Renaissance - Turn Of The Cards (1974) |
Sans Renaissance, Magenta, Iona, Mostly Autumn, Karnataka et bien d'autres encore n'auraient probablement jamais vu le jour. Formé à la fin des années 60 par deux anciens Yardbirds, Keith Relf et Jim McCarty, Renaissance est la référence incontournable de tous les groupes de rock progressif avec chanteuse qui lui ont succédé. Contemporain des Yes, Genesis ou autres Pink Floyd, cette formation va connaître une histoire mouvementée dès ses origines.
En effet, en 1974 lorsque sort son cinquième album et premier chef d'œuvre, Turn Of The Cards, les membres présents n'ont plus rien à voir avec la formation originale qui, outre McCarty à la batterie et Relf à la guitare et au chant, comprenait la sœur de ce dernier, Jane Relf, au chant, John Hawken au piano et Louis Cennamo à la basse. Désormais, le groupe est constitué d'Annie Haslam au chant (soprano), de John Tout aux claviers, de Jon Camp à la basse, de Terry Sullivan à la batterie et de Michael Dunford à la guitare acoustique. Ce dernier est le compositeur de toutes les musiques tandis que les paroles sont signées par sa compagne de l'époque, Betty Thatcher.
Paru la même année que The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis, que Crime Of The Century de Supertramp, que Red de King Crimson, mais aussi que Rising For The Moon de Fairport Convention, groupe avec lequel Renaissance a parfois été comparé, Turn Of The Cards, est un album extrêmement sombre. Sa pochette énigmatique, réalisée par Hipgnosis, célèbre pour son travail avec Pink Floyd, Electric Light Orchestra ou Led Zeppelin (Houses Of The Holy), représente un jeu de tarot tenu par une main face à un paysage duquel se découpe un château médiéval au crépuscule.
L'album est seulement constitué de six titres où se mélangent à la fois rock, folk, jazz et classique. Trois atteignent les neufs minutes dont le grandiose Mother Russia, aux orchestrations glaciales, inspiré de la lecture d'Une Journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne évoquant la souffrance du Goulag. Tout aussi dramatique, Black Flame aborde la guerre du Vietnam (nous sommes dans les années 70) en se posant la question du mal présent en chaque être humain. Quant au titre le plus court, Cold Is Being, il dépasse à peine les trois minutes et n'est autre qu'un arrangement de toute beauté du célèbre Adagio d'Albinoni.
Porté par la voix fantomatique d'Annie Haslam, Turn Of The Cards marque le début d'une trilogie correspondant au sommet de la carrière du groupe qui se poursuivra avec les albums Scheherazade And Other Stories en 1975, puis Novella en 1977.
En 2006, alors qu'Annie vient de réaliser, en collaboration avec Magenta, le single Night And Day après plusieurs années de silence, Turn Of The Cards connaît une "renaissance" grâce à une réédition et remasterisation de grande qualité qui permet ainsi de (re)découvrir ce disque, tout aussi intemporel que l'inaltérable Dark Side Of The Moon d'un an son aîné.
Musiciens
Annie Haslam : chant
Michael Dunford : guitare acoustique, chant
John Tout : claviers
Jon Camp : basse, chant
Terence Sullivan : batterie, percussions, chant
Titres
01. Running Hard
02. I Think Of You
03. Things I Don't Understand
04. Black Flame
05. Cold Is Being
06. Mother Russia