lundi 16 mai 2022

Kasarova / Kyurkchiyski - Bulgarian Soul (2003)

Vesselina Kasarova Bulgarian Soul
Kasarova / Kyurkchiyski - Bulgarian Soul (2003)

Pourquoi écouter ce disque ?

Aidée du compositeur et arrangeur Krassimir Kyirkchiyski, la chanteuse lyrique mezzo-soprano Vesselina Kasarova, une des plus belles voix de Bulgarie, nous initie le temps d'un disque aux mystères de l'âme bulgare. Avec plus de 300 000 chansons et pièces instrumentales, la musique populaire bulgare constitue l'essence même de l'identité culturelle de ce petit pays situé entre l'Orient et l'Occident, au cœur des Balkans fragmentés. Si chacune de ses régions historiques a développé un style bien défini, variant néanmoins d'un village à un autre, elles ont en commun la particularité d'avoir différencié le chant et la musique, considérés comme deux arts à part. Les chansons ne sont, par tradition, que rarement accompagnées de musique réservée plutôt à la danse. Autre caractéristique, le chant est avant tout une affaire de femme, ce qui laisse supposer que ces pièces ancestrales, transmises de générations en générations, ont été créés par des femmes. Souvent mélancoliques, elles relatent des faits héroïques légendaires, évoquent l'amour, s'inspirent d'anciens rituels profanes, ou célèbrent les durs labeurs de la paysannerie. Sur ce blog, nous avons déjà croisé les routes du Mystère de Voix bulgares (devenu The Mystery Of The Bulgarian Voices), d'Irfan et de Darina Zlatkova, Vesselina Kasarova propose une autre approche toute aussi originale, entre classique et folk traditionnel. 

Musiciens

Vesselina Kasarova : chant

Ermila Schweizer-Sekulinova : piano
Cosmic Voices from Bulgaria : chœurs
Sofia Soloists Chamber Orchestra

Titres

01. Dilmano, Dilbero
02. Kalimanku, Denku
03. Day Mi, Bozhe, Krila Lebedovi
04. Zablyalo Mi E Agantse
05. Polegnala E Tudora
06. Rofinka Bolna Lezhi
07. Melodiya
08. Slantse Ogreyalo
09. Se Ma Yad, Mamo
10. Malkata Tsvetarka
11. Vokaliza
12. Mama Rada Dumashe
13. Proshetna Se Momchilitsa
14. Ya Kazhi Mi, Oblache Le Byalo

Vidéos

Day Mi, Bozhe, Krila Lebedovi : lien vidéo ici

Kalimanku, Denku : lien vidéo ici

dimanche 15 mai 2022

Angela Gheorghiu - Mysterium (2001)

Angela Gheorghiu Mysterium
Angela Gheorghiu - Mysterium: Airs Sacrés (2001)

Pourquoi écouter ce disque ?

Angela Gheorghiu ou l'étoile scintillante de Roumanie. En 2001, lorsque sort Mysterium, elle est devenue une star internationale. Sa carrière débute au début des années 90, suite à la chute du régime communiste de Ceaucescu. Elle peut désormais sortir sans crainte de son pays et se produire sur les plus prestigieuses scènes du monde comme le Royal Opera House ou la Scala. Mariée en 1996 à Roberto Alagna, sa voix ne cesse de fasciner les amateurs d'opéra. Pour autant, elle n'oublie pas sa Roumanie natale. Mystérium célèbre quinze airs sacrés, dont quatre roumains. Il faut attendre le XIXe siècle pour qu'apparaissent les premiers compositeurs roumains tels que Pann ou Humulescu. En interprétant leurs œuvres aux côtés de celles de Gounod, Schubert ou Brahms, elle ancre définitivement la culture roumaine (si riche mais si méconnue) à celle de l'Europe. Les tous premiers sons de ce disque à l'atmosphère mystique, telle celle des églises orthodoxes, proviennent d'une toaca. Cet instrument à percussions, typique de Moldavie, est apparu à l'époque médiévale, en remplacement des cloches dont le métal était fondu par l'envahisseur turc. Il les remplaçait pour l'appel à la prière. Depuis, il est entré dans la tradition religieuse. En rupture avec notre monde matérialiste, Angela Gheorghiu cherche à atteindre nos âmes à travers ses chants divins, accompagnée par le chœur Madrigal, fondé et conduit par Marin Constantin, et l'Orchestre Philarmonique de Londres. 

Musiciens

Angela Gheorghiu : chant

Chœur Madrigal
Orchestre Philarmonique de Londres

Titres

01. Tatăl Nostru
02. Priveghiaţi Si Vă Rugaţi
03. Stihuri Din Catavasiile Întâmpinării Domnului
04. Iubi-Te-Voi, Doamne
05. O Holy Night
06. Mille Cherubini In Coro
07. Pie Jesu (From "Requiem")
08. Wiegenlied, Op. 49 No. 4
09. Auf Flügeln Des Gesanges, Op. 34 No. 2
10. Salve Regina
11. Ave Maria
12. Pietà, Signore
13. Quia Respexit (From "Magnificat")
14. Ave Maria (Ellens Dritter Gesang)
15. Adeste, Fideles

Vidéos

Tatăl Nostru : lien vidéo ici

Ave Maria : lien vidéo ici

jeudi 12 mai 2022

Luar Na Lubre - Solsticio (2010)

Luar na Lubre Solsticio
Luar Na Lubre - Solsticio (2010)

Pourquoi écouter ce disque ?

Après vingt-cinq ans de carrière et une dizaine d'albums à son actif, Luar Na Lubre opère un retour aux sources. Solsticio, son nouvel album aux sonorités celtiques et médiévales, revisite les mélodies galiciennes ancestrales. Les instruments acoustiques, en particulier la vielle à roue qui avait été délaissée sur leurs dernières productions, sont à nouveau sollicités et mises à l'honneur par Bieito Romero, ses musiciens et leurs invités. Solsticio célèbre à la fois la musique médiévale chrétienne et la musique profane traditionnelle de Galicie, du Portugal et d'autres régions européennes. Le célèbre Chemin de Compostelle, ses pèlerins anonymes à travers les âges, les textes du troubadour Martin Codax qui vécut au XIIIe siècle, ou encore le Codex Calixtinus compilant des textes liturgiques, historiques et hagiographiques à la gloire de Saint-Jacques, sont quelques-unes des sources d'inspiration qui ont alimenté l'imagination de nos amis galiciens. Mais c'est surtout les chansons du roi Alphonse X le Sage, du moins celles qui lui sont attribuées, qui ont été déterminantes. Huit d'entre elles ont été sélectionnées parmi les quatre cents et plus répertoriées. A sa première écoute, Solsticio apparaît comme un album essentiellement instrumental. Sara Vidal, sa chanteuse depuis sept ans, ne pose sa voix que sur quatre titres, les meilleurs du disques, parmi lesquels l'entrainant Schiarazulla Marazulla / A Carolina, Ven Bailar Carmiña aux effluves nostalgiques, et le morceau final Romance De Don Gaiferos évoquant la légende du duc d'Aquitaine Guillaume X qui trouva la mort à son arrivée à la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, à l'issu de son pèlerinage. La soprano Xulia Cea ainsi que la chanteuse Diana Navarro (entendue sur Ao Vivo) apparaissent chacune sur un titre, Na Frouseira / Maravillosos Et Piadosos pour la première, A Miña Amiga pour la seconde. Solsticio donne un nouvel élan à Luar Na Lubre qui, juste après sa sortie, se séparera de Sara, pour accueillir en son sein Paula Rey au style plus proche de Rosa Cedrón.

Musiciens

Seuls les musiciens invités sont crédités dans la pochette du disque :

Pat Kilbride : guitare acoustique, chant
Miro Casabella : chant
Diana Navarro : chant
Xulia Cea : chant
Xocas Meijide : clarinette
Miguel Queixas : percussions
Miguel Cabana : percussions
Rubén Montes : percussions
Nani García : claviers

Titres

01. O Son Das Pedras
02. Camiño Do Norte
03. Mia Irmana Fremosa / Muiñeira De Poio
04. Unha Volta Polo Medio
05. Doentes
06. Schiarazulla Marazulla / A Carolina
07. Quantas Sabedes
08. Monte Pindo
09. A Miña Amiga
10. Na Frouseira / Maravillosos Et Piadosos
11. Ven Bailar Carmiña
12. Vía Láctea
13. Sabor A Santa María / Con Gran Razón
14. Trasmontana
15. Romance De Don Gaiferos

Vidéos

Ven Bailar Carmiña : lien vidéo ici

A Carolina : lien vidéo ici

dimanche 8 mai 2022

Ougenweide - All Die Weil Ich Mag (1974)

Ougenweide All die weil ich mag
Ougenweide - All Die Weil Ich Mag (1974)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ougenweide est un des groupes les plus singuliers de l'Allemagne des années 70. Pour son deuxième album sorti à peine un an après le premier, il accueille en son sein une nouvelle chanteuse, Minne Graw. Elle incarnera Ougenweide comme Grace Slick a incarné Jefferson Airplane ou Sandy Denny Fairport Convention, toutes trois ayant comme point commun d'être arrivées lors du deuxième album de leur formation respective. Pour une décennie, Minne devient ainsi la Voix féminine du groupe. Dans le Hambourg bouillonnant des seventies, Ougenweide joue une musique d'inspiration médiévale, accessible au grand public grâce à ses incursions pop et rock. Ses cousins s'appellent Fairport Convention, Steeleye Span, The Incredible String Band ou Malicorne. Der Fuchs Und Der Rabe, le premier morceau d'All Die Weil Ich Mag, laisse découvrir le chant cristallin de Minne, guère éloigné de celui de Jacqui McShee de Pentangle. Les arrangements, très travaillés, sont somptueux et délicats, tout autant que les harmonies vocales. Les textes explorent le passé de l'Allemagne. Der Rattenfänger est signé Goethe, Der Rivale date du XVIIe siècle, Palästina Lied évoquant les Croisades est de Walther von der Vogelweide-Bearb, grand poète des XIIe-XIIIe siècles, et Merseburger Zaubersprüche reprend une des deux incantations magiques de Mersebourg, les plus vieilles connues relatives aux croyances païennes germaniques, conservées dans leur langue d'origine. Sans Ougenweide et son extravagance, il est certain qu'Estampie ou Faun n'auraient jamais vu le jour. 

Musiciens

Minne Graw : chant, flûte, harmonium, clavecin, piano
Frank Wulff : flûte, mandoline, guitare acoustique, harmonium indien, guimbarde
Stefan Wulff : basse, piano, guitare acoustique 
Jürgen Isenbart : marimbaphone, glockenspiel, xylophone, percussions
Wolfgang von Henko : mandoline, guitares, chant
Olaf Casalich : chant, batterie, percussions

Titres

01. Der Fuchs Und Der Rabe
02. Der Rivale
03. Der Rattenfänger
04. Für Irene
05. Merseburger Zaubersprüche
06. Ich Spring An Diesem Ringe
07. Wan Sie Dahs
08. Der Blinde Und Der Lahme
09. Palästina Lied
10. Wintertanz
11. Einen Gekrönten Reien

Vidéos

Der Fuchs Und Der Rabe : lien vidéo ici

Palästina Lieb : lien vidéo ici

Der Rivale : lien vidéo ici

vendredi 6 mai 2022

Robert Santamaría & Ensemble Spatium - Jaume I: Músíca De Fets Í Llegendes (2021)

Robert Santamaria Jaume I Musica de fets i llegendes
Robert Santamaría & Ensemble Spatium -
Jaume I: Músíca De Fets Í Llegendes
(2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Paru peu de temps après El Ojo Del Mundo, le dernier album d'Amarok, Jaume I: Músíca De Fets Í Llegendes est présenté par son créateur Robert Santamaría comme son projet le plus ambitieux. Fondateur d'Amarok, un des groupes les plus passionnants de la scène prog espagnole, Robert a élaboré avec minutie, durant une trentaine d'années, ce disque d'une incroyable richesse. Il raconte l'histoire du célèbre roi d'Espagne Jacques Ier d'Aragon dit le Conquérant qui régna de 1229 à 1276. Durant sa vie agitée, ce personnage-clé de l'histoire de la péninsule ibérique a renforcé le pouvoir royal et repris les Baléares, Valence et la Murcie aux musulmans. Robert ne s'est pas limité à la seule approche historique, il a aussi embrassé toute la dimension légendaire de cet illustre souverain devenu chevalier-roi dès l'âge de vingt ans. Sont dépeints ses succès, mais aussi ses échecs, ainsi que les trois femmes incontournables de sa vie, ses épouses successives Aliénor de Castille, Yolande de Hongrie et Thérèse Gil de Vidaure. L'idée première de ce projet pharaonique est née au début des années 90, après que Robert ait quitté son Venezuela natal pour s'installer en Catalogne. Avec Lidia Cerón, première chanteuse d'Amarok, ils posent ensemble les bases. Puis, en parallèle d'Amarok, Robert tisse patiemment les fils qui, parfois, s'enchevêtrent avec les compositions de son groupe. Ainsi, des chansons comme El Rei Infant, Canço De Guerra, Elionor De Castella, Teresa Gil et El Pi De Les Tres Branques, composées entre 1991 et 1993, aurait parfaitement pu faire partie d'œuvres telles que Els Nostres Petits Amics ou Canciones De Los Mundos Perdidos. D'autres, comme Vida Cortesana ou L'Últim Viatge datent de 1997 à 1999. Celebracions et L'Aprenent De Rei appartiennent à l'époque de Quentadharkën (2004). Enfin, Al-Àndalus, La Llum Minvant, a été composé récemment, en même temps que les thèmes d'El Ojo Del Mundo. Cette musique d'essence médiévale enrichie d'éléments folk, prog, classique et world, entre Orient et Occident, est interprétée par l'Ensemble Spatium. Cette formation de dix musiciens réunit à la fois des membres d'Amarok comme la sublime chanteuse Marta Segura, le vieux compagnon de route Manel Mayol, l'ami de toujours Victor Estrada, les nouveaux venus Tarik Smith et Marc Egea, ainsi que deux fidèles de Dafnia, autre projet parallèle de Robert, que sont Manel Vega et Coloma Bertran. Pour faire une comparaison un peu osée, cet album, au livret richement illustré tel des enluminures, m'évoque le Beneath The Waves de Kompendium, imaginé par Rob Reed de Magenta, œuvre toute aussi monumentale frôlant la perfection qui illustre à elle seule tout le savoir-faire d'un Artiste avec un grand "A". 

Musiciens

Robert Santamaría : claviers, saz, kanoun, santour, autoharpe, guitare, glockenspiel, xylophone, percussions

Marta Segura : chant
Manel Mayol : flûtes, chant
Coloma Bertran : violon 
Aniol López : percussions
Pep Bonachera : hautbois
Tarik Smith : trompette
Manel Vega : contrebasse
Joan Miro : oud, ney, chant
Marc Egea : vielle à roue, duduk
Victor Estrada : guitare espagnole

Chorale Belles Arts de Sabadell

Titres

01. Dotze Ciris
02. El Rei Infant
03. El Pi De Les Tres Branques
04. L'Aprenent De Rei
05. Lionor De Castella
06. Canço De Guerra
07. Violant D'Hongria
08. Celebracions
09. Al Andalus, La Llum Minvant
10. Vida Cortesana
11. Catars, Els Vasalls Oblidats
12. Teresa Gil
13. Els Fets D'Un Rei
14. L'Últim Viatge

Vidéo

dimanche 1 mai 2022

Horzines Stara - Bords De Terre - Dubhe (2022)

Horzines Stara Bords De Terre
Horzines Stara - Bords De Terre - Dubhe (2022)

Pourquoi écouter ce disque ?

Ces quatre-là, elles sont complètement barrées ! Elles ? C'est Horzines Stara, quatuor féminin originaire de Normandie. Bords De Terre - Dubhe est leur premier album qui a nécessité quatre années de préparation. Miléna Martin (violoncelle, chant), Élise Pastor (percussions, chant), Marceline Malnoë (accordéon, chant) et Laura Zanetti (guitare, chant) sont quatre voix en polyphonie qui offrent une musique acoustique aux allures traditionnelles, nourrie d'influences multiples (chanson française, musique balkanique, folk psychédélique...) à l'image de cette génération du monde d'aujourd'hui qui a abattu les frontières culturelles. Leur modèle ? Ces conteuses d'antan, qu'elles soient normandes ou d'ailleurs. Horzines Stara qui signifie "vieilles étrangères" (horzines = étrangères en normand et stara = vieilles en polonais) ne s'impose aucune limite dans leur création, leur maître-mot étant "liberté". En lisant dans les notes du livret de l'album qu'elles avaient été en Moldavie, j'ai de suite fait un parallèle avec la formation moldave Zdob și Zdub, toute aussi imprévisible dans sa démarche artistique. A l'exception de deux textes, l'un d'Henri Michaux (L'Isoloir) et l'autre, incandescent, du poète maudit rémois Roger Gilbert-Lecomte (La Tête A L'Envers), elles écrivent leurs propres paroles en anglais, en français, mais aussi dans une langue imaginaire aux sonorités est-européennes. Je ne peux que vous inviter à vous laisser tenter par leur douce folie délicieusement contagieuse. 

Le quatuor Horzines Stara révèlera son nouvel album « Bords de Terre – Dubhe » à l’occasion de sa sortie le 27 mai 2022 en digital et le 17 juin 2022 en physique chez Vlad Productions / InOuïe Distribution. Ce nouvel opus sera présenté le jeudi 30 juin 2022 sur la scène du Studio de L’Ermitage (Paris) lors d’un concert de lancement exceptionnel.

Musiciennes

Miléna Martin : violoncelle, chant 
Élise Pastor : percussions, chant
Marceline Malnoë : accordéon, chant
Laura Zanetti : guitare, chant

Titres

01. Hague
02. Les Bords De Terre
03. The Walker
04. Intro
05. Oshoï
06. Sinakor
07. La Tête A L'Envers
08. L'Isoloir
09. C'est L'Évolution
10. La Ville A L'Aube
11. Cosmos
12. Drata Unso
13. Tchélobé

Vidéos


La Ville A L'Aube (live) : lien vidéo ici

L'Isoloir : lien vidéo ici

mardi 26 avril 2022

Ute Lemper - Blood & Feathers: Live From The Café Carlyle, New York (2005)

Ute Lemper Blood & Feathers
Ute Lemper - Blood & Feathers:
Live From The Café Carlyle, New York (2005)

Pourquoi écouter ce disque ?

Une petite escapade entre le Berlin décadent des années 20, le Paris romantique de Jacques Prévert et le New York meurtri du nouveau millénaire, ça vous dit ? En 2005, l'artiste allemande Ute Lemper a posé ses valises au Café Carlyle de New York, où sont passées auparavant Judy Collins, Debbie Harry ou encore Eartha Kitt, pour sept semaines de spectacle aux ambiances cabaret bien déjanté. A la fois danseuse, actrice et chanteuse, Ute s'est fait connaître durant les années 80 pour ses reprises de Kurt Weill et Bertolt Brecht, mais aussi pour sa participation à la comédie musicale Cabaret pour laquelle elle a obtenu un Molière en France. En 1990, elle joue le rôle de l'épouse de Pink lors du géantissime The Wall Live In Berlin orchestré par Roger Waters. Entourée de Vana Gierig au piano, de Mark Lambert (de Renaissance) à la guitare, de Gregory Jones à la basse et du batteur Todd Turkisher, Ute propose un spectacle à la fois vivant et extravagant, en interaction sans cesse avec le public. Revisitant son répertoire, elle reprend certains classiques de Brecht qui l'ont fait connaître, mais aussi du Piaf en français dans le texte (Milord, l'Accordéoniste avec lequel elle s'envole durant une dizaine de minutes), du Stephen Sondheim (The Ladies Who Lunch) et quelques classiques pop plus contemporains signés Van Morrison, Sting, Joni Mitchell ou bien Tom Waits. Cabaret Medley clôture la représentation. Cet enchaînement est un hommage à John Kander et Fred Ebb (décédé en 2004) qui ont écrit les comédies musicales à succès Cabaret et Chicago, ainsi que la célèbre chanson New York, New York popularisée par Liza Minnelli. Seule Blood And Feathers a été composée par Ute. Cette chanson très intense est alors inédite ; elle sera enregistrée pour son album suivant Between Yesterday And Tomorrow (2007). Ute Lemper est une artiste surprenante au parcours artistique atypique. Excellente introduction à son univers surréaliste, cet album live offre une large étendue de son talent et c'est un pur régal. 

Musiciens

Ute Lemper : chant

Vana Gierig : piano
Mark Lambert : guitare
Gregory Jones : basse
Todd Turkisher : batterie

Titres


01. Pirate Jenny
02. Milord
03. Blood And Feathers
04. The Ladies Who Lunch

Moon Medley
05. Bilbao Song
06. Moon Dance
07. Moon Over Bourbon Street
08. Moon Of Alabama
09. Moon At The Window
10. It's Only A Paper Moon
11. Grapefruit Moon

12. Lili Marlene
13. Münchhausen / The Baron Of Lies
14. Accordeoniste
15. Cabaret Medley

Vidéos

Extraits : lien vidéo ici

Blood And Feathers : lien vidéo ici

dimanche 24 avril 2022

AmartiA - Daylight Beauty (2021)

Amartia Daylight Beauty
AmartiA - Daylight Beauty (2021)

Pourquoi écouter ce disque ?

Et la lumière fut... Tel un phénix, AmartiA renait de ses cendres en 2014 suite à la rencontre entre Vincent Vercaigne, son fondateur et guitariste, et la chanteuse Amandine Duwooz. Groupe lillois apparu au début des années 2000, il éclate une dizaine d'années plus tard après avoir accueilli en son sein deux chanteuses successives. Grâce à l'arrivée d'Amandine, Vincent reprend confiance. Il rappelle son vieux complice Cyril Carrette derrière les claviers depuis 2002, et s'entoure d'une nouvelle rythmique, Sébastien Descarpentries à la basse et Thomas Desmet à la batterie. En 2017, AmartiA présente son cinquième album, l'acclamé The Beast Within... aux influences metal prog. Quatre ans après, ils reviennent avec un Daylight Beauty, plus apaisé, mais tout aussi éblouissant. Le line-up demeure inchangé, à l'exception du poste de batteur désormais occupé par Quentin Daumal arrivé juste après la sortie de The Beast Witin... . AmartiA s'est transformé en une véritable aventure humaine réunissant cinq musiciens soudés, bien loin de ce qu'il était à ses débuts, et cela s'entend dans sa musique. Lumineux et flamboyant, Daylight Beauty s'oppose à son prédécesseur ténébreux et sombre, tout en étant complémentaire. Ces deux opus indissociables ont été imaginés comme les deux faces d'une même pièce, à l'instar de ce qu'avait proposé Hubert-Félix Thiéfaine avec La Tentation Du Bonheur et Le Bonheur De La Tentation. Portée par les soli étincelants de Vincent, les claviers majestueux de Cyril et une rythmique solide et inventive, Amandine nous éblouit par ses lignes de chant incandescentes, rivalisant sur certains passages avec Anneke van Giersbergen (Lily, Old Man And The Sea, Cloud 9). Elle-même avoue avoir gagné en confiance. Même si ma préférence va pour The Journey, voyage onirique au subtil développement progressif, il n'y a aucun moment faible sur ce disque doté d'une identité forte, évoquant par moments Magenta, Karnataka, Anathema ainsi que The Gathering. Avec Daylight Beauty, AmartiA atteint des sommets stratosphériques, tant sur le plan émotionnel que musical. Il deviendra, à ne pas en douter, un incontournable de la discographie du groupe, mais aussi un classique de référence de ce que propose la scène prog française actuelle. A posséder absolument !   

Musiciens

Amandine Duwooz : chant
Vincent Vercaigne : guitares, chœurs
Cyril Carrette : claviers
Sébastien Descarpentries : basse, guitare, claviers
Quentin Daumal : batterie

Benjamin Dubray : saxophone
Clive Nolan : voix

Titres

01. Lose Control
02. Dancing Light
03. Lily
04. Child's Eye
05. The Journey
06. In Waves
07. Old Man And The Sea
08. Melancholy
09. Please Tell Me
10. Cloud 9

Vidéos

Old Man And The Sea : lien vidéo ici

Child's Eye : lien vidéo ici

Lily (live) : lien vidéo ici

vendredi 22 avril 2022

Nebelhexë - Essensual (2006)

Nebelhexë Essensual
Nebelhexë - Essensual (2006)

Pourquoi écouter ce disque ?

Elle était mannequin. Elle était écrivaine. Elle était chanteuse. Andrea Haugen a été assassinée le 13 octobre 2021 dans les rues de Kongsberg, en Norvège, par un illuminé armé d'un arc et de flèches. Quatre autres personnes ont été tuées ce sinistre jour, majoritairement des femmes, et trois autres ont été blessées. Andrea s'est forgée une solide réputation au sein de la scène underground dark à partir des années 90, sous les noms d'Aghast puis d'Hagalaz' Runedance. Avec les années 2000, son projet musical devient Nebelhexë, ce qui peut se traduire par "sorcière du brouillard". Trois albums sortiront sous ce nom, Laguz, Within The Lake (2004), Essensual (2006), et Dead Waters (2009). Lorsqu'elle a commencé à travailler sur Essensual, elle était dans une mauvaise période de sa vie, tant sur le plan émotionnel que philosophique. Elle avait du mal à se reconnaître dans ce monde tourmenté. En réponse, elle est partie à la recherche de nouvelles sonorités, développant l'aspect électro et dansant de sa musique peu exploré jusque-là, sans pour autant abandonner les guitares tranchantes, comme en témoignent celles de Purple Nightshades ou d'Invisible Entity, ni les ambiances sombres ou ésotériques. Les oreilles affutées aux années 80 se remémoreront à l'écoute de ce disque les premiers Depeche Mode, Kate Bush mais aussi The Cure dont elle reprend ici de manière honnête leur cultissime The Figurehead. Avec Essensual, Andrea élargit son champ d'horizon, comme l'a fait cette même année 2006 une autre figure incontournable de la scène gothique, Monica Richards de Faith & The Muse avec son premier album solo, InfraWarrior

Musiciens

Andrea Haugen : chant

Cosmocrator : guitares, basse, claviers
Thorbjørn Akkerhaugen : guitares, basse, claviers

Titres

01. Underworld 
02. Invisible Entity
03. Their Dead Poetry
04. Sun God
05. Erzulie's Charm
06. Purple Nightshades 
07. Living Trash
08. The Figurehead
09. The Wish
10. Dreams Of Little Girls 

Vidéos

Underworld : lien vidéo ici

The Figurehead : lien vidéo ici

Invisible Entity : lien vidéo ici

lundi 18 avril 2022

Kate Bush - Hounds Of Love (1985)

Kate Bush Hounds Of Love
Kate Bush - Hounds Of Love (1985)

Pourquoi écouter ce disque ?

Hounds Of Love ou le chef d'œuvre absolu de Kate Bush. Successeur de The Dreaming (1982) au succès mitigé, ce cinquième album de Kate va pulvériser tous les records de vente en détrônant Madonna et son Like A Virgin dans les charts britanniques. Bien qu'il ait nécessité plus de deux années de travail minutieux et méticuleux où rien n'a été laissé au hasard, il a été enfanté dans une période où Kate n'a jamais été aussi heureuse. En 1983, elle a quitté Londres pour s'installer dans une ancienne ferme rénovée du XVIIe siècle, située dans le Kent, au cœur de la campagne anglaise. Cette nouvelle proximité avec la nature sera une source d'inspiration non négligeable dans son nouveau projet artistique. Ce sentiment de liberté a été également accentué par la construction de son propre studio d'enregistrement dans le domaine familial où elle a grandi. Ainsi, Kate n'a plus à dépendre ni de sa maison de disque, ni des autres studios aux plannings serrés. Indépendante, elle a du temps pour elle, du temps pour expérimenter. Car sa musique n'a nulle autre équivalence en son temps, à l'exception peut-être de celle de Peter Gabriel (avec lequel elle donnera le change lors de leur célébrissime duo Don't Give Up un an après la sortie de Hounds Of Love). L'album se divise en deux parties. La première qui correspond à la première face du vinyl, réunit les titres les plus accrocheurs, dont quatre (sur cinq) sortiront en single. Tous ont pour thématique commune l'amour, présenté sous différentes formes. La seconde partie s'intitule The Ninth Wave en référence à un vers du poète britannique du XIXe siècle Alfred Tennyson aux écrits puisant leur inspiration dans la littérature classique et mythologique. Plus riche d'un point de vue musical, elle raconte le rêve d'une jeune fille à la dérive dans une étendue d'eau infinie. Aussi légère qu'un songe une nuit d'été, son imagination évolue crescendo vers un tourbillon cauchemardesque infernal, angoissante descente aux Enfers, avant une remontée à la surface symbole de renaissance. Comme à son habitude, Kate a utilisé chaque musicien (une vingtaine) en fonction des besoins spécifiques de chacune des chansons. Sont présents ses fidèles (son fiancé Del Palmer, son frère Paddy Bush, le guitariste Alan Murphy, le batteur Stuart Elliott), des revenants (Charly Morgan absent depuis Lionheart) ainsi que quelques grands noms comme le contrebassiste Danny Thompson (Pentangle), Youth de Killing Joke, John Sheahan des Dubliners, ou bien Dónal Lunny et Liam O'Flynn de Planxty. Airs celtiques, grecs mais aussi géorgiens parsèment subtilement cette œuvre déterminante, faisant passer la jeune Kate à un statut d'icône incontournable et... indétrônable. 

Musiciens

Kate Bush : chant, claviers

Alan Murphy : guitares
Brian Bath : guitares, chœurs
John Williams : guitares
Kevin McAlea : claviers
Del Palmer : basse, chœurs
Eberhard Weber : basse
Martin "Youth" Glover : basse
Danny Thompson : contrebasse
Stuart Elliott : batterie
Charlie Morgan : batterie
Morris Pert : percussions
Paddy Bush : balalaïka, didgeridoo, violon, flûte, chœurs
Dónal Lunny : bouzouki, bodhrán 
Liam O'Flynn : uilleann pipes 
John Sheahan : whistles, fiddle
Jonathan Williams : violoncelle
The Medicci Sextet : cordes
The Richard Hickox Singers : chœurs
John Carder Bush : chœurs

Titres

Hounds Of Love:
01. Running Up That Hill
02. Hounds Of Love 
03. The Big Sky
04. Mother Stands For Comfort
05. Cloudbusting
The Ninth Wave:
06. And Dream Of Sheep 
07. Under Ice 
08. Waking The Witch 
09. Watching You Without Me 
10. Jig Of Life 
11. Hello Earth 
12. The Morning Fog 

Vidéos

Hounds Of Love : lien vidéo ici

Cloudbusting : lien vidéo ici

Running Up That Hill : lien vidéo ici