Anneke van Giersbergen &
Martijn Bosman -
De Beer Die Geen Beer Was (2011)
De Beer Die Geen Beer Was est une jolie curiosité dans la discographie déjà bien fournie de la délicieuse Anneke van Giersbergen. Associée à Martijn Bosman, elle publie en 2011 ce conte musical d'une trentaine de minutes.
Alternant textes lus, bruitages, passages instrumentaux ou chantés, l'histoire est librement inspirée de The Bear That Was Not du scénariste et réalisateur américain Frank Tashlin. Datant de 1946, le texte a été traduit en français sous le titre Mais, Je Suis Un Ours ! et publié à L'École des loisirs, célèbre éditeur de livres pour enfants.
Alors qu'un ours s'est endormi au début de l'hiver, une usine est construite au printemps suivant, au-dessus de sa grotte. A son réveil, l'ours est pris pour un ouvrier récalcitrant par le contremaître. Refusant de voir en lui l'animal qu'il est, il veut absolument l'envoyer au travail. Cette fable porte en elle une double critique, celle du travail à la chaîne vu comme un système aliénant, et celle du droit d'exister pour chaque individu en dehors de son rôle attribué par la société.
Mise en musique par Anneke et Martin, l'ambiance sonore évolue au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. Une pop-folk bucolique illustre l'environnement naturel de l'ours avant son hibernation, puis, une musique industrielle prend le dessus suite à la construction de l'usine. Les deux protagonistes se partagent le chant, tandis que le texte narratif est lu par une certaine Jellie Schippers.
Comme à son habitude, Anneke est époustouflante. Elle pourrait chanter l'annuaire, cela n'en demeurerait pas moins merveilleux. Quelle voix formidable ! Quant à Martijn, connu avant tout pour ses talents de batteur au sein des formations néerlandaises Guus Meeuwis, Loïs Lane, Venise ou Kane, il s'est également illustré dans son pays comme acteur, présentateur et DJ.
Conduit par les deux artistes, De Beer Die Geen Beer Was est également un spectacle itinérant pour enfants qui a séduit, à ne pas en douter, aussi bien petits que grands.
Apocryphal ou la rencontre entre les Vikings et Dead Can Dance... Née sur l'île de Gotland, dépendance suédoise située dans la mer Baltique, Karin Höghielm célèbre la terre sacrée de ses ancêtres à travers ce disque étrange. Sorti une première fois en 1999, il est réédite en 2006 sur le label des fées Prikosnovénie.
A la fois auteure et compositrice, Karin a travaillé dans des domaines aussi divers que le cinéma, le théâtre, l'opéra ou la dance. Puisant ses forces dans la nature, elle s'est construite son propre univers musical inspiré du folklore scandinave, religieux et païen. Aussi à l'aise avec le monde moderne qu'avec les temps passés, elle n'hésite pas à assembler instruments de diverses époques, vikings notamment.
Mystérieux, son chant s'apparente davantage à des incantations sacrées antiques et, en cela, Karin se rapproche de la grande Lisa Gerrard ou des Grecs de Daemonia Nymphe. Afin d'apporter encore plus d'authenticité à sa démarche artistique, elle emploie le gotlandais, dialecte local, le vieux narrois, langue des Vikings à l'origine des différents parlers scandinaves, mais aussi le latin, le sumérien et le copte, héritier direct de l'égyptien ancien.
Porté par une voix puissante digne des grandes prêtresses d'antan, Apocryphal distille une musique pure, sans artifices. Si, de prime abord, cette musique peut sembler lointaine, voire inaccessible, ne pas hésiter à aller vers elle, à se laisser porter, elle se transformera alors en une expérience unique, à la frontière de notre monde et de ses dimensions mystiques parallèles.
Musiciens
Karin Höghielm : chant, percussions, tournebout, flûte, claviers
Ute Goedecke : chant, tournebout, harpe gothique
Johan Ohlsson : piano, orgue, claviers, accordéon
Peter Wilgotsson : clarinette
Sofi Hakansson : flûte
Pete Matsson : psalmodicon, fiddle
Ulrika Carlsson : violoncelle
Dick Heijkenskjöld : contrebasse
Thomas Rodrick : percussions
The Choir Of The House
Titres
01. Stanley Park
02. Sensomoto
03. Entrada
04. Kyrie
05. Roma Ruined Abbey
06. Sordo
07. Miller In Memoriam
08. Ave Maria
09. Lamento
10. Aguéli
11. Domini
12. Vocalis
13. Teidlausr
Valkyrie des temps modernes, Eivør envoie Krákan, le corbeau messager d'Odin, à la conquête de la Scandinavie. Après une tournée triomphante dans ces terres de prédilection que sont le Danemark, la Suède, l'Islande et le Groenland, l'étoile montante des îles Féroé publié son deuxième album en 2003.
Enregistré en Norvège et en Islande avec trois musiciens de l'île de Björk, Pétur Grétarsson (batterie, percussions, accordéon), Edvard Lárusson (guitares) et Birgir Bragason (basse, contrebasse, violoncelle), Eivør propose onze compositions personnelles, mélange élégant de jazz et de folk. Âgée seulement de 18 ans, elle a écrit seule ces onze titres où elle expose ses sentiments de jeune fille, colère, passion mais aussi peine et doutes. Souvent à fleur de peau et d'apparence fragile, elle surprend son monde, tel un volcan en éruption, sur un Nú Brennur Tú Í Mæer bouillonnant jeté sur le papier suite à une rupture amoureuse, ou un Brostnar Borgir dément porté par des guitares furieuses. A l'inverse, tristesse et mélancolie dominent dans le soyeux Rósufarið d'ouverture.
Plus encore que sur son premier album éponyme, Eivør dévoile l'étendue de ses capacités vocales sublimes, semblant sans limites. Si la douce berceuse Rura Barnið est la digne héritière de ses années d'apprentissage des chants traditionnels féroïens ancestraux, sa formation classique transparaît clairement sur l'émouvant Har Heitur Eldur Brann. Et c'est libre comme l'air qu'elle se laisse aller à des mélopées éthérées sur le splendide Sorgblídni... l'éblouissante Lisa Gerrard n'est pas bien loin...
Krákan marque un tournant dans la carrière de l'artiste car elle sera une des rares chanteuses non Islandaise à être nominée trois fois aux fameux Icelandic Music Awards de 2003. Elle remportera deux prix et pas n'importe lesquels, celui de la meilleure chanteuse de l'année et de la meilleure performance. Et ce n'est que le début d'une longue et belle carrière...
01. Rósufarið
02. Har Heitur Eldur Brann
03. Hjarta Mitt
04. Krákan
05. Kanska Ein Dag
06. Nú Brennur Tú Í Mær
07. Rura Barnið
08. Sum Sólja Og Bøur
09. Brostnar Borgir
10. Sorgblídni
11. Hjarta mítt (version islandaise)
Sorti en l'an 2000, le premier album d'Eivør Pálsdóttir porte tout simplement son nom. Née en 1983 dans les îles Féroé, dépendance du Danemark, cette jeune chanteuse a très tôt été initiée à la musique par ses parents. Après plusieurs concours de chant, elle décide d'arrêter l'école à l'âge de 15 ans pour devenir une artiste professionnelle. En 1999, elle intègre la formation de rock Clickhaze ainsi qu'un quartet de jazz.
Elle n'a que 16 ans lorsque paraît ce disque de jazz ethnique puisant son inspiration dans ses îles natales et leur nature sauvage environnante. Deux titres interpellent particulièrement : Í Gótu Ein Dag, vibrant hommage au village où elle a grandi, et Føroyar Mín Møðir, littéralement "Féroé, ma mère". Airs traditionnels et compositions originale d'Eivør et de ses musiciens se côtoient pour le meilleur. Ils sont trois à l'accompagner : le guitariste Búi E. Dam (futur Budam), le batteur Brandur Jacobsen et le contrebassiste Mikael Blak que l'on retrouvera par la suite régulièrement à ses côtés ainsi que sur Le Cheschire Cat & Moi de Nolwenn Leroy (2009). Pour l'anecdote, Tróndur Bogason, invité aux claviers sur quatre titres, deviendra l'époux d'Eivør en 2012.
Si Eivør Pálsdóttir n'est peut-être pas un album indispensable dans la riche discographie d'Eivør, il n'en demeure pas moins traversé par de très beaux moments musicaux sur lesquels se dévoile cette toute jeune chanteuse, une des meilleures de sa génération, seulement âgée, rappelons-le, de 16 ans. Et puis, n'est-ce pas une jolie occasion de découvrir et de s'initier au féroïen, langue authentique méconnue, à la fois si proche et si éloignée de l'islandais ?
Musiciens
Eivør Pálsdóttir : chant
Búi E. Dam : guitare
Mikael Blak : contrebasse
Brandur Jacobsen : batterie et percussions
Tróndur Bogason : claviers
Kim Enk Zorde : guitare acoustique
Hans Jacob Á Brúnni : chant
Fótatraðk : chorale
Titres
01. Ástarstund
02. Randaðu Rósur
03. Vakrasti Dreymur
04. Áh, Kundu Á Tíðarhavi
05. Vársins Ljóð
06. Lítla Barnið
07. Í Gøtu Ein Dag
08. Silvurkannan
09. Føroyar Mín Móðir
10. Jesuspápin
11. Som Den Gyldne Sol Fremmbryder
12. Giv Fred Fremdeles
"Les Anglais ont Peter Gabriel, les Américains David Byrne, les Français Hector Zazou" - Jean-François Bizot.
Décédé en 2008, Hector Zazou était un artiste éclectique qui mêlait aussi bien musiques du monde que rock, classicisme ou musiques électroniques. Après l'Afrique (Noir Et Blanc, Sahara Blue) et la Corse (Les Nouvelles Polyphonies Corses), il se tourne du côté des régions arctiques de notre belle planète et publie en 1994 le très surprenant Chansons Des Mers Froides. Ce concept-album combine avec ingéniosité chants traditionnels séculaires de peuplades disparates (Aïnous du Japon, Inuits du Groenland, Iacoutes de Sibérie...) mais aussi d'Écosse, d'Islande et de Scandinavie, à une musique ambient moderne très prenante.
Aux côtés d'authentiques artistes locaux peu connus (ensemble Värttina de Finlande, Lena Willemark de Suède, Wimme Saari de Laponie finlandaise, Catherine-Ann MacPhee d'Écosse, Tokiko Kato du Japon, Lioudmila Khandi de la Yacoutie sibérienne, Elisha Kilabuk et Koomoot Nooveya du Groenland), Hector Zazou a fait appel à quelques grandes figures de la scène internationale : Björk (impressionnante sur le magnifique Visur Vatnsenda-Rosu chanté dans sa langue natale), Suzanne Vega et John Cale (tous deux surprenants dans leur interprétation de The Long Voyage à l'atmosphère très "Cocteau Twins"), Jane Siberry (vibrante d'émotion sur un She's Like A Swallow revisité à la perfection) et Siouxsie (fidèle à elle-même avec ce The Lighthouse hanté, aux paroles extraites d'un poème de Wilfred Gibson). Brendan Perry (Dead Can Dance), Budgie (Siouxsie & The Banshees), Jerry Marotta (Peter Gabriel), Harold Budd (Cocteau Twins), B.J. Cole (Roger Waters, David Gilmour, Procol Harum, Björk...), Ligthwave ainsi que le Balanescu Quartet sont sur la longue liste des musiciens également conviés.
Grâce à ce Chansons des Mers Froides, Hector Zazou démontre une nouvelle fois l'énorme potentiel de la musique, capable de nous faire voyager rien qu'en fermant les yeux. Certaines prestations sont littéralement à couper le souffle (les déjà mentionnées Visur Vatnsenda-Rosu, She's Like A Swallow, The Lighthouse ainsi que Iacoute Song)et confirment cette citation attribuée à Charles Darwin : "La musique est l'un des dons de l'humanité les plus mystérieux".
Musiciens
Hector Zazou : claviers
Värtina : chant
Björk : chant
Suzanne Vega : chant
John Cale : chant
Lena Willemark : chant
Vimme Saari : chant
Jane Siberry : chant
Siouxsie : chant
Catherine-Anne MacPhee : chant
Tokito Kato : chant
Lioudmila Khandi : chant
Marc Ribot : guitare
Pierre Chaze : guitare
Lone Kent : guitare
B.J. Cole : pedal steel guitare
Guy Sigsworth : piano
Patrick Morgenthaler : piano
Harold Budd : claviers
Guy Delacroix Herpin : basse
Sara Lee : basse
Orlan Mongouch : basse
Brendan Perry : percussions
Angelyn Tytot : percussions
Sakharine Percussion Group : percussions
Sissimut Dance Drummers : percussions
Ainu Dancers OfHokkaido : percussions
Sargo Maianagacheva : tambours
Ivan Sopotchine : tambours
Budgie : batterie
Jerry Marotta : batterie
Mark Isham : trompette
Renault Pion : clarinette, saxophone, cornemuse, clarinette, flûte
Ale Möller : mandole
Jan Johan Andersen : guimbarde
Lightwave : sons électroniques
Elisabeth Valletti : harpe
The Balanescu Quartet : cordes
Noriko Sanagi : koto
Claudie Amirault : chœurs
Demmine Ngamtovsovo : chant rythmique
Tchotghtguerele Chalchin : chant chamane
Titres
01. Annukka Suaren Neito
02. Visur Vatnsenda-Rosu
03. The Long Voyage
04. Havet Stomar
05. Adventures In The Scandinavian Skin Trade
06. She's Like A Swallow
07. The Lighthouse
08. Oran Na Maighdean Mhara
09. Yaisa Maneena
10. Iacoute Song
11. Song Of The Water
Direction le Grand Nord ! Basé aux îles Féroé, Kristian Blak a conçu Yggdrasil, l'arbre cosmique de la mythologie scandinave, comme une formation hétérogène où se confrontent cultures et traditions musicales d'horizons divers afin de ne constituer plus qu'un seul et même ensemble unique. Dans les années 2000, la jeune Eivør Pálsdóttir a été un membre éminent de ce groupe (voir notre chronique de l'album Yggdrasil).
En 2016, au travers du disque Lipet Ei ("Seven Brothers"), Kristian envisage d'explorer les mythes et légendes des peuples de l'Arctique. Il invite alors Vera Kondrateva, chanteuse et joueuse de guimbarde d'origine khanty. Cette peuplade de 30 000 âmes, aux traditions bien vivantes, vit essentiellement dans l'ouest de la Sibérie.
Accompagnés du saxophoniste estonien Villu Veski et de sept autres musiciens féringiens, Kristian et Vera s'aventurent dans l'univers mystérieux de son peuple ainsi que dans celui des Inuits (répartis entre Groenland, Sibérie, Alaska et Canada), des Aléoutes (habitants de l'archipel d'îles situées entre la Russie et l'Alaska), des Sâmes de Scandinavie et de Russie, plus connus sous le nom de Lapons, des Yakoutes et des habitants des îles Féroé qui semblent bien au "sud" en comparaison.
L'association du chant traditionnel de Vera à une musique aux consonances jazz est saisissante. Dès le premier titre, elle subjugue pour mieux fasciner tout au long des quarante minutes que dure ce Lipet Ei à l'inventivité continue. La guitare électrique d'Heðin Ziska Davidsen apporte une touche rock (progressif) bienvenue, notamment sur Aikuelli - Ne Areh où elle surgit de nulle part et fait fondre direct la glace par ses notes énergiques.
Dans ses chants, Vera célèbre les animaux sacrés (ours, aigle, caribou...) de ces régions reculées, s'inspire de rites chamaniques ancestraux ainsi que des légendes locales en lien perpétuel avec une nature environnante à la beauté inouïe, aussi crainte que vénérée. Composée d'une suite de douze pièces très riches musicalement, Lipet Ei propose un aller simple dans des contrées au dépaysement garanti, d'où il est difficile de revenir.
Musiciens
Vera Kondrateva : chant, guimbarde, harpe, percussions
Kristian Blak : piano, claviers, chant, percussions
Villu Veski : saxophone
Angelika Nielsen : violon
Heðin Ziska Davidsen : guitare
Mikael Blak : basse
Brandur Jakobsen : batterie
Per Ingvaldur Højgaard Petersen : batterie
Sharon Weiss : flûte
James Goodwin : timbales
Titres
01. Aikuelli - Ne Areh
02. Aaveq
03. Ehe
04. Kurenya
05. Grind Í Karry
06. Imi Areh Iki Kicha
07. Lyamin
08. I Khluvelem
09. Tuktu
10. Eagle
11. Seven Legged Horse
12. Goose
Jean-Luc Lenoir -
Old Celtic & Nordic Ballads
(2012)
Old Celtic & Nordic Ballads, concocté par Jean-Luc Lenoir, est un véritable chef d'œuvre intemporel que l'on doit au label français des musiques féeriques Prikosnovénie. Complémentaire à If I Had A Key To The Dawn de Lily Storm qui présentait toute une série de berceuses et complaintes folkloriques d'Europe orientale, Old Celtic & Nordic Ballads explore, comme son titre l'indique, les contes et légendes des mondes nordiques et celtiques (Irlande, Écosse, Suède, Norvège, mais aussi France et Bretagne).
Jean-Luc Lenoir est un musicien français, spécialisé dans cet univers qui a si souvent servi de source d'inspiration au génial Tolkien. Multi-instrumentiste passionné d'instruments anciens, il est membre fondateur d'Aëlis, quintette faisant revivre les musiques du Moyen Âge, et de Boann, déesse de la prospérité dans la mythologie irlandaise, mais aussi formation orientée vers les musiques traditionnelles celtiques et nordiques.
Une dizaine de musiciens ont été conviés à participer à ce disque, parmi lesquels trois Asynes (déesses nordiques) des temps modernes : Joanne McIver, Céline Archambeau et Eléonore Billy.
Originaire de l'île d'Arran (Écosse), Joanne McIver pose sa voix si pure sur sept des dix-sept titres, tout en jouant de la flûte irlandaise et de la cornemuse écossaise. En association avec le harpiste Christophe Saunière, elle a publié de très beaux albums inspirés eux aussi des légendes celtes comme The Three Sisters ou, plus récemment, The Cannie Hour.
Le chant tout en douceur de Céline Archambeau se dévoile sur seulement trois titres, dont Solfager Og Ormekongen, poignant récit du sacrifice de la jeune et belle Solfager qui, par honneur envers son roi, a refusé de le trahir au profit du fourbe roi des dragons. Comme Cécile Corbel, l'instrument de prédilection de Céline est la harpe celtique qu'elle manie avec une élégance certaine.
Éléonore Billy ne chante pas, mais assure une prestation éblouissante grâce au nyckelharpa, vièle archet originaire de Suède, et au hardingfele, violon norvégien. Avec son complice, le guitariste Gaëdic Chambrier, elle a fondé successivement Drakkan puis Octantrion dans le but de valoriser la musique folklorique scandinave, mais aussi d'interpréter leurs propres compositions.
Richement illustré par Arthur Rackham, célèbre artiste anglais aux dessins ancrés dans l'imaginaire collectif (Contes des frères Grimm, Peter Pan, Alice Au Pays Des Merveilles, Gulliver...), surgissent de ce livre-CD toute une galerie de créatures fantastiques telles que les sirènes (The Mermaid's Croon), les selkies (Silkie / The Tempest), les sylphes (Air Du Sylphe), les banshees (The Lilting Banshee), les elfes (The Elfin Knight, The Lost Elf), les trolls (Sjugur Og Trollbrura), les licornes (Ausi Comme Unicorne Sui) ou les dragons (The Dragon Jig, Solfager Og Ormekongen)... mais aussi des fées (A Fairy's Love Song, King Of The Fairies), magiciens (Two Magicians) et sorcières (Witchery Fate Song). Dans un soucis d'authenticité, l'ensemble est conté en anglais, gaélique, écossais, breton et norvégien.
Enivrante d'un bout à l'autre, cette œuvre, à la fois magistrale et merveilleuse, demeure, années après années, une des plus belles qu'il m'ait été donné d'écouter. Bien plus qu'un disque, Old Celtic & Nordic Ballads est une petite encyclopédie vivante revisitant aussi bien la musique que la mythologie, le folklore et la culture si riches de cette partie de l'Europe.
01. Air Du Sylphe
02. The Elfin Knight
03. The Lost Elf
04. Liti Kjersti Og Elvekjongen
05. The Lilting Banshee
06. A Fairy's Love Song
07. King Of The Fairies
08. Sjugur Og Trollbrura / Trollspolska
09. Bin, Ban, Korriganan
10. Sir Eglamore / The Dragon Jig
11. Solfager Og Ormekongen
12. Ausi Comme Unicorne Sui
13. Silkie / The Tempest
14. The Mermaid's Croon
15. Näckens Polska
16. Two Magicians
17. Witchery Fate Song
Amoureux des Balkans et des pays d'Europe de l'Est, ce disque est pour vous. Lily Storm, jeune chanteuse californienne, a adapté avec audace quinze chants et musiques folkloriques de ces contrées, à la fois si proches et si lointaines, d'une richesse culturelle inouïe, trop souvent méconnue.
C'est après avoir étudié auprès des meilleurs spécialistes de son pays, parmi lesquelles les chanteuses Tsvetanka Varimezova et Tatiana Sarbinska qui ont également enseignées leur savoir et technique à Sonja Drakulich de Stellamara, et participé cinq ans à l'ensemble vocal Kitka que Lily Storm s'est engagée dans cette folle aventure. Afin de parfaire ses connaissances, elle a aussi beaucoup voyagé dans cette région du monde à la rencontre d'artistes locaux, véritables mémoires vivantes d'un savoir-faire ancestral. Ainsi, Lily a mieux cerné les subtilités de chaque berceuse ou complainte traditionnelles, ce qui lui a permis d'en respecter la couleur et les intonations tout en apportant sa propre couche, certes légère, de modernité.
La véritable force d'If I Had A Key To The Dawn réside dans l'interprétation en langue originale de chaque chant. L'anglais est utilisé uniquement dans les titres et comme langue de traduction dans le livret où chaque chanson est contextualisée. Cette invitation au voyage nous transporte des steppes sans fin de l'immense Russie aux coins montagneux les plus reculés de la petite Albanie. La visite se poursuit en Ukraine, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Turquie et Arménie. Accompagnée à l'accordéon par Dan Cantrell avec lequel elle enseigne, écrit et donne des représentations, et par huit autres musiciens jouant d'instruments traditionnels (duduk, riqq, zarb, violon, bouzouki...), Lily a également puisé son inspiration dans les courants musicaux tziganes, juifs, méditerranéens et orientaux voisins.
Afin d'en contrôler toutes les étapes, Lily s'est aussi investie en tant que coproductrice, a participé au mixage ainsi qu'à l'élaboration du livret. Elle a même crée son propre label Songbat distribué en France par Prikosnovénie. Le résultat final s'en trouve saisissant d'authenticité où tristesse et nostalgie sont les maître mots. Œuvre magistrale rendant un hommage juste à tous ces peuples, elle s'inscrit dans la continuité du travail initié par Loreena McKennitt qui vise à créer des ponts entre différentes cultures et civilisations.
Musiciens
Lily Storm : chant, parcussions
Dan Cantrell : accordéon
Beth Bahia Cohen : violon
Shea Comfort : duduk, kaval
Ryan Francesconi : bouzouki, guitare
Joshua Levy : guitare
Peter Maund : riqq, zarb
Eric Perney : basse
Diana Rowan : harpe
Faisal Zedan : percussions
Titres
01. Sleep, Child
02. The Peony
03. One Friday
04. Oh, Stand Aside
05. A Bird Flew On My Darling's Window
06. Love, Love
07. The Lemon Tree
08. Gulo
09. Little Turtle-dove
10. Instrumental (Accordion)
11. Green Leaf Of A Pear Tree
12. My Nightingale
13. Years, Heavy Years
14. Instrumental (Duduk)
15. The Swallow Is Flying
Tout comme Vas, Stellamara ou Daemonia Nymphe, Irfan suit le sillon tracé par Dead Can Dance dans lequel musiques sacrées, ethniques et médiévales sont savamment mêlées. A chaque fois, le résultat s'en trouve des plus réjouissants.
Basé en Bulgarie, Irfan est né en 2001 de la rencontre de trois musiciens, Kalin Yordanov, Kiril Bakardjiev et Ivailo Petrov, qui ont été ensuite rejoints par la chanteuse Denitza Seraphimova à la voix enchanteresse. Ce qui les a réuni, c'est leur passion commune pour les arts, la philosophie, la théologie, l'histoire et l'ethnologie. Ces domaines de connaissance se retrouvent dans leur musique, qui est vue comme un message s'adressant directement au cœur et à l'âme.
Dans la religion musulmane, l'irfan est l'équivalent de la gnose chrétienne, concept philosophico-religieux lié à la connaissance mystique. Pont entre l'Occident et l'Orient, la musique d'Irfan véhicule cette notion de sacré en puisant son inspiration aussi bien dans les cultures ancestrales bulgares, balkaniques, byzantines et occidentales que dans celles en provenance du Moyen-Orient, de Perse, d'Inde ou d'Afrique du Nord.
Si les techniques de chant usitées trouvent leur origine dans le riche passé des civilisations évoquées ci-dessus, les musiciens manient avec une même prestance les instruments traditionnels (saz, santour, gaïda également connue sous le nom de cornemuse balkanique) que ceux du monde contemporain comme les synthétiseurs ou samplers. Il en résulte une musique profonde, semblant sortir du fond des temps, agrémentée de sonorités modernes aux consonances electro.
S'étirant sur onze minutes majestueuses, Monsalvato a symboliquement été placé en ouverture de ce premier album car il s'agit du tout premier titre écrit et enregistré par le groupe en 2002. Les deux voix, masculine et féminine, ressemblent à s'y méprendre à celles du célèbre duo Brendan Perry/Lisa Gerrard, c'est dire la qualité. Plus tribal, Otkrovenie est le titre qui a ouvert les portes du label français Prikosnovénie car, envoyé comme une simple démo, il a été sélectionné pour figurer sur la compilation Fairy World aux côtés d'autres artistes comme Louisa John-Krol, Caprice, Fleür, Daemonia Nymphe ou Ashram. S'en est suivi la signature d'un contrat entre le label et le groupe.
A la fois hors du temps et dans son temps, Irfan livre une musique spirituelle envoûtante portée par le chant fascinant de Denitza Seraphimova, pierre angulaire de la formation. Deux autres albums tout aussi inspirés suivront : Seraphim en 2007, puis The Eternal Return en 2015.
Stellamara se situe dans la lignée de Dead Can Dance et de Vas. Cette formation californienne s'articule autour de sa chanteuse et productrice Sonja Drakulich, ainsi que du violoniste virtuose Gary Haggerty. Star Of The Sea, leur premier album, sort en octobre 1997. Deux autres suivront en l'espace d'une décennie.
D'origine à la fois serbe et hongroise, Sonja a grandi dans le quartier arménien de Los Angeles. Durant son adolescence, elle étudie la musique médiévale et des Balkans. Par la suite, elle développe une technique de chant influencée par les héritages bulgare, perse, turque et arabe. Elle commence alors à tourner avec des ensembles turcs et bulgares, puis fonde Stellamara en 1994.
Gary Haggerty (également Gari Hegedus) est lui aussi d'origine hongroise. Passionné de violon, d'ailleurs son nom de famille "Hegedus" signifie "violon" en langue hongroise, il s'intéresse très tôt à la musique celtique et bretonne avant de s'investir dans l'étude de la musique ancestrale turque, et, plus particulièrement, de l'ordre mevlevi. Cet ordre musulman soufi remonte au XIIIe siècle, ses membres sont les fameux derviches tourneurs.
Sur Star Of The Sea, les deux musiciens sont accompagnés du multi-instrumentiste Jeffery Stott, de la violoncelliste Marika Hughes, ainsi que des percussionnistes Susu Pampanin et Michael Emenau.
Entre Orient et Occident, ce premier album offre un large panorama musical inspiré. Maris et ses paroles en galicien datant du XIIIe siècle donne l'impression d'assister en direct à une procession religieuse d'un autre temps. Sans transition, Kereshme évoque le Dead Can Dance de Into The Labyrinth avec son chant et ses percussions orientales. Les titres suivants nous transportent à leur tour d'un lieu ou d'une époque à une autre jusqu'à un Oj Jabuko final hypnotique mêlant influences est-européennes des Balkans et rythmes orientaux enivrants en provenance d'un Empire ottoman exhumé l'espace d'un instant.
Véritable merveille musicale, Star Of The Sea est à découvrir absolument. Stellamara avait pour ambition de créer une musique célébrant l'amour, la beauté et l'unité à travers des harmonies transcendantes, on peut dire que c'est réussi !