vendredi 6 janvier 2017

Madredeus - Lisboa (1992)

Madredeus Lisboa
Madredeus - Lisboa (1992)
Madredeus est né du souhait de deux musiciens, Pedro Ayres Magalhães et Rodrigo Leão, de réinventer la musique populaire portugaise en s'inspirant aussi bien du fado que d'influences brésiliennes ou de musique classique. 

Pedro Ayres Magalhães, âme véritable de Madredeus, abandonne son collège militaire le 25 avril 1974, au moment où éclate la révolutions des Œillets entraînant la chute de la dictature salazariste au pouvoir depuis 1933. Il décide alors d'étudier la musique. D'abord autodidacte, il a le privilège de suivre ensuite des cours dans une académie de musique. Avant-gardiste, il fonde à la fin des années 70 Faíscas considéré comme la première formation punk du Portugal. Au début de la décennie suivante, il enregistre avec Corpo Diplomático le premier disque new-wave de son pays. Son groupe suivant, Heróis do Mar, s'oriente plutôt vers une direction pop-rock plus conventionnelle. 

En 1985, avec son ami Rodrigo Leão de Sétima Legião, il a l'idée d'un nouveau projet musical. Rejoints par l'accordéoniste Gabriel Gomes puis le violoncelliste Francisco Ribeiro, ils partent à la recherche d'une chanteuse... introuvable. En vain, auditions après auditions, personne ne correspond à leur attente. La légende veut que ce soit dans une taverne du vieux Lisbonne que Pedro Ayres trouve enfin la perle rare. Tranquillement installé à une table, il entend à côté une jeune fille d'à peine dix-huit ans chanter autour d'un groupe d'amis. C'est Teresa Salgueiro. Subjugué, Pedro Ayres finit par la convaincre d'intégrer ce qui deviendra Madredeus. 

Le nom Madredeus sera, en effet, choisi ultérieurement. Il provient d'un ancien monastère de Lisbonne transformé en salle de spectacle où se produiront les cinq musiciens à leurs débuts. En 1987, leur premier album Os Dias Da Madredeus rencontre un vif succès, confirmé par le suivant, Existir (1990). Madredeus enchaîne tournées sur tournées, aussi bien au Portugal qu'en Europe ou dans le reste du monde. Le double album Lisboa est le témoignage live de cette époque.

Il a été enregistré le 30 avril 1991 au Colisée des Recreios, théâtre mythique de Lisbonne ouvert en 1890, où passeront des artistes aussi divers que Nightwish, Massive Attack ou Patti Smith. Durant sa représentation, Madredeus joue la moitié des titres du premier disque et la quasi-intégralité du deuxième. Seule manque Tardes De Bolonha, un très joli instrumental. O Pastor, leur plus grand "tube", a le privilège d'être joué deux fois, notamment à la clôture du spectacle. Ils sont accompagnés sur scène par les guitaristes Luisa Amaro et Carlos Paredes, un grand maître de la guitare classique portugaise. Tout est douceur, la voix soprano de Teresa d'une très grande pureté est tout simplement magnifique. Elle exprime comme personne la saudade, cette mélancolie typiquement portugaise empreinte de nostalgie que l'on retrouve dans le fado. 

Madredeus a rencontré un succès fulgurant, tant sur le plan national qu'international. Réussissant le pari de renouveler un genre musical jugé démodé, ils entreront, en moins d'une décennie, au panthéon des artistes incontournables de la musique portugaise contemporaine. 


Musiciens


Teresa Salgueiro : chant
Pedro Ayres Magalhães : guitare acoustique
Rodrigo Leão : claviers
Gabriel Gomes : accordéon
Francisco Ribeiro : violoncelle

Carlos Paredes : guitare portugaise
Luisa Amaro : guitare acoustique

Titres


1.01 Matinal
1.02. A Cidade
1.03. A Península
1.04. Cuidado
1.05. O Ladrão
1.06. O Pomar Das Laranjeiras
1.07. Mudar De Vida
1.08. Canto De Embalar
1.09. O Navio
1.10. O Pastor
1.11. As Ilhas Dos Açores
1.12. A Vontade De Mudar

2.01. A Cantiga Do Campo
2.02. Amanhã
2.03. A Sombra
2.04. Solstício
2.05. A Estrada Do Monte
2.06. A Vaca De Fogo
2.07. A Confissão
2.08. As Montanhas
2.09. O Menino
2.10. Fado Do Mindelo
2.11. O Pastor

jeudi 5 janvier 2017

Amarok - Gibra'ara (1998)

Amarok - Gibra'ara
Amarok - Gibra'ara (1998)
Avec Gibra'ara, son troisième album, la formation espagnole Amarok, conduite par Robert Santamaría, prend son envol. 

Marqué par les départs successifs d'Asy Guerrero (guitares), d'Alfredo Arcus (batterie) et de Joan Morera (violon), Amarok s'enrichit de deux nouveaux arrivants qui deviendront des personnages clé de son histoire. Il s'agit du flûtiste Manel Mayol originaire de Majorque, et du bassiste Victor Estrada. 

Santamaria a conçu Gibra'ara comme une œuvre symphonique saupoudrée d'une délicate couche de musiques progressive et folk. Ici, pas, ou peu, de synthétiseurs, ni de batterie, les instruments acoustiques ont été privilégiés. L'esprit pastoral qui se dégage de l'ensemble n'est pas sans rappeler l'ex-Genesis Anthony Phillips, influence fièrement revendiquée. 

Gibra'ara est dédié au culte de la Terre nourricière, source de vie. Les trois autres éléments sont également mentionnés à travers de La Danza De Los Murciélagos (Air), le futur classique El Mestre De La Caverna (Feu), Laberintos De Piedra et Merla Aquàtica (Eau). 

Santamaria et sa bande signent là un album brillant, porté une nouvelle fois par le chant si gracieux de la douce Lídia Cerón aux nombreuses capacités enfin dévoilées. 


Musiciens


Lídia Cerón : chant
Robert Santamaría : piano, claviers, guitare, percussions
Victor Estrada : basse, guitare
Manel Mayol : flûtes, didgeridoo, chœurs
Magno Maccaferri : violon
Juan A. Arteche : percussions
Jordi Vallverdú : percussions
Mauricio Antón : percussions
Manel Sesé : percussions
Kerstin Kococinski : hautbois, cor anglais
Dolors Vidal : violoncelle

Titres


01. Laberintos De Piedra
02. El Mestre De La Caverna
03. La Danza De Los Murcélagos
04. Merla Aquàtica
05. Tormenta
06. Por La Senda De Los Cerezos En Flor
07. Gibra'ara
08. Al Otro Lado
09. Laberintos De Piedra (Conclusión)

mercredi 4 janvier 2017

Lupercalia - Florilegium (2004)

Lupercalia Florilegium
Lupercalia - Florilegium (2004)
Quatre ans après Soehrimnir, Lupercalia revient en 2004 avec Florilegium publié sur le label portugais Equilibrium Music. Entre temps, la formation a bien évolué suite à l'arrivée de la chanteuse soprano Claudia Florio et au départ du violoniste Pierangelo Fevola.

Cela ne signifie pas pour autant la disparition des instruments à cordes. Gianluca Uccio (premier violon), Giovanni Borreli (second violon), Roberto Bottino (alto) et Gianfranco Scalzo (violoncelle) apportent leur contribution en tant qu'invités. Tout comme l'actrice Lina Salvatore venue poser sa voix sur l'inquiétant Kundalini, prière ancestrale ésotérique.

Lupercalia joue une musique néoclassique et médiévale dans la lignée de Dead Can Dance. Leur influence est telle que la grande prêtresse Lisa Gerrard est même citée dans les remerciements. Si le guitariste Riccardo Prencipe demeure l'élément central du projet en signant la quasi-totalité des titres, il a néanmoins prit soin de laisser un espace de créativité à Claudia. Celle-ci excelle dans sa version a cappella de The Wind That Shakes The Barley, et a composé seule l'élégant Rebis doté d'un texte en latin. L'italien et l'anglais sont les deux autres langues usitées. 

Florilegium se situe à la préhistoire de Corde Oblique où se croiseront multitude de chanteuses aux voix aussi envoûtantes les unes que les autres. Sur certains titres comme Praga ou Sub Specie Aeternitatis, on perçoit déjà les prémices de ce que deviendra la musique de Riccardo, un folk méditerranéen éthéré aux couleurs flamboyantes. A suivre...




Musiciens


Claudia Florio : chant
Riccardo Prencipe : guitare classique, claviers, dulcimer

Gianluca Uccio : violon
Giovanni Borrelli : violon
Roberto Bottino : alto
Gianfranco Scalzo : violoncelle
Lina Salvatore : narration

Titres


01. Tribe
02. Ouroboros
03. Aegypto Ad Siciliam
04. Personent Hodie
05. Sub Specie Aeternitatis
06. Praga
07. Rebis
08. Kundalini
09. Curtis
10. Axe
11. Formis Melara Sanctus Filix
12. The Wind That Shakes The Barley
13. Pilgrim's chant

lundi 2 janvier 2017

Lupercalia - Soehrimnir & Mediestetica (2009)

Lupercalia Soehrimnir
Lupercalia - Soehrimnir (2000)
En 2009, le label Ark Records a la bonne idée de rééditer Soehrimnir, premier album de Lupercalia sorti en 2000, initialement chez World Serpent. En plus d'avoir été remasterisé, il est doublé d'un EP cinq titres demeuré jusque là inédit, Mediestetica

Album uniquement instrumental, à l'exception d'Interludio sur lequel Lina Salvatore lit quelques lignes d'un texte inspiré du temple de Mercure de Baïes (Campanie), Soehrmnir réunit diverses pièces du guitariste italien Riccardo Prencipe, futur Corde Oblique. Composées entre 1995 et 1998 pour guitare classique, les lignes de violon de Pierangelo Fevola ont été ajoutées par la suite, peu avant l'enregistrement. 

Riccardo puise son inspiration dans la musique folk médiévale mais aussi dans la mythologie, aussi bien romaine que nordique. Si Lupercalia, le nom de la formation, fait explicitement référence aux Lupercales, fêtes annuelles purificatrices célébrées dans la Rome antique en l'honneur du dieu Faunus, Soehrimnir est le fameux sanglier préparé pour les soldats d'élite d'Odin, les Einherjar. 

Peu après la parution de Soehrimnir, le duo se transforme en trio suite à l'arrivée de la soprano Claudia Florio. Deux nouvelles chansons sont alors écrites par Riccardo, la suite FormisMelaraSanctusFilix et Ouroboros, symbole de l'éternel retour. Pierangelo, de son côté, est à l'origine d'Axe qui a la particularité de comporter des paroles en latin. Personent Hodie et The Wind That Shakes The Barley sont deux chansons traditionnelles. La première est un chant de Noël datant du XVIe siècle et la seconde est une ballade irlandaise du XIXe siècle déjà immortalisée par Dead Can Dance sur leur album Into The Labyrinth en 1993. 

Suite au départ de Pierangelo, ces cinq titres seront réenregistrés pour l'album suivant, Florilegium, disponible en 2004. 

Lupercalia Mediestetica
Lupercalia - Mediestetica (2000)

Musiciens


Riccardo Prencipe : guitare classique, dulcimer, claviers
Pierangelo Fevola : violon, mandoline
Claudia Florio : chant

Lina Salvatore : narration
Valentina Cotini : chœurs
David Della Monica : tambourin

Titres


Soehrimnir
01. Tarantata Di Taberna
02. Il Lamento Di Trissino
03. De Todo Mal
04. Normandia
05. Il Pianto Di Giuletta
06. Il Colchico Affranto / Gli Elfi Gioiosi
07. Notturno Da Barca
08. La Danza Del Guiscardo
09. Interludio
10. Marcia Per Nostradama
11. Stil Composito
12. La Malinconia Di Schalken

Mediestetica
01. FormisMelaraSanctusFilic
02. Personent Hodie
03. Ouroboros
04. Axe
05. The Wind That Shakes The Barley

dimanche 1 janvier 2017

Daemonia Nymphe - Daemonia Nymphe (2002)

Daemonia Nymphe 2002
Daemonia Nymphe - Daemonia
Nymphe (2002)
Difficile de classer la musique du duo grec Daemonia Nymphe. Fondé en 1994 par Spyros Giasafakis et Evi Stergiou, deux anciens étudiants à l'École des beaux-arts de Thessalonique, le groupe sort un premier album éponyme sur le label français Prikosnovénie en 2002. C'est le troisième de leur discographie. 

Pour faire simple, on peut les situer dans la même famille que Dead Can Dance, Loreena McKennitt ou Louisa John-Krol avec laquelle ils collaboreront. Tous ces artistes ont en commun d'explorer les musiques ancestrales en leur donnant ensuite une certaine modernité. Fidèles à leurs origines, Spyros et Evi ont naturellement choisi de se tourner vers le riche passé de leur pays. 

Ainsi, ils font revivre les mythes et mystères de la Grèce antique à travers leurs louanges méditatives en l'honneur de divinités et créatures fantastiques aujourd'hui disparues. Hadès (Hades), Dionysos (Hymn To Bacchus), Pan (Invoking Pan), satyres (Dance Of The Satyrs) et autres nymphes (Nymphs Of The Seagod Nereus) reviennent parmi nous, l'espace d'un instant, nous offrir une dernière communion. 

Cette magie ne serait possible sans Nicholas Brass spécialisé dans la fabrication d'instruments grecs antiques, qu'ils soient à cordes (lyres, harpes, guitares...), à vent (flûtes, ydraulis, l'ancêtre de l'orgue, clairons...) ou à percussions (tambourins, cymbales, sistres...). Daemonia Nymphe et lui travaillent en étroite collaboration depuis 1999, l'utilisation de ces instruments exclusivement acoustiques donne à la musique toute son authenticité. 

Daemonia Nymphe, l'album, assure un dépaysement garanti baigné de chants féminins célestes. Daemonia Nymphe, le groupe, demeure une des plus belles révélations de Prikosnovénie. 


Musiciens


Spyros Giasafakis : chant, instruments
Evi Stergiou : chant, instruments

Titres


01. Message Horn's Enchanting Echo
02. Ida's Dactyls
03. Summoning Divine Selene
04. Hades
05. Dance Of The Satyrs
06. Korai Rejoicing In Antron
07. Nymphs Of The Seagod Nereus
08. Hymn To Bacchus
09. Invoking Pan

samedi 31 décembre 2016

Divanhana - Zukva (2016)

Divanhana Sevdah Zukva
Divanhana - Zukva (2016)
Le Portugal a son fado, la Roumanie sa doïna, la Grèce son rébetiko, la Bosnie-Herzégovine sa sevdah, autrement dénommée "blues des Balkans". C'est cette musique urbaine mélancolique remontant à l'époque de l'Empire ottoman, que huit jeunes musiciens, tout juste sortis  du Conservatoire de Sarajevo, ont choisi de revisiter, à partir de 2009, sous le nom de Divanhana.

Dans la culture bosnienne, le "divanhana" désigne une pièce spécifique du foyer où l'on se retrouve après le travail pour discuter, boire ensemble ou jouer de la musique. L'ambition de Divanhana est de réenchanter la sevdah en s'inspirant aussi bien des mélodies anciennes que du jazz, de la pop ou de la musique classique contemporaine. Aux côtés des instruments traditionnels que sont le violon, l'accordéon ou la guitare, nos jeunes musiciens n'hésitent pas à utiliser une basse électrique, un violoncelle, toutes sortes de percussions ainsi qu'un piano. Autre signe du changement, le chant, habituellement attribué à un homme, est ici tenu par la délicieuse Leila Ćatić à la voix des plus sensuelles.

Zukva, leur troisième album disponible en 2016, fait suite à Dert (2011) et Bilješke Iz Šestice (2013). Son nom provient d'une variété de pommes cultivée uniquement dans le sud-est de la Bosnie-Hérzegovine, à la frontière avec le Monténégro. L'arbre à la particularité de posséder de solides racines. Il symbolise l'attachement du groupe à ses propres racines nourries d'un riche passé, tant sur le plan historique que culturel. A l'image de ces pommes, Divanhana redistribue aujourd'hui le fruit de cet héritage sous forme de musique aux nouvelles générations.

Et le succès fortement mérité est bien là. En mai 2014, Zvijezda Majka Budaše, veille sevdah remise au goût du jour, est choisie comme hymne officiel de l'équipe nationale de Bosnie-Herzégovine à la Coupe du monde de football au Brésil. Très vite, ce single est devenu un tube dans toute la région. Les musiciens ont même l'honneur d'avoir à leurs côtés dans cette aventure le célèbre trompettiste macédonien Džambo Agušev, véritable légende dans les Balkans, et le guitariste virtuose Emir Hot, auteur de l'ambitieux Sevdah Metal (2008). Rayonnant dans toute l'ancienne Yougoslavie, Divanhana  se risque à intégrer à son répertoire des chansons traditionnelles macédoniennes (Zašto Si Me Majko Rodila) ou croates (Pijanica, Bekrija).

Comme Fairport Convention ou Loreena McKennitt en d'autres temps et autres lieux, Divanhana réinvente de manière intelligente son passé culturel à l'adaptant au monde moderne, sans lui faire perdre pour autant son âme. Ciganka Sam Mala, Emina, Zapjevala Sojka Ptica sont autant de petites perles finement arrangées qui font de Zukva un album surprenant d'un bout à l'autre, au charme balkanique inaltérable.


Musiciens


Leila Ćatić : chant
Neven Tunjić : piano
Nedžad Mušović : accordéon
Azur Imamović basse
Rifet Čamdžić : batterie, percussions
Irfan Tahirović : percussions, cajón

Filip Krumes : violon
Lana Kostić : violoncelle
Meho Radoović : clarinette
Emir Hot : guitare
Daniel Čondrić : guitare
Bojan Dizdarević : guitare
Boško Jović : guitare
Siniša Djurkovic : kontra, prim, chœurs
Ivan Bobinac : bass prim, chœurs
Kenan Glavinić : accordéon
Džambo Agušev : trompette
Koco Agušev : trompette
Sukri Dzevatov : hélicon
Elvijan Demirovski : tenor horn
Duško Topić : chœurs

Titres


01. Oj Safete, Sajo, Sarajlijo
02. Da Sam Ptica
03. Ciganska Sam Mala
04. Zašto Si Me Majko Rodila
05. Otkako Je Banja Luka Postala
06. Emina
07. Sejdefu Majka Budaše
08. Zvijezda Tjera Mjeseca
09. Pijanica, Bekrija
10. Zapjevala Sojka Ptica

vendredi 30 décembre 2016

Loreena McKennitt - Elemental (1985)

Loreena McKennitt Elemental
Loreena McKennitt - Elemental
(1985)
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Loreena McKennitt est Canadienne. Certes, elle est issue d'une famille d'origines irlandaise et écossaise, mais c'est bien au pays à la feuille d'érable qu'elle est née et a grandi. Au cours des années 70, elle découvre la musique celtique, notamment à travers le Breton Alan Stivell, et cela devient une passion. En 1985, elle crée Quinlan Road, son propre label basé à Stratford, dans l'Ontario. Elemental est sa toute première production. Fabriqué de manière artisanale, il s'en vendra plus de 100 000 exemplaires.

Sur ce disque, Loreena chante et joue quasiment de tous les instruments : harpe, accordéon et guitare, le tout accompagné de discrètes nappes synthétiques. Pour certains titres, elle a fait appel à de invités. Pat Mullin joue du violoncelle sur Stolen Child, l'instrumental The Lark In The Clear Air et Lullaby. Toujours sur Stolen Child, George Greer le rejoint à la basse. A la guitare et au chant, on retrouve le comédien Cedric Smith sur Carrighfergus et Kellwater. Lullaby voit un autre acteur, le vénérable Douglas Campbell, lire un texte du célèbre poète anglais William Blake. 

Adapter en musique des textes d'auteurs classiques deviendra une marque de fabrique de Loreena. Le poignant Stolen Child en est un autre exemple avec ses paroles signées du grand poète irlandais William Butler Yeats. Autre singularité, son art, comme nul autre, de revisiter des chansons traditionnelles du folklore britannique. Blacksmith en ouverture, le splendide She Moved Through The Fair dans un version a cappella féerique, et Carrighfergus du nom d'une ville d'Irlande du Nord, en sont l'illustration. 

Loreena McKennitt c'est avant tout une Voix, voix authentique au service de sa musique puisant son inspiration dans l'histoire, les mondes celtiques et la nature environnante. Cette nature, on l'entend à travers cet Elemental où gazouillis d'oiseaux, ondoiements de vagues, tintements de cloches et bien d'autres sons ont été échantillonnés et distillés tout au long de ce disque respirant la bonté ainsi qu'une certaine bienveillance accompagnée d'une pointe de mélancolie. 



Musiciens


Loreena McKennitt : chant, harpe, accordéon, claviers

Pat Mullin : violoncele
George Greer : basse
Douglas Campbell : narration
Cedric Smith : chant, guitare

Titres


01. Blacksmith
02. She Moved Through The Fair
03. Stolen Child
04. The Lark In The Clear Air
05. Carrighfergus
06. Kellswater
07. Banks Of Claudy
08. Come By The Hills
09. Lullaby

jeudi 29 décembre 2016

Björk - Homogenic (1997)

Björk Homogenic
Björk - Homogenic (1997)
Homogenic demeure le plus bel album de Björk. Très impliquée dans sa conception, elle a souhaité mettre en avant son identité islandaise, peu présente sur Debut et Post

Bien que chantant en anglais, c'est par la musique qu'elle a cherché à illustrer les particularités de son pays, notamment en traduisant la puissance de la nature, que ce soit volcans ou geysers. Toutes une série d’échantillons sonores les évoquant sont habilement éparpillés le long du disque alternant moments calmes et explosions symphoniques.

Cette recherche de sons inédits l'a conduite à combiner musique électronique aux multiples possibilités et instruments à cordes symbolisant la formation classique reçue durant son enfance. En équilibre constant, Homogenic est construit sur une dualité révélant l'état d'esprit de la chanteuse. Douleur et fureur dominent, tout comme une immense tristesse exprimée à travers le sublime Bachelorette ou un Hunter glacé, à peine réchauffé par quelques cordes égrenant leur boléro. Une fenêtre de lumière porteuse d'espoir éclaire furtivement All Is Full Of Love qui clôt l'album sur une note positive, et le merveilleux Jóga du nom de sa meilleure amie. 

Rarement un album n'avait révélé autant la double facette d'une même personnalité à la fois fragile et si forte, comme l'est la terre de ses ancêtres. Homogenic est bien plus qu'un simple album, c'est une œuvre d'art à part entière. 


Musiciens


Björk : chant, claviers

Marc Bell : claviers, programmation
Guy Sigsworth : claviers
Coba : accordéon
Alasdair Malloy : harmonica de verre
Trevor Morais : batterie

Icelandic String Octect
Orchestre de chambre

Titres


01. Hunter
02. Jóga
03. Unravel
04. Bachelorette
05. All Neon Like
06. 5 Years
07. Immature
08. Alarm Call
09. Pluto
10. All Is Full Of Love

mercredi 28 décembre 2016

Elvya - Untold Stories (2015)

Elvya Dulcimer Untold Stories
Elvya - Untold Stories (2015)
Bienvenue dans le monde enchanté d'Elvya. La légende raconte que cette jeune Belge a grandi dans une petite maison entourée non pas d'une prairie, mais de forêts, d'animaux et de créatures magiques. Enfant, elle avait l'habitude de les rejoindre en cachette où elle chantait, dansait et jouait parmi eux. Untold Stories nous conte ses histoires jamais dévoilées...  

Avec son hammered dulcimer, instrument qui a la particularité d'être à cordes frappées, similaire au santour perse, Elvya célèbre la Nature, inépuisable source d'inspiration. Elle la loue en anglais, mais aussi dans son langage imaginaire sur Lavor Mi Gente, Gover Si Vena et Ann'Vatu qui signifie "Célébration". Si c'est bien elle l'auteure des paroles, elle signe seule certaines musiques et en cosigne cinq avec Fieke van den Hurk. Producteur, arrangeur, il joue également de la vielle, de l'accordéon et du piano. Dans son soucis d'authenticité, Elvya n'a pas utilisé de machines (sans âmes), elle a préféré faire appel à des musiciens jouant avec de vrais instruments.

Dommage que le label français spécialiste de l'heavenly Prikosnovénie ne soit plus en activité, Elvya y aurait eu toute sa place. Son univers féerique est proche d'artiste à leur catalogue comme Artesia ou Louisa John-Krol. Curieusement, c'est auprès de musiciens plus "metalleux" qu'elle s'est faite un nom. Arjen Lucassen (Ayreon) est le premier à lui avoir fait une place à ses côtés sur Lost In The New Real pour sa cover de The Battle Of Evermore de Led Zeppelin sur laquelle figurait Sandy Denny. A son tour elle l'invitera sur Untold Stories et lui confiera le rôle du narrateur introduisant et concluant l'album. Puis, ceux seront les Leaves Eyes menés alors par Liv Kristine qui l'inviteront sur King Of Kings en 2015. 

Amoureux de Tolkien et d'Alice Au Pays Des Merveilles, Elvya est une artiste faite pour vous. Et puis, surtout, ne passez pas à côté de la magnifique ballade Try To Listen qui mérite à elle seule l'achat de l'album. Mélancolique à souhait, il s'agit d'une des plus belles chansons qu'il m'ait été donné d'écouter. J'adore. 


Musiciens


Elvya Dulcimer : chant, hammered dulcimer

Arjen Lucassen : narration
Ward De Coninck : chant, percussions
Ben Auwerx : chant
Ivar de Graaf : batterie, guitare acoustique
Dominique Bentvelsen : contrebasse
Douwe de Wilde : basse
Emilien Delcour : guitare acoustique
Baz Laarakkers : guitare acoustique
Sjoerd van Ravenzwaaij : tin whistle
Coca Roman van Dongen : harpe celtique
Fieke van den Hurke : vielle, accordéon, piano
Jan De Weer : flûte
Sophie Zaaijer : violon, alto, violoncelle

Titres


01. Intro
02. Nature
03. Lavor Mi Gente
04. Gover Si Vena
05. Socopelli
06. Remember
07. Try To Listen
08. Kardizam
09. Leave Me
10. Daddy
11. Spring Dance
12. Ann'Vatu
13. Outro

mardi 27 décembre 2016

Kate Bush - The Whole Story (1986)

Kate Bush The Whole Story
Kate Bush - The Whole Story
(1986)
Kate Bush, un nom qui relève de la légende. De 1978 à 1985, cette jeune britannique a publié pas moins de cinq albums, tous aussi passionnants les uns que les autres, et a aligné tubes sur tubes. En 1986, elle les rassemble dans la compilation The Whole Story.

Aidée à ses débuts par un certain David Gilmour, elle sort son premier disque The Kick Inside à l'âge de dix-huit ans. Dès Wuthering Heights, son premier single (et succès), elle surprend par sa voix soprano enfantine, capable de gravir quatre octaves. Inspirée par Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, elle réenregistrera cette chanson en 1986 avec comme face B l'inédit Experiment IV, sombre histoire de plans secrets militaires ayant comme but de détruire un maximum de personnes avec un simple son horrible. Elle est accompagnée du violoniste Nigel Kennedy qui a l'audace de reproduire les angoissants "grincements" de la fameuse scène de la douche du film culte Psychose.

Lionheart fait suite quelques mois après. Il contient deux autres hits de moindre envergure, The Man With The Child In His Eyes et Wow. Never For Ever (1980) la propulse au rang de star, ce qui lui conférera un entière liberté de création. Breathing, Army Dreamers et surtout l'imparable Babooshka trouvant sa source dans le folklore slave, sont autant de succès qui marqueront définitivement les esprits.

Deux ans lui sont ensuite nécessaire pour écrire, arranger et produire seule The Dreaming. Plus expérimental, il bénéficie de la présence discrète de son mentor David Gilmour. Deux singles en sont extraits, la chanson titre et Sat In Your Lap.

1985 voit paraître son chef d'œuvre, Hounds Of Love sur lequel figure un grand orchestre. La face B du disque intitulée The Ninth Wave est une suite d'une vingtaine de minutes inspirée par la mythologie celtique. La face A comporte trois nouveaux hits à l’échelle mondiale : Cloudbusting, Hounds Of Love et Running Up That Hill.

Perfectionniste à l'extrême, Kate n'a jamais cédé à la facilité, ni aux exigences commerciales. Sa démarche artistique a toujours primé sur tout le reste. Ce qui en fait une des chanteuses les plus respectées et influentes de la scène musicale internationale, tous courants musicaux confondus.


Titres


01. Wuthering Heights
02. Cloudbusting
03. The Man With The Child In His Eyes
04. Breathing
05. Wow
06. Hounds Of Love
07. Running Up That Hill
08. Army Dreamers
09. Sat In Your Lap
10. Experiment IV
11. The Dreaming
12. Babooshka