Own
06. The Antler King
07. Sedna
08. The Hunt
09. This Is Not A Dream
10. Death Is The Ultimate Woman
11. We Are The One
12. Like Animals
13. The Turnaway
14. A Good Thing

Vidéos

Into My Own : lien vidéo ici


We Are The One : lien vidéo ici

dimanche 23 janvier 2022

This Mortal Coil - It'll End In Tears (1984)

This Mortal Coil It'll End In Tears
This Mortal Coil - It'll End In Tears (1984)

Pourquoi écouter ce disque ?

This Mortal Coil est le projet d'un homme, Ivo Watts-Russell. Fondateur du prestigieux label 4AD qui a illuminé les années 80 et 90, Ivo a eu envie de rendre hommage à d'obscurs artistes des décennies précédentes tel que Roy Harper, Alex Chilton, Big Star, Rema Rema, Colin Newman ou Tim Buckley. Il a ainsi convié les têtes d'affiche de 4AD ainsi que quelques invités extérieurs pour réenchanter une sélection de leurs trésors cachés accompagnés d'inédits, dont l'instrumental planant Fyt, sa toute première composition dont il était particulièrement fier. Gordon (devenu depuis Cindy) Sharp de Cindytalk, Howard Devoto (Buzzcocks, Magazine), Martin McCarrick (futur Siouxsie & The Banshees) et Robbie Grey (Modern English) sont de la partie, mais c'est la participation des membres de Cocteau Twins et de Dead Can Dance qui attire avant tout l'attention. Pour la première et unique fois, Elizabeth Fraser et Lisa Gerrard, deux voix hors du commun, sont associées sur un même album. Lisa chante deux de ses compositions, Waves Become Wings et Dream Made Flesh avec son alter ego Brendan Perry, et apparaît sur Barramundi, instrumental composé par Simon Raymonde des Cocteau Twins où elle joue de l'accordéon et lui de la guitare. Mais le titre de l'album, celui qui éclipse tous les autres, c'est la reprise divine de Song To The Siren de Tim Buckley par Elizabeth Fraser et Robin Guthrie. Touchés par la grâce, ils ont transcendé cette insignifiante chanson. Même le cover Another Day de Roy Haper interprété par Elizabeth, mais cette fois-ci sans Robin, ne lui arrive pas à la cheville malgré son intensité. Pourtant, le succès de Song To The Siren deviendra vite un fardeau pour les Cocteau Twins. David Lynch la souhaitait dans son film culte Blue Velvet dans lequel Elizabeth et Robin auraient dû apparaître. Devant la somme astronomique demandée par 4AD, il renoncera à son projet. Première Frustration. 1984 est aussi l'année de la parution de l'album Treasure des Cocteau Twins. Le fait qu'une reprise ait plus de succès que leurs propres compositions va également générer une nouvelle frustration. Comme le dira Robin, "la seule façon pour nous d'être joué à la radio, c'était en chantant la chanson d'un autre sous un autre nom". Il faudra attendre les années 90 pour que les Cocteau Twis, réconciliés avec leur passé, acceptent enfin de la jouer sur scène. Toutes ces dévonvenues expliquent aussi pourquoi ils refuseront de participer aux autres albums de This Mortal Coil. It'll End In Tears était le premier volet d'une trilogie, deux autres suivront, Filigree And Shadow en 1986, puis Blood en 1991.

Musiciens

Elizabeth Fraser : chant
Lisa Gerrard : chant, accordéon, yang t'chin
Gordon Sharp : chant
Howard Devoto : chant
Robbie Grey : chant
Robin Guthrie : guitares
Manuela Rickers : guitares
Ivo Watts-Russell : claviers
Steven Young : piano
Martyn Young : claviers, guitare, basse
Mark Cox : claviers
Simon Raymonde : basse, guitare, claviers
Brendan Perry : basse, batterie
Gini Ball : violon, alto
Martin McCarrick : violoncelle

Titres

01. Kangaroo
02. Song To The Siren
03. Holocaust
04. Fyt
05. Fond Affections
06. The Last Ray
07. Another Day
08. Waves Become Wings
09. Barramundi
10. Dreams Made Flesh
11. Not Me
12. A Single Wish

Vidéos

Song To The Siren : lien vidéo ici

Kangaroo : lien vidéo ici

Dreams Made Flesh : lien vidéo ici

mercredi 19 janvier 2022

Renaissance - Camera Camera (1981)

Renaissance Camera
Renaissance - Camera Camera (1981)

Pourquoi écouter ce disque ?

Maudites années 80 ! Renaissance, une des formations les plus prodigieuses des années 70, va connaître la décennie suivante une métamorphose que nul n'aurait imaginé. Tout s'est dégradé dès 1980, lorsque le claviériste John Tout, en pleine dépression, claque la porte, suivi du batteur Terence Sullivan. Annie Haslam et le guitariste Michael Dunford s'en vont ensuite fonder Nevada avec Peter Gosling. Sous ce nom, ils sortent deux singles sans grand intérêt. Un album était prévu, mais il ne verra jamais le jour. Il faudra attendre les années 2000 pour qu'en soit publiées les maquettes, les bandes finalisées ayant été détruites. Pour l'heure, Jon Camp revient dans leur giron accompagné de Peter Barron à la batterie. Les cinq musiciens reprennent alors le nom de Renaissance. En fin de contrat avec Warner, ils signent chez IRS, label fondé en 1977 par Miles Copeland, frère de Stewart, qui a à son catalogue les premiers Police justement, ainsi que des artistes aussi divers que John Cale ou The Cramps. Pressé par une maison de disque à la recherche d'un hit, Renaissance abandonne ses orchestrations symphoniques pour mieux s'engouffrer dans une musique pop synthétique typique de cette époque. Le résultat est décevant. Même leur parolière historique Betty Thatcher, confrontée à cette pression, décide d'arrêter sa collaboration, livrant quatre textes dont celui de Bonjour Swansong en guise d'au revoir. Au final, que retenir de Camera Camera ? Pas grand-chose si ce n'est ces quelques titres comme Bonjour Swansong évoquant le Renaissance (pas si lointain) de A Song For All Seasons, le morceau final Ukraine Ways qui, malgré ses imperfections, fait écho au sublime Turn Of The Cards, Jigsaw pas suffisamment développé, ou bien l'étrange Okichi-San, témoin des envolées célestes d'Annie. Autres plaisirs cachés, le jeu succulent du talentueux Jon Camp à la basse, ainsi qu'un Michael Dunford délaissant sa guitare acoustique pour privilégier l'électrique. Bien évidemment, Camera Camera ne sera pas l'album à conseiller aux novices désirant s'initier à ce groupe hors normes, il constitue une curiosité dans leur discographie, tout comme son successeur Time-Line. Mais tel un phénix, Renaissance renaîtra de ses cendres pour flamboyer à nouveau. 

Musiciens

Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitares, chant
Jon Camp : basse, chant
Peter Gosling : claviers, chant
Peter Barron : batterie, percussions, chant

Titres

01. Camera Camera 
02. Faeries (Living At The Bottom Of The Garden) 
03. Remember
04. Bonjour Swansong
05. Tyrant-Tula
06. Okishi-San
07. Jigsaw
08. Running Away From You
09. Ukraine Ways 

Vidéos

Ukraine Ways : lien vidéo ici

Bonjour Swansong : lien vidéo ici

dimanche 16 janvier 2022

Mandy Morton - Sea Of Storms (1980)

Mandy Morton Sea Of Storms
Mandy Morton - Sea Of Storms (1980)

Pourquoi écouter ce disque ?

En entrant dans les années 80, Mandy Morton met un terme à la saga Spriguns. C'est désormais sous son seul nom qu'elle signe Sea Of Storms, même si certains des participants à ce nouveau disque étaient déjà présents sur le précédent, et inoubliable, Magic Lady. Tom Ling, vieux compagnon de route de Spriguns, et son mari, Mike Morton sont toujours de la partie, tout comme le batteur Alex Cooper, Gordon Folkard, joueur de concertina, ou la propre sœur de Mandy, Gaynor Roberts aux chœurs. Sont venus les rejoindre le batteur John Lingwood du Manfred Mann's Earth Band, Kevin Savigar (Rod Stewart, Maddy Prior) et Silvian Valet aux synthétiseurs, mais aussi les guitaristes Mark Boettcher et Doug Morter, ainsi que le joueur de sitar Terry Cottam. A l'aube de cette ère nouvelle, Mandy s'éloigne de ses racines folk, intégrant à son registre des instruments modernes comme les synthétiseurs (Black Nights, Silas The Silent) ou la guitare électrique (Victoria By The Window, Twist Sage), sans pour autant abandonner les instruments acoustiques, plus anciens, tels que le concertina (Victoria By The Window), le sitar (Wake Up The Morning), le piano (After The Storm), ou bien le violon, à l'honneur sur le court interlude Warriors Grave, morceau traditionnel arrangé par Tom Ling. Autre interlude intéressant, le chant a cappella Compline Anthem que l'on croirait enregistré dans un monastère, à mi-chemin entre le Gaudete de Steeleye Span et les liturgies spirituelles du Dead Can Dance d'Aion. Si Mandy dévoile une part infime de sa personnalité dans ses paroles, elle se pose avant tout en observatrice, décrivant les ressentis et travers de son époque. A la sortie de Magic Lady, Mandy et ses musiciens étaient partis en Scandinavie à la recherche de nouveaux horizons. Leur tournée au Danemark puis en Norvège leur a non seulement apporté une plus grande renommée, mais elle leur a aussi ouvert les portes de Polydor Norway, label sur lequel Sea Of Storms est sorti. Cet album, moins connu mais essentiel dans la discographie de la chanteuse qui avoue avoir un faible pour lui, est le dernier enregistrement avec son mari Mike. Usé par les tournées incessantes, le couple se sépare peu de temps après sa sortie. Néanmoins, Mandy et Mike demeureront de bon amis jusqu'à la disparition tragique de ce dernier en 1995.

Musiciens

Mandy Morton : chant, guitare acoustique

Mark Boettcher : guitares
Doug Morter : guitares
Kevin Savigar : claviers
Silvian Valet : claviers
Mike Morton : basse, chœurs
Alex Cooper : batterie
John Lingwood : batterie
Tom Ling : violon
Terry Cottam : sitar, guitare, tablas
Gordon Folkard : concertina
Gaynor Roberts : chœurs

Titres

01. Maybe One Day
02. After The Storm
03. Black Nights
04. Compline Anthem
05. Victoria By The Window
06. Ghost Of Christmas Past
07. Twisted Sage
08. Wake Up The Morning
09. Silas The Silent
10. Land Of The Dead
11. Warriors’ Grave
12. The Sculptor

Vidéos

Twisted Sage : lien vidéo ici

After The Storms : lien vidéo ici