lundi 15 novembre 2021

Diana HP - Fazer E Cantar (2021)

Diana H.P. Fazer Cantar
Diana HP - Fazer E Cantar (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Diana HP est née sous une belle étoile. Fille de musiciens, sa mère Lena Horta (le "H" de "HP") est flûtiste tandis que son père Yuri Popoff (le "P") qui a cosigné ici Gagarine en hommage au célèbre cosmonaute soviétique, joue de la basse. Elle est également la nièce de Toninho Horta, guitariste du fameux Clube da Esquina, collectif fondé par Milton Nascimento et Lô Borges qui, au début des années 70, révolutionna la musique populaire brésilienne en réinventant la bossa nova agrémentée d'éléments jazz, folk traditionnel, rock prog et psychédélique. Héritière assumée de ce courant musical, Diana le réenchante à son tour avec son album Fazer E Cantar ("Faire et Chanter"), secondée par des musiciens français issus de la scène jazz. Installée désormais à Paris, elle a fait appel à son compagnon Mathias Allamagne, bassiste réputé qui a joué notamment avec Charles Aznavour, ainsi qu'au trio JazzBastards connu pour ses collaborations avec des artistes aussi divers que Sébastien Tellier, Air, Charlotte Gainsbourg, Françoise Hardy, Damon Albarn de Blur ou Jarvis Cocker de Pulp. Entourée du parolier Marcio Borges, poète qui avait déjà signé par le passé des textes pour ses parents et son oncle, ainsi que de Dave McDonald, ingénieur son de Portishead, Diana a jeté la première couche de peinture en posant sa voix délicate accompagnée d'un simple piano, puis elle a laissé libre cours à l'imagination de ses musiciens afin qu'ils finalisent le tableau. Le résultat est des plus probant. Fazer E Cantar est une soyeuse bulle d'air aux ondes positives, bienvenue dans ce monde aujourd'hui plombé par la sinistrose. 

Concert de lancement de l'album prévu le 1er février 2022 au Studio de l’Ermitage à Paris. Venez nombreux 😉

Musiciens

Diana HP : chant

Vincent Taurelle : claviers
Ludovic Bruni : guitare
Mathias Allamagne : basse
Vincent Taeger : batterie

Titres

01. Fazar E Cantar
02. Le Jour
03. Gagarine
04. Delikatessen
05. Brincadeira
06. Mais Um Sol
07. Balanço
08. Sonho

Vidéos

Fazer E Cantar : lien vidéo ici

Gagarine : lien vidéo ici

dimanche 14 novembre 2021

Sinéad O'Connor - So Far… The Best Of Sinéad O'Connor (1997)

Sinéad O'Connor So Far The Best Of
Sinéad O'Connor - So Far… The Best Of Sinéad O'Connor
(1997)

Pourquoi écouter ce disque ?

Aussi curieux que cela puisse paraître, il existe un lien entre Sinéad O'Connor et Pink Floyd. Ou, plus exactement, entre deux de ses membres éminents, Roger Waters et Richard Wright. La chanteuse irlandaise a été invitée par le premier lors du concert évènement donné le 21 juillet 1990, à Berlin, commémorant la chute du tristement célèbre mur, durant lequel le mythique album The Wall a été interprété par des stars internationales comme Marianne Faithfull, Joni Mitchell ou encore Cyndi Lauper . Sinéad était venue pour interpreter Mother, mais sa performance a été perturbée par une coupure de courant. Waters l'a encouragée à mimer la chanson le temps que ce soit réparer, ce qui a profondément vexé la chanteuse au caractère bien trempé. En représailles, elle refusa de remonter sur scène pour le final devant réunir tous les participants. On imagine aisément l'ambiance explosive dans les coulisses entre ces deux artistes impétueux. Pour la vidéo du concert, ce sont finalement les images de la répétition qui ont été utilisées. Six ans plus tard, c'est aux côtés de Rick Wright qu'elle réapparaît. Rick présente Broken China, sublime album intimiste abordant la douloureuse question de la dépression. Sinéad a été conviée pour chanter sur deux titres, Reaching For The Rail et l'intense Breakthrough. La profondeur de son chant accentue toute la dimension dramatique de cette chanson lumineuse symbolisant la sortie de la dépression et la liberté retrouvée. Souvent évoquée dans la presse pour ses frasques, Sinéad n'est pas une simple rebelle médiatique, elle a un réel besoin d'exprimer toute sa colère, sa rage contre ce monde qu'elle n'arrive pas à appréhender. Iconoclaste, elle est avant tout une interprète de talent dotée d'une voix intense et expressive. Cette compilation reprend quelques-uns de ses meilleurs morceaux sortis entre 1987 et 1997, extraits de ses quatre albums studio et d'ailleurs. Le succès est venu grâce à sa reprise à fleur de peau du Nothing Compares 2 U de Prince avec lequel elle s'est brouillée, mais écoutez ces bombes que sont Thank You For Hearing Me écrite suite à sa rupture avec Peter Gabriel, Don't Cry For Me, Argentina dont sa version est à faire pâlir celle de Madonna, ce Fire On Babylon explosif, ou encore le fabuleux Troy, ma chanson favorite, qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher. Se mettant sans cesses en danger, sans réel plan de carrière, Sinéad dont on ne peut ignorer l'intégrité, demeure une artiste à part dans le paysage pop-rock, et il n'est jamais inutile de se replonger dans sa carrière mouvementée. 

Titres

01. Nothing Compares 2 U
02. Mandinka
03. The Emperor's New Clothes
04. Thank You For Hearing Me
05. The Last Day Of Our Acquaintance
06. Fire On Babylon
07. Troy
08. I Am Stretched On Your Grave
09. Jackie
10. Success Has Made A Failure Of Our Home
11. John I Love You
12. Empire - Bomb The Bass 
13. Don't Cry For Me, Argentina
14. You Made Me The Thief Of Your Heart
15. This Is A Rebel Song

Vidéos

Nothing Compares 2 U : lien vidéo ici


Fire On Babylon : lien vidéo ici

dimanche 7 novembre 2021

Xanthoula Dakovanou - Lamenta (2021)

Xanthoula Dakovanou Lamenta
Xanthoula Dakovanou - Lamenta (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Située au nord-ouest de la Grèce, à la frontière avec l'Albanie, l'Épire est une région isolée et montagneuse, à la croisée de la Grèce égéenne et des pays balkaniques. Elle a emprunté à la première sa civilisation, tout en développant comme ses voisins du nord, un genre de vie particulier, fondé davantage sur la vie pastorale et les grands espaces. Les traditions y demeurent très fortes, à l'instar des miroloyia, terme pouvant se traduire par "discours sur le destin", désignant ces chants de lamentations, généralement exécutés par des femmes, lors de rituels funéraires, ou pour accompagner de longs départs comme l'exile. Ils ont pour vocation de se libérer de la douleur en l'extériorisant. Devenus source d'inspiration pour un spectacle de danse contemporaine*, ces chants ont été revisités, dépoussiérés et modernisés par la chanteuse Xanthoula Dakovanou nommée directrice musicale du projet. Également compositrice, Xanthoula a étudié l'ethnomusicologie à Athènes, se spécialisant dans les musiques des Balkans, de la Méditerranée orientale, de la Bulgarie, de l'ancienne Byzance, et les chants ottomans. Elle a fait appel à quelques-uns des meilleurs musiciens de la scène musicale traditionnelle grecque comme le célèbre clarinettiste Nikos Filippidis aux envolées célestes (Miroloi On Clarinet), ainsi qu'à des musiciens de la scène world jazz parmi lesquels le jazzman français Magic Malik venu jouer de la flûte et prêter sa voix. Lamenta réunit onze de ces miroloyia, certains ayant conservés une forme traditionnelle, d'autres, au contraire, ont été confrontés à une modernité contemporaine, parfois rock. Tous explorent le riche passé de cette région du monde, se référant à ses peuples anciens comme les Valaques, ou Aroumains, lointains descendants des Romains (Vlacha), mais aussi à la mythologie à travers l'évocation du personnage de Charon, celui-là même qui conduisait les âmes des défunts aux Enfers (Leventis, Charon's Feast). Difficile d'accès de prime abord, cette musique atypique prend sens dès lors que l'on dispose de clés pour mieux l'appréhender. Elle prend alors une dimension mystique, quasi-sacrée, effleurant l'âme, au même titre que les albums de Vas avec Azam Ali, ou l'impressionnant BooCheeMish des Mystères des Voix Bulgares sur lequel a participé la grande Lisa Gerrard.

*A découvrir sur scène le spectacle de danse « Lamenta » les 13 et 14 décembre à La Grande Halle de La Villette

Musiciens

Xanthoula Dakovanou : chant, santouri
Lefkothea Filippidi : chant
Avgerini Gatsi : chant
Thanassis Tzinas : chant
Kleon Antoniou : chant, guitare électrique
Alexandros Rizopoulos : chant, percussions
Antonis Maratos : basse, contrebasse
Panos Katsikiotis : batterie
Solis Barkis : percussions
Nikos Filippidis : clarinette
Dimitris Brendas : clarinette
Makic Malik : flûte, chant
Kostas Filippidis : luth
Ourania Lampropoulo : santouri
Dimitris Katsoulis : violon
Stefanos Filos : violon

Titres

01. Mariola
02. Miroloi On Clarinet
03. Pogonisia Of Separation
04. Vgika Psila
05. Vlacha
06. Electric Berati
07. Tin Ammon Ammo
08. Fighting The Waves
09. Leventis
10. Charon's Feast
11. Zoe

Vidéo

vendredi 5 novembre 2021

Collection D'Arnell-Andréa - Another Winter (2019)

Collection D'Arnell-Andréa Another Winter
Collection D'Arnell-Andréa - Another Winter (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

L'hiver sera froid. Neuf longues années séparent Another Winter de Vernes-Monde sorti en 2010. Jamais Collection D'Arnell-Andréa ne s'était accordé de pause discographique aussi longue. La dernière avait duré six ans, entre Cirses Des Champs (1996) et le sublime Tristesse Des Mânes (2002), premier disque d'une série de cinq, dont un live, à paraître sur le label nantais Prikosnovénie, aujourd'hui en sommeil. Ce retour (inespéré) s'effectue chez Trisol Music, label allemand spécialisé dans les musiques dark alternatives, accueillant entre autre Clan Of Xymox et L'Âme Immortelle. Jean-Christophe d'Arnell qui a collaboré récemment avec Louisa John-Krol sur son magnifique album Elderbrook, demeure toujours le maître d'œuvre. La disparition de son père en 2016 l'a entraîné sur un sentier sinueux fait de tristesse dont l'écriture a été sa seule échappatoire. Hanté par le deuil ainsi que par les souvenirs d'enfance, Another Winter livre une double lecture de l'hiver, celle de la saison froide où tout est figé, marquée par la mort d'un proche, mais aussi celle de la fin d'un cycle, synonyme de renaissance. D'ailleurs, le groupe ouvre une nouvelle brèche musicale plus orientée vers l'electro ambient. Si le chant de Chloé St Liphard reste toujours aussi stellaire, guitare électrique, violoncelle et alto ont volontairement été placés en retrait, laissant comme seul fil rouge entre les titres le piano de Carine Grieg. Fondé en 1986, Collection D'Arnell-Andréa n'a cessé de se renouveler au fil des années, sans jamais se renier. Avec ce deuxième disque ayant pour thème central une saison après Un Automne À Loroy, les héritiers du Grand Meaulnes réussissent à surprendre encore, se positionnant là où on ne les attendait pas. 

Musiciens

Chloé St Liphard : chant
Carine Grieg : piano
Vincent Magnien : guitare électrique
Franz Torres-Quevedo : basse, chant
Jean-Christophe d'Arnell : claviers, batterie, chant
Thibault d'Aboville : alto
Xavier Gaschignard : violoncelle

Titres

01. By The Pond
02. Pangs Of Severance
03. Le Jour Venu
04. Les Blés-Océans
05. The Grief Of Waves
06. The Shade Of A Flower
07. Barks Of Rime
08. Les Bancs De Sable
09. Des Étangs En Exil
10. Another Winter
11. Les Périssoires
12. Saules Sans Voix

Vidéos

Les Périssoires : lien vidéo ici

Le Jour Venu : lien vidéo ici

Saules Sans Voix : lien vidéo ici

lundi 1 novembre 2021

Silly - Kopf An Kopf Live (2013)

Silly Kopf An Kopf Live
Silly - Kopf An Kopf Live (2013)

Pourquoi écouter ce disque ?

Quand Anna Loos est devenue la chanteuse officielle de Silly, rien n'indiquait que le groupe retrouverait le succès. Tout s'était arrêté au décès de Tamara Danz, emportée par un cancer en 1996. Alles Rot en 2010 était une belle surprise, Kopf An Kopf son successeur confirme cette nouvelle voie. C'est tout naturellement que les quatre musiciens ont retrouvé la scène dont ce Kopf An Kopf Live est le témoignage. Plus de deux heures de musiques durant lesquelles on en envie de chanter, danser, sauter. Car la force de Silly, ceux sont ces mélodies accrocheuses, ces refrains entêtants, y compris pour les non-germanophones. Le set fait la part belle au dernier album studio joué en quasi-intégralité, en plus de quelques titres d'Alles Rot tels que Erinnert, Ich Sag Nicht Ja, Leg Wich Fest et la chanson-titre, tous taillés pour la scène. L'héritage des années Tamara Danz est également assuré par la reprise émouvante de Asyl In Paradies, le medley acoustique Bye Bye / Flieg / Verlorene Kinder / Wo Bist Du, le classique Mont Klamott lointain écho aux années new wave est-allemandes, et du célèbre Bataillon D'Amour toujours aussi mélancolique. La basse caressante de Jäcki Reznicek réchauffe à elle toute seule l'atmosphère si froide de ce morceau culte. En tournée, avec Anna, Uwe Hassbecker aux guitares et Ritchie Barton aux claviers, ils sont accompagnés du batteur Ronny Dehn, du second guitariste Herr Petereit, et du fils d'Uwe, Daniel Hassbecker au violoncelle, claviers et e-guitare. A noter aussi la présence sur Ohne Dich de Rea Garvey, chanteur irlandais membre du groupe allemand Reamonn, connu aussi pour être un des coachs récurrents de The Voice of Germany. En quarante de carrière, Silly n'a rien perdu de sa fulgurance, bien au contraire. 

Musiciens

Anna Loos : chant
Uwe Hassbecker : guitares, violon, laouto, chant
Ritchie Barton : claviers, chant
Jäcki Reznicek : basse, chant

Ronny Dehn : batterie
Herr Petereit : guitares
Daniel Hassbecker : violoncelle, claviers, e-guitare
Rea Garvey : chant

Titres

1.01. Intro/Verkehrte Welt
1.02. Lotos
1.03. Blinder Passagier
1.04. Erinnert
1.05. Wo Fang Ich An
1.06. Die Welt Wird Hell Sein
1.07. Asyl Im Paradies
1.08. Vaterland
1.09. Blutsgeschwister
1.10. Ohne Dich
1.11. Medley: Bye Bye/Flieg/Verlorene Kinder/Wo Bist Du

2.01. Kopf An Kopf
2.02. Mont Klamott
2.03. Dein Atlantis
2.04. Ich Sag Nicht Ja
2.05. Deine Stärken
2.06. Deine Stimme
2.07. Hass(Becker)
2.08. Alles Rot
2.09. Bataillon D'Amour
2.10. Leg Mich Fest
2.11. Wo Fang Ich An (Radio Version)

Vidéos

Trailer : lien vidéo ici

Vaterland : lien vidéo ici

dimanche 31 octobre 2021

Faraway - Far From The Madding Crowd (2001)

Faraway Far From The Madding Crowd
Faraway - Far From The Madding Crowd (2001)

Pourquoi écouter ce disque ?

Faraway est un duo australien réunissant deux artistes gravitant dans la galaxie de Louisa John-Krol. Leur seul et unique album Far From The Madding Crowd, au titre inspiré du quatrième roman de Thomas Hardy, est d'abord sorti en 1998 chez Resurgence, subdivision de la maison de disque Voiceprint, puis a été réédité en 2001 par le label nantais Prikosnovénie, celui-là même qui abritait à la même époque une certaine… Louisa John-Krol. Moins féérique que celle de Louisa, leur musique vaporeuse évoque Dead Can Dance et Rajna par ses côtés ethniques et tribaux, mais aussi les japonais de Jack Or Jive pour l'aspect ambient et orientalisant. Liz Van Dort, la chanteuse, a une voix incroyable, idéale pour entrer en transe. D'origine britannique, Harry Williamson joue de la plupart des instruments. Fils de l'auteur controversé Henry Williamson, il a collaboré avec l'ex-Genesis Anthony Phillips, Daevid Allen et Gilli Smyth de Gong (leur fils Taliesin joue ici des congas), Nick Turner d'Hawkwind, mais aussi Sting au tout début de sa carrière. En 1982, il quitte l'Angleterre thatchérienne pour se réfugier en Australie où il participe à des musiques de film et à d'autres projets musicaux. Si Far From The Madding Crowd n'est pas un album indispensable à toute bonne discothèque qui se respecte, il remplit sa mission principale qui consiste à élever l'âme l'espace d'un instant, loin, bien loin de ce monde de fous. 

Musiciens

Liz Van Dort : chant
Harry Williamson : instruments, chant

Miles Alexander McNicholl : batterie
Robert Calvert : saxophone
Temis Aranibar : siku
Deidre Dowling : violon, alto
Taliesin Allen : congas
Marque-O Biasion : basse

Titres

01. The Boatman
02. Oo Sa Gi
03. Apple
04. The Morning Glory
05. The Morning Glory (Dawn Dub)
06. Decadence 
07. Stars
08. Shall I Come
09. Espirutu Andina
10. Jaminji
11. Farther

Vidéos

Boatman : lien vidéo ici

Shall I Come : lien vidéo ici

Espirutu Andina : lien vidéo ici

vendredi 29 octobre 2021

Kyriakos Kalaitzidis - Exil (2019)

Kyriakos Kalaitzidis Exile
Kyriakos Kalaitzidis - Exil (2019)

Pourquoi écouter ce disque ?

L'histoire de l'humanité est celle de l'exile. De tous temps, les hommes ont quitté ce qu'ils avaient de plus cher pour partir vers un ailleurs, souvent idéalisé. La Grèce, carrefour géographique, a toujours été une terre de départ, mais aussi d'accueil, de l'Antiquité à nos jours. Le compositeur Kyriakos Kalaitzidis, joueur d'oud, sorte de luth à manche court très répandu en Méditerranée orientale, est issu d'une famille d'exilés. Au début du XXe siècle, ses ancêtres ont fui l'empire Ottoman où les Grecs pontiques, aux côtés des Arméniens, étaient massacrés. Son histoire personnelle mêlée à la grande histoire l'ont conduit vers ce voyage à la fois introspectif et initiatique qu'est devenu Exil. Prévue à l'origine pour illustrer un film, la musique d'Exil est devenue un projet à part entière, d'abord sur disque, puis sur scène où il prend toute sa dimension tragique*. Une trentaine de musiciens accompagnent Kyriakos dans ce périple, parmi lesquels ses camarades de l'ensemble En Chordais qui, depuis sa fondation en 1993, explore la richesse musicale multiculturelle des rives de la Méditerranée orientale, un trio de musique persane (Hossein Omouni, Kiya Tabassian, Ziya Tabassian) et la chanteuse Sophia Papazoglou. Cette dernière prête sa voix à deux passages, The Song Of The Swallow, émouvante chanson empreinte de nostalgie, et Zeïmbekiko Of Exile faisant référence à cette danse folklorique grecque connue aussi sous le nom de "danse de l'aigle", uniquement réservée aux hommes. Kyriakos se plaît à évoquer ces danses populaires, nées de ces populations en mouvement, comme la valse (Oriental Waltz), le tango (Tango Of Fire) ou le syrto (New York Syrto). D'une beauté saisissante, cet album, véritable mosaïque d'émotions, se classera aisément dans la discothèque idéale entre le poignant Genocide de l'artiste grecque Lia Hide paru la même année, et le divin Nights From The Alhambra de Loreena McKennitt, tous situés à la croisée de l'Orient et l'Occident. 

* Rendez-vous le samedi 11 décembre à 20h30 sur la scène de la Grande salle Pierre Boulez de La Philarmonie de Paris.

Musiciens

Kyriakos Kalaitzidis : oud, chant

Sophia Papazoglou : chant
Yiorgos Kokkinakis : piano
Kyriako Petras : violon
Alkis Zopoglou : kanoun
Vasilis Tzortzinis : contrebasse, luth
Vangelis Karipis : bendir, darabuka, dawli
Nikos Terpsiadis : bendir, idiophone
Hossein Omouni : nay, chant
Kiya Tabassian : sitar
Ziya Tabassian : dumbek
Antonis Ververis : santour
Charis Lamprakis : ney
Lefteris Pavlou : bendir
Vasilis Vetsos : guitare
Dimitris Koukoulitakis : guitare
Antonis Koumandrakis : guitare acoustique
Dimitris Mistakidis : guitare
Kostas Sideris : luth
Elin Söderström : viole de gambe
Christos Sikiotis : violoncelle
Vasilis Saïtis : violoncelle
Iraklis Vavatsikas : accordéon
Stavros Pazaretzis : clarinette
Yiannis Papayiannis : cor
Grigoris Asonitis : cor
Matthew Jennejohn : cornet
Nikos Siderokastritis : batterie

Titres

01. Exile (Exil)
02. Entreaty (Supplication)
03. Oriental Waltz (Valse Orientale)
04. Zeïmbekiko of Exile (Zembekiko De L'exil)
05. Earthen Strains (Voix De La Poussière De Terre)
06. Clear Rain (Pluie Transparente)
07. Desolate Sound (Son Solitaire)
08. Misty Weather A (Temps De Brouillard 1)
09. Misty Weather B (Temps De Brouillard 2)
10. The Song Of The Swallow (Voix De L'hirondelle)
11. Hidden Views (Faces Cachées)
12. Separation (Séparation)
13. The Return (Le Retour)
14. The Tango Of Fire (Le Tango Du Feu)
15. Oud: Rast Taqsim
16. New York Syrto (Le Syrto De New York)

Vidéos


The Song Of Swallow : lien vidéo ici

Clear Rain : lien vidéo ici

lundi 25 octobre 2021

Mostly Autumn - Graveyard Star (2021)

Mostly Autumn Graveyard Star
Mostly Autumn - Graveyard Star (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Connaissez-vous le point commun entre ces albums de Mostly Autumn : Passengers, The Ghost Moon Orchestra et leur toute dernière production Graveyard Star ? La réponse est simple, chacun d'entre eux comporte le même personnel que son prédécesseur. En vingt-cinq ans de carrière, le groupe originaire de York a connu une sacrée valse de musiciens. Aujourd'hui, il est stabilisé autour de Bryan Josh (chant, guitares), son épouse Olivia Sparnenn-Josh (chant), Iain Jennings (claviers), Chris Johnson (guitares, chant), Angela Gordon (flûte, chant), Andy Smith (basse) et du dernier arrivé, Henry Rogers (batterie). Ils sont soudés comme une famille, tous donnant le meilleur d'eux-mêmes, et cela s'entend. De toute façon, leur musique ne peut pas mentir, elle est faite de passion et d'émotion. Il semblait pourtant difficile de donner un successeur à White Rainbow (2019) tant l'ombre de Liam Davison, l'ami disparu, planait dessus. Mais, depuis, une chape de plomb s'est abattue sur la planète. Bryan Josh s'est inspiré de cette période à la fois trouble et étrange qui a bouleversé nos vies pour concevoir ce nouveau disque comme un journal chronologique suivant l'évolution de cette pandémie mortifère entre janvier 2020 et janvier 2021. Si la première partie de l'album semble plongée dans l'obscurité, l'espoir renaît à partir la neuvième piste, Back In These Arms. Durant les moments sombres, des amis ont disparu. Val et Tracey sont de ceux-là, Razor Blade leur est dédié. A ceux qui en douteraient encore, Olivia est une déesse, chacune de ses interventions provoque de l'extase, tout comme les guitares toujours aussi "floydiennes" de son mari. L'impérial Graveyard Star en ouverture, le country-rock Skin Of Mankind sur lequel apparaissent Troy Donockley (Iona, Nightwish) et Chris Leslie de Fairport Convention déjà invité à l'époque de l'incontournable Passengers en 2003, la bulle d'oxygène The Diamond où Chris et Angela se partagent le chant, ainsi que le fabuleux final Turn Around Slowly rendant hommage à la vaccinologue Sarah Gilbert dont les travaux ont été déterminants dans la lutte contre l'épidémie, sont quelques-uns des joyaux de cette pièce flamboyante, d'une grande intensité, qui n'a pas fini de tourner sur nos platines. 

Musiciens

Olivia Sparnenn-Josh : chant, claviers
Bryan Josh : chant, guitares, claviers, tambourin
Iain Jennings : claviers
Chris Johnson : guitares, claviers, chant
Angela Gordon : flûte, chant
Andy Smith : basse
Henry Rogers : batterie

Troy Donockley : cornemuse, flûte
Chris Leslie : violon

Titres

1.01. Graveyard Star
1.02. The Plague Bell
1.03. Skin Of Mankind
1.04. Shadows
1.05. The Harder That You Hurt 
1.06. Razor Blade 
1.07. This Endless War 
1.08. Spirit Of Mankind
1.09. Back In These Arms 
1.10. Free To Fly
1.11. The Diamond 
1.12. Turn Around Slowly

CD Bonus
2.01. The Show Is On
2.02. Into The Valley Of Death Rode The Six Hundred
2.03. Check In Your Eyes
2.04. Side Effect
2.05. Swallows 
2.06. Heading For The Mountains 
2.07. Mountain Highway
2.08. This House

Vidéos

Skin Of Mankind : lien vidéo ici

Razor Blade : lien vidéo ici

Graveyard Star : lien vidéo ici

vendredi 22 octobre 2021

Sophya Baccini's Aradia - Big Red Dragon (2013)

Sophya Baccini Big Red Dragon
Sophya Baccini's Aradia - Big Red Dragon (2013)

Pourquoi écouter ce disque ?

William Blake (1757-1827) est davantage connu pour sa poésie que pour sa peinture. Pourtant, il a légué à l'humanité une série d'œuvres picturales d'une modernité déconcertante. Ce sont elles qui ont inspiré la chanteuse italienne Sophya Baccini fascinée par cet artiste hors-normes. L'idée de ce concept-album lui a été soufflée par le fondateur du label génois Black Widows Records, Massimo Gasperini, alors qu'ils évoquaient ensemble la suite à donner au premier album solo de Sophya. Sorti en 2009, Aradia a été récompensé par un Prog Awards, une première pour une artiste féminine. De là est partie l'idée du projet intitulé Sophya Baccini's Aradia réunissant essentiellement des musiciennes, Francesca Colapse (batterie), Stella Manfredi (violon), Marilena Striano (piano), ainsi que le guitariste Chico Accetta. Chacun des titres de l'album a donc été inspiré d'une œuvre du Maître. Celle intitulée Big Red Dragon And The Woman Clothed With Sun sert de pochette au disque et lui a donné son nom. Sophya fait preuve d'une inventivité folle, tant sur le plan vocal que sur les parties musicales. On frôle le chef-d'œuvre. Construit comme un opéra-rock, Big Red Dragon trouve ses origines tant dans les opéras classiques italiens que le Bohemian Rhapsody de Queen. Se combinent le perfectionnisme d'une Kate Bush, la folie d'une Diamanda Galas, le Renaissance symphonique, des guitares à la Camel, le lyrisme de Magenta, l'éclectisme d'Ayreon et le majestueux de Nightwish. Plusieurs musiciens extérieurs ont été conviés, parmi lesquels Elisa Montaldo (Il Tempio Delle Clessidre), Sonja Kristina de Curved Air et notre Christian Décamps national, céleste sur Au Premier Matin Du Jour aux couleurs toutes angéliques. 

Musiciens

Sophya Baccini : chant, claviers
Chicco Accetta : guitares
Francesca Colaps : batterie
Stella Manfredi : violon, alto
Marilena Striano : piano

Sonja Kristina : chant
Christian Decamps : chant
Aurelio Fierro Jr : chant
Steve Sylvester : chant
Roberto Tiranti : chant
Lino Vairetti : chant
Irwin Vairetti : chant
Enrico Iglio : claviers, percussions
Elisa Montaldo : claviers
Pino Falgiano : claviers

Titres

01. William 
02. Angel Of The Revelation
03. Satan
04. Love Of Hecate
05. The Number
06. La Porta Dell'Inferno
07. Just
08. Cerberus
09. While He's Sleeping
10.- Au Matin Du Premier Jour
11. Beatrice
12. Big Red Dragon
13. Jerusalem 

Vidéos

Jerusalem : lien vidéo ici

Satan (live) : lien vidéo ici

Au Premier Matin Du Jour (live) : lien vidéo ici

Beatrice : lien vidéo ici

lundi 18 octobre 2021

The John Renbourn Group - A Maid In Bedlam (1977)

The John Renbourn Group A Maid In Bedlam
The John Renbourn Group - A Maid In Bedlam (1977)

Pourquoi écouter ce disque ?

The John Renbourn Group est né des cendres de Pentangle. Lorsque ces derniers se séparent, Renbourn se réfugie à la campagne, dans le Devon. De là, germe l'idée de monter une nouvelle entité en parallèle de sa carrière solo, moins contraignante que ne l'était Pentangle sur le plan commercial, mais aussi humain. Il fait alors appel à son voisin, le flûtiste Tony Roberts qui avait joué sur son disque The Lady And The Unicorn en 1970. C'est par l'intermédiaire de Danny Thompson qu'il avait fait sa connaissance. Sue Draheim est une autre de ses connaissances. Cette jeune Américaine spécialisée dans le fiddle (violon populaire) a joué auparavant aux côtés de Frank Zappa puis de John Martyn, et avait collaboré à l'album Faro Annie de John en 1971. A cet ensemble en formation, il manquait une grande voix enchanteresse. C'est tout naturellement vers Jacqui McShee, son ancienne acolyte de Pentangle, que John se tourne. En provenance d'Inde, Keshave Sathe est le dernier à rallier la troupe. Son jeu de tabla avait auparavant conquis John Mayer, John Martyn ou encore Magic Carpet. Les cinq musiciens commencent à se produire sur scène, notamment au prestigieux Royal Albert Hall, dès 1974. Suivant les desiderata de Renbourn, leur feuille de route est des plus précises, revisiter les chansons folkloriques traditionnelles britanniques de l'époque médiévale, de la Renaissance et du baroque. Sorti en pleine déferlante punk et disco, A Maid In Bedlam surprend par sa qualité et son originalité. Alors que Black Waterside, Reynardine, Death And The Lady ainsi que John Barleycorn ont chacun été entendus une multitude de fois ces dix dernières années grâce aux interprétations des plus grands comme Shirley Collins, June Tabor, Sandy Denny, Fairport Convention, Traffic ou même Bert Jansch, les versions livrées ici sont d'une incroyable fraîcheur. Le juste équilibre entre guitare, instruments à vent, violon et tabla fait toute la différence. Les arrangements vocaux sont eux aussi somptueux, telle la magnifique version a cappella de Talk About Suffering évoquant les années Hark! The Village Wait de Steeleye Span. Complètement à contre-courant à sa parution, A Maid In Bedlam se classe aujourd'hui parmi les meilleurs albums de folk. 

Musiciens

Jacqui McShee : chant
John Renbourn : guitare, chant
Tony Roberts : chant, flûtes, piccolo, hautbois
Sue Draheim : violon, chant
Keshav Sathe : tabla, cymbalettes à doigt

Titres

01. Black Waterside
02. Nacht Tanz, Shaeffertanz
03. A Maid In Bedlam
04. Gypsy Dance, Jews Dance
05. John Barleycorn
06. Reynardine
07. My Johnny Was Shoemaker
08. Death And The Lady
09. The Battle Of Augrham / 5 In A Line
10. Talk About Suffering 

Vidéos

Death And The Lady : lien vidéo ici

A Maid In Bedlam : lien vidéo ici

Reynardine : lien vidéo ici