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lundi 8 avril 2019

Dam Kat - Alawn (2018)

Dam Kat Alawn
Dam Kat - Alawn (2018)

Pourquoi écouter ce disque ?

Affranchie de son projet Children In Paradise le temps d'un album, Dam Kat partage sa quête d'harmonie sur le bien nommé Alawn, qui a justement cette signification ("harmonie") en vieux gaélique. A travers cette œuvre introspective, la chanteuse cherche à délivrer son âme incandescente de ses peurs, souffrances et interrogations. Jamais elle n'a été aussi directe, ni s'est mise autant à nu. Les titres, une fois traduits en français, parlent pour elle : "Courage & Souffrance", "Le Démon en moi", "Se sentir libre", "J'écris un poème", "Essayer d'aimer", "Qui sont ces dieux ?", et enfin "Je crois". La musique, bien plus violente que sur les albums de Children In Paradise, notamment les guitares, l'aide à se libérer des cauchemars qui la hantent, mais aussi à exprimer toute sa colère, sa révolte envers les horreurs incessantes de ce monde d'une violence inouïe. Surtout, ne pas se fier à la douceur de sa voix, caressante comme celle de Beth Gibbons, mais, d'un point de vue musical, regarder plutôt vers Porcupine Tree et ses airs torturés. Pour arriver à ce résultat, Dam Kat s'est entourée d'une belle brochette d'invités. Tout d'abord, Daniel Cardoso (Anathema, Anneke van Giersbergen) s'est chargé de la masterisation. Côté musiciens, on a le plaisir de retrouver son compagnon Gwalchmei aux guitares et le sonneur Loïc Bléjean, tous deux de Children In Paradise, ainsi que le trio MOTIS (Emmanuel Tissot, Martial Baudoin, Tony Carvalho), accompagnés, sur le single I Believe, du luthier breton Benjamin Simao à la lyre gauloise. S'il fallait résumer en une phrase cet ouvrage de maître, ce serait sans hésitation avec cette très belle citation à l'intérieur du livret : "De la souffrance peur rejaillir une lumière magnifique, il suffit d'y croire et de laisser les failles cicatriser". A méditer...

Musiciens

Dam Kat : chant, claviers, samples

Gwalchmei : guitares
Emmanuel Tissot : claviers, mellotron
Martial Baudoin : basse
Tony Carvalho : batterie
Loïc Bléjean : uilleann pipes, low whistle
Benjamin Simao : lyre gauloise

Titres

01. Courage And Sorrow 
02. Devil Inside Me
03. Feel Free 
04. I Write A Poem 
05. Try To Love - Part I
06. Try To Love - Part II
07. Who Are These Gods
08. I Believe   

samedi 25 février 2017

Children In Paradise - Mórrígan (2016)

Children In Paradise Morrigan
Children In Paradise - Mórrígan (2016)
Quatre ans. Quatre longues années ont été nécessaires aux Children In Paradise pour donner une suite au vénérable EsylltMórrígan, disponible en 2016, est le deuxième volet d'une trilogie ambitieuse dédiée aux mythes celtiques. 

Si le groupe demeure constitué du noyau Dam Kat (chant) - Gwalchmei (guitares), tous deux auteurs-compositeurs, auquel il ne faut pas oublier à la cornemuse et aux flûtes irlandaises Loïc Bléjean, le reste du line-up a complètement été renouvelé. Exit le pianiste Philippe Turbin, ce qui explique en partie ce nouveau son plus brut, et bienvenue à la nouvelle rythmique réunissant le batteur Frédéric Moreau influencé aussi bien par Stewart Copland que Phil Collins ou Mike Portnoy, et le bassiste Stéphane Rama aperçu aux côtés de Dan Ar Braz. Son jeu vif n'est pas sans rappeler celui d'un certain Simon Gallup de The Cure. D'ailleurs, Mórrígan s'inscrit dans la lointaine continuité de leur album culte Pornography tant il est traversé pas la même noirceur et un désespoir tout aussi profond. Cette face obscure se retrouve également sur l'album Metamorphosis de leurs cousins gallois Magenta, formation de rock néo-progressif menée par la chanteuse Christina Booth et le prolifique claviériste Rob Reed. Autre point commun entre chacun de ces disques incontournables, leurs pochettes à dominante rouge... sang.

Le rouge est la couleur associée à Mórrígan, déesse de la Mort, de la Guerre, de la Destruction, mais aussi de l'Amour et de la Protection. A travers la longue suite centrale lui étant consacrée, Dam Kat narre d'une voix ensorcelante sa vengeance envers Cú Chulainn, le héros celtique par excellence à l'épopée comparable à celle d'Achille de la mythologie grecque ancienne. Alors qu'elle s'était métamorphosée en jeune fille rousse pour le séduire, celui-ci a refusé sans ménagement ses avances. Une violente confrontation s'en suivra durant laquelle elle se transformera successivement en anguille, louve, vache puis corneille, la même que l'on peut admirer sur la magnifique pochette conçue par l'artiste polonais Tomasz Alen Kopera. Au final, la déesse prendra l'aspect d'une vieille dame qui, blessée, sera soignée par le héros.

Construites sur ce thème identique du courage face à la destinée et à la mort, les six autres chansons dégagent une même ambiance énigmatique et sépulcrale. La douce voix éthérée de Dam Kat, navigant dans un registre similaire à celui de Beth Gibbons de Portishead, se trouve en perpétuelle confrontation avec la guitare rugueuse et violente de Gwalchmei. Paradoxalement, cette dualité permanente donne son équilibre à l'album où il est question de solitude (Alone), de guerrier gaulois blessé (I Wait), de souffrance intérieure (I'm Falling), d'amour brisé (Stay), de regrets éternels (In My Mind) et de passage vers l'au-delà (He's Dying, splendide conclusion).

Cette présentation ne serait pas complète sans évoquer la participation exceptionnelle du joueur de carnyx John Kenny sur I'm Falling. Véritable œuvre d'art, cette impressionnante trompe mesurant plusieurs mètres, servait aux temps des Celtes autant à galvaniser les troupes qu'à terrifier l'ennemi. John Kerry, originaire d'Écosse, est un des rares musiciens actuels à savoir en jouer. Mélangé ici aux guitares, le rendu est saisissant.

De par son aspect torturé aux tourments incessants laissant peu d'espoir, Mórrígan offre une musique gothique flamboyante post-progressive aux influences celtiques d'un qualité indéniable ne pouvant que séduire. Le volet suivant abordera quant à lui la légende de la reine Boadicea et s'annonce tout aussi sombre. Entre-temps, Dam Kat proposera Alawn, son premier opus en solo réalisé en collaboration avec le fidèle Gwalchmei. Comme on dit si bien en anglais : "Can't wait!".

Animation de George Redhawk à partir de l'œuvre de
Tomasz Alen Kopera

Children In Paradise carnyx
Joueur de carnyx
© Kabuto 7

Musiciens


Dam Kat : chant, guitare, claviers
Gwalchmei : guitares
Loïc Bléjean : uilleann pipes, low whistle
Stéphane Rama : basse
Frédéric Moreau : batterie

John Kenny : carnyx

Titres


01. Alone
02. I Wait
03. I'm Falling
04. Intro - I Will Follow You
05. Part I -  Mórrígan
06. Part II - Cú Chulainn Is Mine
07. Part III - The Nightmare
08. Stay
09. In My Mind
10. He's Dying

samedi 7 janvier 2017

Children In Paradise - Esyllt (2012)

Children In Paradise Esyllt
Children In Paradise - Esyllt (2012)
Children In Paradise aurait pu être un supergroupe comme le rock progressif aime tant en produire, réunissant Heather Findlay (ex-Mostly Autumn) au chant, Chris Fry (Magenta) à la guitare, Dave Bainbridge (Iona) aux claviers, Troy Donockley (ex-Iona) aux uilleann pipes et whistles, Ian Jones (Karnataka) à la basse et Gavin Griffiths (Panic Room) à la batterie...

En réalité, les Children In Paradise sont Français, et même Bretons pour être plus précis. Mais si les musiciens cités avaient bien joué ensemble, il est certain que cela aurait sonné comme Esyllt tellement ce premier disque est d'une qualité exceptionnelle. Tout y est. La maîtrise technique de Magenta, l'ambiance atmosphérique de Karnataka, la touche celtique si caractéristique de Iona, l'intensité émotionnelle de Mostly Autumn et l'audace de Panic Room.

C'est en 2007 que Dam Kat, de son vrai nom Kathy Millot, réalise les toutes premières compositions de ce que deviendra Esyllt. Elle est rapidement rejointe par le guitariste Gwalchmei (Hengrist). Ensemble, ils forment le noyau dur de Children In Paradise. Ils choisissent ce nom en hommage aux anciens Celtes qui pensaient que les enfants naissaient avec le Savoir, mais qu'ils en perdaient l'essentiel en grandissant et vieillissant.

A l'image de la pochette, Esyllt est un disque introspectif, sombre ; miroir d'un imaginaire habité de personnages légendaires. On y croise Tristan et Iseult (Esyllt en celte) enflammés d'un amour éternel, le vaillant roi Arthur à la fin de sa vie (King Arthur's Dead), ainsi que Oengus, dieu solaire de la mythologie irlandaise symbolisant l'amour (Silent Agony). Telle une ensorceleuse, Dam Kat, dont le chant hypnotique trouble les esprits autant que celui de Beth Gibbons de Portishead, nous entraîne dans son univers tolkienien onirique (Little Butterfly) fait de guerres violentes (The Battle) où rôde la mort (Don't Forget Me).

Outre Gwalchmei, elle s'est entourée de Patrick Boileau à la batterie, Loïc Bléjean à la cornemuse et aux flûtes irlandaises, Hilaire Rama à la basse et Philippe Turbin aux claviers. Deux invités de marque lui ont fait l'honneur de leur présence : la harpiste Clotilde Trouillaud et Pat O'May, guitariste connu pour son travail avec Alan Simon (Excalibur, Anne De Bretagne).

Esyllt, premier volet d'une ambitieuse trilogie consacrée aux mythes et légendes de la civilisation celtique, permet à Children In Paradise d'intégrer directement la cour des grands. Morrigan, son honorable successeur, viendra apporter en 2016 un vent nouveau à cette saga placée sous les meilleurs auspices. 


Musiciens


Dam Kat : chant
Gwalchmei : guitare
Philippe Turbin : claviers
Hilaire Rama : basse
Parick Boileau : batterie
Loïc Bléjean : uilleann pipes, low whistle

Pat O'May : guitare
Clotilde Trouillaud : harpe

Titres


01. Little Butterfly
02. King Arthur's Death
03. My Son
04. The Battle
05. Esyllt
06. Silent Agony
07. Don't Forget Me
08. I'm Not Scared
09. Lokk Around You
10. I'm Alive