Closer annonce avec deux ans d'avance la sortie de She, opéra rock composé par Clive Nolan auquel participera Christina Booth de Magenta.
Il s'agit ici de la première collaboration discographique entre le virtuose des claviers et la chanteuse Agnieszka Swita. Originaire de Lublin, en Pologne orientale, Agnieszka se passionna très jeune pour la musique. Son premier groupe, Clemency, était aussi bien inspiré par la cold wave que le gothique ou le rock progressif. En 2005, sa rencontre avec Clive Nolan (Pendragon, Shadowland, Strangers On A Train, Arena...) la fait quitter son pays natal pour s'installer en Grande-Bretagne. Tous deux se lancent alors dans le projet "Caamora" dont She sera l'aboutissement.
Pour l'heure, le duo nous sert cet EP 5 titres en guise d'amuse-bouche. Dès Half Moon Street, le premier morceau, Agnieszka nous dévoile tout son talent de dramaturge sur ce titre réarrangé que l'on trouve initialement sur l'album Through The Looking Glass de Shadowland. Ils sont accompagnés à la guitare par Mark Westwood (futur bassiste de... Shadowland !), à la basse par John Jowitt (IQ, Arena) et à la batterie par Andy Edwards (IQ, Robert Plant). Tous les trois sont également présents sur The Bonding, troisième piste de l'EP et futur extrait de She.
Clive et Agnieszka opèrent ensuite seuls sur la splendide ballade A World Somewhere où la chanteuse laisse découvrir une facette plus sensuelle de son admirable voix, sur Sacrifice, interprétée à l'origine par Tracy Hitchings pour l'album The Key Part I: The Prophecy de Strangers On A Train, et sur le très beau morceau titre Closer, simple piano/chant que reprendra magistralement, avec tout le talent que l'on lui connaît, Christina Booth dans She.
Clive Nolan a le don de mettre en valeur ses chanteuses. Il l'a démontré quelques années auparavant avec Tracy Hitchings ou Michelle Young. Il le démontre à nouveau avec Agnieszka Swita, nouvelle venue dans l'univers du rock progressif, dont les aptitudes vocales, déjà impressionnantes, ne vont cesser de s'étoffer et de se perfectionner.
Telpa Europa est le nom du premier groupe crée par Rob Cottingham avec des camarades de classe ("Un grand nom mais pas un aussi grand groupe", selon le principal intéressé). Puis, les décennies se sont succédées, de même que les différentes formations auxquelles il a appartenu. En mars 2002, il sort son premier album solo, Behind The Orchad Tree. A partir des paroles d'une de ses chansons, All We've Done, il adopte le nom de son nouveau projet musical : Touchstone. Cette appellation évoque à la fois la délicatesse et la dureté, ainsi que, par extrapolation, rock progressif et métal, deux styles à l'essence même du concept.
Il faut cependant attendre 2006 pour que paraisse Mad Hatters,le premier EP quatre titres du groupe. A cette époque, outre Rob Cottingham aux claviers et au chant, Touchstone est constitué d'Adam Hodgson à la guitare, de Paul 'Moo' Moorghen à la basse, de Simon Cook à la batterie et de Liz Clayden au chant. Ces deux derniers ne sont que de passage et céderont leur place en 2007. Quant à Adam Hodgson, il a la particularité d'avoir déjà un pied dans le milieu, non pas en tant que musicien, mais en tant que concepteur de pochettes d'albums. On lui doit notamment celles de Seven et Home du groupe Magenta, ainsi que celle du ProgAID. Bien évidemment, il a également conçu celle, très réussie et très soignée, de Mad Hatters.
Les quatre chansons enregistrées posent les bases du futur Touchstone. Misguided Fool s'ouvre avec les claviers "marillionesque" de Rob très vite rejoint par la guitare heavy d'Adam. Cette même guitare fait à nouveau merveille sur le titre suivant, One Shot. Hear Me, ballade bien plus calme, trouve son origine dans Behind The Orchad Tree. Enfin, The Mad Hatter's Song, longue de huit minutes, alterne avec beaucoup d'émotions chant masculin et voix féminine.
En 2012, le disque bénéficie d'une réédition réalisée par le label indépendant allemand SPV. Trois titres live ont été rajoutés en bonus : Original Sin, à l'origine sur l'album Wintercoast (2009), Dignity de Discordant Dreams (2007) et Mad World, titre caché, composé par Tears For Fears. Sur ce dernier, le groupe est rejoint sur scène par son parrain, John Mitchell (Arena, It Bites, Frost*). En effet, c'est lui qui leur a mis le pied à l'étrier en produisant et mixant Mad Hatters, avec Ben Humphreys, dans ses studios. Enregistrées lors de la tournée de 2009, puis parues dans le double album Live In The USA, ces versions nous permettent de découvrir la formation classique de Touchstone, celle incluant la pétillante Kim Seviour au chant.
Mad Hatters est donc une curiosité discographique dans la carrière de cette nouvelle formation forte intéressante et très prometteuse. Une première étape est franchie, mais le meilleur reste à venir.
Musiciens
Rob Cottingham : chant, claviers
Liz Clayden : chant
Adam Hodgson : guitares
Moo : basse, chœurs
Simon Cook : batterie
Bonus (2012)
Rob Cottingham : chant, claviers
Kim Seviour : chant
Adam Hodgson : guitares
Moo : basse, chœurs
Al Melville : batterie
Titres
01. Misguided Fool
02. One Shot
03. Hear Me
04. The Mad Hatter's Song
Bonus (2012)
05. Original Sin
06. Dignity
07. Mad World
Rob Reed ne chôme pas en cette année 2006. Il multiplie les collaborations fructueuses, que ce soit avec Troy Donockley sur le dernier album de Magenta, l'excellent Home, ou avec Annie Haslam, du groupe de légende Renaissance, pour le single Night And Day, ou encore avec Steve Balsamo et Rob Thompson, tous deux respectivement chanteur et guitariste du groupe gallois The Storys, au sein du projet hybride Chimpan A.
Conçu autour de ces trois individus, Chimpan A accueille en son sein une multitude d'invités : les chanteuses Sam Brown (Pink Floyd, Fish), Aitch McRobbie (David Gilmour, Deep Purple), Christina Booth (Magenta, Trippa), Margo Buchannon (Eric Clapton, Joni Mitchell), la chanteuse galloise d'opéra Sian Cothi, l'arrangeur Nigel Hopkins (Elin Fflur, Elvis Costello), le batteur Ryan Aston (Trippa, Elin Fflur, McCarthy), le poète Tony Dallas, le trompettiste Andrew Griffiths et le DJ Richard 'Bluey' Cornock.
Avec tout ce beau monde, notre trio nous a composé une album regorgeant d'influences diverses. Au fil des morceaux, nous croisons aussi bien l'ombre de Pink Floyd, que celle de Moby, Peter Gabriel, Björk, Massive Attack, Ennio Morricone ou encore Mike Oldfield dont un extrait de son célèbre Tubular Bells a directement été samplé dans l'introduction de The Secret Wish. Une abondance de styles musicaux sont représentés : le progressif évidemment, mais aussi la pop, le classique, l'opéra, le gospel, la soul, le rock, le jazz, le rap, le trip hop, la dance, l'electro et bien d'autres encore.
De ce magma musical, quatre chansons se démarquent largement des autres. You Move In Me, délicate ballade chantée en duo par Steve Balsamo et une Christina Booth légèrement en retrait, mais à la voix toujours aussi suggestive. Sam's Song, autre duo de Steve Balsamo avec, cette fois-ci, Sam Brown, s'étend sur sept minutes et n'est pas sans rappeler le fameux Just Good Friends qu'elle avait interprété avec Fish en 1995. Sur Future Love Games, la soprano Sian Cothi étale tout le potentiel de sa voix qui allie avec subtilité puissance et émotion. Cette voix fait à nouveau merveille sur le très progressif The Last Night On Earth, morceau captivant, construit à partir d'un texte lu par Tony Dallas, qui ne cesse de montée en intensité jusqu'à son final explosif.
Chimpan A est une sorte d'OVNI dans la carrière de Rob Reed. Il ne ressemble à aucun autre de ses albums et demeure insaisissable, difficilement appropriable notamment à cause de ce (trop ?) grand nombre de styles musicaux abordés. Toutefois, sa collaboration avec Steve Balsamo ainsi que l'idée de réunir un nombre important d'artistes autour d'un même projet, déjà mise en œuvre sur ProgAID, annonce, avec quelques années d'avance, un autre projet bien plus ambitieux et intéressant : Kompendium. Rendez-vous en 2012 !
Musiciens
Rob Reed : claviers, programmation
Steve Balsamo : chant
Rob Thompson : guitares
Sam Brown : chant Aitch McRobbie : chant Christina Booth : chant Margo Buchannon : chant Sian Cothi : chant Nigel Hopkins : arrangement des cordes, programmation Ryan Aston : batterie Tony Dallas : lecture Andrew Griffiths : trompette Richard 'Bluey' Cornock : platines
Titres
01. Theme From Chimpan A (Part 1) 02. It's Only Sin 03. You Move In Me 04. Future 1 05. The Secret Wish 06. Sam's Song 07. Future Love Games 08. The Last Night On Earth 09. The Thief 10. Are You With Me? 11. I Came To Say... 12. Theme From Chimpan A (Part 2)
Renaissance - Sheherazade
And Other Stories (1975)
Un an après Turn Of The Cards, Renaissance sort son deuxième chef d'œuvre consécutif qui bénéficiera lui aussi d'une remasterisation de qualité en 2006. Scheherazade And Other Stories est indéniablement l'album le plus ambitieux du groupe depuis sa création, ne serait-ce qu'avec Song Of Scheherazade inspirée du poème symphonique du même nom composé par Nikolaï Rimski-Korsakov à Saint-Pétersbourg, en 1888, dont la durée approche les 25 minutes.
Tout est absolument fabuleux dans ce disque.
Sa pochette, une miniature persane illustrant l'histoire de Shéhérazade du conte des Mille Et Une Nuits, est à nouveau signée Hypgnosis. La qualité est telle que l'on jurerait une reproduction originale.
La production a été partagée entre le groupe et David Hitchcock. Ce dernier a collaboré auparavant avec Caravan, Camel, mais il a acquis une certaine renommée grâce à son travail sur l'album Foxtrot (1972) de Genesis qui contient le morceau fleuve, et désormais mythique, Supper's Ready. L'enregistrement a eu lieu dans les non moins mythiques studios d'Abbey Road où les arrangements orchestraux ont été réalisés par Tony Cox à qui l'on doit déjà ceux de Time And A Word de Yes (1970).
D'ailleurs, la présence de l'orchestre, doublée d'arrangements ingénieux, contribue à donner à Renaissance ce son unique que l'on ne retrouve nulle part ailleurs à l'époque. Toutefois, cette exceptionalité réside avant tout dans la voix littéralement envoûtante d'Annie Haslam qui sait monter dans les aigus comme personne, dans la guitare de Michael Dunford qui, quelque soit le morceau, ne joue qu'en acoustique, jamais en électrique, dans la basse si mélodieuse de Jon Camp, dans le jeu de claviers si reconnaissable de John Tout et dans la frappe aussi bien vive que précise de Terence Sullivan.
Si l'intégralité des paroles est due à la poétesse Betty Thatcher, Michael Dunford n'est plus l'unique compositeur. Les deux "Jo(h)n", Tout et Camp, ont également apporté leur contribution, ce qui donne l'agréable impression d'un travail bien plus collectif.
La première partie de l'album, qui correspond à l'ancienne face A des 33 tours, comprend trois titres. L'épique de 10 minutes Trip To The Fair, introduit au piano par un John Tout dantesque, évoque le premier rendez-vous d'Annie Haslam avec Roy Wood, son futur mari. The Vultures Fly High, plus court et plus classique, s'inscrit dans la continuité de ce que le groupe a déjà proposé auparavant. Quant à la splendide ballade folk Ocean Gipsy, elle aura l'honneur d'être reprise sur le premier album de Blackmore's Night, Shadow Of The Moon, plus de vingt ans après.
Mais c'est bien Song Of Scheherazade, l'ancienne face B, qui attire l'attention. Divisée en neuf mouvements, cette suite est essentiellement instrumentale et ne compte que trois parties chantées. The Sultan relate l'histoire du sultan qui, suite à l'infidélité de son épouse, décide de passer chaque nuit avec une jeune vierge qu'il assassine au lever du jour par vengeance. Schheerazade, la nouvelle élue, à l'idée de lui raconter, nuit après nuit, des contes tous aussi passionnants les uns que les autres, afin de rester en vie. The Young Prince And Princess as told by Scheherazade est l'un de ses merveilleux contes. Enfin, The Festival marque la fin heureuse avec le mariage de la captive et du sultan qui met ainsi un terme à cette série de meurtres macabres.
Quarante ans après sa parution, Scheherazade And Other Stories demeure toujours aussi époustouflant. Il a permis à Renaissance d'entrer dans la légende et de devenir un groupe phare du mouvement progressif aux côtés de Genesis, Yes, Pink Floyd ou King Crimson. S'il est aujourd'hui légèrement tombé dans l'oubli, son héritage est encore bien présent au sein de groupes comme Magenta qui en revendiquent fièrement l'influence.
Musiciens
Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitare acoustique, chant
John Tout : claviers, chant
Jon Camp : basse, chant
Terence Sullivan : batterie, percussions, chant
Titres
01. Trip to The Fair
02. The Vultures Fly High
03. Ocean Gipsy
04. Song Of Scheherazade
Sans Renaissance, Magenta, Iona, Mostly Autumn, Karnataka et bien d'autres encore n'auraient probablement jamais vu le jour. Formé à la fin des années 60 par deux anciens Yardbirds, Keith Relf et Jim McCarty, Renaissance est la référence incontournable de tous les groupes de rock progressif avec chanteuse qui lui ont succédé. Contemporain des Yes, Genesis ou autres Pink Floyd, cette formation va connaître une histoire mouvementée dès ses origines.
En effet, en 1974 lorsque sort son cinquième album et premier chef d'œuvre, Turn Of The Cards, les membres présents n'ont plus rien à voir avec la formation originale qui, outre McCarty à la batterie et Relf à la guitare et au chant, comprenait la sœur de ce dernier, Jane Relf, au chant, John Hawken au piano et Louis Cennamo à la basse. Désormais, le groupe est constitué d'Annie Haslam au chant (soprano), de John Tout aux claviers, de Jon Camp à la basse, de Terry Sullivan à la batterie et de Michael Dunford à la guitare acoustique. Ce dernier est le compositeur de toutes les musiques tandis que les paroles sont signées par sa compagne de l'époque, Betty Thatcher.
Paru la même année que The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis, que Crime Of The Century de Supertramp, que Red de King Crimson, mais aussi que Rising For The Moon de Fairport Convention, groupe avec lequel Renaissance a parfois été comparé, Turn Of The Cards, est un album extrêmement sombre. Sa pochette énigmatique, réalisée par Hipgnosis, célèbre pour son travail avec Pink Floyd, Electric Light Orchestra ou Led Zeppelin (Houses Of The Holy), représente un jeu de tarot tenu par une main face à un paysage duquel se découpe un château médiéval au crépuscule.
L'album est seulement constitué de six titres où se mélangent à la fois rock, folk, jazz et classique. Trois atteignent les neufs minutes dont le grandiose Mother Russia, aux orchestrations glaciales, inspiré de la lecture d'Une Journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne évoquant la souffrance du Goulag. Tout aussi dramatique, Black Flame aborde la guerre du Vietnam (nous sommes dans les années 70) en se posant la question du mal présent en chaque être humain. Quant au titre le plus court, Cold Is Being, il dépasse à peine les trois minutes et n'est autre qu'un arrangement de toute beauté du célèbre Adagio d'Albinoni.
Porté par la voix fantomatique d'Annie Haslam, Turn Of The Cards marque le début d'une trilogie correspondant au sommet de la carrière du groupe qui se poursuivra avec les albums Scheherazade And Other Stories en 1975, puis Novella en 1977.
En 2006, alors qu'Annie vient de réaliser, en collaboration avec Magenta, le single Night And Day après plusieurs années de silence, Turn Of The Cards connaît une "renaissance" grâce à une réédition et remasterisation de grande qualité qui permet ainsi de (re)découvrir ce disque, tout aussi intemporel que l'inaltérable Dark Side Of The Moon d'un an son aîné.
Musiciens
Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitare acoustique, chant
John Tout : claviers
Jon Camp : basse, chant
Terence Sullivan : batterie, percussions, chant
Titres
01. Running Hard
02. I Think Of You
03. Things I Don't Understand
04. Black Flame
05. Cold Is Being
06. Mother Russia
Attention collector ! Cet EP 4 titres est la rencontre au sommet entre Annie Haslam, chanteuse culte du groupe Renaissance qui a connu son apogée dans les années 70, et Magenta issu de la nouvelle vague des années 2000 du courant progressif.
Petit retour en arrière.
Christina, chanteuse de Magenta, n'a pas du tout grandi en écoutant du rock progressif. Bien au contraire, dans sa jeunesse, elle était plutôt branchée punk. Elle ignorait donc tout de Renaissance jusqu'à sa rencontre avec Rob Reed et la sortie du premier album de Magenta, Revolutions, où la critique ne cessait de faire la comparaison entre sa voix et celle d'Annie Haslam. Intriguée, elle décide de s'intéresser à cette dernière afin de mieux la connaître. En 2004, via le site web d'Annie, alors en retrait du monde musical depuis quelques années et reconvertie dans la peinture, elle prend contact et lui fait parvenir une copie de Seven, tout juste paru. Puis les deux artistes se rencontrent au printemps 2005, lors du festival RoSFest à Phoenixville auquel participe Magenta.
Quelques semaines après, Christina écrit la chanson Night And Day suite à un rêve ésotérique qu'elle a fait lors d'un séjour dans un ranch en plein cœur du Wyoming. Après l'avoir arrangée avec Rob Reed, ils proposent à Annie de l’enregistrer. Ce qu'elle accepte avec grand plaisir.
Ceux sont trois versions de cette même chanson qui se trouvent sur cet EP. L'originale s’inscrit dans la continuité du Nothern Lights de Renaissance, un des rares "hits" du groupe qui a eu le privilège de passer en radio. Elle correspond donc parfaitement au répertoire d'Annie qui en livre une interprétation remplie de convictions. Sur l'Evening Mix, la batterie et la guitare sont en retraits au profit du piano et de la cornemuse de Troy Donockley. Cette version présente un grand intérêt car elle s'apparente à une version acoustique et met bien plus en avant la fantastique voix d'Annie. La troisième est absolument grandiose puisqu'il s'agit d'un duo avec Christina. Les deux voix sont d'abord face à face puis se mêlent dans un tourbillon d'intensité absolument gigantesque.
La pochette du disque est une peinture d'Annie inspirée par la chanson Night And Day. Cette œuvre, intitulée Essence Of Love a, à son tour, inspiré Rob Reed qui a composé l'instrumental du même nom aux sonorités très oldfieldiennes. Il est placé en troisième position sur le disque.
La parution de ce petit EP aura, au final, des conséquences des plus bénéfiques. En effet, cet adoubement a permis à Magenta d'accroître son influence sur la scène progressive et de devenir, simultanément à la parution de leur dernier album incontournable Home, le véritable fer de lance des groupes avec chanteuses. Quant à Annie Haslam, cette reconnaissance de la nouvelle génération va lui redonner confiance, puis l'encourager "progressivement" à reprendre le chemin des studios en vue de reformer Renaissance et d'asseoir ainsi définitivement son statut d'icône du mouvement progressif.
Musiciens
Annie Haslam : chant
Christina Booth : chant
Rob Reed : claviers
Chris Fry : guitare
Dan Fry : basse
Allan Mason-Jones : batterie
Martin Rosser : guitare
Troy Donockley : uilleann pipes, flûtes
Titres
01. Night And Day
02. Night And Day - Evening Mix
03. Essence Of Love
04. Night And Day - Duet With Christina
Après The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis dans les années 70, après The Wall de Pink Floyd qui a marqué les années 80, après Brave de Marillion dans les années 90, Magenta publie, en 2006, Home, le concept-album des années 2000. Ce disque est le projet le plus ambitieux de la carrière du groupe et succède aux déjà excellents Revolutions et Seven. D'abord vendu en album simple accompagné du EP New York Suite, Rob Reed aura la bonne idée de le rééditer en 2009, dans une version double avec les chansons de l'EP respectant l'ordre chronologique de l'histoire.
Car Home est avant tout une histoire. Celle d'une jeune femme passée du mauvais côté de la loi qui décide de quitter Liverpool pour partir aux États-Unis en quête d'une vie meilleure. Pleine d'espoir, elle va rapidement déchanter. Rattrapée par ses vieux démons (l'alcool, la drogue et la prostitution) suite à de mauvaises rencontres à New York, elle fuit à nouveau et erre à travers le pays. Toutefois, sa rencontre avec Joe, un Indien d'Amérique, va complètement bouleverser sa vie. Grâce à lui, elle retrouvera la paix intérieure et aura la force de rentrer chez elle, dans son pays natal, afin de mettre un terme à cette épopée, véritable voyage initiatique.
Le rôle principal est tenu par la chanteuse du groupe, Christina, qui interprète chaque chanson à la première personne, les rendant ainsi encore plus poignantes. Habitée par son personnage, elle se transforme en une véritable actrice traversée par toute une palette d'émotions. Son chant, d'une précision jusque là inégalée, s'accorde avec chacune des couleurs du disque, passant de la joie à la tristesse, de la tristesse à la nostalgie ou de la nostalgie à l'espoir.
Elle est dirigée par le metteur en scène Rob Reed, secondé par son frère Steve Reed, auteur des paroles et à l'origine de l'histoire. Comme à son habitude, Rob multiplie les casquettes en étant à la fois derrière la caméra en tant que producteur, et devant, en jouant toute une multitude d'instruments (claviers, basse, percussions, guitare, mandoline, chœurs). Il est secondé à la guitare par Chris Fry et Martin Rosser, à la batterie par Allan Mason-Jones et à la basse par le frère de Chris, Dan Fry, remplaçant de Matthew Cohen parti fonder The Reasoning. Quelques "guest stars" font également de courtes, mais remarquées, apparitions, parmi lesquelles Tim Robinson, vieux compère de Rob, à la batterie, Hywel Maggs qui électrise Joe et Journey's End avec sa guitare, Lee Goodall au saxophone sur Moving On donnant l'impression d'entendre Dick Parry sur un morceau du Pink Floyd, ou encore l'exceptionnel Troy Donockley à la cornemuse sur les deux morceaux de fin, The Traveller's Lament et Home, illuminant ainsi l'espoir retrouvé.
A lire les différentes critiques, dans l'ensemble enthousiastes et unanimes, il est évident que les sources d'inspiration sont multiples. Leurs illustres aînés, comme pour chacune de leurs œuvres antérieures, sont évoqués : Yes (pour la basse), Renaissance (pour le chant), Pink Floyd (pour les guitares) et Genesis (pour les claviers). La comparaison avec leurs contemporains comme Mostly Autumn ou Iona grâce, notamment, à la présence de Troy Donockley, ainsi que Glass Hammer pour l'aspect le plus symphonique de leur musique, est également recevable. Les influences de Mike Oldfield et d'Elton John sont, elles, clairement revendiquées par Rob Reed en personne, de même que celles, plus surprenantes, de Kiss, Oasis, Eagles, Massive Attack ou Kate Bush. Enfin, dans certains recoins, plane l'ombre de Marillion, de Camel, de Kayak ou des Flower Kings.
Home, produit protéiforme de toute cette somme, est avant tout un album d'exception, fruit d'un travail minutieux, qui se classe parmi les plus réussis de sa catégorie. De toute la carrière du groupe, s'il ne fallait ne conseiller qu'un seul album de leur discographie, ce serait sans aucune hésitation ce chef œuvre à la fois doux, mélancolique et émotionnellement très fort.
Magenta - Home + New York Suite
(2006)
Musiciens
Christina : chant
Rob Reed : claviers, basse, guitare, flûte, tambourin, mandoline, chœurs
Chris Fry : guitare
Martin Rosser : guitare
Dan Fry : basse
Allan Mason-Jones : batterie
Tim Robinson : batterie
Martin Shellard : guitare
Lee Goodall : saxophone
Hywel Maggs : guitare
Christian Philips : guitare, chœurs
Troy Donockley :uilleann pipes, flûte
Mal Pope : chœurs
Lorraine King : chœurs
Titres
1.01. This Life
1.02. Hurt
1.03. Moving On
1.04. My Home Town (Far Away)
1.05. Brave New Land
1.06. The Journey
1.07. Towers Of Hope
1.08. Arrival
1.09. Home From Home
2.01. White Lies
2.02. Demons
2.03. Truth
2.04. Morning Sunlight
2.05. Joe
2.06. The Dream
2.07. The Visionary
2.08. Journey's End
2.09. The Traveller's Lament
2.10. Home
Marc Atkinson est un homme heureux et il nous le fait savoir grâce à son deuxième album solo, This Is Where We Are qui succède à Seasons Of My Life paru deux ans plus tôt, en 2004.
Le bonheur, l'amour s'expriment à travers ses chansons centrées essentiellement sur sa fiancée, Tamsin, et sa relation avec elle (Monday Girl, I Do, Amber In Your Eyes), leur fille Enya, alors âgée de deux ans (I Won't Block Out Your Sun), ou ses réflexions suite à la lecture du best-seller mondial Conversations avec Dieu de Neale Donald Walsch qui a inspiré le titre final Conversation Dries.
Toutefois, quelques passages plus sombres viennent perturber l'ensemble comme When Dreams Collide évoquant les rêves de jeunesse entre amis brisés, ou Where Were You? sur notre indifférence face à la misère du monde.
Album semi-acoustique, This Is Where We Are s'inscrit dans la continuité de Gabriel en sommeil depuis deux ans. A l'exception d'Alan Scott, tous les anciens membres du groupe présents sur Ascension sont venus jouer quelques notes : Graham Hodge à la guitare acoustique, 'Rob' Swann aux claviers et Andy Seddon à la basse. A leurs côtés, Iain Jennings (claviers), unique représentant de Mostly Autumn, Dave Clements (basse), Paul Cusick (guitare), Marc Rowen (guitare) et la sœur de Marc, Janine Atkinson, ont apporté, à leur tour, une aide précieuse.
This Is Where We Are est un disque des plus agréables à écouter. Non seulement à cette occasion , nous croisons la route de musiciens prometteurs comme Dave Clements, Mark Rowen ou encore Paul Cusick, mais il nous permet avant tout de faire plus ample connaissance avec un artiste à la fois touchant et authentique, et grand fan de la série TV "Doctor Who".
Musiciens
Marc Atkinson : chant, guitares, programmation, batterie, basse
Iain Jennings : claviers
Dave Clements : basse
'Rob' Swann : claviers, programmation batterie
Paul Cusick : guitare
Mark Rowen : guitare
Andy Seddon : basse
Graham Hodge : guitare, chœurs
Janine Atkinson : chœurs
Kassie Davies : chœurs
Hannah Gath : chœurs
Gary Watkinson : chœurs
Eny Atkinson Davies : voix
Titres
01. I Believe
02. I Won't Block Out Your Sun
03. This Is Where We Are
04. Monday Girl
05. Where Were You?
06. Shadow On The Moon
07. Just Another Melody Line
08. I Do
09. When Dreams Collide
10. Clockwork Man
11. Amber In Your Eyes
12. She Leaves A Light On
13. Whiplash
14. Conversation Diaries
Chaque album live de Mostly Autumn recèle son lot de (bonnes) surprises. Storms Over LondonTown, enregistré le 4 juin 2005 au London Astoria, tout comme son prédécesseur The V Shows, ne déroge pas à la règle.
Pour la première fois, les chansons de Storms Over Still Water sont jouées sur scène. Elles sont particulièrement mises en valeur puisque sur les onze titres sélectionnés, cinq proviennent du dernier album (Out Of The Green Sky, Broken Glass, Black Rain, Carpe Diem et Storms Over Still Water). Les autres sont issues de Passengers (Answer The Question, Distant Train), The Last Bright Light (Never The Rainbow) et The Spirit Of Autumn Past (Evergreen, The Spirit Of Autumn Past - Part I).
Le disque est structuré en deux parties avec d'abord les titres les plus rock et électriques (d'Out Of The Green Sky à Never The Rainbow), puis, à leur suite, les morceaux les plus atmosphériques et celtiques (de Distant Train à The Spirit Of Autumn Past - Part I).
Plus intéressant sont les invités présents, tous mis à l'honneur aux côtés de Bryan Josh (chant, guitares), Heather Findlay (chant, tambourin), Iain Jennings (claviers), Liam Davison (guitares, chœurs), Angela Gordon (flûte, claviers, chant, tambourin), Andy Smith (basse) et Andrew Jennings (batterie).
Olivia Sparnenn, découverte sur l'album solo de Iain Jennings, Breathing Space, et Rachel Jones, ancienne chanteuse de Karnataka qui a déjà collaboré avec Mostly Autumn sur The Story So Far..., sont toutes deux aux chœurs. Livvy interprète seule un Nerver The Rainbow dynamité, quant à Rachel elle tient le chant principal sur le très floydien Storms Over Still Water. Un vrai régal !
Ben Matthews, guitariste du groupe de hard Thunder, est venu prêter main forte sur Black Rain et Never The Rainbow en leur conférant un son bien plus "heavy" que les versions studio.
L'ami de toujours Troy Donockley a apporté avec lui cette fameuse "celtic touch" sur le magnifique Carpe Diem, incontestablement un des meilleurs titres du répertoire de Mostly Autumn, et sur Finlandia, composé par Sibelius, que l'on retrouve sur son premier album solo, The Unseen Stream, et sur celui de Maddy Prior, Flesh & Blood, où ses uilleann pipes (cornemuse) remplies de sensibilité font des merveilles.
En terminant le disque par l’irrésistible instrumental The Spirit Of Autumn Past - Part I signé Iain Jennings, Bryan Josh a souhaité rendre un hommage à son fidèle compagnon de route qui, à l'issue de cette nouvelle tournée, a décidé de quitter le navire Mostly Autumn pour s'embarquer dans un nouveau projet musical avec une certaine... Olivia Sparnenn.
Si on peut regretter que sur les 2 h 30 du show, seule une heure a été gravée sur CD, cela ne gâche en rien notre plaisir de se jeter dans ce magma de voix célestes, de claviers lumineux, d'envolées de guitares ou de flûtes aériennes si typiques du son "Mostly Autumn", groupe authentique qui ne triche jamais avec son public.
Musiciens
Bryan Josh : chant, guitares
Heather Findlay : chant, tambourin
Iain Jennings : claviers
Liam Davison : guitares, chœurs
Angela Gordon : flûte, claviers, chant, tambourin
Andy Smith : basse
Andrew Jennings : batterie
Ben Matthews : guitare
Troy Donockley : low whistles, uilleann pipes
Olivia Sparnenn : chant
Rachel Jones : chant
Chris Johnson : effets sonores
Titres
01. Out Of The Green
02. Broken Glass
03. Answer The Question
04. Black Rain
05. Never The Rainbow
06. Distant Train
07. Evergreen
08. Carpe Diem
09. Finlandia
10. Storms Over Still Water
11. The Spirit Of Autumn Past (Part I)
En vacances de Clannad qui n'a plus sorti d'album depuis 1998, à l'exception notable du Live In Concert en 2005, Moya Brennan revient, trois ans après Two Horizons sur lequel avait participé Troy Donockley, avec un nouvel album, probablement le plus personnel de sa carrière, Signature.
Sorti en 2006 en Irlande, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, le disque ne sera disponible dans le reste du monde qu'en 2007. Deux singles en seront extraits : No One Talks et Merry-go-round. Mais, s'il ne fallait retenir qu'un seul titre, ce serait, indéniablement, Black Night, émouvante ballade faisant référence à un des moments les plus tragiques de la vie de Moya.
D'ailleurs, toutes les chansons renvoient à son passé, à l'instar de la pochette du disque sur laquelle sont accrochés quelques souvenirs. Dans le fond, on aperçoit, sur la gauche, une photographie de ses parents, Maire et Leo, et une autre où ils l'entourent alors qu'elle est enfant. Sur la droite, sont présentés ses ballerines de petite fille, sa première paire de chaussures, le tambour de son père musicien, la pipe de son grand-père et les lunettes de sa grand-mère.
Tous ces instantanés de vie, heureux ou tristes, sont soigneusement distillés au fil des douze titres que compte l'album. Moya, portée par son histoire tout en se refusant à la moindre nostalgie, n'a jamais aussi bien chanté et réalise, avec Signature, un album élégant s'éloignant du Clannad traditionnel et explorant de nouveaux horizons musicaux forts intéressants.
Musiciens
Moya Brennan : chant, harpe, claviers
Paul Byrne : batterie, percussions
Fionan de Barra : guitare, claviers, chœurs
Cormac de Barra : harpe, chœurs
Eamonn Galldubh : uilleann pipes, whistles, flûtes
Yoshinobu Izumi : basse
Sam Jackson : piano, claviers
Siné ad Madden : fiddle, chœurs
Maire Breatnach : alto, fiddle
Grainne Hope : violoncelle
Tim Jarvis : claviers
Robbie Harris : percussions
Steve Hogan : batterie
Titres
01. Purple Haze
02. No One Talks
03. Merry-go-round
04. Always
05. Tapestry
06. Black Night
07. Hear My Prayer
08. Never Stray Far Away
09. Many faces
10. Hidden Stories
11. Gone Are The Days
12. Pill A Run O