samedi 1 octobre 2016

Sandy Denny - Like An Old Fashioned Waltz (1974)

Sandy Denny Like An Old Fashioned Waltz
Sandy Denny - Like An Old Fashioned
Waltz (1974)
Enregistré en 1973 à Los Angeles, puis disponible chez les disquaires l'année suivante, Like An Old Fashioned Waltz, troisième album solo de Sandy Denny, est un véritable bijoux, pour ne pas dire chef-d'œuvre. Il est produit par son mari Trevor Lucas ainsi que par John Wood, déjà coproducteur de The North Star Grassman And The Ravens.

Désormais pleine d'assurance, que ce soit sur le plan vocal ou dans ses choix artistiques, Sandy a décidé de s'éloigner des sentiers du folk rock qui lui sont familiers pour livrer des compositions ambitieuses plus symphoniques aux influences jazzy manifestes. Le résultat est grandiose. Pete Townshend des Who avait raison quand il prétendait qu'elle était "the perfect Bristish folk voice", mais avec Like An Old Fashioned Waltz, Sandy prouve que son registre va bien au-delà du simple folk.

Dès Solo, le premier titre, elle excelle sur cette splendide ballade au piano accompagnée de cordes. Abordant la douloureuse question de la solitude, il s'agit probablement d'une de ses plus belles chansons. Au fil de l'album, Sandy se livre intimement en évoquant ses propres peurs, l'absence de l'autre, la séparation, la nostalgie. 

Ses souvenirs d'enfance resurgissent jusque dans le choix des reprises. Whispering Grass, le premier single, et Until The Real Thing Comes Along sont tous deux des standards de jazz que son père possédait dans sa discothèque et écoutait en boucle. Afin de restituer au mieux cette ambiance feutrée, Sandy a fait appel à des musiciens reconnus dans cet univers musical comme le saxophoniste Alan Skidmore ou le guitariste Diz Disley, notamment connu pour sa collaboration avec le violoniste Stéphane Grappelli. 

Sandy a également convié ses anciens complices de Fotheringay (Trevor Lucas, Jerry Donahue, Gerry Conway, Pat Donaldson), ceux de Fairport Convention (Richard Thompson, Dave Mattacks, Dave Peggs), ainsi que Danny Thompson de Pentangle. 

Si The North Star Grassman And The Ravens était un album automnal, Like An Old Fashioned Waltz ressemble plutôt à une romance de fin d'été qui, quarante années après, ne cesse de nous subjuguer. En 1993, sur son album de covers Songs From The Mirror, Fish, l'ancien chanteur de Marillion, rendra un hommage émouvant à Sandy en reprenant Solo. Avec ce disque, il souhaitait célébrer les artistes qui lui avait donné l'envie de chanter durant son adolescence. Il avait donc sélectionné des chansons de Bowie, Pink Floyd, Genesis, des Moody Blues, du Sensational Alex Harvey Band, des Kinks, de Rod Argent et de T. Rex. Sandy est la seule chanteuse à avoir été retenue, c'est dire toute l'estime qu'il avait pour elle. 


Musiciens


Sandy Denny : chant, piano, guitare acoustique

Richard Thompson : guitares
Trevor Lucas : guitares
Diz Disley : guitares
Jerry Donahue : guitares
Jean Roussel : orgue
Ian Armit : piano
John Bundrick : claviers
Dave Pegg : basse
Pat Donaldson : basse
Danny Thompson : contrebasse
Dave Mattacks ; batterie
Gerry Conway : batterie
Alan Skidmore : saxophone

Titres


01. Solo
02. Like An Old Fashioned Waltz
03. Whispering Grass
04. Friends
05. Carnival
06. Dark The Night
07. At The End Of The Day
08. Until The Real Thing Comes Along
09. No End

vendredi 30 septembre 2016

Sandy Denny - The North Star Grassman And The Ravens (1971)

Sandy Denny The North Star Grassman And The Ravens
Sandy Denny - The North Star Grassman
And The Ravens (1971)
En décembre 1969, Sandy Denny quitte Fairport Convention en pleine gloire. 

Désireuse d'interpréter ses propres compositions, elle s'en va fonder Fotheringay dont l'existence sera des plus éphémères. En effet, après un album éponyme remarqué qui leur a permis d'ouvrir le concert d'Elton John au légendaire Royal Albert Hall en 1970, le groupe se sépare en 1971. 

Sandy se lance alors dans l'écriture de son premier album solo, The North Star Grassman And The Ravens. Il sortira cette même année.

L'ambiance générale est morose. Le disque a été construit sur les thèmes de la disparition et de la rupture. The North Star Grassman And The Ravens est un album mélancolique aux saveurs automnales. 

Certes, la reprise dynamique de Brenda Lee, Let's Jump The Broomstick, apporte un peu de gaieté. Mais pas suffisamment pour changer l'atmosphère pesante, sombre et mystérieuse qu'illustre si bien la pochette réalisée par Keef MacMillan, futur collaborateur de Kate Bush. On y voit Sandy en apprenti magicienne en train de peser des graines dans une ancienne pharmacie ou herboristerie. 

Late November ouvre le disque. Cette triste ballade fait référence à l'ancien batteur de Fairport Convention, Martin Lamble, mort tragiquement dans un accident de bus à l'âge de dix-neuf ans. Quant à Next Time Around, Sandy y aborde sa vie sentimentale et une ancienne histoire d'amour désormais terminée. Plus cocasse, Crazy Lady Blues est un portrait sensible de son amie Linda Thompson, épouse de Richard Thompson.

Ce dernier, ancien acolyte de Sandy au sein de Fairport Convention, est coproducteur du disque avec elle et John Wood. Il délivre également un jeu de guitare toujours aussi inventif sur quelques titres comme The Sea Captain ou Down The Flood. Son intervention à la guitare et à l'accordéon sur le traditionnel Blackwaterside inscrit ce morceau dans la lignée des A Sailor's Life (Unhalfbricking) et Reynardine (Liege & Lief).

Côté musiciens, outre Richard, on retrouve notamment les anciens de Fotheringay : Gerry Conway, Pat Donaldson, Jerry Donahue et Trevor Lucas qui deviendra son mari en 1973. D'ailleurs, Late November et John The Gun étaient à l'origine prévus pour figurer sur le second album du groupe qui ne verra jamais le jour. 

Grâce à The North Star Grassman And The Ravens, Sandy aura le rare privilège d'être désignée en 1971, pour la deuxième année consécutive, "Meilleure chanteuse de l'année" par le très distingué Melody Maker, véritable institution outre-Manche. Récompense amplement méritée.  


Musiciens


Sandy Denny : chant, piano, guitare acoustique

Richard Thompson : guitares, accordéon, basse
Jerry Donahue : guitares
Trevor Lucas : guitares, chœurs
Buddy Emmons : pedal steel guitar
Ian Whiteman : piano
Pat Donaldson : basse
Tony Reeves : basse
Gerry Conway : batterie
Roger Powell : batterie
Barry Dransfield : violon, chœurs
Royston Wood : chœurs
Robin Dransfield : chœurs

Titres


01. Late November
02. Blackwaterside
03. The Sea Captain
04. Down In The Flood
05. John The Gun
06. Next Time Around
07. The Optimist
08. Let's Jump The Broomstick
09. Wretched Wilbur
10. The North Star Grassman And The Ravens
11. Crazy Lady Blues

jeudi 29 septembre 2016

Fairport Convention - Liege & Lief (1969)

Fairport Convention Liege & Lief
Fairport Convention - Liege & Lief
(1969)
Engendré dans la douleur suite au décès du batteur Martin Lamble, Liege & Lief est un album fondamental dans la discographie de Fairport Convention et, plus globalement, dans l'histoire du folk rock. 

En 2002, les auditeurs de BBC Radio 2 l'ont d'ailleurs désigné comme le disque de folk le plus important de tous les temps, puis, en 2006, comme ayant été le plus influent des albums de cette catégorie. Il est vrai que cette influence a traversé les âges et se laisse entendre dans des formations telles que Iona ou Mostly Autumn.

Après la sortie d'Unhalbricking et de la chanson A Sailor's Life, Fairport Convention décide de laisser tomber les reprises de Dylan pour explorer cette nouvelle voie riche en matière. Elle consiste à réarranger, avec des instruments contemporains, de vieilles, parfois très veilles chansons du folklore britannique (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande). Les deux principaux instigateurs en sont Sandy Denny, dont c'est le troisième album avec le groupe, et le bassiste Ashley Hutchings. C'est donc lui qui fouille dans de vieux recueils à la recherche de tous ces trésors enfouis. Sandy, elle, avait l'habitude d'en chanter depuis son enfance.

Ainsi, elle narre avec un réalisme théâtral ces histoires de loup-garou (Reynardine), de fée au destin brisé (Tam Lin), de fou meurtrier (Crazy Man Michael), ou d'adultère tragique (le désormais classique Matty Groves). Outre Ashley, elle est accompagnée du nouveau batteur Dave Mattacks, des talentieux guitaristes Simon Nicol et Richard Thompson, ainsi que du dernier arrivé, le violoniste virtuose Dave Swarbrick. Ce dernier apporte avec son instrument cette touche majeure d'authenticité.

Cinq des huit titres proposés sont des adaptations de chansons traditionnelles. Les trois restantes sont des compositions originales signées Denny/Hutching pour le titre d'ouverture Come All Ye, Thompson seul pour le très beau Farewell, Farewell, et Thompson/Swarbrick pour l'impressionnant Crazy Man Michael qui clôt en apothéose le disque. Plusieurs de ces morceaux seront repris par la suite par nombre d'artistes. Sur Arthur The King (2001), Maddy Prior interprétera avec brio Reynardine ainsi que The Lark In The Morning.

Album de la consécration, Liege & Lief donnera au groupe sa marque de fabrique. Toutefois, à sa sortie, il devra faire face à deux départs consécutifs. Sandy s'en ira fonder Fotheringay avec son futur mari Trevor Lucas, quant à Ashley, ils sera à l'origine du mythique Steeleye Span, futur concurrent de Fairport Convention, aux côtés de Tim Hart et Maddy Prior.   

 

Musiciens


Sandy Denny : chant
Simon Nicol : guitares
Richard Thompson : guitares
Ashley Hutchings : basse
Dave Mattacks : batterie
Dave Swarbrick : violon, alto

Titres


01.Come All Ye
02. Reynardine
03. Matty Groves
04. Farewell, Farewell
05. The Deserter
06. Medely : The Lark In The Morning, Rakish Paddy, Foxhunter's Jig, Toss The Feathers
07. Tam Lin
08. Crazy Man Michael

Bonus (édition 2002)
09. Sir Patrick Spens
10. Quiet Joy Of Brotherhood

dimanche 25 septembre 2016

Fairport Convention - Unhalfbricking (1969)

Fairport Convention Unhalfbricking
Fairport Convention - Unhalfbricking
(1969)
Sorti en 1969, Unhalfbricking est le troisième album de Fairport Convention, le deuxième avec Sandy Denny au chant. 

Entrée en juillet 1968 dans le groupe, suite au départ (forcé) de Judy Dyble, Sandy était auparavant membre des Strawbs au sein desquels elle avait composé le désormais classique Who Knows Where The Time Goes?. Cette émouvante ballade s'interrogeant sur le temps qui passe, moult fois reprise par des pointures comme Judy Collins, Barbara Dickson ou Maggie Reilly, a été incluse sur Unhalfbricking, ainsi qu'une autre de ses compositions, Autopsy aux influences plus jazzy.

Ceux sont également ses parents, Neil et Edna Denny, qui figurent sur la surprenante, mais "so british", pochette du disque. La photo a été prise à côté de la maison familiale, située dans le quartier de Wimbledon au sud de Londres. En y regardant de plus près, on aperçoit en arrière-plan le groupe installé dans le jardin communal. Outre Sandy, il est formé, à ce moment-là, des guitaristes Richard Thompson et Simon Nicol, du bassiste Ashley Hutchings et du batteur Martin Lamble. 

Malheureusement, quelques mois plus tard, avant la sortie du disque, Martin décédera à l'âge de dix-neuf ans dans un tragique accident de bus au cours duquel les autres membres du groupe furent blessés. La petite amie de Richard perdit également la vie. C'est dire combien ce tragique événement les marqua à tout jamais. 

Pourtant, Unhalfbricking est devenu un classique du folk rock. Il contient trois reprises de Dylan, dont le fameux If You Gotta Go, Go Now traduit en français sous le titre Si Tu Dois Partir, ainsi que l'adaptation de A Sailor's Life, chanson traditionnelle britannique qui évoque le désespoir d'une jeune femme dont le mari, un marin, s'est noyé. S'étendant sur plus de onze minutes, elle a été enregistrée en une seule prise. Il est reconnu aujourd'hui que cette version pose les bases de ce nouveau courant musical, le folk électrique qui vise à moderniser d'anciennes chansons populaires à l'aide d'instruments de rock et de musique traditionnelle, comme le violon de Dave Swarbrick ici. S'inscriront dans ce sillage Pentangle avec Jacqui McShee, Trees avec Celia Humphris, Steeleye Span avec Maddy Prior ou Barbara Dickson. L'album suivant, le tout aussi réussi Liege & Lief qui verra l'intégration de ce formidable musicien qu'est Swarbrick, continuera avec succès dans cette même direction.

Musiciens


Sandy Denny : chant, clavecin
Richard Thompson : guitares, claviers, dulcimer électrique, chœurs
Simon Nicol : guitares, dulcimer électrique, chœurs
Ashley Hutchings : basse, chœurs
Martin Lamble : batterie, percussions

Dave Swarbrick : violon, mandoline
Trevor Lucas : triangle
Marc Ellington : chant
Ian Matthews : chant
Daves Mattacks : batterie

Titres


01. Genesis Hall
02. Si Tu Dois Partir
03. Autopsy
04. A Sailor's Life
05. Cajun Woman
06. Who Knows Where The Time Goes?
07. Percy's Song
08. A Million Dollar Bash

Bonus (édition 2003)
09. Dear Landlord
10. The Ballad Of Easy Rider

samedi 24 septembre 2016

Judy Dyble - Talking With Strangers (2009)

Judy Dyble Talking With Strangers
Judy Dyble - Talking With Strangers
(2009)
Talking With Strangers est le genre d'album que l'on aimerait découvrir plus souvent. Tout y est volupté, douceur, émerveillement.

Sorti en 2009, il marque le retour sur le devant de la scène de Judy Dyble. Certes, trois autres essais en solo demeurés confidentiels l'ont précédés : Enchanted Garden en 2004, puis Spindle et The Whorl, tous deux en 2006. Mais, Talking With Strangers demeure indiscutablement son œuvre la plus accomplie.

Coproduit et coécrit par Tim Bowness de No-Man et Alistair Murphy, il réunit une pléiade de grands noms : Ian McDonald (King Crimson, Foreigner), Robert Fripp (King Crimson), Simon Nicol (Fairport Convention), Pat Mastelotto (King Crimson), Rachel Hall (future Big Big Train) ainsi que les divines chanteuses Julianne Regan (All About Eve), Jacqui McShee (Pentangle) et Celia Humphris (Trees). 

D'inspiration plutôt folk, il comporte quelques clins d'œil au mouvement progressif. C'est La Vie est une magnifique reprise d'Emerson, Lake & Palmer qui se trouve à l'origine sur leur cinquième album studio, Works Volume 1 (1977). Le morceau final Harpsong débute comme une simple chanson folk sur laquelle Judy pose sa délicate voix et joue quelques notes répétitives d'autoharpe. Puis, il s'aventure dans une digression progressive éblouissante d'une vingtaine de minutes. 

Chanson autobiographique, elle raconte avec pudeur la vie de Judy, véritable légende du folk/rock peu connue du grand public. Sa carrière débute dans les années 60 lorsqu'elle devient la première chanteuse de Fairport Convention. Elle participe à leur premier album éponyme disponible en 1968 avant d'être remplacée par Sandy Denny. Par la suite, elle rejoint le trio Giles, Giles & Fripp avec son petit ami de l'époque Ian McDonald. Après son départ, les musiciens prendront le nom de King Crimson et deviendront un des piliers du rock progressif. Jusqu'en 1973, elle collabore de manière éphémère à d'autres formations comme Trader Horn. Puis, elle décide de se retirer du circuit musical après avoir rencontré celui qui deviendra son mari. Elle fondera alors une famille et deviendra bibliothécaire. Elle continuera à faire quelques apparitions ponctuelles lors des conventions annuelles de Fairport Convention pour le plus grand plaisir de leurs fans qui ne l'ont pas oubliée. La plus marquante d'entre elles sera celle de 1997 fêtant les trente ans du groupe.

Talking With Strangers symbolise donc son véritable retour avec comme ambition affichée, celle de réaliser un album des plus attachants doté d'une grande sensibilité, tout à son image. 

Judy Dyble Talking With Strangers
Judy Dyble - Talking With Strangers
(2009)

Musiciens


Judy Dyble : chant, autoharpe

Tim Bowness : chant, guitare électrique
Celia Humphris : chant
Jacqui McShee : chant
Julianne Regan : chant
Alistair Murphy : guitares, claviers
Robert Fripp : guitare électrique
Harry Fletcher : guitare électrique
Paul Robinson : guitare électrique
Jeremy Salmon : guitare électrique
Simon Nicol : guitare acoustique
John Gillies : guitare acoustique
Marc Fletcher : basse
Pat Mastelotto : batterie, percussions
Ian McDonald : flûte, saxophone, ukulélé
Rachel Hall : violon
Laurie A'Court : saxophone
Sanchia Pattinson : hautbois

Titres


01. Neverknowing
02. Jazzbirds
03. C'est La Vie
04. Talking With Strangers
05. Dreamtime
06. Grey October Day
07. Harpsong

vendredi 23 septembre 2016

Tori Amos - Midwinter Graces (2009)

Tori Amos Midwinter Graces
Tori Amos - Midwinter Graces (2009)
Midwinter Graces est le onzième album studio de Tori Amos. Sorti en 2009, il s'agit également de son premier album de Noël. Sept de ses douze titres sont des chants traditionnels réarrangés, les cinq restants sont des compositions originales. 

Fille de pasteur méthodiste, on aurait pu attendre de Tori un disque de reprises des plus traditionnels. Mais, il n'en est rien. Si ces airs ont baigné son enfance et demeurent toujours dans un recoin de sa tête, Tori Amos est avant tout une artiste à la fibre créatrice. Elle a donc préféré se les réapproprier en les vidant de leur contenu chrétien pour leur donner un nouveau souffle, plus proche de la tradition païenne du solstice d'hiver que du symbolisme de la naissance du Christ. Dans le livret, chaque chanson est classée en fonction des quatre éléments de la spiritualité ancestrale : la Terre, l'Eau, l'Air et le Feu. Dans le même ordre d'idée, elle a volontairement substitué au mot "Christmas" qui apparaît seulement une fois ou deux dans les textes, le terme de "Midwinter" que l'on peut traduire par "mi-hivernal". 

S'il lui a été impossible d'enregistrer Midwinter Graces sans avoir une pensée pour ses vieux parents, Our New Year, le dernier titre, est un hommage vibrant à son frère tragiquement décédé dans un accident de voiture en 2005. Répertoriée dans la catégorie "Air", cette très belle chanson est destinée, plus généralement, à tous ces anges absents, partis trop tôt, que l'on n'oublie pas durant ces jours qui se veulent heureux. 

D'ange, il en est également question dans le livret du disque. Plusieurs fois représenté, le mannequin qui a servi de modèle n'est autre que Casey Dobyns, le propre neveu de Tori. Sa nièce, Kelsey Dobyns, partage avec elle le chant sur Candle: Coventry Carol, chanson classée "Feu". Feu, comme la flamme de la lanterne qui éclaire au loin, au travers la nuit noire et profonde... Et pour conclure cette affaire de famille, Tori a convié sa fille Natashya Hawley, née en 2000, à placer quelques mots maladroits sur le tendre Holly, Ivy And Rose qui est rangé dans le domaine "Terre". 

Mais les titres les plus intéressants sont ceux que l'on retrouve dans la partie "Eau" car ils font ressortir la limpidité de cette voix troublante, caractéristique de Tori : What Child, Nowell, Snow Angel et le divin Emmanuel.  

Atmosphérique, mélancolique, Midwinter Graces marque également un retour aux fondamentaux par la place centrale occupée par le piano dans l'architecture musicale. Comme à l'accoutumée, Tori n'a rien laissé au hasard, et, fidèle à son image, elle livre un album des plus original en comparaison de ce qui se fait dans le même genre. 


Musiciens


Tori Amos : chant, piano, clavecin, claviers

John Philip Shenale : claviers
Jon Evans : basse
Matt Chamberlain : batterie, percussions
Marc Aladdin : guitares
Bruce Burchmore : luth

Kelsey Dobyns : chant
Natashya Hawley : chant

Cuivres
Cordes

Titres


01. What Child, Nowell
02. Star Of Wonder
03. A Silent Night With You
04. Candle: Coventry Carol
05. Holly, Ivy And Rose
06. Harps Of Gold
07. Snow Angel
08. Jeanette, Isabella
09. Pink And Glitter
10. Emmanuel
11. Winter's Carol
12. Our New Year

mercredi 21 septembre 2016

Lisa Gerrard & Patrick Cassidy - Immortal Memory (2004)

Lisa Gerrard Patrick Cassidy Immortal Memory
Lisa Gerrard & Patrick Cassidy -
Immortal Memory (2004)
Après Brendan Perry, Pieter Bourke et Hans Zimmer, Lisa Gerrard s'associe au compositeur irlandais Patrick Cassidy. Ensemble, ils publient Immortal Memory en 2004.

Ce nouvel album, plus orienté musique orchestrale et atmosphérique, s'éloigne de la voie tracée par ses prédécesseurs, The Mirror Pool et Duality qui date de 1998. Depuis, Lisa a participé à plusieurs bandes originales de films dont The Insider, Gladiator, Ali ou Whale Rider (Paï). C'est d'ailleurs lorsqu'elle travaillait sur la musique de Gladiator avec Hans Zimmer qu'elle a fait la connaissance de Patrick Cassidy à Los Angeles. Lui finalisait la bande-son d'Hannibal. De cette rencontre est née l'idée d'un album en commun. Lorsque leurs emplois du temps respectifs le permettront enfin, ils partiront tous deux l'enregistrer dans le home studio de Lisa perdu dans les hautes montagnes australiennes.

Immortal Memory est empreint de spiritualité, de mysticisme et de retour aux sources vers les civilisations anciennes. 

Si Amergin's Invocation est une incantation druidique de l'Irlande ancienne, The Song Of Amergin, le premier morceau, serait, selon la légende, le poème entonné par Amergin, le premier homme à avoir foulé le sol irlandais, lorsqu'il posa son pied sur l'île. Dans ce texte en gaélique, sont loués les éléments et les forces de la nature.

Les origines du christianisme son également sondées avec Abwoon (Our Father) qui n'est autre que le Notre Père en araméen, la langue de Jésus-Christ. Paradise Lost est une autre référence au Dieu des Chrétiens, tandis que Sailing To Byzantium célèbre avec justesse la Byzance sacrée. 

Au travers de Psallit In Aure Dei, Patrick Cassidy a souhaité rendre un dernier hommage à son père décédé. Simplement accompagnée d'un orgue d'église, Lisa chante en latin, langue de l'Église, cette prière écrite par Thomas de Celano, disciple et hagiographe de François d'Assise. 

Album chargé en symbolique, Immortal Memory occupe une place à part dans la discographie de la diva. Ici, sa voix, légèrement en retrait, est au service de la musique, et non pas l'inverse comme à l'accoutumée. Cela peut désorienter à la première écoute et demander un temps d'adaptation. Mais une fois cette difficulté surmontée, le plaisir se transforme en un voyage auditif vers une autre dimension où monastères perdus au sein de lieux isolés devenus inaccessibles et univers féerique de Tolkien se côtoient pour le meilleur.

Musiciens

Lisa Gerrard : chant
Patrick Cassidy : claviers

Titres

01. The Song Of Amergin
02. Maranatha (Come Lord)
03. Amergin's Invocation
04. Elegy
05. Sailing To Byzantium
06. Abwoon (Our Father)
07. Immortal Memory
08. Paradise Lost
09. I Asked For Love
10. Psallit In Aure Dei      

dimanche 18 septembre 2016

Lisa Gerrard - The Mirror Pool (1995)

Lisa Gerrard The Mirror Pool
Lisa Gerrard - The Mirror Pool (1995)
Plus de vingt ans après sa sortie, The Mirror Pool demeure un monument inégalé. 

Sorti en 1995, il s'agit du premier album solo de Lisa Gerrard. A l'époque, elle était encore membre de la célèbre formation heavenly Dead Can Dance. Certaines de ses compositions n'ayant pas trouvé leur place dans l'œuvre du groupe, la diva a préféré les réunir et leur donner vie afin qu'elle ne tombent pas dans l'oubli.

Pour cela, elle a fait appel aux services de Dimitry Kyryakou qui l'accompagne au bouzouki, de Pieter Bourke aux percussions, de son mari Jacek Tuschewski au chant sur deux titres et de John Bonnar aux claviers. Ce dernier, ancien élève d'Olivier Messiaen, a également retranscrit et adapté ses idées musicales pour le Victorian Philharmonic Orchestra de Melbourne. 

The Mirror Pool est avant tout marqué par la performance vocale de Lisa. Elle explore ici, plus que jamais, les sons que produit sa voix et qui, sans être des paroles, sans être des mots distincts, s'adressent directement à l'âme de l'auditeur. Ainsi, elle l'entraîne successivement à l'époque baroque avec Largo, air d'ouverture de l'opéra d'Haendel Serse, aux confins de la Perse ancienne (Persian Love Song), dans le Rhin mystérieux, aux pieds de la terrifiante Lorelei (Laurelei), ou sur les bords paradisiaques de la rivière Celon imaginée par Tolkien (Celon).  

Album automnal par excellence, tout y est mélancolie, tristesse, désespoir. Le désormais classique Sanvean en est le meilleur exemple. Cette ode déchirante a été composée en Irlande, lors d'une tournée de Dead Can Dance, alors que Lisa était nostalgique de son pays lointain et de sa famille. A noter que la cantatrice Sarah Brightman s'est risquée avec succès à l'interpréter lors de son Symphony Live In Vienna.

Avec le recul, on peut considérer The Mirror Pool comme une synthèse de ses années passées au sein de Dead Can Dance qui annonce sa future carrière solo. La prochaine étape sera Duality en collaboration avec Peter Bourke.

Musiciens

Lisa Gerrard : chant, claviers, percussions, yangqin

John Bonnar : claviers, chant
Pieter BOurke : percussions, chant
Dimitry Kyryakou : bouzouki, chant
Jacek Tuschewski : chant

The Victorian Philharmonic Orchestra

Titres

01. Violina: The Last Embrace
02. La Bas: Song of the Drowned
03. Persian Love Song: The Silver Gun
04. Sanvean: I Am Your Shadow
05. The Rite
06. Ajhon
07. Glorafin
08. Majhanavea's Music Box
09. Largo
10. Werd
11. Laurelei
12. Celon
13. Venteles
14. Swans
15. Nilleshna
16. Gloradin

samedi 17 septembre 2016

Sarah Brightman - Symphony Live In Vienna (2009)

Sarah Brightman Live In Vienna
Sarah Brightman - Symphony
Live In Vienna (2009)
Cinq ans après Live From Las Vegas, retour sur le Vieux Continent pour Sarah Brightman avec Symphony Live In Vienna. Le 16 janvier 2008, la cantatrice britannique a donné un concert privé à la cathédrale Saint-Etienne (Stephansdom) de Vienne, en Autriche. Seuls quelques privilégiés triés sur le volet ont eu la chance d'assister à ce spectacle unique.

Illuminés par des centaines de bougies, la chanteuse et ses musiciens, dont sa sœur Amelia, ont livré une prestation inoubliable dans cet édifice sacré, vieux de plusieurs siècles et qui a notamment vu Mozart s'y marier en 1782.

D'ailleurs, dès l'ouverture du set, Sarah rend un hommage appuyé au mysticisme des lieux en interprétant Pie Jesu, seulement accompagnée de l'orchestre symphonique. Elle renouvelle cet hommage à la clôture du spectacle avec un Ave Maria de Gounod drapé de grâce.

Le sommet du concert est incontestablement The Phantom Of The Opera, interprété en duo avec Chris Thompson, ex-Manfred Mann's Earth Band. Introduit par l'orgue de la cathédrale, la tension ne cesse de monter pour atteindre un final grandiose où la voix de la diva semble sans limite. C'est magnifique !

Le ténor italien Alessandro Safina ainsi que le contre-ténor d'origine argentine Fernando Lima (déjà entendu sur A Winter Symphony) ont également été invités. Ce dernier reprend Pasión, troisième single de l'album Symphony, devenu entre temps le générique d'un célèbre soap opera mexicain. Avec Alessandro Safina, elle interprète les authentiques Canto Della Terra d'Andrea Bocelli, puis Sarai Qui, à l'origine une chanson d'amour de Faith Hill (There You'll Be) qui a servi de bande originale au film Pearl Harbour.

Durant le concert, Sarah fait également honneur à Charles Baudelaire. Son Fleurs Du Mal fait trembler la cathédrale. Elle se risque aussi sur un chemin tortueux en s'appropriant le Sanvean de l'ex-Dead Can Dance Lisa Gerrard. Exercice périlleux, c'est un véritable triomphe, même si, il faut bien l'avouer, sa version demeure en deçà de l'originale. Autre clin d'œil à l'artiste australienne, sa reprise en titre bonus de Vide Cor Meum composé par Patrick Cassidy à qui l'on doit l'album Immortal Memory (2004) en collaboration avec Lisa.

Symphnoy Live In Vienna représente un des summums de la carrière de Sarah Brightman. Tout y est finesse. A se procurer d'urgence d'autant plus que CD et DVD sont vendus ensemble.

Cathédrale Saint-Etienne de Vienne
© Bwag/Commons

Musiciens


Sarah Brightman : chant

Jan-Eric Kohrs : piano, orgue, direction musicale
Gunther Laudahn : guitare, chœurs
Jorg Sander : guitare, chœurs
Mark Awounou : guitare, chœurs
Amelia Brightman : claviers, chœurs
Alex Grube : basse
Reiner 'Kallas' Hubert : batterie
Roland Peil : percussions

The Ambassade Orchestra Vienna

Titres


01. Pie Jesu
02. Fleurs Du Mal
03. Symphony
04. Sanvean
05. Canto Della Terra
06. Sara Qui
07. Attesa
08. I Will Be With You (Where The Lost Ones Go)
09. Storia D'Amore
10. Pasión
11. Running
12. Let It Rain
13. The Phantom Of The Opera
14. Time To Say Goodbye
15. Ave Maria

16. Vide Cor Meum

vendredi 16 septembre 2016

Sarah Brightman - A Winter Symphony (2008)

Sarah Brightman A Winter Symphony
Sarah Brightman - A Winter Symphony
(2008)
Avec A Winter Symphony, Sarah Brightman cède à son tour à la tentation du désormais inévitable album de Noël. Les prestigieux Orchestre philharmonique royal et Orchestre symphonique de Londres se sont associés à elle dans cette mission délicate pour un résultat des plus intéressants. 

La sélection des titres finement opérée se divise en deux sortes, avec d'une part les chants traditionnels sacrés, et, d'autre part, les compositions plus contemporaines. C'est d'ailleurs une constante dans la carrière de la diva de mener ce jeu d'équilibre entre interprétations d'œuvres classiques de très haute tenue et pop songs exigeantes. 

Du côté des incontournables, Sarah offre à son public des versions splendides de Silent Night, In The Bleak Midwinter et Amazing Grace qui mettent à juste titre en valeur son large registre vocal pouvant dépasser les trois octaves. Deux Ave Maria sont également interprétés, l'un en duo avec le ténor Fernando Lima, l'autre, plus célèbre, est celui du compositeur Charles Gounod. 

Si l'interprétation de ces chants de Noël est un sans faute, il faut cependant chercher un petit grain de folie du côté des compositions plus récentes. Arrival, la première plage, est une reprise inattendue des Suédois Abba. A l'origine un instrumental, des paroles évoquant les fêtes hivernales y ont été ajoutées. L'album se termine par un I Believe In Father Christmas surprenant de la formation progressive Emerson, Lake & Palmer. Greg Lake, son auteur, la considérait comme une chanson de protestation contre l'aspect commercial de Noël. Nous étions en 1974... Entre ces deux titres, Sarah a emprunté à Neil Diamond son I've Been This Way Before (album Serenade, 1974) et au groupe de glam rock Wizzard I Wish It Could Be Christmas Again. Accompagnée d'un big band décapant, ce passage est le plus festif du disque. A noter que son compositeur Roy Wood a été marié à Annie Haslam de Renaissance. On lui doit d'avoir produit son premier album solo Annie In Wonderland (1977).  

A Winter Symphony est un album féérique porté par cette voix d'exception qui incarne à la perfection le côté solennel de ce type d'œuvre. Mais, grâce à son ingéniosité, Sarah n'oublie pas d'y apporter un peu de lumière afin de réchauffer le cœur des âmes errantes au fin fond de l'hiver glacial.

Musiciens


Sarah Brightman : chant, claviers, programmation

Carsten Heusmann : claviers, programmation
Pete Murray : piano
Jan-Eric Kohrs : piano
Carsten Heusmann : orgue
Peter Weihe : guitares
Alex Grube : basse
Trevor Barry : basse
Curt Cress : batterie
Kallas : batterie
Ralph Salmins : batterie
Heine Gas : batterie
Roland Peil : percussions
Stephen Henderson : percussions
Gunther Laudahn : chœurs
Fernando Lima : chant

Royal Philharmonic Orchestra
London Symphony Orchestra

Nemo Choir
Capital Voices
Monteverdi Choir
Crouch End Ferstival Chorus

Titres


01. Arrival
02. Colder Than Winter
03. Ave Maria
04. Silent Night
05. In The Bleak Midwinter
06. I've Been This Way Before
07. Jesu, Joy Of Man Desiring
08. Child In A Manger
09. I Wish It Could Be Christmas Everyday
10. Amazing Grace
11. Ave Maria
12. I Believe In Father Christmas