Karmamoi - Room 101 (2021) |
Pourquoi écouter ce disque ?
Il semblait difficile de faire plus sombre que The Day Is Done, le précédent album de Karmamoi. Nos amis italiens y sont parvenus avec ce Room 101. Cette fois-ci, la source d'inspiration n'est pas un effroyable fait divers, mais le roman d'anticipation sans doute le plus célèbre du XXe siècle, 1984 de George Orwell. Dans ce classique intemporel, les mécanismes politiques et psychologiques du totalitarisme sont décrits avec une minutie déconcertante. C'est donc naturellement que Karmamoi nous entraîne dans les entrailles de la folie humaine avec, comme point culminant, cette salle 101, lieu de terreur dans lequel étaient torturés les opposants au régime. Un rien oppressante, la musique donne vie à ces personnages perdus, engloutis dans les tréfonds de l'Histoire. Pink Floyd, Steven Wilson, mais aussi Anathema ou les Allemands de Frequency Drift sont quelques-une des références se forgeant dans notre esprit à l'écoute de cet album captivant, où chaque morceau est construit comme une scène du livre, libérant tous les sentiments contradictoires des protagonistes. Dans ses interviews, le batteur Daniele Giovannoni à l'origine du concept, trace un parallèle avec notre monde contemporain où Big Brother se trouve loger dans nos smartphones qui ont provoqué un appauvrissement du langage, donc de la nuance, donc de la pensée. Et sans pensée, pas de liberté. C'est lui qui a fondé Karmamoi en 2008, accompagné d'Alex Massari à la guitare et du bassiste Alessandro Cerfali, de nouveau membre à part entière du groupe après s'en être éloigné à l'époque de The Day Is Done. Présente depuis Silence Between Sounds en 2016, la chanteuse Sara Rinaldi prête à nouveau sa voix, souvent inquiétante et empreinte de mystères. Adam Holzman qui a joué avec Miles Davis ou Steven Wilson, le violonsite Steve Unruh (UPF, The Samourai Of Prog), ou encore Francesca Zanetta, guitariste d'Unreal City et de Quel Che Disse Il Tuono, sont quelques-uns des invités venus enrichir certains des meilleurs passages de ce Room 101 dont on ressort difficilement indemne de l'écoute. Curiosité de nos temps actuels, cet album majeur de cette année 2021 est sorti à quelques semaines d'intervalles d'un autre disque tout aussi incontournable, Books That End In Tears du combo polonais TRK Project, qui aborde lui aussi à travers quatre classiques du siècle précédent, dont 1984, la douloureuse question du totalitarisme.
Musiciens
Daniele Giovannoni : batterie, claviers, chœurs
Alex Massari : guitares
Alessandro Cefali : basse
Sara Rinaldi : chant
Valerio Sgargi : chant
Adam Holzman : piano, moog
Emilio Merone : piano, claviers
Francesca Zanetta : solina
Steve Unruh : violon, flûte
Titres
01. Memory Holes
02. Drop By Drop
03. Dark City
04. Zealous Man
05. Newspeak
06. Room 101
07. The New World
Vidéos
Trailer : lien vidéo ici
Room 101 : lien vidéo iciThe Day Is Done
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