Aux frontières de l'étrange... Il y a une petite dizaine d'années, un jeune batteur, également auteur-compositeur, d'origine new-yorkaise a posé ses valises à Pékin, capitale de l'empire du Milieu. Dans cette contrée lointaine dont il maîtrise la langue, il est devenu professeur de musique et s'est confronté à différents musiciens de la scène locale. De formation jazz, Anthony demeure en quête perpétuelle de nouvelles expériences musicales. Ou est né de sa volonté à dépasser ses limites, secondé par un guitariste, un bassiste et surtout une chanteuse, Lynn Wu, souhaitant, comme lui, relever ce défi. Publié chez Inside Out, le label germanique indépendant spécialisé dans les musiques progressives, One, leur premier album est un véritable objet musical non identifié. Difficile à classifier, il est quand même rangé dans la catégorie "metal progressif", même s'il n'a que très peu d'équivalents. Pour résumer, cette musique expérimentale, mélange improbable entre Devin Townsend et Björk, on l'aime ou on ne l'aime pas, mais elle ne laisse pas indifférent. Le but affiché par le groupe était de donner une identité propre à chaque chanson afin de faire de One un disque dynamique. Mention spéciale à la chanteuse dont les incantations aux variations saisissantes apportent une puissante aura à l'ensemble. Entre férocité et onirisme guère éloigné de la dream pop, One se révèle avant tout comme une expérience unique, laissant présager le meilleur pour la suite.
Un p'tit tour et puis s'en vont... Bannkreis est une formation allemande née de la rencontre en 2012 entre Johanna Krins et Eric Fish. Mal-voyante, Johanna collabore avec sa sœur au sein de la formation munichoise Delva, tandis qu'Eric est le chanteur du groupe de metal-folk Subway To Sally. Trouvant que leurs voix se marient à merveille, ils se lancent dans l'aventure Bannkreis (du nom du quatrième album de la formation d'Eric sorti en 1997), accompagnés de trois autres musiciens de Subway To Sally, dont le parolier Bodenski. Leur toute première chanson Doch Ich Weiss Es est une collaboration avec les marins de Santiano, célèbre groupe de schlager, et apparaît sur leur album Im Auge Des Sturms en 2017. Juste après leur participation au fameux festival de metal Wacken Open Air (c'est là qu'a été enregistré le dantesque live de Nightwish Showtime, Storytime), leur premier (et unique) album Sakrament est disponible. Pas de metal ici, juste de très belles ballades médiévales romantiques ainsi que quelques morceaux rock plus énergiques tel que Nimmermehr, mon préféré, inspiré d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe. Si leur musique évoque par moments Nightwish ou Mostly Autumn, elle se rapproche davantage du Faun des années 2010. D'ailleurs, leur ancienne chanteuse Sandra Elflein y joue des instruments traditionnels (vielle à roue, nyckelharpa, violon et flûte). Un seul single sera extrait de l'album, Lebewohl, version germanique de l'air celtique Black Is The Color popularisé par Nina Simone, que j'ai découvert pour ma part grâce à Sinéad O'Connor qui en a livré une version bouleversante. Bannkreis avait un avenir prometteur, mais le 28 octobre 2019, ils annoncent officiellement leur séparation. Une page se tourne...
Musiciens
Johanna Krins : chant, flûte, percussions
Eric Fish : chant, cornemuse
Bodenski : vielle à roue, guitares
SimonMichael : batterie, percussions, claviers
Ingo Hamf : guitares, luth, cistre, basse
Sandra Elflein : vielle à roue, nyckelharpa, violon, flûte
"IMAGINEZ la glace et la neige du paysage arctique, le froid mordant du vent du Nord, le soupçon de bleu irrésistible sous un lac cristallisé.
Ferme tes yeux.
Alors écoutez.
Écoutez vraiment.
Vous sentirez une voix avant même de l'entendre.
Elle ne ressemble à aucune autre.
C'est une voix qui donne vie au paysage avec une pureté envoûtante ; une voix qui représente mille ans de connexion ancestrale à un espace gelé inflexible.
C'EST MARI BOINE."
Moana Maniapoto, chanteuse maorie de Nouvelle-Zélande, présente ainsi Mari Boine qui, comme elle, redonne vie et place à la culture de ses ancêtres à travers sa musique. Depuis son premier album en 1985, Mari Boine est devenue l'ambassadrice de tout un peuple, les Samis, connus aussi sous le nom de Lapons. Sorti en 1989, Gula Gulla rencontre un réel succès, bien au-delà des frontières de sa Norvège natale. Le label de Peter Gabriel, Real World, spécialisé dans les musiques du monde, décide même de le distribué à partir de 1993. Capté à Kassel, en Allemagne, ainsi qu'à Trondheim, en Norvège, Eallin est son premier témoignage live. Sorte de cérémonie chamanique, la prestation donne le vertige. Mari et ses cinq musiciens, tous impressionnants, ouvrent une fenêtre sur ces immenses espaces nordiques où la nature à la fois mystérieuse, fascinante et intrigante semble foisonnante, réduisant l'être humain à une portion congrue de son infinité. Comme Mari, son guitariste Roger Ludvigsen est d'origine sami. Celui qui enflamme par son jeu distordu le monumental Vuolgge Mu Mielde Bassivárrái, jouera aussi sur les albums Mesmerized et Pilot de la chanteuse norvégienne Kari Rueslåtten. Gjermund Silset (basse, somptueux dans ses soli sur Modjás Katrin) et Helge Andreas Norbaken (percussions) viennent tous deux du jazz, tandis que le flûtiste péruvien Carlos Zamata Quispe apporte une certaine touche exotique inattendue. La violoniste Hege Rimestad est une pionnière en Norvège dans l'utilisation du violon électrique. L'année suivante, en 1997, elle fera paraître son premier album solo, Hvite Pil, sorti aussi sous le titre de White Arrow, sur lequel figureront tous ses compagnons de scène, y compris Mari. Cette combinaison gagnante était indubitablement la meilleure pour donner vie sur scène à une musique d'une autre dimension, fusionnant sans perdre son identité des éléments de jazz, d'ethnique et de prog.
Musiciens
Mari Boine : chant, djembé
Gjermund Silset : basse, hackbrett
Hege Rimestad : violon
Helge Andreas Norbaken : percussions
Roger Ludvigsen : guitares
Carlos Zamata Quispe : flûtes, chant, charango, zamponia
Sans la voix peu commune de sa chanteuse Mary Fahl, alliant profondeur et émotion, October Project n'aurait peut-être jamais rencontré le succès, malgré une musique pop luxuriante immédiatement accessible. Le groupe, basé à New-York, fait ses premières scènes au début des années 90, dans le quartier de Manhattan, fréquentant les mêmes clubs qu'un certain Jeff Buckley tout aussi débutant. Emil Adler (claviers, chant) et celle qui deviendra son épouse, Julie Flanders (paroles) sont à l'origine de cette formation atypique, sans batteur ni bassiste attitré mais avec une parolière comme cinquième membre officielle. Adolescents, tous deux se fréquentaient déjà et écrivaient ensemble. A la fac, au début des années 80, il se lient d'amitié avec Marina Belica, future claviériste et voix du combo. En 1985, arrive le guitariste David Sabatino qui intègre leur projet pas encore vraiment défini. La bascule se fait suite à leur rencontre avec Mary Fahl en 1989, une révélation. October Project voit alors le jour, un premier album éponyme paraît quatre ans plus tard. Ce disque présente une collection de ballade mélancoliques, très intenses, aux paroles assez ésotériques. Mais, comme dit plus haut, Mary et sa fascinante voix aux charmes envoutants leur donne ce supplément d'âme unique qui fait toute la différence. Parfois comparé à Renaissance, October Project m'évoque davantage Clannad par son aspect musical aérien, hors-sol. Une très belle découverte.
Pagan, onzième offrande de Faun, marque un nouveau départ dans leur carrière débutée en 1998. Alors que nos troubadours teutons adeptes du paganisme avaient signé un contrat de distribution avec le géant Universal en 2013, ils ont repris leur liberté. Désormais, Oliver Satyr et les siens gèrent seuls leur destinée, encouragés par la création de leur propre label, Pagan Folk Records dont ce disque est la première parution. Il est aussi le premier sans Fiona Rüggeberg, membre fondateur aux côtés d'Oliver, partie pour de nouveaux projets musicaux, dont Tvinna, ensemble musical réunissant Laura Fella (de Faun) et Fieke van den Hurk (ex-Cesair). Tourné vers les mythes nordiques et germaniques, Pagan s'apparente à un retour aux sources, entre incantations magiques, contes maléfiques et rythmes dansants. Si les voix ensorcelantes de Laura Fella et de l'elfe Adaya (nouvelle venue en remplacement de Fiona) se marient à merveille par leur contraste, elles bénéficient de l'appui de Lindy-Fay Hella de Wardruna sur le titre d'ouverture, Galdra, moment privilégié durant lequel le temps semble en suspens. Autres invités, les Suisses du combo de folk metal Eluveitie qui explosent le final du puissant Gwydion, pièce magistrale aux frontières des ténèbres. Willow Tree qui porte le sceau d'Adaya, Wainamoinen, ballade inquiétante où il est question d'un puissant sorcier finlandais, Tamlin, un classique du folk britannique peuplé de fées maléfiques vraiment pas sympas, ou encore l'entrainant Baldur aux paroles extraites d'un vieux poème runique norvégien, sont quelques-uns des titres incontournables de cet opus, futur classique dans l'abondante discographie de nos Faun.
Musiciens
Oliver Satyr : chant, bouzouki, moraharpa, mandore, taglharpa, guimbarde, guitare
Tout au long de leur carrière, l'art des Banshees est d'avoir été là où on ne les attendait pas. Ils étaient libres comme l'air. En 1991, Superstition déroute plus d'un fan à sa sortie par son orientation ostentatoirement pop et dance. Jamais ils ne s'étaient autant éloignés de leurs racines punks, voire même de leur image gothique qui leur collait à la peau alors qu'ils refusaient d'être associés à ce courant. Pour parvenir à ce résultat, ils ont fait appel au producteur Stephen Hague connu jusqu'alors pour ses collaborations avec OMD, Pet Shop Boys ou New Order pour leur single True Faith. De plus en plus passionné par les ordinateurs et les sons électroniques, c'est Steven Severin qui a orienté le groupe dans cette direction. Ils étaient alors au bord de l'implosion. Jamais leur relation n'avait autant été sous tension. Cet album était une tentative de réconciliation entre la charismatique (et caractérielle) Siouxsie, Steven Severin son ancien petit ami, et Budgie avec lequel elle s'est officiellement fiancée durant les sessions d'enregistrements. Les nouveaux membres, le guitariste Jon Klein et le claviériste Martin McCarrick (Marc Almond, Bryan Ferry, The Glove, Dead Can Dance, This Mortal Coil), tous deux arrivés en 1987, observaient, impuissants, cette situation ubuesque. Pour ne rien arranger, les musiciens n'ont pas enregistré ensemble, chacun était dans un studio séparé. Stephen Hague récupérait ensuite chaque session et les assemblait à l'aide de ses sequencers et ordinateurs. Au contraire de Severin, Siouxsie ne gardera pas un bon souvenir de ce processus. Seuls l'onirique Drifter inspiré de Morricone, et le tout aussi vaporeux Softly trouveront grâce à ses yeux, le reste de l'album manquant d'âme selon elle. Et surtout, elle reprochera à Hague d'avoir transformé son hommage à l'actrice Jayne Mansfield Kiss Them For Me en un hit trop difficile à interpréter live. En effet, le producteur chevronné a samplé des bouts de sa voix, puis les a recollé et transposé hors de sa tonalité habituelle. Cette chanson aux sonorités world se rapprochant ainsi du side project de Budgie et Siouxsie, The Creatures, bénéficie de la présence aux percussions de Talvin Singh qui collaborera par la suite avec Björk. Si, sur le plan musical, Superstition peut paraître plus solaire que ses prédécesseurs, il n'en demeure pas moins du pur Banshees avec ses paroles oppressantes, et cette atmosphère schizophrène, destructrice. A leur image.
Musiciens
Siouxsie Sioux : chant
Steven Severin : basse, claviers
Budgie : batterie percussions, claviers
Martin McCarrick : claviers, violoncelle, dulcimer
The London Symphony Orchestra And Chamber Choir With Guest Soloists - Tommy (1972)
Pourquoi écouter ce disque ?
Lorsque The Who sortent leur opéra-rock Tommy en 1969, plus rien ne sera comme avant pour eux. Cet album relatant la misérable vie de Tommy Walker devenu aveugle, sourd et muet dans son enfance, après avoir assisté au meurtre de l'amant de sa mère par son père, aura marqué toute une génération et bien au-delà. En 1972, le célèbre producteur Lou Reizner décide d'en faire une version symphonique. Pour cela, il demande à Wil Malone (qui travaillera plus tard avec Iron Maiden, Black Sabbath, Massive Attack ou Depeche Mode) de réaliser les arrangements, et convoque le London Symphony Orchestra conduit par David Measham avec lequel il collaborera à nouveau pour le Journey To The Centre Of The Earth de Rick Wakeman en 1974. Il ne manque plus que le casting pour les rôles principaux. Si Rod Stewart était prévu pour interpréter le rôle de Tommy, il finit par être écarté en faveur de Roger Daltrey. Au final, il n'apparaîtra que sur l'intrépide Pin Ball Wizard. Les autres Who, Pete Townshend et John Entwistle endosseront les rôles respectifs du narrateur et de l'horrible cousin Kevin. Autre célébrité, Ringo Starr apparaît sous les traits de l'infâme oncle Ernie. L'acteur irlandais Richard Harris est le Docteur, Steve Winwood de Traffic, le père, Richie Havens connu pour avoir ouvert le festival de Woodstock en 1969, Hawker, le chef d'une secte, Graham Bell, jeune chanteur en vogue à l'époque, l'amant. Les personnages féminins sont interprétés par trois femmes d'exception. C'est Sandy Denny (ex-Fairport Convention, ex-Fotheringay) en tant qu'infirmière, qui déclame le mémorable "It's a boy, Mrs Walker, it's a boy". Merry Clayton joue une Acid Queen magique. Si son nom ne vous dit rien, vous avez obligatoirement déjà entendu sa voix. C'est elle qui a immortalisé par ses chœurs le tonitruant Gimme Shelter des Rolling Stones en 1969. Aussi volcanique que Janis Joplin, Maggie Bell de Stone The Crows n'est autre que la mère désespérée de Tommy. Si cette version peut paraître trop grandiloquente pour certains, elle n'en demeure pas moins intéressante pour son approche originale, ses arrangements inventifs, et, surtout, son casting quatre étoiles.
Bridget St. John - From There / To Here: UK / US Recordings (1974-1982) (2022)
En 2015, Cherry Red Records, label britannique spécialisé dans les rééditions d'albums injustement oubliés, présentait dans un superbe coffret les trois premiers albums de Bridget St. John, chanteuse folk underground à mi-chemin entre Joni Mitchell et Nico. Cette période couvrait les années 1969 à 1972, celles où elle était en contrat avec Dandelion, label du célèbre animateur de radio John Peel qui a fait faillite en 1973, suite à un désaccord de distribution avec Polydor. Pour autant, sa carrière ne s'est pas arrêtée là. Et c'est maintenant la période 1974-1982 que Cherry Red Records place sous les projecteurs avec ce tout aussi passionnant coffret From There / To Here: UK / US Recordings, conçu avec l'aide directe de Bridget qui a écrit les notes internes du livret. 1974 est une année pivot pour la chanteuse. Jo Lustig, manager de Steeleye Span rencontré par l'intermédiaire de Rick Kemp, lui obtient un contrat intéressant chez Chrysalis. L'album Jumblequeen sort cette même année. Il est produit par Leo Lyons de Ten Years After et ont participé Beverley Martyn, Michael Giles (ex-King Crimson), Stefan Grossman, ou encore Chick Churchill, un autre de Ten Years After. Ce qui surprend dès la première écoute, c'est ce sentiment d'une Bridget sortie de son cocon, plus épanouie et apaisée, sûre d'elle-même. 1974 est aussi l'année où elle est élue cinquième chanteuse favorite des lecteurs du Melody Maker suite à un sondage. Deux ans plus tard, elle abandonne tout pour s'envoler vers New-York. Elle s'établit dans Greenwich Village, quartier qui a vu émerger les plus grandes stars du folk us, de Dylan à Simon & Garfunkel en passant par Joan Baez et Joni Mitchell. Pour vivre, elle fait différents petits boulots, faisant même des voix-off. Plus discrète sur le devant de la scène, elle n'abandonne cependant pas la musique. Elle continue à écrire des chansons et à les enregistrer, sans qu'elles soient publiées. Il faut attendre 1995 et son album Take The 5ifth qui est en fait une compilation de dix-sept morceaux conçus entre 1976 et 1982. The New York Sessions, troisième cd de notre coffret, témoigne lui aussi de l'activité de Bridget à cette époque, avec, à nouveau, dix-sept autres titres quasiment tous inédits comprenant de belles curiosités. En 1983, Bridget donne naissance à sa fille qui devient sa priorité. Elle cesse alors son activité de chanteuse. From There / To Here: UK / US Recordings (1974-1982) remet justement à l'honneur cette partie méconnue de sa carrière que je trouve toute aussi intéressante que la première partie, notamment par son aspect plus lumineux. Grâce à ces deux coffrets, indissociables l'un de l'autre, Cherry Red Records offre une nouvelle vision sur l'évolution artistique de cette chanteuse des plus attachantes, qui a côtoyé en son temps les plus grands, tels que Mike Oldfield, Kevin Ayers, Nick Drake, John Martyn, David Bowie, Deep Purple, King Crimson ou encore Jethro Tull.
DISC ONE
JUMBLEQUEEN
01. SPARROWPIT
02. SONG FOR THE WATERDEN WIDOW
03. I DON’T KNOW IF I CAN TAKE IT
04. SOME KIND OF BEAUTIFUL
05. LAST GOODNIGHT
06. CURIOUS AND WOOLLY
07. WANT TO BE WITH YOU
08. JUMBLEQUEEN
09. SWEET PAINTED LADY
10. LONG LONG TIME
11. 3DB AUSTRALIA
12. BUMPER TO BUMPER
13. GROW
14. NANCY ALICE (LATER)*
15. JUST LIKE A WOMAN (BATTERED ORNAMENTS VERSION)*
16. LITTLE SONG (TAKE 2)*
*PREVIOUSLY UNRELEASED
DISC TWO
TAKE THE 5IFTH
01. CASTAWAY
02. CHAMILLE
03. MAKE-ME-WHOLE
04. JEALOUS JAILER
05. I NEED IT SOMETIMES
06. BEST I CAN
07. MAYBE IF I WRITE A LETTER
08. CRAZY HEART
09. FEEL MY LOVE
10. SONG FOR JOHN
11. YOU MAKE IT ALL RIGHT
12. SAFE PLACE
13. TALK TO ME
14. MANHATTAN MADHATTERS
15. ONE NIGHT WONDER
16. CATCH A FALLING STAR
17. FLYING FOR NOW
DISC THREE
THE NEW YORK SESSIONS
01. MOODY
02. EASY COME EASY GO
03. CURIOUS AND WOOLLY (NEW YORK VERSION)*
04. CASTAWAY (NEW YORK SIMPLER VERSION)*
05. WHAT AM I SUPPOSED TO DO (NEW YORK 1976)*
06. SOME KIND OF BEAUTIFUL (NEW YORK ROCK VERSION)*
Andy Jackson, ce nom n'est pas inconnu à tout inconditionnel de Pink Floyd. Depuis The Wall en 1979, il a collaboré à tous leurs albums en tant qu'ingénieur du son. C'est aussi lui qui est à l'œuvre sur les albums solos de David Gilmour à partir d'About Faces (1984) et sur celui de son frère ennemi Roger Waters, The Pros And Cons Of Hitch Hiking (1984). Un beau CV donc. En 2014, il se tente dans un essai solo avec Signal To Noise, suivi, deux ans plus tard, par 73 Days At Sea. Ce dernier a attiré notre attention du fait de la présence aux vocaux d'Anne-Marie Helder de Panic Room. Elle apparaît sur le morceau épique, long de dix-sept minutes, Drownings, titre sur lequel est également invité le saxophoniste David Jackson, ex-Van Der Graaf Generator, et aujourd'hui membre de l'intéressante formation prog-folk Kaprekar's Constant. Andy joue de tous les autres instruments et chante aussi. Tous les ingrédients qui ont contribué à forger le paysage sonore du Floyd sont au rendez-vous : bruitages, passages instrumentaux transitoires, odyssée épique, chant à la fois fragile et expressif, dans la lignée de celui de Waters avec quelques intonations gilmouriennes, atmosphère aérienne, voire planante, présence d'un saxophone, qualité audio exceptionnelle. A travers ce disque, Andy célèbre la mer, si présente dans notre imaginaire du fait de tous ces mythes et légendes ancestraux qui lui sont associés. A noter la curieuse performance d'Anne-Marie, bien loin de ce qu'elle nous avait habitué jusqu'à présent. Sa voix douce, en même temps si incertaine, n'est pas sans évoquer celle de la fantastique Judy Dyble, première chanteuse de Fairport Convention, qui a signé par la suite de magnifiques albums solos jusqu'à sa disparition en 2020. Si vous êtes amateur de tranquilles et apaisants errements sur des rivières sans fin, ce disque est indéniablement pour vous.
Difficile d'exister pour For The Roses, coincé entre les deux plus grands succès commerciaux de Joni Mitchell que sont Blue (1971) et Court And Spark (1974). Pourtant, ce disque sorti en 1972, après la rupture de la chanteuse avec James Taylor, ne manque pas de charme. Avec le recul, on peut dire qu'il marque la phase de transition entre la période folk de Joni et son ouverture vers une musique plus aventureuse aux sonorités jazz. Signe de cette évolution, l'abandon du dulcimer, la quasi-absence de la guitare acoustique et la forte présence du piano. Trois chansons en particulier annoncent ce futur jazzy, Barangrill, Let The Wind Carry Me, et Cold Blue Steel And Sweet Fire aux accents dramatiques. Ce morceau dénonce les ravages de l'héroïne. Les autres textes de Joni abordent des thèmes sociétaux tels que l'inégalité (Banquet) ou le stress engendré par nos sociétés modernes (Electricity), mais aussi sentimentaux (See You Sometimes, Woman Of Heart And Mind, For The Roses). Pressée par son manager de sortir un hit, elle composera le sarcastique You Turn Me On, I'm A Radio qui en deviendra vraiment un. L'album se referme sur un Judgement Of The Moon And Stars (Ludwig's Tune) savamment orchestré, hommage à ce génie incompris en son temps qu'était Beethoven. Pour mener à bien son projet, la chanteuse canadienne s'est entourée de solides musiciens comme Tommy Scott (instruments à vent), Wilton Felder à la basse, bien connu des studios de la Motown, Russ Kunkel déjà présent à la batterie sur Blue, Bobbye Hall (Janis Joplin, Marvin Gaye, Carole King) aux percussions, et Bobby Notkoff aux cordes. Et elle a aussi fait appel à quelques invités notoires que sont Graham Nash, Stephen Stills (tous deux du célèbre Crosby, Stills, Nash & Young) et le guitariste James Burton, fidèle d'Elvis Presley dans les 70's, également présent sur le fameux Who Knows Where The Time Goes de Judy Collins en 1968.
Musiciens
Joni Mitchell : chant, guitare, piano
Tom Scott : instruments à vent
Wilton Felder : basse
Russ Kunkel : batterie
Bobbye Hall : percussions
Bobby Notkoff : cordes
James Burton : guitare électrique
Graham Nash : harmonica
Stephen Stills : basse, batterie, guitare électrique
Titres
01. Banquet
02. Cold Blue Steel And Sweet Fire
03. Barangrill
04. Lesson In Survival
05. Let The Wind Carry Me
06. For The Roses
07. See You Sometime
08. Electricity
09. You Turn Me On, I'm A Radio
10. Blonde In The Bleechers
11. Woman Of Heart And Mind
12. Judgement Of The Moon And Stars (Ludwig's Tune)