vendredi 29 novembre 2019

Kate Bush - The Kick Inside (1978)

Kate Bush The Kick Inside
Kate Bush - The Kick Inside (1978)

Pourquoi écouter ce disque ?

Le 17 février 1978, une bombe est lancée. Elle bouleversera à tout jamais l'histoire du rock au féminin. Son nom ? Kate Bush. The Kick Inside est son premier album. Alors que le monde de la musique se partage alors entre punk et disco, cette jeune fille d'à peine dix-neuf ans va créer l’événement en proposant une offre musicale hors norme, jamais entendu jusqu'alors. Le parcours menant à la parution de ce premier disque a été très long. Il est d'ailleurs fort probable que sans l'appui soutenu de David Gilmour, guitariste légendaire de Pink Floyd, rencontré en 1973, rien n'aurait été possible. Les maisons de disque considéraient les premières maquettes comme étant anti-commerciales, ennuyeuses et morbides. EMI finit par céder mais là encore, trois ans de travail ont été nécessaire. Puis, une nouvelle discorde se fait jour sur le choix du single. James And The Cold Gun est sélectionné, mais Kate tient absolument que ce soit Wuthering Heights au texte inspiré du célèbre roman d'Emily Brontë, Les Hauts De Hurlevent. Bien lui a pris de ne rien céder, le titre remporte un succès immédiat en se classant n°1 en Grande-Bretagne. Avec sa voix mi-enfantine, mi-innocente, la chanteuse aborde des thèmes aussi délicats que l'inceste (Wuthering Heights), l'érotisme (Feel It) ou le rejet social (The Kick Inside). Elle dépeint à travers ses mots une société anglaise contrastée, peuplée de fantômes hantant les landes infinies et les vieux manoirs, en quête de mysticisme. Impossible de ne pas vibrer à l'écoute de ces classiques que sont devenus The Saxophone Song et The Man With The Child In His Eyes tous deux écrits en 1972, à l'âge de quatorze ans. Toujours aussi incandescent, ce premier opus n'a pas pris une ride plus de quarante ans après. 

Musiciens

Kate Bush : chant, piano

Ian Bairnson : guitares, chœurs
Paul Keogh : guitares
Alan Parker : guitares
Andrew Powell : claviers, basse
Duncan Mackay : claviers
Alan Skidmore : saxophone
David Paton : basse, guitares, chœurs
Bruce Lynch : basse
Stuart Elliot : batterie, percussions
Barry de Souza : batterie
Morris Pert : percussions
Paddy Bush : harmonica, mandoline, chœurs

Titres

1. Moving 
2. The Saxophone Song 
3. Strange Phenomena
4. Kite 
5. The Man With The Child In His Eyes
6. Wuthering Heights 
7. James And The Cold Gun 
8. Feel It
9. Oh To Be In Love
10. L'Amour Looks Like Something Like You 
11. Them Heavy People 
12. Room For The Life
13. The Kick Inside

lundi 25 novembre 2019

Julee Cruise - Floating Into The Night (1989)

Julee Cruise Floating Into The Night
Julee Cruise - Floating Into The Night (1989)

Pourquoi écouter ce disque ?

Devant l'éternité, la voix éthérée de Julee Cruise et la série culte Twin Peaks sont liées. Tout commence en 1985, lorsque le compositeur Angelo Badalamenti propose cette jeune chanteuse américaine à David Lynch pour la bande originale de son film Blue Velvet. Elle interprète alors Mysteries Of Love, titre que l'on retrouvera sur son premier album Floating Into The Night, en 1989. Les dix chansons de ce disque, aux paroles écrites par Lynch et à la musique signée Badalamenti, serviront toutes aux projets de Lynch, surtout à cette série événement qui marqua les esprits à l'aube des années 90, Twin Peaks. Ambiance mystérieuse, temps suspendu, mélancolie énigmatique sont au rendez-vous. Quel plaisir de se (re)plonger après toutes ces années dans cet univers inquiétant, de se remémorer ce thème hypnotique à travers Falling, premier single extrait à l'époque de l'album et dont la musique servit de générique. Le chant aérien de Julee, évoquant tant celui de Nico (I Remember) que d'Elizabeth Fraser des Cocteau Twins, se transforme de lui-même en une invitation au rêve. Archétype de la dream pop doublé d'une touche jazzy, Floating Into The Night n'a rien perdu de sa splendeur d'antan, bien au contraire.

Musiciens

Julee Cruise : chant

Kinny Landrum : claviers
Angelo Badalamenti : claviers
Eddie Dixon : guitares
Vinnie Bell : guitares
Al Regni: saxophone, clarinette

Titres

01. Floating
02. Falling
03. I Remember
04. Rockin' Back Inside My Heart
05. Mysteries of Love
06. Into the Night
07. I Float Alone
08. The Nightingale
09. The Swan
10. The World Spins

dimanche 24 novembre 2019

Dave Bainbridge - The Remembering (2016)

Dave Bainbridge The Remembering
Dave Bainbridge - The Remembering (2016)

Pourquoi écouter ce disque ?

The Remembering est une parenthèse inattendue dans la carrière de Dave Bainbridge, multi-instrumentiste talentueux et leader de la formation celtique-prog Iona. Pas de guitares électriques ici, ni de synthétiseurs ou d'instruments celtiques, les douze pistes intimistes de cet album sont entièrement interprétées au piano, à l'exception du morceau-titre sur lequel se laisse deviner le chant sibyllin de Sally Minnear. Influencé pas les impressionnistes français comme Debussy, Ravel ou Eric Satie, l'ambition de Dave était de capter une émotion furtive, un moment fugace, à travers chacune de ses improvisations ou réinvention d'un air déjà existant. En parallèle, lui si discret, se dévoile un peu plus. Tout a commencé à l'âge de huit ans, lorsqu'il a débuté ses premières leçons de piano. Quatre ans après, c'est une révélation en découvrant Keith Jarrett et ses improvisations hallucinantes sur scène (nous sommes dans la première moitié des années 70). Il faut attendre par la suite 1995 pour que germe en lui, pour la toute première fois, l'idée de réaliser un tel album, idée suggérée par le bassiste de Iona, Tim Harries, également membre de Steeleye Span. Le moment idéal arrive vingt ans après, alors que Iona est en sommeil provisoirement, puis définitivement. Dave s'était auparavant beaucoup investi dans Celestial Fire, un album splendide, mais très ambitieux. Il éprouve alors le besoin de se retrouver dans un projet plus léger, encore plus personnel. Divisée en six parties, la longue suite Collendoorn Suite a été imaginée une nuit, derrière le piano situé dans le studio de son ami Frank van Essen, aux Pays-Bas, à l'époque où ils travaillaient ensembles sur l'album Father de la chanteuse sud-africaine Lauren Bonsink. L'ombre de Iona n'est pas bien loin puisque Like A World, Behind The Song est une improvisation datant de l'époque Another Realm, tandis que la mélodie de A View Of The Islands, signée de son ancienne épouse Debbie, avait été déjà utilisée sur certains passages de Beyond These Shores. Composé par sa complice de toujours et chanteuse de Iona Joanne Hogg, A Prayer For Beachy Head porte en lui un message d'espérance. The Remembering dévoile une facette jusqu'alors cachée d'un artiste attachant, peu connu du public prog, malgré sa participation à de multiples projets comme Lifesigns ou The Strawbs actuellement. 

Musiciens

Dave Bainbridge : piano

Sally Minnear : chant

Titres

01. Collendorn Suite Part 1 
02. Collendorn Suite Part 2
03. Collendorn Suite Part 3
04. Collendorn Suite Part 4 
05. Collendorn Suite Part 5 (Song For Jack) 
06. Collendorn Suite Part 6
07. Incarnation
08. The Remembering 
09. Song For Bill (
10. Like A World, Behind The Song 
11. A View Of The Islands
12. A Prayer For Beachy Head

vendredi 22 novembre 2019

Loreena McKennitt - Lost Souls (2018)

Loreena McKennitt Lost Souls
Loreena McKennitt - Lost Souls (2018)

Pourquoi écouter ce disque ?

Loreena McKennitt, un nom devenu culte au fil des ans, évoquant une sensation rare de sérénité, de douceur et d'évasion. Chacun de ses albums est un événement, Lost Souls sorti en 2018 n'échappe pas à cette règle. Son originalité réside dans cette collection de neufs nouvelles chansons, toutes aussi merveilleuses les unes que les autres, écrites à différentes époques. Ainsi, The Ballad Of The Fox Hunter, aux paroles extraites d'un poème de William Butler Yeates, date du début des années 80, lorsqu'elle n'était pas encore connue, ni reconnue. Le mystique Spanish Guitars And Night Plazas aux couleurs méditerranéennes ainsi que A Hundred Wishes ont toutes deux étaient composées à l'époque de The Visit, aux alentours des années 90. Plus proche de nous, La Belle Dame Sans Merci, aux paroles cette fois-ci signées du poète romantique John Keats, est contemporaine de l'album An Ancient Muse. L'interconnexion de l'humanité avec la Nature est une thématique récurrente de ce disque, que ce soit dans l'intense Ages Past, Ages Hence, Sun, Moon And Stars à la mélodie empruntée au folklore moldave, ou encore le déjà cité The Ballad Of The Fox Hunter qui s'intéresse au lien si particulier entre le chien et l'Homme. C'est après avoir visité le Mémorial canadien de Vimy, situé dans le Nord de la France, que Loreena a eu l'idée de composé l'émouvant Breaking Of The Sword, en hommage aux soldats canadiens morts durant la Première guerre mondiale. Sur ce morceau, elle est accompagnée par les chœurs solennel du Stratford Concert Choir ainsi que du Canadian Forces Central Band. Ses complices de toujours, Caroline Lavelle, Brian Hughes ou encore Hugh Marsh se tiennent à nouveau à ces côtés. Ils accueillent une nouvelle venue dans l'équipe, la joueuse de nyckelharpa Ana Alcaide présente sur deux titres, Ages Past, Ages Hence et l'instrumental Max Ayre. Loreena McKennitt, ce n'est pas seulement une voix angélique hors du temps, c'est aussi un univers musical tout entier fait de merveilles.

Musiciens

Loreena McKennitt : Chant, harpe, claviers, piano, accordéon

Brian Hughes : guitares, bouzouki, synthétiseurs
Daniel Casares : guitare flamenco
Caroline Lavelle : violoncelle, concertina, flûte à bec
Hugh Marsh : violon
Ana Alcaide : nvyckelharpa
Nigel Eaton : vielle à roue
Sokratis Sinopoulos : lyre
Panos Dimitrakopoulos : kanoun
Haig Yazdjian : oud
Ian Harper : cornemuse
Michael White : trompette
Dudley Phillips : basse
Robert Brian : batterie, percussions
Tal Bergman : batterie, percussions
Hossam Ramzy : percussions 
Rick Lazar : percussions
Graham Hargrove : percussions

Canadian Forces Central Band sous la Direction du Capitaine John D. Fullerton
Stratford Concert Choir : Chœurs sous la Direction de Ian Sadler

Titres

01. Spanish Guitars And Night Plazas
02. A Hundred Wishes
03. Ages Past, Ages Hence
04. The Ballad Of The Fox Hunter
05. Manx Ayre
06. La Belle Dame Sans Merci
07. Sun, Moon And Stars
08. Breaking Of The Sword
09. Lost Souls

jeudi 21 novembre 2019

Hamferð - Evst (2013)

Hamferd Evst
Hamferð - Evst (2013)

Pourquoi écouter ce disque ?

En féroïen, le terme "hamferð" est synonyme de mauvais présage, il désigne l'apparition spectrale d'une personne menacée de mort devant ses proches. C'est ce nom qu'ont choisi en 2008 le guitariste John Egholm et le batteur Remi Johannesen, tous deux originaires des îles Féroé. Devenu sextet par la suite, le groupe propose un doom metal intense et narratif, influencé par le folklore local et la nature environnante. Evst, leur premier album, s'inscrit dans cette démarche, avec comme principal axe d'approche la mer ainsi que les interminables hivers froids de ces régions nordiques. Ce qui frappe dès la première écoute, c'est le chant majestueux (en féroïen) du chanteur Jón Aldará, apocalyptique dans ses growls, lumineux et émouvant lorsque la voix s'éclaircit. La chanson Sinnisloysi a attiré notre attention. Dans cet océan de noirceur, la participation aux chœurs d'Eivør, telle une sirène, provoque un envoûtement total. Comme quoi, sortir des sentiers battus pour découvrir des petites perles de ce genre est toujours agréable.   

Musiciens

Jón Aldará : chant
John Egholm : guitare
Theodor Kapnas : guitare
Esmar Joensen : claviers
Jenus Í Trøðini : basse
Remi Johannesen : batterie

Eivør Pálsdóttir : chant

Titres

1. Evst
2. Deyðir Varðar
3. Við Teimum Kvirru Gráu
4. At Jarða Tey Elskaðu
5. Sinnisloysi
6. Ytst

La vidéo ci-dessous n'est pas extraite de cet album. Il s'agit d'une performance enregistrée live lors d'une éclipse survenue le 20 mars 2015 dans les îles Féroé.

lundi 18 novembre 2019

House Of Not - Evergone & The Immaculate Spectacular (2018)

House Of Not The Walkabout Of A. Nexter Niode - Part 4: Evergone & The Immaculate Spectacular
House Of Not - Evergone & The Immaculate Spectacular
(2018)

Pourquoi écouter ce disque ?

Six ans d'attente ont été nécessaires entre cette nouvelle étape de l'odyssée d'A. Nexter Niode et la précédente. Tout a commencé en 2003, à la parution du premier volet, lorsque trois musiciens canadiens se sont lancés le défi de raconter en cinq parties les aventures fantastiques de ce héros malgré lui. Aujourd'hui, House Of Not regroupe Brian Erikson (chant, claviers, compositions), Ken (Smog) O'Gorman (guitares, basse, sitar, mandoline, Moog, production) et Eric Stever (guitares), en remplacement de Lou Roppoli parti explorer de nouveaux horizons. Comme à leur habitude, ils se sont entourés d'une pléiade d'invités, parmi lesquelles deux voix féminines absolument sublimes. Il faut patienter jusqu'à la moitié du disque pour découvrir en lead la géniale Dee Brown au chant aussi intense que celui de Durga McBroom, célèbre choriste du Pink Floyd. Au registre plus soul, Dione Taylor, présente sur Sexus, le deuxième volume de la saga, enchante deux des chansons les plus étranges du disque, Yet We Remain et Behind The Curve, entre gospel et blues. D'une richesse musicale inouïe, House Of Not propose un rock progressif bien vivant, captivant d'un bout à l'autre, où l'on perçoit aussi bien les influences des classiques comme les déjà cités Pink Floyd, Supertramp, Camel ou Alan Parsons, mais aussi la nouvelle génération que sont Phideaux ou Mostly Autumn. Vous avez aimé leurs précédents albums, vous adorerez Evergone & The Immaculate Spectacular. Si vous découvrez House Of Not à travers ce disque, alors vous adorerez leurs productions antérieures. 

Musiciens

Brian Erikson : chant, claviers
Ken O'Gorman : guitares, basse, mandoline, sitar, Moog
Eric Stever : guitares

Dee Brown : chant
Dione Taylor : chant
Omar Ales : claviers
Stan Miczek : basse
Lorne Sokoloff : basse
Terry Lesperance : batterie, percussions
Troy Feener : batterie
Kyle Magnus Stever : voix

Titres

01. Come On In
02. Fate 
03. FingerPaint
04. Eternity's Garden - A Death Waltz 
05. Our Last Tax
06. Take Me Away
07. So Sorry
08. Glenn Fiddick M.D. 
09. Evergone & The Immaculate Spectacular
10. Goodbye Goodbye Hello
11. Show Me Tell Me
12. Yet We Remain
13. Behind The Curve 
14. Spin Me 
15. Piper At The Precipice 
16. It's My Nature 
17. Understand The Man 
18. Kill The Buddha

dimanche 17 novembre 2019

Shelleyan Orphan - Helleborine (1987)

Shelleyan Orphan Helleborine
Shelleyan Orphan - Helleborine (1987)

Pourquoi écouter ce disque ?

Véritable OVNI des années 80 comme l'ont été Dead Can Dance ou Cocteau Twins, Shelleyan Orphan a rencontré moins de succès malgré un univers musical des plus singuliers. Tout commence en 1980 lorsque Caroline Crawley et Jemaur Tayle se découvrent une passion commune pour le poète Percy Bysshe Shelley. Deux ans après, ils prennent le nom de Shelleyan Orphan, inspiré de son poème Sipirit Of Solitude. Ils quittent alors leur ville de Bournemouth pour s'installer à Londres. Leur carrière est lancée. En 1984, ils font la première partie de Jesus & Mary Chain, puis signent chez Rough Trade en 1986. Produit par Haydn Bendall (Kate Bush, Alan Parsons, Camel), Helleborine, leur premier album, du nom d'une orchidée censée guérir de la folie, sonne comme nul autre à cette époque. Pas de guitare électrique, synthétiseurs, basse ou batterie, le groupe n'utilise que des instruments acoustiques comme le piano, le violoncelle, le hautbois et la harpe. Ce décalage, ajoutée à des harmonies vocales magiques, donneront un aspect intemporel à ce disque qui n'a pas pris une ride de nos jours. A noter la présence de pointures parmi les musiciens dont Danny Thompson (contrebasse), ancien de Pentangle, ainsi que le propre frère de Kate Bush, Paddy (tamboura, mandoline, dulcimer). Deux singles en seront extraits, les séduisants Cavalry Of Cloud puis Anatomy Of Love. Cultivant son originalité, Shelleyan Orphan livrera quelques performances scéniques accompagné de peintres qui s'exécuteront durant leurs concerts donnés dans des lieux atypiques comme des galleries d'art, des théâtres ou des églises. "Élégance", premier mot venant à l'esprit à l'évocation de ce disque enivrant qu'il serait grand temps de (re)découvrir.

Musiciens

Caroline Crawley : chant
Jemaur Tayle : chant, guitare acoustique

Bernard Partridge : violon
Ian Jewel : alto
Steven Orton : violoncelle
Thomas Davey : hautbois
Elma Cole : flûte
Nicky Holland : cor anglais
Richard Tomes : violon
Prudence Whitaker : clarinette
Nicholas Hunter : basson
Ruth Holden : harp
Andrew Powell : clavecin, piano
Danny Thompson : contrebasse
Stuart Elliott : percussions
Paddy Bush : tamboura, mandoline, dulcimer

Titres

01. Southern Bess (A Field Holler)
02. Anatomy Of Love
03. Blue Black Grape
04. Jeremiah
05. Cavalry Of Cloud
06. Midsummer Pearls And Plumes
07.  Epitaph Ivy And Woe
08. Helleborine
09. One Hundred Hands
10. Seeking Bread And Heaven
11. Melody Of Birth


vendredi 15 novembre 2019

Beth Gibbons And The Polish National Radio Symphony Orchestra - Symphony Of Sorrowful Songs (2019)

Beth Gibbons Henryk Gorecki Symphonie des chants plaintifs
Beth Gibbons And The Polish National Radio Symphony Orchestra -
Symphony Of Sorrowful Songs (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Le 29 novembre 2014, Beth Gibbons, la célèbre voix du combo britannique Portishead, donne une représentation exceptionnelle en Pologne. Accompagnée de l'Orchestre national de la radio polonaise, dirigé par Krzystof Penderecki, elle interprète la Symphonie n°3 du compositeur Henryk Górecki, plus connue sous le nom de Symphonie Des Chants Plaintifs. Composée en 1976, cette symphonie a la particularité d'être structurée en trois mouvements lents. Le premier s'inspire d'une lamentation de chants monastiques du XVe siècle, avec pour thème central l'amour d'une mère pour son fils, en l’occurrence de Marie pour Jésus. Le mouvement suivant est une prière qu'une jeune fille de dix-huit ans, Halina Wanda Błażusiak, prisonnière de la Gestapo, a inscrite sur le mur de sa cellule. Elle commence ainsi : "Non, Maman, ne pleure pas". Le troisième mouvement trouve son origine dans un chant populaire de la région d'Opole, située au sud-ouest de la Pologne, évoquant le deuil d'une mère pour son fils qui vient de mourir. Jusqu'alors, les interprétations successives étaient le fait de sopranos professionnelles. Beth Gibbons qui a énormément travaillé, notamment la prononciation pas si évidente du polonais, livre un moment magistral. Sa voix plaintive et suppliante, à la limite de la rupture, apporte une touche d'humanité, de fragilité à cette œuvre contemporaine monumentale. Loin de son registre habituel, elle sort grandi de cet exercice complexe qui n'était pas gagné d'avance.  

Musiciens

Beth Gibbons : chant
The Polish National Radio Symphony Orchestra dirigé par Krzystof Penderecki

Titres

01. Lento, Sostenuto Tranquillo Ma Cantabile
02. Lento E Largo, Tranquillissimo-Cantabilissimo-Dolcissimo-Legatissimo
03. Lento, Cantabile-Semplice

jeudi 14 novembre 2019

Ghost Fish - Ghost Fish (2005)

Ghost Fish
Ghost Fish - Ghost Fish (2005)

Pourquoi écouter ce disque ?

Qui aurait imaginé que l'union d'une fée australienne à des néo-païens grecs donnerait naissance à une œuvre schizophrène, dans la veine de Siouxsie & The Banshees ou de PJ Harvey ? Ghost Fish est un projet parallèle réunissant la chanteuse Louisa John-Krol, le duo Daemonia Nymphe (Evi Stergiou et Spyros Giasafakis) ainsi que leur ingénieur du son Nikodemos Triaridis. Ensemble, ils se sont enfermés dans un studio de Thessalonique, ont sorti les guitares électriques, ont improvisés et se sont amusés à experimenter des sons inédits. Ainsi, on passe d'un morceau rock endiablé comme D.D.L.M. (en fait Dia De Los Muertos, fête des morts mexicaine) à la ballade somptueuse A Candle In The Sea, suivie d'un The Lonely King aux vocaux heavenly, inspirés des Cocteau Twins, où il est question d'un roi tombé amoureux de la Nature. Impossible de ne pas citer l'étrange Cigar Of The Red King à l'atmosphère fantomatique et enfumée. Très éloigné des univers musicaux respectifs de chacun, cet album qui restera sans suite, explore le chemin des contrastes émotionnels du style ouverture aux autres / repli sur soi, séparation / réunion, ou oubli / mémoire. Surprenant par tant de contrastes, Ghost Fish fait partie de ses disques qui se révèlent écoute après écoute, et sur lequel le temps n'a pas d'emprise. 

Musiciens

Louisa John-Krol : chant, mandoline, guitare électrique
Nikodemos Triaridis : guitare électrique, basse
Evi Stergiou : guitare classique, chant
Spyros Giasafakis : guitare classique, flûte

Thodoris Gotsis : violon
Kostas Ketoglidis : batterie
Maria Stergiou : contrebasse
Christos Koukaras : percussions

Titres

01. B
02. Cigar Of The Red King
03. D.D.L.M
04. A Candle In The Sea
05. The Lonely King
06. Skin Meadow
07. Kik,
08.Tangaroa
09. Outside
10. Inside
11. ...

lundi 11 novembre 2019

Joshua Burnell - The Road To Horn Fair (2019)

Joshua Burnell The Road To Horn Fair
Joshua Burnell - The Road To Horn Fair (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Et de trois ! Joshua Burnell, étoile montante du folk britannique qui réenchante littéralement ce genre, propose un The Road To Horn Fair aux saveurs toutes médiévales. Toujours avec la même inventivité, passion et fougue, il s'est approprié une collection de dix airs anciens, remontant à des temps ancestraux, où il est question d'histoires souvent sanglantes et diaboliques, entre contes et légendes. Attention, pas de passéisme ici, le génie de Joshua consiste à apporter à l'ensemble une modernité bien contemporaine, que ce soit au niveau de la musique, des paroles ou des instruments. Ainsi, l'instrumental Plane Tree & Tempenny Bit, d'influence celtique, bénéficie de la présence d'une guitare électrique bien rock et d'un orgue Hammond aux sonorités très "génésiennes". Pareil pour Berkshire Tragedy que l'on penserait tiré d'une production de Phideaux, tant dans sa construction que dans ses harmonies vocales. Quel plaisir de réentendre dans de nouvelles versions ces classiques que sont Pastime With Good Company, Raggle Taggle Gypsies ou l'indémodable Can Ye O'er Frae' découverts, pour ma part, grâce à Blackmore's Night, The Waterboys et Steeleye Span. L'équipe de ménestrels entourant le jeune artiste qui joue d'une multitude d'instruments, s'est resserrée. Frances Sladen prête sa voix, Nathan Greaves impulse l’énergie nécessaire à sa guitare électrique, Matthew Mefford (basse) donne le rythme,et Antonio Curiale apporte une touche exotique avec son violon, sa viole d'amour et son oud. Rachel Wilson et Ben Burnell, frère de Joshua, apportent aussi leur soutien, l'une au violon, l'autre au banjo. Ce dernier lui a été offert par sa grand-mère ; il s'agit du premier modèle anglais. Impossible de finir cette chronique sans aborder le sublime artwork réalisé Randy Asplund, artiste spécialiste des enluminures médiévales. Tout est parfait dans ce disque, y compris les anecdotes, pertinentes et amusantes, livrées par Joshua dans les notes, permettant ainsi de mieux le connaître, comme un ami...

Musiciens

Joshua Burnell : chant, orgue Hammond, batterie, accordéon, guitare acoustique, bouzouki, flûte irlandaise, glockenspiel

Frances Sladen : chant
Nathan Greaves : guitare électrique
Matthew Mefford : basse
Antonio Curiale : violon, viole d'amour, oud

Ben Burnell : banjo
Rachel Wilson : violon

Titres

01. Pastime With Good Company
02. Berkshire Tragedy
03. Cold Haily Windy Night
04. Plane Tree & Tenpenny Bit
05. Ah! Robin, Gentyl Robin
06. The Knight And The Shepherdess
07. Drowsy Maggie & Rakish Paddy
08. Raggle Taggle Gypsies
09. Horn Fair
10. Cam Ye O'er Frae' France & The Musical Priest

dimanche 10 novembre 2019

Frequency Drift - Over (2014)

Frequency Drift Over
Frequency Drift - Over (2014)

Pourquoi écouter ce disque ?

Avec Over, la formation allemande Frequency Drift entame son troisième cycle. Le premier était constitué des concepts albums Personal Effects Part I & II, tandis que Ghosts... et ...Laid To Rest formaient le deuxième. Over se veut encore plus sombre que ses prédécesseurs, tant dans ses paroles que dans sa musique. D'ailleurs, la photo de la pochette réalisée par l'artiste ukrainienne Alina Rudya a été prise dans la ville de Prypiat, juste à côté de Tchernobyl. Difficile de qualifier la musique de Frequency Drift, le groupe suit sa propre voie, certes sinueuse, mais avec une originalité certaine. Pour Over, Andreas Hack, le leader, a fait appel à deux nouvelles voix féminines. Isa Fallenbacher ne devait être qu'une invitée à l'origine. Au final, son chant si émotionnel et expressif a convaincu Andreas d'en faire une partie intégrante du projet. De formation jazz, Agathe Labus n'intervient que sur trois titres, Adrift, Them et Release, les plus expérimentaux du disque. Autres personnalités féminines marquantes, la harpiste Nerissa Swhartz, qui a participé à la composition de Adrift, Sagittarius A* et Wave, ainsi que la violoncelliste Sibylle Friz dont l'instrument renforce avec éclat l'aspect mélancolique des chansons Run, Once et Them. Une des originalités de Frequency Drift est justement l'emploi d'instruments acoustiques au son organique (violoncelle, violon, harpe, flûtes, duclar, marimba...) combiné aux instruments modernes et électriques. Mixé par Yogi Lang, Over bénéficie de la présence de deux autre musiciens de la galaxie RPWL, Kalle Wallner à la basse et Phil Paul Rissettio à la batterie. Avec de telles références, il serait dommage de passer à côté de cette production insolite aux charmes envoûtants.

Musiciens

Isa Fallenbacher : chant
Agathe Labus : chant
Andreas Hack : claviers, guitares, basse, percussions
Christian Hack : guitares, flûtes, duclar, percussions
Nerissa Schwarz : harpes
Sibylle Friz : violoncelles
Ulrike Reichel : violon, alto
Tino Schmidt : basse
Kalle Wallner : basse
Phil Paul Rissettio : batterie
Jasper Jöris : flûte à corne, marimba, percussions
Martin Schnella : guitares
Steve Hohenberger : guitares

Titres

01. Run 
02. Once 
03. Adrift 
04. Them 
05. Sagittarius A*
06. Suspended
07. Wave
08. Wander
09. Driven
10. Release 
11. Memory
12. Disappeared

vendredi 8 novembre 2019

Iamthemorning - The Bell (2019)

Iamthemorning The Bell
Iamthemorning - The Bell (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

Le duo Iamthemorning est sans aucun doute le plus anglophile des groupes russes. Fondé en 2010 par la chanteuse Marjana Semkina et le pianiste Gleb Kolyadin, ils ont déjà à leur actif cinq albums, dont The Bell, leur toute dernière production. Gage de qualité, leur label n'est autre que Kscope. Les amateurs de musiques progressives connaissent très bien cette maison de disque qui possède dans son catalogue des artistes aussi passionnants que Steven Wilson, Anathema, Gazpacho ou The Pineapple Thief. Au fil du temps, Iamthemorning a construit un univers musical hors du temps, aussi élégant que celui de Kate Bush à l'époque de The Kick Inside, perfectionniste comme le Renaissance flamboyant des années 70, et à l'esthétique similaire aux Français de Collection d'Arnell-Andréa. Autre référence venant à l'esprit, leurs homologues russes de Caprice, notamment par l'aspect néo-classique de leur musique, le côté heavenly des voix et la même passion pour l'Angleterre victorienne. The Bell, aux paroles inspirées des œuvres d'Egar Allan Poe, a pour thème central la cruauté des hommes, et la douleur qui en résulte. Sans être liées entre elles, chacune des dix chansons explorent cette question épineuse, présente de manière continue à travers les âges, ne semblant jamais s'atténuer. Freak Show, Six Feet et The Bell, par leur intensité, constituent l'ossature de ce disque où se croisent instruments électriques, piano, cordes et cuivres déroutants. La production, orchestrée par Marjana, Gleb et Vlad Avy, le troisième membre caché du groupe, est juste impeccable, tout comme la pochette représentant une cloche de sécurité. Au XIXe siècle, la peur d'être enterré vivant était répandue, d'où l'instauration de ces cloches. Bref, The Bell, à la fois sombre et envoûtant, sera votre meilleur compagnon pour cet automne. 

Musiciens

Marjana Semkina : chant, guitare acoustique
Gleb Kolyadin : piano, claviers

Vlad Avy : guitares
Zoltan Renaldi : basse, contrebasse
Svetlana Shumkova : batterie
Evan Carson : batterie, percussions
Andres Izmaylov : harpe
Grigory Osipov : marimba
Dmitry Tsepilov : saxophone
Ilya Leontyev : trompette
Mr. Konin : cloche, accordéon, clapping

St. Petersburg Orchestra "1703" :

1er violons :
IIia Dyakov
Ekaterina German
Ekaterina Chernyaeva
Anastasia Litvinova

2nd violons :
Anita Azhashkouskaya
Dmitry Kolyasnikov
Anna Melnikova
Yulia Kashshapova

Altos :
Nadezhda Savina
Dmitry Gonchar
Semyon Samsonov

Violoncelles :
Darya Popova
Ilya Izmaylov

Titres

01. Freak Show
02. Sleeping Beauty
03. Blue Sea
04. Black and Blue
05. Six Feet 
06. Ghost of a Story
07. Song of Psyche
08. Lilies
09. Salute 
10. The Bell

jeudi 7 novembre 2019

Sandy Denny - Rendezvous (1977)

Sandy Denny Rendezvous
Sandy Denny - Rendezvous (1977)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ce Rendezvous sera le dernier pour Sandy Denny. Moins d'an après sa sortie en mai 1977, la jeune chanteuse alors âgée de 31 ans, décédera tragiquement des suites d'une chute malheureuse. Audacieux, Rendezvous recèle quelques-unes de ses plus belles compositions. Tout commence après son (second) départ de Fairport Convention en 1975. Les mauvaises ventes de Rising For The Moon, malgré une promotion intense, ont conduit à l'éclatement du groupe. Soutenue par son mari et producteur Trevor Lucas, Sandy ne cesse d'écrire. Le but est de relancer sa carrière qui compte déjà à son actif trois albums solos. Sont donc convoqués pour l'enregistrement un orchestre, ses compagnons de route de Fairport Convention et Foteheringay (Richard Thompson, Jerry Donahue, Dave Mattacks, Dave Pegg, Pat Donaldson) et quelques invités prestigieux comme Steve Winwood de Traffic, John (Rabbit) Bundrick de Free ou encore Clare Torry connue pour sa prestation inoubliable sur The Dark Side Of The Moon de Pink Floyd. Tout ce petit monde jouera ensemble en studio, donnant cette ambiance particulière. Si le disque s'ouvre avec un I Wish I Was A Fool For You enjoué, reprise de Richard & Linda Thompson (dont le titre original était For Shame Of Doing Wrong sur leur album Pour Down Like Silver, 1975), c'est à partir de la quatrième piste que Sandy donne toute l'étendue de son talent. Elle s'envole sur Take Me Away aux couleurs gospel, s'enflamme pour le splendide I'm A Dreamer et s'échappe à travers No More Sad Refrains. Silver Threads And Golden Needless est un clin d'œil à ses années Fotheringay. Cette chanson était systématiquement jouée lors des rappels et devait figurer sur leur deuxième album qui ne verra jamais le jour. Mais s'il fallait ne retenir qu'un seul morceau, ce serait sans hésiter All Our Days qui tranche littéralement avec le reste de son répertoire. En hommage à la symphonie pastorale anglaise, elle chante des paroles poétiques sur un fond orchestral faisant référence aux quatre saisons, durant presque huit minutes. Le Renaissance d'Annie Haslam n'est pas bien loin... Initialement intitulé Gold Dust, Rendezvous voit sa parution prévue pour le mois d'octobre 1976 repoussée de six mois par le label Island qui encourage également l'artiste à incorporer la reprise Candle In The Wind d'Elton John, megastar du moment. Enceinte, Sandy ne pourra alors promouvoir dans l'immédiat sa promotion. On connaît malheureusement la suite... Il n'y aura plus de refrains tristes...

Musiciens

Sandy Denny : chant, guitare acoustique, piano

Jerry Donahue : guitares
Richard Thompson : guitare
Trevor Lucas : guitare
Bob Weston : guitare
Junior Murvin : guitare
Billie Livesey : piano
John Bundrick : orgue, piano
Steve Winwood : orgue, piano électrique
John Gillespie : piano
Dave Pegg : basse
Pat Donaldson : basse
Dave Mattacks : batterie
Timi Donald : batterie
Brother James : congas
Dick Cuthell : bugle
Clare Torry : chœurs
Gallagher et Lyle : chœurs
Kay Garner : chœurs
Sue Glover : chœurs
Sunny Leslie : chœurs
The Ladybirds : chœurs

Titres

01. I Wish I Was A Fool For You 
02. Gold Dust
03. Candle In The Wind
04. Take Me Away
05. One Way Donkey Ride
06. I’m A Dreamer
07. All Our Days
08. Silver Threads And Golden Needles
09. No More Sad Refrains