mercredi 29 décembre 2021

Billie Holiday And Stan Getz - Billie And Stan (1954)

Billie Holiday and Stan Getz
Billie Holiday And Stan Getz - Billie And Stan (1954)

Pourquoi écouter ce disque ?

Au début des années 50, Billie Holiday a tout vécu : le succès, la drogue, l'alcool, la prison et les mauvaises fréquentations. En 1951, alors qu'elle est au creux de la vague, elle retrouve Louis McKay qu'elle avait rencontré à l'âge de 16 ans. Il devient son nouveau protecteur et relance sa carrière. Les 29 et 31 octobre, Billie donne deux représentations au Storyville Club de Boston, petit club très connu du monde du jazz ouvert en 1950, qui verra passer John Coltrane, Ella Fitzgerald, Duke Ellington, Charlie Parker, Charles Mingus ou encore Sarah Vaughan. Ces deux soirs, elle est accompagnée du saxophoniste Stan Getz, une pointure. Il était surnommé "The Sound"en raison de sa sonorité immédiatement identifiable. Avec eux, Buster Harding est au piano, John Fields (Duke Ellington) à la basse et Marquis Foster (Duke Ellington, Charles Mingus, Charlie Parker) à la batterie. Une petite vingtaine de chansons sont interprétées, mais seulement huit ont été sélectionnées pour l'album Billie And Stan publié en 1954, sur un tout nouveau label américain spécialisé dans le jazz, Dale. Si la qualité d'enregistrement laisse à désirer, la performance est divine. Billie prend plaisir à être sur scène. Elle interprète des classiques de son répertoire tels que Miss Brown To You, composé pour elle et enregistré la première fois en 1935, ou bien Ain't Nobody's Business If I Do dépeignant avec un certain réalisme une relation abusive. You're Driving Me Crazy, chanson populaire américaine datant elle aussi des années 30, a connu très vite le succès après avoir été reprise dans la comédie musicale Smiles avec Marylin Miller et Adele Astaire. Et c'est avec plaisir que l'on (re)découvre le Billie's Blues, une de ses rares compositions, enregistrée en 1936. Billie reviendra par la suite au Storyville Club en 1953, puis une dernière fois en 1959, juste avant de s'éteindre définitivement.

Musiciens

Billie Holiday : chant
Stan Getz : saxophone
Buster Harding : piano
John Fields : basse
Marquis Foster : batterie

Titres

01. Them There Eyes
02. Ain't Nobody's Business If I Do
03. He's Funny That Way
04. You're Driving Me Crazy
05. Lover Come Back To Me
06. Billie's Blues
07. Miss Brown To You
08. Detour Ahead

Vidéo

lundi 27 décembre 2021

Spektrum - Spektrum (2003)

Spektrum
Spektrum - Spektrum (2003)

Pourquoi écouter ce disque ?

Direction la Suède à la découverte de Spektrum. Apparu au début du nouveau millénaire, ce quintet était à l'origine un projet solo du claviériste Olov Andersson qui a pour modèles Tony Banks de Genesis et David Paich de Toto. Alors qu'il venait de terminer le dernier album de Grand Stand, groupe au sein duquel il officie depuis 1995, il lui restait du matériel à exploiter. Il s'est mis alors à travailler avec Hansi Cross, guitariste de Cross, puis se sont greffés au projet Göran Fors, bassiste de Galleon, Göran Johnsson, batteur de Grand Stand, et la chanteuse Lizette von Panajott. Pour cette dernière issue de la scène indus, c'était un défi de chanter sur un album de rock progressif. Spektrum voit le jour en 2003 sur Progress Records, label suédois ayant pour vocation à promouvoir le rock progressif et symphonique, fondé en 1999 par Hensi Cross. Cross, Grand Stand et Galleon sont toutes des formations également abritées par ce label. Malgré sa courte durée, une quarantaine de minutes, Spektrum, l'album, séduit avec ses flamboyants soli de guitares, ses claviers symphoniques, ses arrangements soignés et le chant rentre-dedans de Lizette. A titre de comparaison, Spektrum, le groupe, s'aligne sur les premiers Magenta, le Landmarq de Tracy Hitchings, ou encore les Grecs de La Tulipe Noire. L'instrumental Perpetuum Mobile au final explosif me fait aussi penser à du IO Earth. Un deuxième album était prévu pour 2005 mais, pour des raisons inconnues, il n'a jamais vu le jour, faisant de Spektrum l'unique témoignage de ce qu'étaient capables ensembles ces cinq musiciens. 

Musiciens

Lizette von Panajott : chant, claviers 
Hansi Cross : guitares, claviers, chant
Olov Andersson : claviers, guitare acoustique, percussions, mini-cloches turques, chant
Göran Fors : basse, moog Taurus, chant
Göran Johnsson : batterie, chant, guitares, claviers

Titres

01. Spektrum 
02. Land of longing
03. Now
04. Perpetuum Mobile
05. The Quest
06. Ivory tower
07. A chemical release 

Vidéos

The Quest : lien vidéo ici

Perpetuum Mobile : lien vidéo ici

Ivory Tower : lien vidéo ici

dimanche 26 décembre 2021

Steeleye Span - Commoners Crown (1975)

Steeleye Span Commoners Crown
Steeleye Span - Commoners Crown (1975)

Pourquoi écouter ce disque ?

Coincé entre Now We Are Six et All Around My Hat, Commoners Crown, septième album de Steeleye Span, ne démérite pas malgré un succès commercial moindre. A l'exception de l'instrumental Bach Goes To Limerick, composition originale du groupe visant à fusionner le classicisme de Bach au folk irlandais, les huit autres morceaux de l'album sont tous des airs traditionnels anciens réarrangés aux sonorités modernes, c'est-à-dire rock. Car depuis Now We Are Six accompagné de l'arrivée du batteur Nigel Pegrum, l'orientation musicale du groupe est désormais clairement rock avec ces riffs de guitares sauvages, cette basse percutante et la batterie puissante. Mais c'est indéniablement la voix de Maddy Prior qui fascine toujours autant, racontant avec la même conviction ces histoire sanglantes que sont Little Sir Hugh, chanson médiévale relatant l'assassinat du saint anglais Little Saint Hugh de Lincoln, ou bien Long Rankin où il est question des horribles meurtres de ce légendaire personnage, devenu le cauchemar de plusieurs générations d'enfants anglais. Ce morceau épique, un des plus long de leur répertoire atteignant presque les neuf minutes, s'apparente à un mini-opéra-rock. Devenu un classique réclamé par les fans en concert, il sera réenregistré en 2002 pour l'album des retrouvailles Present avec les mêmes musiciens, à l'exception de Tim Hart, décédé, et de Nigel Pegrum remplacé par le désormais inamovible Liam Genockey. Autre curiosité de ce disque, la participation du célèbre acteur Peter Sellers au ukulélé sur le dernier morceau, New York Girls. Sellers succède ainsi en tant qu'invité spécial à David Bowie qui avait officié au saxophone sur l'album précédent. Les six musiciens avaient décidé d'utiliser un ukulélé sur ce titre léger, mais personne ne savait en jouer. Bob Johnson a eu l'idée de contacter Sellers qui était connu pour en jouer, ce qu'il accepta à la grande surprise générale. Cette chanson est également inhabituelle en ce sens que tous les membres du groupe de sexe masculin (excepté Pegrum) chantent sur deux strophes chacun (Rick Kemp intervient sur les versets 1 et 5, Tim Hart les 2 et 6, Peter Knight les 3 et 7 et Johnson les 4 et 8). Commoners Crown, qui peut se traduire par "couronne de l'homme ordinaire" est un hommage à ces véritables héros que sont les hommes de la rue, célébrés à leur manière à travers les paroles de ces vieilles chansons. D'ailleurs, en regardant de plus près la pochette du disque, on constate que la couronne qui l'orne est composée d'une multitude de petites figurines humaines assemblées les unes aux autres afin de former cette couronne.

Musiciens

Maddy Prior : chant
Tim Hart : chant, dulcimer, guitare
Bob Johnson : chant, guitare
Peter Knight : violon
Rick Kemp : chant, basse
Nigel Pegrum : batterie, flûte

Titres

01. Little Sir Hugh
02. Bach Goes To Limerick
03. Long Lankin
04. Dogs And Ferrets
05. Galtee Farmer
06. Demon Lover
07. Elf Call
08. Weary Cutters
09. New York Girls

Vidéos

Long Lankin : lien vidéo ici

Bach Goes To Limerick : lien vidéo ici

mercredi 22 décembre 2021

Auri - II: Those We Don't Speak Of (2021)

Auri II
Auri - II: Those We Don't Speak Of (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Des nuages. Un lever de soleil. Les premiers rayons du soleil perçant les nuages au-dessus de la mer. Écouter Auri en admirant ce paysage grandiose. Auri est une invitation au voyage vers un ailleurs à la fois onirique et intangible. Ce projet est né en 2011 de la réunion de la chanteuse finlandaise Johanna Kurkela, de son époux, mentor de Nightwish Tuomas Holopainen, et de leur ami commun, le britannique multi-instrumentiste Troy Donockley, ex-Iona, pas encore membre de Nightwish à l'époque. Le nom d'Auri provient d'un personnage féminin des Chroniques du Tueur de Roi (The Kingkiller Chronicle) de Patrick Rothfuss. Il faut attendre 2018 pour que paraisse leur première production. Dans la lignée de Clannad, Iona et des premiers Karnataka, se superposent musiques atmosphérique, celtique, folk et prog. Ce deuxième volume s'inscrit dans la continuité du précédent, à la différence près qu'il se veut beaucoup plus consistant, mieux élaboré. En 2018, c'était dans les studios Real World de Peter Gabriel que le trio avait enregistré. C'est pourquoi on retrouvait beaucoup plus de musiciens d'origine britanniques en invités. Cette fois-ci, Those We Don't Speak a été enregistré en Finlande avec majoritairement des musiciens finlandais, à l'exception du néerlandais Frank van Essen, ancien complice de Troy au sein de Iona. Kai Hahto, nouveau batteur de Nightwish, Juho Kanervo, bassiste de Johanna et le violoncelliste Jonas Pap (Epica, Within Temptation) ainsi que le mystérieux Vangelis the cat responsable des atmosphères félines ont apporté leur contribution à ce disque, véritable bande-son cinématique à l'ambiance sombre, parfois effrayante. Tuomas Holopainen se fait vraiment plaisir dans ce projet qu'il voit comme une bulle d'oxygène, bien loin des pressions subies avec Nightwish, devenu une énorme machine. Troy Donockley est toujours aussi exceptionnel et prodigieux. J'adore ce musicien talentueux. C'est lui qui a eu la bonne idée de placer la chanson-titre à faire frémir, composée par Johanna, en début du disque, plantant ainsi le décor, alors que Tuomas l'envisageait comme une parenthèse. Johanna Kurkela est pour moi une véritable révélation. Je trouve que son chant s'est vraiment affirmé ici, évoquant par moment la géniale Anneke van Giersbergen (de manière flagrante sur The Duty Of Dust, It Take Me Place et The Long Walk) ou Hayley Griffiths, ex-Karnataka, sur l'entrainant Pearl Diving. Pour l'anecdote, Those We Don't Speak Of était prêt à paraître au printemps dernier, mais la maison de disque Nuclear Blast a repoussé sa sortie à l'automne, le jugeant plus en adéquation avec cette saison. On comprend pourquoi.

Musiciens

Johanna Kurkela : chant, violon, alto, claviers
Tuomas Holopainen : claviers, chœurs
Troy Donockley : guitares, bouyouki, mandole, uilleann pipes, low whistles, aérophone, bodhran, claviers, chant

Frank van Essen : violon, alto
Jonas Pap : violoncelle
Juho Kanervo : basse
Kai Hahto : batterie, percussions
Vangelis the cat : ambiances félines

Titres

01. Those We Don’t Speak Of
02. The Valley
03. The Duty Of Dust
04. Pearl Diving
05. Kiss The Mountain
06. Light And Flood
07. It Takes Me Places
08. The Long Walk
09. Scattered To The Four Winds
10. Fireside Bard

Vidéos

Pearl Diving : lien vidéo ici

The Valley : lien vidéo ici

lundi 20 décembre 2021

Joshua Burnell - Seasons Vol.1: Winter (2021)

Joshua Burnell Winter
Joshua Burnell - Seasons Vol.1: Winter (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Entre 2016 et 2017, Joshua Burnell a enregistré une chanson folk par semaine pendant un an, chacune étant inspirée par une des quatre saisons. Ce qu'il a appelé le "Seasons Project" a été pour lui un terrain d'entraînement qui lui a permis d'expérimenter, de collaborer avec d'autres musiciens, d'apprendre la musique folk et de progresser en tant qu'arrangeur et artiste. Incapable, dans un premier temps, de toutes les publier, il en a sélectionné quatorze pour ce qui deviendra son deuxième album, Songs From The Seasons sorti en 2018. Il a, cependant, toujours gardé en tête l'idée de publier ces 52 chansons dès que l'occasion se présenterait. Encouragé par ses fans, le moment était venu pour lui courant 2020/21 de mener à terme cet ambitieux projet en les retravaillant toutes afin de les faire définitivement sonner comme il l'a toujours souhaité. Winter est le premier volume d'une série de quatre. La version CD a été limitée à 100 exemplaires seulement. Bien chanceux ceux qui la possède. Les treize airs traditionnels présentés ont donc tous comme thématique commune l'hiver, saison de repli mais aussi de partage. Joshua livre ses propres versions de classiques, tout en rendant hommage à ceux qui l'ont inspiré, que ce soit Steeleye Span (Gower Wassail, Boys Of Bedlam), Pentangle (Lord Franklin), Jethro Tull (God Rest Ye Merry Gentlemen), Led Zeppelin (In The Month Of January / Lavolto), Klaus Nomi (Spellbounds) et même Annie Hasam de Renaissance (on se souvient de A Song For All Seasons) qui lui offert une de ses toiles pour illustrer la pochette. Tout est délicatement soigné dans ce disque, Joshua à l'art de rendre fluide ce qui peut paraître complexe. S'il s'est occupé du chant et d'une multitude d'instruments (guitare, glockenspiel mais surtout orgue Hammond et flûte irlandaise), c'est avec plaisir que l'on retrouve sa compagne Frances Sladen au chant sur quatre titres, Ben Burnell à la guitare électrique (excellent sur le final de The Nightingale) ou bien la violoncelliste Rachel Brown. Il est grand temps de conduire loin le froid hiver en compagnie de Monsieur Joshua Burnell. 

Musiciens

Joshua Burnell : chant, instruments

Frances Sladen : chant
Ben Burnell : guitares, basse, mandoline, bouzouki
Jack Woods : guitare électrique
Polly Bolton : mandoline
Matthew Mefford : contrebasse
Danielle Rees : flûte
Rachelle Brown : violoncelle
Greg Palmer : chant

Titres

01. God Rest Ye Merry Gentlemen
02. The Official Brawle
03. Gower Wassail
04. Apples In Winter
05. In The Month Of January & Lavolto
06. Lord Franklin
07. Bear Dance
08. Boys Of Bedlam
09. Spellbound
10. The Snow It Melts The Soonest
11. The Snow And Frost Are All Over
12. The Nightingale
13. Drive The Cold Winter Away

dimanche 19 décembre 2021

Blackmore's Night - Here We Come A-Caroling (2020)

Blackmore's Night Here We Come A-Caroling
Blackmore's Night - Here We Come A-Caroling (2020)

Pourquoi écouter ce disque ?

Cela fait maintenant plus de vingt ans que Blackmore's Night distille son folk-rock doux et mélodique. Le duo a été fondé en 1997 par le légendaire guitariste de Deep Purple Ritchie Blackmore accompagné de son épouse, la chanteuse d'origine américaine Candice Night. Après un silence discographique long de cinq ans, ils reviennent en 2020 avec un nouvel EP, Here We Come A-Caroling, leur première production chez earMUSIC. Ce label, basé en Allemagne, à Hambourg, spécialisé dans la pop, le rock et le metal, affiche déjà à son catalogue des pointures telles que Deep Purple, Marillion, Saga, Tarja ou Bonnie Tyler. Here We Come A-Caroling et ses quatre réinterprétations de chants traditionnels de Noël se classera immédiatement dans toute discothèque qui se respecte aux côtés du Winter Carols, son aîné paru en 2006. La chanson-titre qui ouvre le disque propose en version acoustique cet air anglais enjoué, proche dans ses arrangements de l'esprit de Mike Oldfield. It Came Upon A Midnight Clear est une adaptation d'un poème écrit par un pasteur américain au XIX siècle. Il en existe deux versions musicales, une américaine et une britannique. Le duo a opté pour la première. O Little Town Of Bethlehem existe aussi dans deux versions, mais cette fois-ci c'est celle du compositeur britannique Ralph Vaughan Williams qui a été retenue. Inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en 2011, Candice et Ritchie offrent une version divine de Silent Night. L'air enchanteur de ce magnifique chant de Noël a fait briller les yeux de multiples générations d'enfants. Retour réussi pour notre duo gagnant. 

Musiciens

Candice Night : chant, flûte, bombarde, percussions
Ritchie Blackmore : guitare, mandole

Autumn Blackmore : chœurs

Titres

01. Here We Come A-Caroling
02. It Came Upon A Midnight Clear
03. O Little Town Of Bethlehem
04. Silent Night

Vidéos

Here We Come A-Caroling : lien vidéo ici

Silent Night : lien vidéo ici

jeudi 16 décembre 2021

Al Andaluz Project - Al-Maraya (2010)

Al Andaluz Project Al-Maraya
Al Andaluz Project - Al-Maraya (2010)

Pourquoi écouter ce disque ?

Elles sont trois, trois voix féminines qui chantent la réconciliation entre les religions monothéistes. Al Andaluz Project est né au milieu des années 2000 de la rencontre entre des musiciens aux horizons culturels divers, inspirés du mythe d'Al Andalus. Cette période historique cruciale durant laquelle la péninsule ibérique était sous domination musulmane s'étale du VIIIe siècle à 1492. Elle est souvent perçue comme un âge d'or durant laquelle cultures et religions musulmanes, juives et chrétiennes coexistaient pacifiquement, s'enrichissant mutuellement les unes les autres. Suite au départ d'Efrén López après la parution du premier album Deus Et Diabolus, Michael Popp (Estampie, Qntal) est désormais seul grand ordonnateur du projet. Il a avec lui Iman Kandoussi, Mara Aranda (L'Ham De Foc) et Sigrid Hausen (Estampie), chacune représentante d'une religion, ainsi qu'une dizaine de musiciens jouant d'instruments traditionnels orientaux ou occidentaux comme l'oud, le saz, le santour, la vielle à roue, la cornemuse ou encore la harpe. Al-Maraya qui signifie "Le Miroir", a été enregistré à Munich. Treize chansons anciennes ont été sélectionnées. Il est intéressant de constater dans ce choix que chaque religion a ses traditions. Dans la tradition arabe, aucun texte religieux n'est autorisé dans la musique. Les paroles sont très poétiques et traitent des thèmes de la nature, de l'amour, du destin, de l'espoir. Les paroles séfarades ont une tradition populaire marquée où se racontent des histoires de famille et de voisins, de la vie quotidienne, parfois politiques. Dans la tradition chrétienne, la musique est principalement liée à la dévotion, au service et à la louange de Jésus-Christ, de Marie et des Saints. Ce très beau projet aux intentions nobles nous plongent au cœur d'une époque méconnue que nous laissent entrevoir ces voix aussi merveilleuses les unes que les autres. 

Musiciens

Mara Aranda : chant
Iman Kandoussi : chant
Sigrid Hausen : chant, flûte

Michael Popp : chant, oud, saz, violon, dilruba, luth
Aziz Samsaoui : kanoun, violon, oud
Juan Manuel Rubio Moral : santour, oud, saz
Ernst Schwindl : vielle à roue, harmonium, orgue
Jota Martinez : vielle à roue, cistre
Sascha Gotowtschikow : percussions
Jatinder Thakur : tabla
Uschi Laar : harpe
Achim Eberle : cornemuse
Jost-H Heckker : violoncelle
Johann Bengen : cymbales, davul

Titres

01. Dezilde A Mi Amor
02. El Regateo De Las Consuegras
03. Un Sirventes Novel
04. Segunda Twichia Nuba Garibat El Hussein - Insiraf Btahyi Garibat El Hussein
05. Non Sofre Santa Maria
06. La Huerfana Del Prisionero - Yedi Kule
07. Maravillosos Et Piadosos
08. Al-Garnati - El Bulbul
09. Hija Mia
10. Pero Que Seja A Gente
11. Segunda Twichia Istihlal - Insiraf Btayhi Isthlal: Gaybatuk
12. Des Oge Mais Quer´ Eu Trobar - Yo Me Levantaria - Insiraf Btahyi Garibat El Hussein
13. Quen A Omagen Da Virgen

Vidéos

Dezilde A Mi Amor : lien vidéo ici

Quen A Omagen Da Virgen : lien vidéo ici

Hija Mia : lien vidéo ici

mardi 14 décembre 2021

Aguamadera - Las Historias Que Han Dejado (2022)

Aguamadera Las Historias Que Han Dejado
Aguamadera - Las Historias Que Han Dejado (2022)

Pourquoi écouter ce disque ?

Si vous recherchez un album pour vous réchauffer cet hiver, c'est lui. Aguamadera est un sympathique duo formé de Marco Grancello et María Cabral, tous deux d'origine argentine. Aujourd'hui installés dans le sud-ouest de la France, près de Toulouse, ils ont débuté leur collaboration en 2015, après s'être rencontrés dans une chorale à Buenos Aires. C'est leur passion commune pour le folklore sud-américain qui les a réunis et conduit à se produire sur scène. Ils ont déjà à leur actif deux albums, Colocho (2017) suivi de La Campana en 2018. Prévu pour janvier 2022*, Las Historias Que Han Dejado s'inscrit dans la continuité de leur parcours musical où se mêlent compositions personnelles ainsi que airs et danses colorées d'inspiration traditionnelle trouvant leur origine en Argentine, au Venezuela, en Colombie, au Pérou, en Bolivie ou au Chili. Tous deux chantent, ensemble ou séparément, et jouent de la cuatro, petite guitare à quatre cordes typique de l'Amérique du Sud et du Mexique. Le doux son de cet instrument évoque même la harpe, idéale sur la délicate berceuse Cuna De Mil Promesas, sublime pièce intimiste. Preludio, courte parenthèse instrumentale à la guitare, suivie de Del Otro Lado, chantée par Marco, évoquant le difficile passage vers la mort d'une personne s'accrochant à la vie, sont quelques-uns des moments forts de cet album. Entre profondeur et légèreté, Aguamadera dresse le portrait de personnages pittoresques, tout en s'amusant des travers de leurs contemporains. Un hommage est d'ailleurs rendu au célèbre coq Maurice (El Gallo Maurice) aujourd'hui disparu. Il était devenu malgré lui le symbole de la ruralité suite à une plainte de nouveaux voisins en provenance de la ville qui se plaignaient de son chant matinal. Parmi les invités, il nous faut citer Raly Barrionuevo, musicien de la nouvelle génération argentine qui a réenchanté le folk contemporain (Raíz), Marta Gómez, géniale chanteuse colombienne dont nous avions évoqué l'album Contigo ici (Sendas De Arena), ainsi qu'Elizabeth Morris, artiste chilienne bien plus impliquée dans le projet puisqu'en plus d'avoir posée sa voix sur Alma De Rezabaile, c'est elle qui a organisé la direction artistique de cet album aux ondes toutes positives. Avec son aide, Aquamadera a fait de Las Historias Que Han Dejado un complément rêvé au magnifique film Argentina de Carlos Saura.

*Parution prévue le 7 janvier en digital et le 21 janvier en physique chez Quart de Lune / UVM Distribution. Sans oublier la date du concert de lancement le 16 février au 360 Paris Music Factory, dans le cadre du festival Au Fil des Voix.

Musiciens

Marco Grancelli : chant, guitare, cuatro, arrangements
María Cabral : chant, cuatro, maracas, arrangements

Elizabeth Morris : chant, flûte, charangos, arrangements, direction artistique
Solana Biderman : contrebasse
Mariano 'Tiki' Cantero : bombo, cajón, batterie, percussions
Raly Barrionuevo : chant
Marta Gómez : chant
Sebastian Luna : mandoline
Emiliano Alvares : clarinette
Rafael Delgado : violoncelle
Ludivine Nebra : charango
Valeria Curci : chœurs
Nuria Martinez : quena, zampoña
Fernando Tapia : guapeos
Nicolas Segovia : charangos
Juan Abreu : tambora

Titres

01. Sombra De La Flor
02. Ya No Quiero Más Tu Amor
03. Teresita Viste Al Baile
04. Cuentapesares
05. Raíz
06. El Pregón De Las Flores
07. Cuna De Mil Promesas
08. Preludio
09. Del Otro Lado
10. Señora Gabriela
11. Sendas De Arena
12. Alma De Rezabaile
13. Dulce Agonía
14. Huayno De Sal
15. El gallo Maurice
16. Latido

Vidéos

Sombra De La Flor : lien vidéo ici

Cuentapesares : lien vidéo ici

dimanche 12 décembre 2021

Hagalaz' Runedance - The Winds That Sang Of Midgard's Tale (1998)

Andrea Haugen The Winds That Sang Of Midgard's Tale
Hagalaz' Runedance - The Winds That Sang Of Midgard's Tale
(1998)

Pourquoi écouter ce disque ?

Le 13 octobre 2021, dans la petite ville de Kongsberg, en Norvège, cinq personnes sont sauvagement assassinées et trois autres blessées par un cinglé armé d'un arc et de flèches. Andrea Haugen, chanteuse d'origine allemande très respectée de la scène néofolk, digne héritière de Nico, était l'une d'elles. Elle s'en est aller ainsi rejoindre les valeureux guerriers de la mythologie nordique au Walhalla. Ses premiers pas artistiques, elle les fait dans le Londres underground et gothique du début des années 90, aux côtés de formations comme Cradle Of Filth. Par la suite, ses projets musicaux prennent successivement les noms de Aghast, Hagalaz' Runedance et Nebelhexë. Avec Hagalaz' Runedance, dont le premier album The Winds That Sang Of Midgard's Tale sort en 1998, elle explore la spiritualité païenne préchrétienne des peuples nordiques qui, selon elle, vivaient en totale harmonie avec la Nature. Sa musique, à la fois brute et organique, se nourrit de cette philosophie, mais aussi des grands espaces sauvages, des immenses forêts scandinaves, ainsi que de sa faune d'une richesse inouïe symbolisée ici à travers le faucon ou le loup. Serenade Of The Last Wolf, mon titre préféré, décrit avec une tristesse infinie les derniers instants d'un loup abattu par l'homme. Chants chamaniques, musique tribale, instruments typiques norvégiens comme le hardingfele, sorte de violon, ou le langeleik, sorte de cithare, sont au cœur de ce projet enivrant conçu comme une cérémonie d'un autre temps menée par une grande prêtresse, en totale immersion aux côtés des Esprits du Nord.

Musiciens

Andrea Nebel Augen : chant, percussions, flûte

Harald Ulvestad : cordes
Svein-Tore Dammen : chant
Herr. Thormodsæter Haugen : cordes, contrebasse, batterie
Jens Olav Haugen : contrebasse
Galdrmann : hardingfele
Bjørn Harald Jensen : langeleik
Thorbjørn Akkerhaugen : claviers, guitares

Titres

01. When The Trees Were Silenced
02. Behold The Passionate Ways Of Nature
03. The Home That I Will Nerver See
04. The Oath He Swore One Wintersday
05. Seidr
06. Das Fest Der Wintersonne (Ein Weihnachtslied)
07. A Tale Of Fate (Folksvang Awaits)
08. When The Falcon Flies
09. Serenade Of The Last Wolf
10. Mother Of Times

Vidéos

When The Trees Were Silenced : lien vidéo ici


Serenade Of The Last Wolf : lien vidéo ici

mercredi 8 décembre 2021

Cyan - For King And Country (2021)

Cyan For King And Country
Cyan - For King And Country (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Tout est histoire de couleur. Avant Magenta, il y avait Cyan. Cyan est le tout premier projet musical de l'incroyable Rob Reed. C'est sous ce nom qu'il sort un premier album en 1993 intitulé For King And Country. Ce disque réunit une collection de huit chansons écrites durant sa jeunesse dans les années 80, à une époque où il rêvait d'être à la fois Yes et Genesis. Sur ce premier jet, il jouait de tous les instruments et tenait le chant. Par la suite, deux autres albums sortiront sous ce nom, Cyan se constituant en véritable groupe suite à l'arrivée de Nigel Voyle au chant et d'une certaine Christina Murphy (future Booth) aux chœurs. Revolutions qui devait être leur quatrième œuvre verra Christina prendre le lead, Magenta était né. Riche de toutes ses années d'expérience au cours desquelles il est passé de l'amateurisme à un réel professionnalisme, que ce soit avec Magenta, Kompendium, Chimpan A, Kiama ou en solo, Rob a eu la bonne idée de revisiter de fond en comble ce tout premier disque secondé par quelques musiciens de premier plan. Il a fait appel à Peter Jones (Tiger Mothe Tales, Camel) au chant et aux instruments à vent, à Luke Machin (Kiama, Karnataka) aux guitares et à Dan Nelson (Magenta, Godsticks) à la basse, tous les quatre formant le nouveau Cyan. En invités, ont été conviés Tim Robinson, batteur des premiers albums de Magenta, mais aussi du dernier album de Cyan sorti en 1999, The Creeping Vine, et de quelques autres projets parallèles du même Reed, Fyreworks et The Othello Syndrome, ainsi que les sublimes Angharad Brinn et Tesni Jones aux chœurs, toutes deux révélées sur le monumental Beneath The Waves de Kompendium. Cette nouvelle version de For King And Country est absolument gigantesque, on se retrouve littéralement transporter durant plus d'une heure. Seul bémol, je n'arrive pas à me détacher de la version livrée par Magenta et Christina de Call Me parue sur leur EP Broken en 2004. Pour le reste, c'est du même niveau que ce groupe fabuleux héritier des Renaissance, Yes et Genesis, à la différence près que la voix de Peter Jones apporte une toute nouvelle coloration. Et oui, tout est histoire de couleur... 

Musiciens

Peter Jones : chant, saxophone, flûte
Rob Reed : claviers, guitares, chœurs
Luke Machin : guitares
Dan Nelson : basse

Tim Robinson : batterie
Angharad Brinn : chant
Tesni Jones : chant

Titres

01. The Sorceror
02. Call Me 
03. I Defy The Sun 
04. Don't Turn Away
05. Snowbound
06. Man Amongst Men 
07. Nightflight 
08. For King And Country

Vidéos

The Sorceror : lien vidéo ici

I Defy The Sun : lien vidéo ici

lundi 6 décembre 2021

Mandy Morton And Spriguns - Magic Lady (1978)

Mandy Morton Spriguns Magic Lady
Mandy Morton And Spriguns - Magic Lady (1978)

Pourquoi écouter ce disque ?

Pour certains albums, la pochette parle d'elle-même. Celle du Magic Lady de Mandy Morton And Spriguns, inspirée du sceau de Salomon, est aussi énigmatique que son contenu. Après deux albums publiés chez Decca (Revel Weird And Wild et Time Will Pass), Spriguns, anciennement Spriguns Of Tolgus, s'autodissout, pour mieux renaître sous le nom de Mandy Morton And Spriguns. Souhaitant devenir indépendants, Mandy et son époux Mike, bassiste de la formation, fondent leur propre label, Banshee Records. Pour l'anecdote, Banshee Records est aussi le nom du label allemand fondé dans les années 2000 réunissant des artistes de la scène pagan-folk, pas si éloignée que ça de Spriguns par leurs références communes au folk et à l'ésotérisme, comme Faun, Omnia ou Sava. Outre Mike, la nouvelle mouture de Spriguns réintègre le violoniste Tom Ling qui joue également du clavecin, notamment sur le ténébreux Witchfinder, un de mes titres préférés, et accueille Byron Giles aux guitares ainsi qu'Alex Cooper à la batterie. Le fidèle Tim Hart de Steeleye Span qui leur avait mis le pied à l'étrier est venu prêter sa voix et jouer du dulcimer, Graeme Taylor (Albion Band, Gryphon) seconde Giles à la guitare électrique, Gordon Folkard est au concertina et au violoncelle, son épouse Sarah à l'alto, tandis que Gaynor Roberts, la sœur de Mandy, participe aux chœurs sur Music Prince. Cette chanson, la toute première composée pour le disque, devait donner son nom à l'album. Mais, le 21 avril 1978, Sandy Denny décède tragiquement. Bouleversée, Mandy compose en sa mémoire l'émouvant Magic Lady, un très bel hommage. Généralement considéré comme le meilleur album des Spriguns, Magic Lady surprend encore aujourd'hui, plus de quarante ans après sa publication. Difficile à trouver en version CD, je vous recommande de vous procurer l'intégrale de Mandy Morton & Spriguns, à paraître en coffret sous le titre After The Storm: Complete Recordings au début de l'année 2022 chez Cherry Red Records. Un must tant cette artiste mérite d'être (re)découverte. 

Musiciens

Mandy Morton : chant, guitare acoustique
Tom Ling : violon, clavecin
Byron Giles : guitares, chant
Mike Morton : basse
Alex Cooper : batterie, percussions

Tim Hart : dulcimer, chant
Graeme Taylor : guitare électrique
Gordon Folkard : concertina, violoncelle
Sarah Folkard : alto
Gaynor Roberts : chœurs

Titres

01. Magic Lady
02. Music Prince
03. According To Mathew
04. Little In Between
05. Goodbye The Day
06. Silence Do The Rest
07. The Lady
08. White Ship
09. Witchfinder
10. Gypsy Glass
11. Ghost Of A Song
12. Winter Storms
13. Magic Lady (Reprise)

Vidéos

The Lady : lien vidéo ici

Witchfinder : lien vidéo ici

Magic Lady : lien vidéo ici

dimanche 5 décembre 2021

The Moon And The Nightspirit - Metanoia (2017)

The Moon And The Nightspirit Metanoia
The Moon And The Nightspirit - Metanoia (2017)

Pourquoi écouter ce disque ?

Depuis 2003, date de sa fondation, le duo de pagan-folk The Moon And The Nightspirit s'est forgé, au fil de ses albums, une solide identité artistique tant sur le plan musical que visuel. Si leurs chansons sont toutes signées Mihály Szabó / Ágnes Tóth, cette dernière, chanteuse du groupe, façonne chacune des pochettes de leurs disques ainsi que tout l'artwork intérieur. Metanoia est leur sixième offrande, la deuxième depuis qu'ils ont rejoint le label allemand Prophecy en 2014. Toujours ancrés dans la mythologie fantastique hongroise, Mihály et Ágnes abandonnent cette fois-ci les lointaines steppes mongoles d'où ils puisaient une partie de leur inspiration, pour s'aventurer du côté de la Grèce antique, plus précisément de sa philosophie. Chez les Anciens, la notion de métanoïa signifiait "se donner une norme de conduite différente, supposée meilleure", qui peut se traduire aussi par "conversion". Si, toutefois, Metanoia ne constitue pas un tournant dans la carrière du duo, il pousse encore plus loin leur quête spirituelle faite de mysticisme païen, passage des ténèbres à la lumière. Ainsi, le premier titre A Hajnal Köszöntése se présente comme une célébration de l'aube naissant, tandis que Az Elsö Tündér Megidézése n'est autre qu'une invocation de la toute première fée. Les ambiances sombres et éthérées de ce Metanoia enchanteur rapprochent encore plus nos amis hongrois de leurs homologues allemands Faun, ou des Espagnols Trobar de Morte, ainsi que des Grecs Daemonia Nymphe. Vivement recommandé à celles et ceux qui souhaitent donner du sens à ce qu'ils écoutent.

Musiciens

Ágnes Tóth : chant, violon, piano, harpe, flûte, percussions
Mihály Szabó : chant, guitare acoustique basse, claviers, percussions

Titres

01. A Hajnal Köszöntése
02. Az Elsö Tündér Megidézése
03. Mystérion Mega
04. Kilenc Hid
05. A Fény Diadala
06. Metanoia
07. Kristálymezök
08. Hen Panta Einai (Minden Egy)

Vidéo

Az Elsö Tündér Megidézése : lien vidéo ici

jeudi 2 décembre 2021

Mary Fahl - Winter Songs And Carols (2019)

Mary Fahl Winter Songs And Carols
Mary Fahl - Winter Songs And Carols (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

De Mary Fahl, on se souvient de sa collaboration avec October Project de 1990 à 1996, ainsi que de sa reprise très personnelle du mythique Dark Side Of The Moon de Pink Floyd. Il serait néanmoins dommage de passer à côté de ce Winter Songs And Carols aux saveurs toutes hivernales. Comme son titre l'indique, ce quatrième album studio propose une collection de chants de Noël traditionnels, mais aussi de chansons célébrant l'hiver, certaines anciennes, d'autres plus contemporaines. Ainsi, Mary réenchante le Urge For Going de son idole Joni Mitchell en l'enrobant de cordes, s'approprie le No End de Sandy Denny dans une version aussi intense que l'originale, et rend un ultime hommage au grand Leonard Cohen à travers son Winter Lady. La force de cette chanteuse atypique réside dans sa voix unique, chaleureuse et élégante, qui donne l'impression qu'elle ne chante rien que pour nous, comme si on était seul au monde, autour d'un feu de cheminée. Des morceaux entendus mille fois prennent une toute autre dimension, que ce soit l'émouvant What Child Is This à faire pleurer, le solennel Ave Maria de Schubert, ou encore cette comptine enfantine popularisée par Nightwish, Walking In The Air. L'album se referme majestueusement sur l'incontournable O Holy Night/Silent Night interprété sur sa fin a cappella par une Mary lumineuse, donnant le frisson. Winter is comingWinter Songs And Carols est là pour nous réchauffer. 

Musiciens

Mary Fahl : chant

Mark Doyle : guitares, claviers, basse, batterie, programmation
Ally Brown : violon
Shelby Dems : violon
Edgar Tumajyan : violon
Joe Davoli : violon
Kate Laverne : violoncelle
Josh Dekaney : percussions

Titres

01. Wexford Carol
02. Urge For Going
03. In The Bleak Midwinter
04. What Child Is This
05. Christmas Time Is Here
06. Ave Maria
07. Walking In The Air
08. No End
09. Have Yourself A Merry Little Christmas
10. Winter Lady
11. O Holy Night/Silent Night

Vidéos

Ave Maria : lien vidéo ici

Urge For Going : lien vidéo ici

What Child Is This : lien vidéo ici

lundi 29 novembre 2021

Moya Brennan - Canvas (2017)

Moya Brennan Canvas
Moya Brennan - Canvas (2017)

Pourquoi écouter ce disque ?

En plus de la musique, Moya Brennan s'est découverte une nouvelle passion, la peinture. Conjuguant les deux, elle a illustré la pochette et le livret de son album Canvas, le premier depuis plus d'une décennie, par ses toiles, comme, avant elle, Joni Mitchell et Annie Haslam. Ce disque survient après la triste disparition de son père Léo en 2016, celui qui, avec sa mère, l'avait initié à la musique dès sa plus tendre enfance. Ce départ soudain a suscité en elle ce besoin de se retrouver en famille. C'est pourquoi ses deux enfants, Aisling et Paul Jarvis, ainsi que son mari Tim Jarvis ont pris part à la réalisation de ce nouvel opus. Tim joue du violoncelle, Aisling des claviers, du bouzouki, de la guitare, de la flûte et de la cornemuse, Paul des claviers, des percussions et du violon. Tous deux âgés d'une vingtaine d'années, Aisling et Paul ont apporté avec eux leurs influences musicales contemporaines plus orientées vers l'electro ou les ambiances cinématiques. Ils ont aussi coproduit et co-écrit Canvas avec Moya. Cet apport a fait évoluer l'univers musical de Moya, sans le chambouler pour autant. Que ce soit dans sa musique ou sa voix, on se délecte de cette douceur, de ces atmosphères éthérées qui la caractérisent tant. Si certains titres comme Where We Once Met ou Nuair A Bhí Óg chanté en gaélique auraient pu figurer sur un album de Clannad, la chanson la plus poignante de l'album demeure Children Of War, réponse plaintive au sort tragique des jeunes pris dans des conflits insensés, contraints souvent de migrer. Si Moya a aussi retrouvé ici certains des musiciens qui la suivent depuis plusieurs années, parmi lesquels le célèbre joueur de harpe irlandais Cormac De Barra ainsi que le guitariste Anthony Drennan connu pour ses collaborations avec Clannad, The Corrs, Genesis, Mike + The Mechanics ou Eivør sur son album aux couleurs celtiques Human Child, elle gardera avant tout comme souvenirs les moments de bonheurs passés en studio avec ces deux enfants, elle qui n'a cessé de se reprocher ses absences à cause de sa carrière internationale. 

Musiciens

Moya Brennan : chant, harpe, claviers

Aisling Jarvis : claviers, bouzouki, guitare, flûte irlandaise, cornemuse, chant
Paul Jarvis : claviers, percussions, violon, chant
Anthony Drennan : guitares, bouzouki, mandoline
Cormac De Barra : harpe, chant
Lia Wright : violon, chant
Tim Jarvis : violoncelle
Andrew Carroll : basse, chant
Lauren Ní Chasaide : chant
Megan Nic Ruairi : chant
Sorcha Ní Fhlionn : chant
Koushik Chandrashekar : mridangam
Shayan Coohe : tombak

Titres

01. River Of Songs
02. A Portrait Of My Life
03. Nuair A Bhí Óg
04. Going Home
05. Children Of War
06. Where We Once Met
07. Do'n Pháist Óg
08. You Never Know
09. The Duel
10. Where You Belong
11. Banríon

Vidéos

Rivers Of Songs (studio footage) : lien vidéo ici

Children Of War : lien vidéo ici

Nuai A Bhí Óg : lien vidéo ici

vendredi 26 novembre 2021

Barbara Dickson - Time Is Going Faster (2020)

Barbara Dickson Time Is Going Faster
Barbara Dickson - Time Is Going Faster (2020)

Pourquoi écouter ce disque ?

A plus de 70 ans, Barbara Dickson garde le moral. Du haut de ses cinquante ans de carrière, cumulant pas moins de vingt-cinq albums au compteur, cette grande dame de la scène folk britannique revient  avec un Time Is Going Faster fort intéressant. Cette fois-ci, ce n'est pas Troy Donockley qui est aux manettes mais leur complice commun Nick Holland qui assure la production, le mixage, les arrangements ainsi que les claviers. Troy, qui est pour moi le David Gilmour des uillean pipes tellement son jeu dégage le même feeling, la même émotion que le grand maître, fait partie de l'équipe de musiciens, tout comme le bassiste Brad Lang et le batteur Russell Field, tous déjà présent lors de la tournée de 2017 (voir In Good Company: Live 2017). Barbara n'a pas peur du temps qui passe, au contraire, elle l'assume avec humour et simplicité. Elle a semé à travers cette collection de dix chansons des indices sur son long parcours musical. Ainsi, elle fait sienne cette reprise de l'Incredible String Band, Good As Gone qui l'avait tant marquée dans sa jeunesse, au tout début de sa carrière. Gerry Rafferty, l'inoubliable auteur de Backer Street pour lequel elle avait fait les chœurs sur son album City To City, est un incontournable pour elle. En 2013, elle lui avait rendu un chaleureux hommage à travers son disque de reprises, To Each & Everyone: The Songs Of Gerry Rafferty, ici, elle réenchante son Look Over The Hill. Tell Me It's Not True date à l'origine de 1983. Barbara avait interprété ce titre pour la comédie musicale à succès Blood Brother où elle jouait le rôle de Mme Johnstone qui lui avait valu de remporter le prix de la meilleure actrice. Goodnight, I'm Going Home est une des trois chansons écrites par Barbara pour cet album. Ces dernières années, elle avait un peu perdu confiance en elle et préférait se contenter de reprises. La muse de l'inspiration est revenue. Ce morceau se remémore avec nostalgie le Edinbourg de sa jeunesse. Where Shadows Meet The Light est une autre de ses compositions fortes. Elle y évoque ceux qui ne sont plus là, mais dont la flamme continue à briller en nous. La chanson-titre est un regard ironique sur ce temps qui ne cesse de défiler de plus en plus vite. C'est aussi dans ses réinterprétations d'airs traditionnels qu'elle excelle comme en témoigne Barbara Allan, célèbre chant écossais repris aussi bien dans le passé par Joan Baez que Blackmore's Night, sur lequel elle apporte sa touche toute personnelle, ainsi que la sublime ballade irlandaise suggérant la mort du Christ, Lament Of The Three Marys. Autre curiosité, la cinquième piste Heyr, Himma Smiður, pièce islandaise datant du XIIIe siècle qu'elle a découverte grâce au groupe Árstíðir, connu pour sa collaboration avec Anneke van Giersbergen (Verloren Verleden). Time Is Going Faster entre dans cette catégorie des disques qui font du bien, où il est bon de retrouver une Barbara épanouie. 

Musiciens

Barbara Dickson : chant, guitare, claviers

Nick Holland : claviers, programmation, chœurs
Troy Donockley : uillean pipes, guitares, bouzouki, flûte, chœurs
Brad Lang : basse, chœurs
Russell Field : batterie, percussions

Titres

01. Good As Gone
02. Barbara Allan
03. Where Shadows Meet The Light
04. Look Over The Hill
05. Heyr Himnur Smiður
06. The Ballad Of The Speaking Heart
07. Tell Me It’s Not True
08. Goodnight, I’m Going Home
09. Lament Of The Three Marys
10. Time Is Going Faster

Vidéos

The Ballad Of The Speakink Heart : lien vidéo ici

Where Shadows Meet The Light : lien vidéo ici

Goodnight, I'm Going Home : lien vidéo ici

lundi 22 novembre 2021

Karen Matheson - Still Time (2021)

Karen Matheson - Still Time
Karen Matheson - Still Time (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Sean Connery ne s'était pas trompé en qualifiant la voix de Karen Matheson de bénie des dieux. La chanteuse de Capercaillie, formation folk écossaise, revient avec un cinquième album solo. Une merveille. Enregistré entre 2005 et 2020 à Glasgow, Still Time est d'une incroyable cohérence. Karen s'est entourée de ses proches comme son mari Donald Shaw, le bassiste Ewen Vernal, l'ex-Eden's Bridge Michael McGoldrick, le joueur de banjo Dick Powell, ou encore James Grant de Love and Money dont elle reprend quatre chansons. Dès les premières notes de Cassiopeia Coming Through, la voix de Karen nous transporte. Le bugle joué par Ryan Quigley apporte une savoureuse touche jazzy. Tout comme le saxophone de Fraser Fifield sur la chanson-titre composée par Donald Shaw. Karen ne propose aucune composition originale, tous les titres sont des reprises, anciennes ou plus modernes, sur lesquelles elle apporte sa propre personnalité. Les thèmes abordés sont variés et concernent aussi bien le temps qui passe, la nostalgie, les sentiments, que des faits de société ou historiques, à l'instar d'Orphan Girl qui se remémore ces jeunes orphelines irlandaises envoyées en Australie au XIXe siècle. Cette émouvante chanson, ode à la liberté, a été écrite par Brendan Graham, celui-là même qui a signé l'hymne The Voice chanté par Eimear Quinn lors de l'Eurovision de 1996 et qui lui avait valu la victoire. Si son précédent opus Urram était marqué par la disparition de ses parents, Still Time s'inscrit dans cette continuité. La photo de la pochette et celles du livret intérieur sont extraites des archives personnelles de l'artiste, et évoquent son enfance. Karen, qui ne peut s'empêcher de regarder vers le passé, délivre néanmoins avec ce Still Time d'une intense délicatesse, un message d'espoir. 

Musiciens

Karen Matheson – Lead vocals

Donald Shaw : piano, accordéon, harmonium, samples
James Grant : guitares, dobro, chant
Sorren MacLean : guitares, chant
John Doyle : guitares, bouzouki, chant
Dirk Powell : banjo
Anna Massie : mandoline
Ewen Vernal : basse
Alyn Cosker : batterie
James MacKintosh : batterie
Fraser Fifield : saxophone
Ryan Quigley : bugle
Michael McGoldrick : flûte
Hannah Fisher : violon, chant
Rudi Di Groot : violoncelle
Clockwork Strings : cordes

Titres

01. Cassiopeia Coming Through
02. The Aragon Mill
03. Still Time
04. Little Gun
05. The Diamond Ring
06. Lassie With The Lint White Locks
07. The Glory Demon
08. Recovery
09. Laurel To A Wreath
10. Orphan Girl
11. Ae Fond Kiss

Vidéos

Still Time : lien vidéo ici

Cassiopea Coming Through : lien vidéo ici

dimanche 21 novembre 2021

Valravn - Koder På Snor (2009)

Valravn Koder På Snor
Valravn - Koder På Snor (2009)

Pourquoi écouter ce disque ?

Au début des années 2000, au Danemark, l'ensemble Virelai jouait de la musique médiévale acoustique. Il réunissait la chanteuse féroïenne Anna Katrin Egilstrøð, Martin Seeberg, Søren Hammerlund et Juan Pino, musicien d'origine suisse et équatorienne installé au Danemark. Leur rencontre avec Christopher Juul, faiseur de sons électroniques, les emmène vers un nouveau projet baptisé Valravn. Dans le folklore danois, le valravn était un corbeau qui se nourrissait des cadavres tombés au combat sur les champs de bataille. Il pouvait prendre ensuite l'aspect d'un chevalier ou d'une créature surnaturelle mi-loup et mi-corbeau. Pour la première fois, au Danemark, un groupe s'essaie à intégrer aux instruments traditionnels des sons électroniques modernes. Ce qui ne peut que susciter l'intérêt. En 2007, sort un premier album éponyme où ne sont repris que des airs anciens revisités. Sa suite, Koder På Snor arrive en 2009 et marque une montée en puissance. Désormais, les musiciens se risquent à interpréter leurs propres compositions, tout en conservant ce même esprit, entre tradition et modernité. La comparaison avec Björk est inévitable, tellement le style d'Anna Katrin se rapproche de celui de la chanteuse islandaise. On pense également à sa compatriote des îles Féroé Eivør, ainsi que, plus surprenant, à Chako de la formation japonaise Jack Or Jive. Côté musique, ce sont les Allemands de Faun qui viennent immédiatement à l'esprit. Beaucoup d'espoir était placé en Valravn, malgré les départs de Martin Seeberg et Søren Hammerlund partis ressusciter Virelai après la sortie de Koder På Snor. Réduit à un trio, Valravn s'apprêtait à faire paraître un troisième album en 2013, mais Anna Katrin et Juan Pino ont tiré leur révérence, réduisant le projet à néant. Christopher Juul s'en ira fonder Heilung, groupe de folk expérimental, avec la chanteuse norvégienne Maria Franz qui avait fait une apparition sur Koder På Snor. Il collaborera par la suite avec Faun sur leur album Midgard en 2017, puis avec Myrkur pour le sublime Folkesange en 2020. Valravn demeure aujourd'hui encore une référence tant chez les amateurs de pagan folk que chez les passionnés de folktronica nordique. 

Musiciens

Anna Katrin Egilstrøð : chant, sansula, lyre, hammered dulcimer
Martin Seeberg : flûte, alto, lyre, violoncelle
Søren Hammerlund : mandole, vielle à roue, nyckelharpa
Juan Pino : davul, percussions, hammered dulcimer
Christopher Juul : claviers, sons électroniques

Maria Franz : chant
Helen Davis : harpe
Mpin : chœurs

Titres

01. Koder På Snor
02. Kelling
03. Sjón
04. Kraka
05. Seersken
06. Fuglar
07. Kroppar
08. Lysabild
09. Farin Uttan At Verða Vekk

Vidéos

Koder På Snor : lien vidéo ici

vendredi 19 novembre 2021

Judy Collins - Golden Apples Of The Sun (1962)

Judy Collins Golden Apples Of The Sun
Judy Collins - Golden Apples Of The Sun (1962)

Pourquoi écouter ce disque ?

Judy in progress. Moins d'un an après la sortie de son premier album, A Maid Of Constant Sorrow, Judy Collins, alors âgée de 23 ans, revient avec ce deuxième opus au doux titre évocateur, Golden Apples Of The Sun. Dès la première écoute, il est évident que Judy a pris confiance en elle. Sa voix d'une pureté toujours aussi limpide, est mieux posée, plus réfléchie. Secondée sur quelques titres par le guitariste Walter Raim, et le bassiste Bill Lee, père du cinéaste Spike Lee, elle s'accompagne à la guitare acoustique, instrument qu'elle a adopté à ses 16 ans, délaissant alors le piano. Interprétée a cappella, la délicate berceuse Christ Child Lullaby met sa voix entièrement à nu, tout comme Lark  In The Morning qui deviendra par la suite un classique du répertoire de Steeleye Span et Maddy Prior. Les dix autres chansons de Golden Apples Of The Sun assoient Judy dans sa zone de confort, toutes étant des chants traditionnels à quelques exceptions près. Les paroles de la chanson-titres correspondent aux derniers vers d'un célèbre poème de William Butler Yeats inspiré des mythologies grecques et irlandaises, The Song Of Wandering Aengus. 10.000 Maniacs puis les Waterboys en livreront plus tard leurs propres versions. Twelve Gates To The City du révérend Gary Davis est d'abord un air gospel. Tell Me Who I'll Marry se présente comme une autre curiosité. Si, habituellement, Judy reprend des chants traditionnels issus du monde anglo-saxon, États-Unis et îles britanniques avant tout, cette chanson subtilement arrangée par Walter Raim, trouve ses origines en Pologne. Sing Hallelujah de Mike Settle où on retrouve Bill Lee est une réussite, tout comme l'émouvant Crow On The Cradle, ainsi que ce grand classique que deviendra Great Selchie Of Shule Skerry. Originaire des îles Shetland, cette légende s'inspire des selkies, créatures mythologique mi-humaines, mi-phoques. Joan Baez, son éternelle concurrente et amie, l'avait reprise en 1961, suivront Trees sur leur sublime The Garden Of Jane Delawney, Steeleye Span, puis Dave Bainbridge et Troy Donockley, alors membres de Iona, sur When Worlds Collide en 2005. Judy Collins réalise un grand pas en avant avec ce deuxième disque. Animée par la passion, rien ne semble pouvoir l'arrêter, elle qui, du haut de ses 80 ans aujourd'hui, demeure toujours aussi active et continue à surprendre. 

Musiciens

Judy Collins : chant, guitare acoustique, piano

Walter Raim : guitare, banjo
Bill Lee : basse

Titres

01. Golden Apples Of The Sun
02. Bonnie Ship The Diamond
03. Little Brown Dog
04. Twelve Gates To The City
05. Christ Child Lullaby
06. Great Selchie Of Shule Skerry
07. Tell Me Who I'll Marry
08. Fannerio
09. Crow On The Cradle
10. Lark In The Morning
11. Sing Hallelujah
12. Shule Aroon

Vidéos

Great Selchie Of Shule Skerry : lien vidéo ici

Crow On The Cradle : lien vidéo ici

Golden Apples Of The Sun : lien vidéo ici