Madredeus fait des petits. Dwelling est de ceux-là. Cette formation portugaise fondée en 1998 par le guitariste Nuno Roberto était d'abord un simple projet solo. Puis, en 2000, elle s'est transformée en quintet suite à l'arrivée de la jeune chanteuse Catarina Raposo, du guitariste d'origine cap-verdienne Helder Dias, de la violoniste Silvia Freitas et du bassiste Jaime Ferreira.
En 2001, Dwelling sort un premier mini-album intitulé Moments sur le label Equilibrium Music basé à Lisbonne. Le disque comporte seulement cinq titres pour une petite vingtaine de minutes. Alors que les trois premiers sont chantés en anglais, le quatrième est interprété dans leur langue natale et le dernier est un instrumental.
La musique de Dwelling est douce, légère et agréable. Elle puise son inspiration aussi bien dans le folklore portugais, le fado en particulier, que dans la bossa nova, le jazz et le mouvement néoclassique. Les paroles sont soufflées par les grands poètes que sont Yeats, Edgar Allan Poe, William Blake ou Fernando Pessoa. Plus modernes, les œuvres de George Orwell et de Philip K. Dick sont la source du texte sombre de Dear Blossom.
Deux années seront nécessaire pour donner une suite à ce premier essai qui s'en sort avec les honneurs. Ce sera Humana, tout aussi passionnant.
Tierra De Especias, quatrième album de la formation espagnole Amarok, est une invitation au voyage. Son leader Robert Santamaría, en compagnie de ses musiciens, navigue tout autour de ce pourtour méditerranéen historiquement si riche et mystérieux, bifurque ensuite jusqu'au Japon en passant par l'Inde, sans oublier la Vieille Europe.
Chaque titre de Tierre De Especias s'inspire d'un lieu particulier identifié sur la carte ancienne fournie dans le livret. Ainsi, le loufoque Naki Naki fait explicitement référence à l'Empire du soleil levant, tandis que M'Goun, une des meilleures chansons du disque, n'est autre qu'une rivière et un sommet du Maroc portant le même nom. Pont entre l'Orient et l'Occident, l'île de Samothrace est réenchantée à travers l'instrumental Danza De Samotracia, duo pour saz et violon.
De ses différents voyages en Turquie, Robert a ramené dans ses valises un saz, sorte de luth à manche long, un qanun, cithare très répandue au Moyen-Orient, et toute une série de percussions aussi originales les unes que les autres. Ainsi, la combinaison de ces instruments orientaux à ceux de son groupe donne une texture toute particulière à la musique jouée qui combine un rock progressif ambitieux et une world music haut de gamme.
En ce début de millénaire, la formation classique d'Amarok se met lentement en place. Outre Robert, Manel Mayol (flûte) et Victor Estrada (basse) déjà présents à l'époque de Gibra'ara, de nouveaux musiciens font leur entrée : le guitariste Carlos Gallego, le violoniste Robert Abella et la saxophoniste Mireia Sisquella. Le batteur Pau Zañarto fait une brève mais impressionnante apparition sur El Caramillo Del Alba et Azabel Cuentacuentos, épique flamboyant d'une vingtaine de minutes maîtrisé d'un bout à l'autre. Intuitif dans son style, il officiera de manière permanente à partir de l'album suivant. Quant au chant, il a été confié à An Mari Morón qui effectue un travail remarquable dans un contexte compliqué suite à la défection surprise de Lídia Cerón, la chanteuse historique. Mais elle ne restera pas non plus, Robert lui préférera Marta Segura qui deviendra LA voix d'Amarok.
Avec Tierra De Especias, Amarok poursuit sa mue qui l'éloigne progressivement des terres celtiques de ses débuts perceptibles sur Els Nostres Petits Amics et surtout Canciones De Los Mundos Perdidos. Cette fusion prog-world apporte une saveur particulièrement épicée à une musique vivante qui ne demande qu'à être partagée.
Musiciens
An Mari Morón : chant
Robert Santamaría : claviers, accordéon, guitares, saz, qanun, autoharp, percussions
Carlos Gallego : guitares, chant
Victor Estrada : basse, guitare espagnole
Robert Abella : violon, cithare
Mireia Sisquella : saxophone
01. Dioses
02. El Torrent De Colobres
03. M'Goun
04. Chenini
05. El Caramillo Del Alba
06. Naki Naki
07. Els Millors Bufons
08. El Gran Bazar
09. Danza De Samotracia
10. Azabel Cuentacuentos
Durant les années 70, le rock progressif était un domaine essentiellement réservé aux hommes. C'est pourquoi lorsque Billy Sherwoood propose de réunir en 2012 sur un même album, The Prog Collective, les vieux dinosaures survivants de cette époque, une seule femme est conviée parmi la quinzaine de musiciens, la fabuleuse Annie Haslam de Renaissance.
Les premiers à avoir répondu présents à son appel sont ses anciens complices de Yes : Rick Wakeman, Chris Squire, Tony Kaye, Peter Banks et Geoff Downes. Les artistes suivants sont eux aussi des pointures : John Wetton (Asia, UK, Icon, King Crimson, Roxy Music, Renaissance), Alan Parsons (Alan Parsons Project), Tony Levin (Peter Gabriel, King Crimson), Garry Green (Gentle Giant), Steve Hillage (Gong), Colin Moulding (XTC), John Wesley (Porcupine Tree, Fish), Richard Page (Mr. Mister), Jerry Goodman (Mahavishnu Orchestra), David Sancious (Sting, Peter Gabriel) et Larry Fast (Peter Gabriel, Foreigner, Annie Haslam).
Tout au long des sept titres, Sherwood et ses amis délivrent un rock progressif classique, sans réelle surprise. Plaisante à écouter, la musique se situe dans la lignée de ce que produit Yes. En fait, l'intérêt principal de ce projet réside dans les échanges entre musiciens. Ainsi, le chant puissant du regretté John Wetton fait face au violon oriental de Jerry Goodman sur The Laws Of Nature. The Technical Divide voit la basse virevoltante de feu Chris Squire accompagner la légende qu'est Alan Parsons. Social Circles marque la rencontre au sommet entre une Annie Haslam toujours aussi éblouissante et le guitariste Peter Banks aujourd'hui disparu. Efficace et intéressante, cette chanson évoque davantage ce qu'a proposé la chanteuse en solo que l'œuvre de Renaissance.
Face au succès rencontré par The Prog Collective, Billy Sherwood renouvellera l'expérience l'année suivante avec, cette fois-ci comme unique chanteuse, Sonja Kristina de Curved Air, contemporaine d'Annie au début de sa carrière.
Musiciens
Billy Sherwood : chant, batterie, guitare, claviers, basse
Annie Haslam : chant
John Wetton : chant
Alan Parsons : chant
Richard Page : chant
Colin Moulding : chant
John Wesley : chant, guitare
Garry Green : guitare
Peter Banks : guitare
Steve Hillage : guitare
Geoff Downes : claviers
David Sancious : claviers
Larry Fast : claviers
Tony Kaye : claviers
Rick Wakeman : claviers
Tony Levin : basse
Chris Squire : basse
Jerry Goodman : violon
Titres
01. The Laws Of Nature
02. Over Again
03. The Technical Divide
04. Social Circles
05. Buried Beneath
06. Follow The Signs
07. Check Point Karma
Live In Chicago, enregistré en 1983, est à l'image du Renaissance des années 80, une déception. Comme pour les autres formations de rock progressif, cette décennie leur a été fatale.
Du Renaissance de l'âge d'or (1973-1978), il ne reste plus que Annie Haslam (chant), Michael Dunford (guitare) et Jon Camp (basse). Exit le claviériste John Tout et le batteur Terence Sullivan, tous deux partis en 1980. Personne n'occupera par la suite leur poste de manière permanente. Pour cette tournée de 1983, Mike Taylor et Gavin Harrison, alors inconnu à l'époque, ont été recrutés. Gavin deviendra célèbre par la suite, non seulement pour son jeu de batterie unique, mais aussi pour avoir joué au sein de Porcupine Tree puis de King Crimson, ainsi que pour nombre d'artistes célèbres (Iggy Pop, Sam Brown, Dave Stewart...).
Cette tournée américaine vise à promouvoir le dernier album en date Time-Line disponible depuis peu. Il fait suite au tout aussi peu séduisant Camera Camera sorti en 1981. Le trio était à cette époque en quête désespérée d'un succès commercial, ce qui lui a fait perdre son âme. Les longs développements symphoniques ont été abandonnés au profit d'une musique pop insipide. Cette chute sans fin dans les abîmes fait peine.
Sur le papier, Live In Chicago, publié en 2010, suscite un vif intérêt. La set list comporte onze titres de la belle époque. Seul Flight provient de Time-Line. Son interprétation est cependant une bonne surprise, l'introduction au piano évoque les années "Tout" et le chant haut perché d'Annie touche au sublime.
Là où le bât blesse, c'est, d'une part, la médiocre qualité sonore digne d'un mauvais bootleg, et, d'autre part, la set list trompeuse. Seuls Nothern Lights, Flight et Running Hard sont présentés dans leur intégralité. D'Ashes Are Burning, n'a été conservé que le final, certes sublime, mais il manque toute la première partie de ce titre culte. Et ce n'est pas le pire, les huit titres restants inscrits sur le livret ne sont en fait qu'un medley de moins d'une vingtaine de minutes rassemblés sur une seule plage du disque. Cerise sur le gâteau, aucunes notes de Day Of The Dreamer et At The Harbour pourtant annoncés n'ont été jouées. Bref, beaucoup d'approximations qui suscitent un réel malaise, d'autant plus que ce disque est présenté comme une production de Michael Dunford.
Une fois ces informations intégrées et digérées, il faut prendre ce Live In Chicago comme le témoignage d'une époque aujourd'hui révolue. Il apporte un éclairage sur une période peu glorieuse de cette formation qui a pourtant tant apporté à la musique contemporaine la décennie précédente.
Musiciens
Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitare, chant
Jon Camp : basse, chant
Mike Taylor : claviers
Gavin Harisson : batterie
Titres
01. Northern Lights
02. Flight
03. Running Hard
04. Opening Out
05. Day Of The Dreamer
06. Fanfare (Song Of Scheherazade)
07. Ocean Gypsy
08. At The Harbour
09. Festival Preparations (Song Of Scheherazade)
10. Can You Understand
11. Touching Once
12. Ashes Are Burning
Après correction:
01. Northern Lights
02. Flight
03. Running Hard
04. Medley
05. Ashes Are Burning
Siouxsie And The Banshees -
A Kiss In The Dreamhouse (1982)
Siouxsie a toujours détesté les étiquettes et particulièrement celle de "gothique" qui continue à lui être attribuée. Pourtant, il n'y a pas à dire, elle était bien la Reine de ce mouvement dans les années 80.
Sorti en octobre 1982, A Kiss In The Dreamhouse figure parmi les meilleurs albums de la discographie des Banshees grâce à la fulgurance de ses titres et à son aspect expérimental. A l'aide de l'ingénieur du son Mike Hedges connu pour son excellent travail sur Seventeen Seconds et Faith de The Cure, le groupe arrange sa musique à l'aide d'effets sonores inédits pour lui (loops, reverbs) et de toute une panoplie d'instruments nouveaux : flûtes, harmonica, orgue, percussions diverses, cordes.
Violons et violoncelle apparaissent sur l'intrigant Obsession. Pour la petite histoire, la jeune violoncelliste dont il s'agit probablement du premier enregistrement est Caroline Lavelle. Elle connaîtra par la suite une carrière internationale formidable en jouant aux côtés des plus grands comme Radiohead, Muse, Massive Attack ou encore Tarja, Peter Gabriel et, surtout, Loreena McKennitt. En 2016, avec deux musiciens de cette dernière, Brian Hughes et Hugh Marsh, elle fondera le groupe de musique world/celtique Secret Sky.
Obsession, qui relate de l'intérieur ce qui ce passe dans la tête d'un obsédé introduit frauduleusement dans la chambre de sa victime, laisse un sentiment de malaise. L'album, dans son intégralité, est construit autour du thème de l'érotisme et du sexe. La pochette laisse peu d’ambiguïté. Construite comme une ode au lesbianisme, elle s'inspire d'une œuvre érotique de Gustav Klimt au fort pouvoir suggestif sur la sensualité du corps, Danaé. Le titre lui-même fait référence à cette fameuse "Dreamhouse", maison close du Los Angeles des années 40, où les prostituées usaient de la chirurgie esthétique afin de ressembler aux stars hollywoodiennes du moment et attirer ainsi plus de clients. Et que dire de Melt! aux paroles écrites par le bassiste Severin qui abordent sans détour le domaine du sadomasochisme (Leads to an insatiable desire / Of suicide... in sex). Une de leurs plus belles chansons encore aujourd'hui !
Dernier disque avec le guitariste John McGeoch, décédé en 2004, A Kiss In The Dreamhouse marque la fin d'une époque pour cette formation mythique. She' A Carnival toujours aussi coloré, le jazzy Cocoon ou Cascade, Painted Bird et Slowdive, tous aussi entraînants les uns que les autres, n'en finissent pas de raisonner dans nos têtes trente-cinq ans après...
Caroline Lavelle, Brian Hughes et Hugh Marsh sont trois musiciens aux CV impressionnants. Réunis sous le nom de Secret Sky, ils sortent en 2016 un très bel album dans la même veine qu'An Ancient Muse de Loreena McKennitt. La référence à cette dernière n'est pas innocente puisque tous trois l'accompagnent depuis les années 90.
Caroline est une violoncelliste britannique internationalement reconnue. Outre Loreena, elle a joué avec les plus grands : Vangelis, Peter Gabriel, Tarja, Hector Zazou, The Chieftains, Mary Black, The Cranberries, Siouxsie & The Banshees, Radiohead, Muse, Massive Attack et bien d'autres encore. Elle a également à son actif trois albums solo au succès d'estime : Spirit produit par William Orbit (1995), Brilliant Midnight (2001) et A Distant Bell (2004).
Brian, guitariste et producteur canadien, a été récompensé pour son travail par de multiples prix. Si son champ de prédilection demeure le jazz et la musique latine, il rejoint néanmoins Loreena dès 1989 sur le très celtique Parallel Dreams. Dès lors, une complicité doublée d'une grande amitié va lier les deux artistes.
Le violon est, depuis toujours, l'instrument fétiche d'Hugh. Originaire de Toronto, il a joué aux côtés de Robert Palmer ou de Peter Murphy de Bauhaus, et a participé aux musiques de film de blockbusters hollywoodiens tels que Shrek 2, Le Monde De Narnia, Armageddon ou Da Vinci Code sous la direction d'Hans Zimmer.
La rythmique est assurée par deux autres musiciens également proches de Loreena : Tim Landers à la basse (Stevie Nick, Tori Amos, Jethro Tull) et Tal Bergman à la batterie (Rod Stewart, Simple Minds).
Secret Sky, l'album, comporte neuf titres pour une durée d'un peu plus d'une heure. Un seul morceau dure trois minutes (Sun In A Black Sky), tous les autres dépassent allègrement les cinq minutes, ce qui laisse la place à de longs développements musicaux durant lesquels les instruments disposent de suffisamment d'espace pour s'exprimer librement et se répondre les uns aux autres. Si le chant de Caroline manque un peu d'assurance et de consistance, ce n'est pas gênant car cette fragilité le rend encore plus attachant.
Quatre titres (Black Is The Colour, Searching For Lambs, When I Was On Horseback et Moorlough Shore déjà présent sur Spirit mais repris ici dans une version fleuve de dix minutes) sont, à l'origine, des chansons traditionnelles sur lesquelles le groupe a apposé de nouveaux arrangements. Les paroles de Winds And Shadows et de The Dim-Moon City Of Deloght sont extraites de textes du poète anglais de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle James Elroy Flecker, du même courant poétique que Théophile Gautier. Celles de Nor All Thy Tears sont dues au Sage persan Omar Khayyam.
Mêlant habilement musique celtique et musiques du monde, orientale notamment, Secret Sky se situe dans la continuité de l'œuvre de Loreena McKennitt qui ne cesse de construire des ponts entre les différentes civilisations. Il en devient même un complément indispensable étant donné son même niveau qualitatif.
Musiciens
Caroline Lavelle : chant, violoncelle
Brian Hughes : guitares, oud, bouzouki, basse
Hugh March : violon
Tim Landers : basse
Tal Bergman : batterie, percussions
Yossi Shakked : percussions
Titres
01. Black Is The Colour
02. Searching For Lambs
03. Winds And Shadows
04. Nor All Thy Tears
05. When I Was On Horseback
06. Moorlough Shore
07. The Dim-Moon City Of Delight
08. Lady Howard (A Tale Of Dartmoor)
09. Sun In A Black Sky
Loreena McKennitt - The Wind
That Shakes The Barley (2010)
A un moment ou un autre, nous avons tous besoin de retrouver nos racines. Loreena McKennitt l'a exprimé en 2010 avec The Wind That Shakes The Barley. S’inscrivant dans la continuité de ses trois premiers albums sortis il y a un quart de siècle (Elemental,To Drive The Cold Winter Away, Parallel Dreams), Loreena revisite neuf titres issus essentiellement du folklore irlandais.
Bien que Canadienne, la famille de Loreena trouve ses origines en Irlande et en Écosse, ce qui explique en partie sa fascination de toujours pour la civilisation celtique et sa culture. Dans les années 90, elle s'en était éloignée pour mieux s'ouvrir sur le monde. Sa musique était alors apparentée "world". Durant deux décennies, elle explore de nouveaux univers sans pour autant tourner définitivement la page de sa première passion qui continue à l'animer.
Entourée de ses fidèles musiciens, en premier lieu Brian Hughes, Hugh Marsh, Caroline Lavelle et Ben Grossman, Loreena déploie toute une palette d'instruments traditionnels, de la harpe celtique aux flûtes irlandaises en passant par le bodhran, la cornemuse, le bouzouki, la mandoline ou la vielle à roue. Chaque titre devient ainsi suffisamment habillé pour accompagner cette voix magique comme nulle autre.
As I Roved Out, The Wind That Shakes The Barley, Brian Boru's March, The Star Of The County Down et The Parting Glass sont tous des classiques de la musique irlandaise. Écrite par le poète et médecin Robert Dwyer Joyce au XIXe siècle, la chanson titre est probablement la plus connue. Immortalisée dans les années 90 par Dead Can Dance, cette ballade parle d'un jeune Irlandais prêt à sacrifier sa relation amoureuse lors de la rébellion de 1798 contre l'occupant anglais.
Entre, Loreena glisse l'instrumental inédit The Emigration Tune composé par ses soins ainsi que The Death Of Queen Jane. Cette autre ballade, typiquement anglaise, décrit les derniers instants précédents l’exécution de Lady Jane Grey, héritière d'Edouard VI, proclamée reine d'Angleterre à l'âge de seize ans en février 1554, destituée neuf jours après son couronnement et décapitée à la Tour de Londres sur ordre de Marie Tudor, également prétendante au trône. A écouter en admirant le tableau de Paul Delaroche, Le Supplice de Jane Grey (1833).
Années après années, albums après albums, Loreena est une artiste qui ne déçoit jamais, quelle que soit l'option musicale choisie. Avec The Wind That Shakes The Barley, non seulement elle suit la trace de ses ancêtres, mais elle revient également à une certaine forme de simplicité.
Brian Hughes : guitare, bouzouki
Hugh March : violon
Caroline Lavelle : violoncelle
Ben Grossman : percussions, vielle à roue
Ian Harper : uilleann pipes, whistle
Tony McManus : guitare acoustique
Jeff Bird : basse, mandoline
Pat Simmonds : guitare acoustique, accordéon
Andrew Collins : mandoline
Brian Taheny : mandoline
Chris Gartner : basse
Andrew Downing : basse
Jason Fowler : guitare acoustique
Titres
01. As I Roved Out
02. On A Bright May Morning
03. Brian Boru's March
04. Down By The Sally Gardens
05. The Star Of The County Down
06. The Wind That Shakes The Barley
07. The Death Of Queen Jane
08. The Emigration Tunes
09. The Parting Glass
Alizbar & Ann'Sannat -
Welcome Into The Morning (2010)
Alizbar & Ann'Sannat se situent au cœur de la grande Europe. Alizbar, de son vrai nom Eduard Suhari, fonde ce groupe avec deux de ses amis, le guitariste Alexander Samodumov et la chanteuse Inna Bondar, en 1994 à Chișinău, capitale de la Moldavie alors nouvellement indépendante. Dans son sang, coule un sang mêlé russe, hongrois et roumain. Fasciné par la culture celte, il apprend à jouer de la harpe celtique ainsi que de nombreux autres instruments anciens comme la flûte, le bodhrán irlandais ou la domra russe.
En 1998, ils enregistrent Welcome Into The Morning qui sera réédité en 2010 sur le label français spécialisé dans les heavenly voices, Prikosnovénie. Paradoxalement, cet album comporte peu de parties chantées, seulement sept sur seize. La voix délicate d'Inna, similaire à celle de Cécile Corbel, se marie parfaitement avec cette musique enchanteresse influencée par les fées, elfes, lutins et autres créatures fantastiques des mythologies celtiques, nordiques et slaves. Si la moitié des compositions sont originales, l'autre moitié s'inspire de chants traditionnels parmi lesquels The Wind That Shakes The Barley immortalisé dans les années 90 par Dead Can Dance, ou Idje Sen, douce comptine polonaise.
En une heure vingt, Alizbar et sa troupe proposent un voyage relaxant dans les mondes imaginaires de Tolkien d'où le nom même d'Ann'Sannat provient. Dépaysement garantie...
01. Improvisation
02. The Butterfly
03. The Wind That Shakes The Barley
04. The Reel
05. The Mountain Set
06. Crazy Man Michael
07. Sleepy Magpie
08. Serveren
09. Siul A Run
10. The Old Story
11. O'Carolan's Welcome
12. Idje Sen
13. Toss The Feathers
14. John Riley
15. The Ballad Whispered By The Wind (Live)
16. Waltz On The Branches (Live)
Avant d'intégrer Karnataka en 2011, Hayley Griffiths a sorti deux albums sous son nom. Silver Screen, disponible en 2010, est le premier d'entre eux.
La jeune Hayley, originaire du Surrey, comté du sud de l'Angleterre, a débuté les cours de chant dès l'âge de six ans avec le soutien de ses parents qui ne cesseront de l'encourager. Elle poursuivra ses études dans cette voie et prendra également des cours de théâtre. Son ambition était de devenir actrice ou chanteuse.
A dix-huit ans, elle est recrutée pour participer à Riverdance, ce formidable spectacle folklorique irlandais. Avec la troupe, elle entame son premier tour du monde et se produit aussi bien en Russie qu'au Japon ou en Chine. Puis, elle passe des auditions et est sélectionnée pour jouer le rôle de la déesse Erin dans Lord Of The Dance, autre spectacle à succès abordant l'histoire et la mythologie irlandaise.
L'idée d'un album solo germe dans sa tête au cour de l'année 2007. Sur recommandation d'un proche, elle envoie une maquette au label américain Surefire Music Group localisé à Boston. Séduite, la maison de disque, pourtant spécialisée dans le R&B et le hip-hop, accepte de collaborer avec la Britannique. Totalement impliquée dans le processus, celle-ci cosignera chacune des chansons et coproduira son album.
Silver Screen comporte onze titres dont un seul dépasse légèrement les quatre minutes, le premier single Separated By Glass. Hayley a construit chaque chanson dans l'idée de raconter une histoire, comme un court métrage. Ainsi, Haunted avec son intro au piano faisant référence au thème principal du film L'Exorciste, raconte le retour d'une femme assassinée revenue hanter son meurtrier. Tout aussi dramatique, Silent As The End, le dernier titre, évoque le retour chez elle d'une mère qui a tout perdu pour cause de guerre destructrice.
On retiendra également Our Love, hymne à l'amour, qui aura la chance d'être interprétée sur scène avec Karnataka et qui figurera sur New Light - Live In Concert en 2012. Vanished, influencée par le film L'Illusionniste, semble tout droit sorti du répertoire de la chanteuse Enya. Enfin, le sympathique Blank Canvas ressemble à s'y méprendre à un extrait d'une comédie musicale à succès de Broadway.
Album pop réussit, Silver Screen est un judicieux équilibre entre la culture musicale classique et celtique d'Hayley associée aux sons plus actuels propres au label. Sa principale qualité est de mettre avant tout en valeur la délicieuse voix de celle qui est en train de devenir une des "ladies" incontournables de la scène progressive actuelle.
Musiciens
Hayley Griffiths : chant
Titres
01. Prelude
02. Vanished
03. What Is A Champion?
04. Our Love
05. Wait For The Sun
06. Haunted
07. Mechanical Lives
08. Blank Canvas
09. Separated By Glass
10. Is This A Dream
11. Silent As The End
Quatre ans. Quatre longues années ont été nécessaires aux Children In Paradise pour donner une suite au vénérable Esyllt. Mórrígan, disponible en 2016, est le deuxième volet d'une trilogie ambitieuse dédiée aux mythes celtiques.
Si le groupe demeure constitué du noyau Dam Kat (chant) - Gwalchmei (guitares), tous deux auteurs-compositeurs, auquel il ne faut pas oublier à la cornemuse et aux flûtes irlandaises Loïc Bléjean, le reste du line-up a complètement été renouvelé. Exit le pianiste Philippe Turbin, ce qui explique en partie ce nouveau son plus brut, et bienvenue à la nouvelle rythmique réunissant le batteur Frédéric Moreau influencé aussi bien par Stewart Copland que Phil Collins ou Mike Portnoy, et le bassiste Stéphane Rama aperçu aux côtés de Dan Ar Braz. Son jeu vif n'est pas sans rappeler celui d'un certain Simon Gallup de The Cure. D'ailleurs, Mórrígan s'inscrit dans la lointaine continuité de leur album culte Pornography tant il est traversé pas la même noirceur et un désespoir tout aussi profond. Cette face obscure se retrouve également sur l'album Metamorphosis de leurs cousins gallois Magenta, formation de rock néo-progressif menée par la chanteuse Christina Booth et le prolifique claviériste Rob Reed. Autre point commun entre chacun de ces disques incontournables, leurs pochettes à dominante rouge... sang.
Le rouge est la couleur associée à Mórrígan, déesse de la Mort, de la Guerre, de la Destruction, mais aussi de l'Amour et de la Protection. A travers la longue suite centrale lui étant consacrée, Dam Kat narre d'une voix ensorcelante sa vengeance envers Cú Chulainn, le héros celtique par excellence à l'épopée comparable à celle d'Achille de la mythologie grecque ancienne. Alors qu'elle s'était métamorphosée en jeune fille rousse pour le séduire, celui-ci a refusé sans ménagement ses avances. Une violente confrontation s'en suivra durant laquelle elle se transformera successivement en anguille, louve, vache puis corneille, la même que l'on peut admirer sur la magnifique pochette conçue par l'artiste polonais Tomasz Alen Kopera. Au final, la déesse prendra l'aspect d'une vieille dame qui, blessée, sera soignée par le héros.
Construites sur ce thème identique du courage face à la destinée et à la mort, les six autres chansons dégagent une même ambiance énigmatique et sépulcrale. La douce voix éthérée de Dam Kat, navigant dans un registre similaire à celui de Beth Gibbons de Portishead, se trouve en perpétuelle confrontation avec la guitare rugueuse et violente de Gwalchmei. Paradoxalement, cette dualité permanente donne son équilibre à l'album où il est question de solitude (Alone), de guerrier gaulois blessé (I Wait), de souffrance intérieure (I'm Falling), d'amour brisé (Stay), de regrets éternels (In My Mind) et de passage vers l'au-delà (He's Dying, splendide conclusion).
Cette présentation ne serait pas complète sans évoquer la participation exceptionnelle du joueur de carnyx John Kenny sur I'm Falling. Véritable œuvre d'art, cette impressionnante trompe mesurant plusieurs mètres, servait aux temps des Celtes autant à galvaniser les troupes qu'à terrifier l'ennemi. John Kerry, originaire d'Écosse, est un des rares musiciens actuels à savoir en jouer. Mélangé ici aux guitares, le rendu est saisissant.
De par son aspect torturé aux tourments incessants laissant peu d'espoir, Mórrígan offre une musique gothique flamboyante post-progressive aux influences celtiques d'un qualité indéniable ne pouvant que séduire. Le volet suivant abordera quant à lui la légende de la reine Boadicea et s'annonce tout aussi sombre. Entre-temps, Dam Kat proposera Alawn, son premier opus en solo réalisé en collaboration avec le fidèle Gwalchmei. Comme on dit si bien en anglais : "Can't wait!".
Animation de George Redhawk à partir de l'œuvre de
Tomasz Alen Kopera
01. Alone
02. I Wait
03. I'm Falling
04. Intro - I Will Follow You
05. Part I - Mórrígan
06. Part II - Cú Chulainn Is Mine
07. Part III - The Nightmare
08. Stay
09. In My Mind
10. He's Dying