Prog Female Voices: Edenya

vendredi 30 avril 2021

Edenya - Silence (2020)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ils s'appelaient Lola, Sven, Salah, Elodie, Stéphane, Nick ou encore Jean-Jacques. Ils étaient jeunes, d'autres moins. Célibataires, en couple ou parents. Ils sont tombés sous les balles en cette nuit d'horreur du 13 novembre 2015 au Bataclan. Will The Demon Win?, chanson centrale du premier album d'Edenya rend un vibrant hommage à ces 130 victimes pour qu'elles ne soient jamais oubliées. Curieuse introduction pour présenter cette formation francilienne, mais autant le dire de suite, Edenya, c'est de l'émotion à l'état pur. On ne sort pas indemne de l'écoute de leur Silence. Fondé en 2010 par Marco, à la fois multi-instrumentiste, auteur et compositeur, Edenya a édité un premier EP en 2013 avec la chanteuse camerounaise Ida Rose. Quand celle-ci s'en est allée, deux nouvelles voix ont été recrutées, Elena et Rémi. Devenue trio, la formation, guidée par cette recherche des sensations, s'est constituée un solide répertoire aux multiples influences revendiquées, du rock au folk, de l'ambient au prog, en passant par le metal. Inclassables, ils font partie de cette catégorie d'artistes qui, au sommet de leur art, ont le don de s'adresser directement à l'âme, transperçant d'un seul coup toute résistance : Anathema, Fish, Loreena McKennitt ou encore Anneke van Giersbergen. D'ailleurs, cette dernière vient à l'esprit à l'écoute du premier titre, le sublime The Promise porté par Elena. La première fois que je l'ai entendu, j'en ai pleuré. C'est le genre de chanson mélancolique qui vous embarque, sans prévenir. Fermez les yeux, imaginez-vous la reprendre en chœur avec des milliers d'autres fidèles dans un immense stade, telle une communion. Effet garanti. C'est à nouveau Elena qui prête sa voix à la mystérieuse Sabrina, la deuxième piste. Là aussi, impossible de demeurer insensible face au désespoir de cet être tourmenté. Rémi interprète seul deux titres, Will The Demon Win? ainsi que le morceau final Still Alive, tous deux d'une grande dignité et sobriété. Ensemble, ils se donnent la réplique sur un All They Want éblouissant, aux couleurs pastorales. Elena est à nouveau seule pour la chanson-titre, l'épique Silence, sombre et orageux. Broken Love et Chaos sont deux instrumentaux. Tous deux pourraient très bien servir de bande-son à un film, même si j'ai ma préférence pour Broken Love, aux effluves "tiersen" avec son piano entêtant et son violon fou. Magnifique découverte, je souhaite à Edenya de rencontrer tout le succès qu'il mérite. Un dernier mot, Marco, Elena et Rémi, malgré ces temps difficiles, les démons de gagneront pas.. Jamais. Je vous en fais la promesse.